- Prolactine
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La prolactine est une hormone peptidique sécrétée par les cellules lactotropes de la partie antérieure de l'hypophyse.
Structure
La prolactine est une protéine constituée de 199 acides aminés chez l'Homme et de poids moléculaire 23 kDa.
Sa structure 3D possède 3 ponts disulfures, formant 3 liaisons covalentes.
Elle possède 48% d'acides aminés en commun avec l'hormone de croissance.
Effets
Chez les mammifères, la prolactine a :
- un effet mammotrope (croissance des glandes mammaires),
- un effet lactogénique (stimulation de la synthèse du lait).
- un effet libidinal (en participant à la sensation de plaisir et de bien-être après un orgasme)
Récemment un rôle angiogénique de la prolactine a été démontré, qui montre son action dans la formation des vaisseaux sanguins.
Si la prolactine se retrouve sous une forme tronquée de 16 kDa, elle montre une action totalement opposée et devient anti-angiogénique et même apoptotique. Le rôle de cette hormone dans le développement de cardiomyopathies post-partum a été démontré et son rôle est utilisé dans de nouvelles thérapies contre le cancer.
Régulation
La PRF, Prolactin Releasing Factor, (ou PRH pour Prolactin Releasing hormone) est capable de stimuler la libération de prolactine, mais elle n’est pas la seule : en effet, la TRH (Thyrotropine Releasing Hormone) peut induire cet effet sur la prolactine aussi.
La PIF (Prolactin Inhibiting Factor) inhibe la libération de la prolactine. Cette hormone a été identifiée plus tard comme étant la dopamine.
Les œstrogènes augmentent le taux de prolactine en diminuant la sécrétion de dopamine et en agissant directement sur l'hypophyse.
Mode d'action
La prolactine se lie sur des récepteurs membranaires présents notamment sur les cellules des glandes mammaires, des ovaires, des testicules et de l'utérus.
L'hormone se fixe sur un premier récepteur membranaire, puis sur un second, par des sites de fixation différents. Ceci conduit à une dimérisation du récepteur et au rapprochement de deux protéines cytoplasmiques de type tyrosine-kinase qui s'activent alors mutuellement. Ces protéines phosphorylent d'autres cibles intracellulaires, dont des facteurs de transcription qui agissent sur l'expression des gènes de la cellule.
Prolactine et thyroide
La prolactine est le plus souvent mesurée lors de bilan thyroidien car des perturbations du fonctionnement de la glande thyroide entrainent des modifications de la prolactine.
Prolactine et sexualité
La prolactine joue un rôle majeur dans le bon fonctionnement de la libido. Avec d'autres hormones (catécholamines, testostérone et œstrogènes), elle participe à l'équilibre libidinal. Les études ont mis en évidence une libération accrue de prolactine par l'hypophyse lors de l'orgasme. Cette élévation du taux persiste quelques heures et participe à la sensation de bien-être et de plénitude de cette période. En cas d'abstinence prolongée on observe un "tassement" des taux avec parfois des conséquences sur l'organisme (fatigue, dépression, manque d'envie sexuelle). Cette production hormonale est constatée quelle que soit la stimulation (relation sexuelle ou masturbation) mais il semble que la production soit plus importante dans le premier cas. Néanmoins, on remarque plus souvent des problèmes "baisse de la libido et prolactine basse" ou "hausse de la prolactine et perte de la libido" chez les femmes que chez les hommes. Il semble que cela soit lié à la diminution de l'activité sexuelle masturbatoire chez les femmes. Les études démontrent que 75 à 90% des hommes se masturbent contrairement à 50% des femmes, ce qui peut jouer un rôle.
Certains thérapeutes encouragent donc leurs patientes à continuer une activité sexuelle même en cas de célibat en pratiquant la masturbation plusieurs fois par semaine. Ce sujet reste malheureusement un tabou chez de nombreuses femmes, ce qui peut entraîner des conséquences hormonales plus globales.
Cette différence entre la fréquence de la masturbation entre l'homme et la femme est peu étudiée et peu comprise. Il existe des dogmes sociaux et historiques qui sont plus persistants et pregnants dans nos sociétés occidentales concernant la masturbation féminine. Il semble cependant que les choses changent quelque peu. Aux États-Unis, des groupes d'experts soulignent de plus en plus l'importance de la masturbation dans l'équilibre psychique et libidinal. Il existe même des associations et des groupes de patientes pratiquant la masturbation collective. Le but est ici de redécouvrir son corps et de se réapproprier ses sensations et ses émotions. Cette pratique à l'avantage de dédramatiser l'acte masturbatoire et de l'envisager comme faisant partie intégrante de la vie (un peu à l'image des massages tantriques qui se terminent le plus souvent par une masturbation), le désavantage vient du fait de la perte du côté érotique du geste.
