- Profanation des tombes de la basilique Saint-Denis durant la Révolution (1793)
-
Profanation des tombes de la basilique Saint-Denis
La profanation des tombes royales de la basilique Saint-Denis au cours de la Révolution est un des épisodes les plus marquants de cette période. La symbolique associée à cet événement apparaît encore aujourd'hui comme très forte et supposée empreinte d'une grande barbarie.
Pour fêter la prise des Tuileries du 10 août 1792, lors de la séance du 31 juillet 1793, un conventionnel, Barère, propose de détruire les tombes[1] de la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France. La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité de salut public, fait savoir par son deuxième décret du 1er août 1793[2] que : « Les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l'église de Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l'étendue de la république, seront détruits le 10 août prochain ».
Dom Germain Poirier, ancien bénédictin de la congrégation de Saint-Maur[3] et ancien archiviste à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés[4], est nommé commissaire chargé d'assister à l'exhumation. Le mois d'août doit être consacré à pratiquer l'exhumation des corps. Une décision inappliquée puisqu'un conventionnel, Joseph Lequinio, dénonce son inapplication le 7 septembre 1793.
Dom Poirier a été le principal témoin oculaire de l'exhumation et de la profanation des tombeaux royaux (tout comme Alexandre Lenoir).
Dom Poirier avoue n'avoir pas retrouvé certains personnages comme le cardinal de Retz[5] (mort en 1679) ou Alphonse de Brienne. Plusieurs corps sont retrouvés en état de putréfaction ou réduits en poussière. Curieusement, le corps d’Henri IV est dans un si bon état de conservation qu’il est exposé aux passants, debout[6], durant quelques jours devant la basilique.
Sommaire
Profanations d'août 1793
Dom Poirier a assisté à l'exhumation, une première fois en août 1793. Notamment les tombeaux de :
- Philippe le Hardi et d'Isabelle d'Aragon.
- Pépin le Bref
- Constance de Castille, femme de Louis VII
- Louis VI.
Profanations d'octobre 1793
Mais, c'est lors de la deuxième vague de profanation, en octobre 1793, qu'ont été véritablement réalisées les exhumations. Les exhumations auxquelles il a été procédé en octobre 1793 sont, dans l'ordre, toujours selon le témoignage sous forme de procès-verbal de dom Poirier (on ne citera que les principaux personnages) :
12 octobre :
- Henri IV
- Turenne, son corps fut exhumé le samedi 12 octobre 1793, exposé quelques temps puis transféré au Jardin des Plantes de Paris, puis au Musée des monuments Français, et enfin sur ordre de Napoléon Bonaparte (qui deviendra Napoléon Ier) à l'église Saint-Louis des Invalides[7].
14 octobre :
- Louis XIII
- Louis XIV
- Marie de Médicis
- Anne d'Autriche
- Marie-Thérèse d'Espagne
- Gaston de France, fils d'Henri IV
16 octobre :
- Henriette de France, épouse de Charles Ier d'Angleterre
- Philippe d'Orléans, régent de France
- Louis XV
- Charles V
- Jeanne de Bourbon
17 octobre :
- Charles VI
- Isabeau de Bavière
- Charles VII
- Marie d'Anjou
- Marguerite de France, femme d'Henri IV
- François II
- Charles VIII
18 octobre :
- Henri II
- Catherine de Médicis
- Charles IX
- Henri III
- Louis XII
- Anne de Bretagne
- Jeanne II de Navarre, fille de Louis X
- Louis X
- Jean Ier
- Hugues le grand, père de Hugues Capet
- Charles le Chauve
19 octobre :
- Philippe IV le bel
- Dagobert
- Nantilde, femme de Dagobert Ier
20 octobre :
- Bertrand du Guesclin
- Bureau de La Rivière
- François Ier
- Louise de Savoie
- Claude de France
- Pierre de Beaucaire, chambellan de Louis IX
- Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis
21 octobre :
- Philippe V
- Philippe VI de Valois
22 octobre :
- Barbazan, chambellan de Charles VII
- Louis II de Sancerre, connétable de Charles VI
- l'abbé Suger de Saint-Denis
- l'abbé Troon
24 octobre :
- Charles IV le bel
25 octobre :
- Jean II le bon
- Louise de France, fille de Louis XV, rapportée depuis le couvent des Carmélites
Profanations de janvier 1794
18 janvier 1794 :
- Marguerite de Flandre, fille de Philippe V
Réparation
Une fois exhumés, les corps furent jetés dans une fosse commune. Quand Bonaparte devint Premier consul, il prit la décision immédiate de les exhumer et de les inhumer dans un caveau collectif situé dans la basilique. Il avait été impossible de les identifier individuellement et de les remettre dans des tombes individuelles.
Bibliographie
- Alain Boureau, Le simple corps du roi : l'impossible sacralité des souverains français, XVe-XVIIIe siècle, octobre 2000, Éditions de Paris, ISBN 2-84621-003-9
Notes et références
- ↑ Jean-Marie Le Gall, Le mythe de Saint-Denis, 2007, p. 476
- ↑ Décrets du 1er août 1793
- ↑ Biographie de Dom Germain Poirier
- ↑ L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres il y a deux cents ans, p. 239
- ↑ Alain Boureau, Le simple corps du roi, 1988, p. 90
- ↑ Revue des questions historiques, 1889, p. 190
- ↑ Joseph-François Michaud, Jean-Joseph-François Poujoulat Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France, 1838, p. 315 à 317
Catégories : Basilique française | Tombe | Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) | Monument historique de la Seine-Saint-Denis | Mémoire collective
Wikimedia Foundation. 2010.