Une étude Américaine a mis récemment en évidence une correlation entre l'intelligence émotionnelle de la femme et la fréquence des orgasmes.
Contrôle des taux de la prolactine
À partir de l'âge de 35 ans, certains scientifiques préconisent un bilan sanguin annuel. Le dosage de la prolactine peut être effectué durant tout le mois. Idéalement la première semaine (du premier au troisième jour du cycle) ou bien la quatrième semaine (aux alentours du 21eme jour du cycle). Le prélèvement sanguin s’effectue par une ponction veineuse en général au pli du coude. Le prélèvement est effectué à jeun, au repos (éviter tout effort avant le dosage). Pour permettre une interprétation correcte, on aura soin de bien préciser tous les traitements que prend le patient (et pas uniquement les traitements endocriniens).
Conséquences d'un taux chroniquement trop haut (Hyperprolactinémie)
- Baisse de la libido.
- Galactorrhée (écoulement mammaire de lait).
- Ostéoporose.
- Aménorrhée (absence de règles)
- Nausée
Conséquences d'un taux chroniquement trop bas
- Baisse de la libido.
- Depression.
- Prise de poids.
- Fatigue.
Causes de la sécrétion anormale de prolactine
Hyperprolactinémie
Article détaillé : Hyperprolactinémie.- Les causes tumorales
- - Adénomes hypophysaires sécrétant de la prolactine (prolactinome)
- - Autres adénomes hypophysaires comprimant la tige pituitaire, levant le contrôle de la sécrétion de prolactine par la dopamine (hyperprolactinémie de déconnexion)
- Les causes iatrogènes :
- - certains psychotropes
- - autres antagonistes dopaminergiques (Dompéridone, ...)
- Autres causes
- - parfois les hypothyroïdies périphériques (augmentation des taux de TRH)
Hypoprolactinémie Les causes d'hypoprolactinémies sont rares en pratique clinique (car souvent non documentées du fait de l'absence de symptômes patents). Elles sont essentiellement iatrogènes : opiacés, clonidine, dérivés de l'ergot de seigle, les agonistes dopaminergiques (la dopamine, le GABA, la bromocriptine, ...)
Traitement d'une hypoprolactinémie
Le traitement se base sur des techniques cognitivo-comportementales (modification du comportement sexuel). Certains traitements naturels peuvent aider (murapuiama).
Traitement d'une hyperprolactinémie
Le traitement dépend de la cause.
- S'il s'agit d'une hyperprolactinémie induite par un médicament (psychotropes, antagonistes dopaminergiques, ...) : discussion d'un changement thérapeutique.
- S'il s'agit d'un adénome hypophysaire, le traitement repose soit sur la chirurgie (généralement adénome d'une taille supérieure à 10mm), soit sur les agonistes dopaminergiques (Dostinex,Parlodel, ...)
Nb : un adénome hypophysaire peut ne pas sécréter de prolactine mais induire une hyperprolactinémie dite de déconnexion par compression de la tige pituitaire.
Références
- Orgasm-induced prolactin secretion: feedback control of sexual drive? Krüger TH, Haake P, Hartmann U, Schedlowski M, Exton MS. Neurosci Biobehav Rev. 2002 Jan;26(1):31-44.(The post-orgasmic prolactin increase following intercourse is greater than following masturbation and suggests greater satiety. Brody S, Krüger TH.Biol Psychol. 2006 Mar;71(3):312-5)
- Endocrine response to masturbation-induced orgasm in healthy men following a 3-week sexual abstinence. Exton MS, Krüger TH, Bursch N, Haake P, Knapp W, Schedlowski M, Hartmann U. World J Urol. 2001 Nov;19(5):377-82.
- Emotional intelligence and its association with orgasmic frequency in women. Burri AV, Cherkas LM, Spector TD.J Sex Med. 2009 Jul;6(7):1930-7.
- Collège des Enseignants d'Endocrinologie. Masson, Abrégés connaissances et pratique (ISBN 2294084977)
Catégories :- Hormone peptidique
- Hormone de l'hypophyse antérieure
- Chimie clinique
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