Prieuré de Saint Martin de Laval

Prieuré de Saint Martin de Laval

Prieuré de Saint-Martin de Laval

Le prieuré de Saint-Martin, situé à Laval dans la Mayenne est un prieuré fondé au XIe siècle, qui dépendait de l'abbaye de Marmoutier.

Sommaire

Histoire

Fondation

La date précise de la fondation du prieuré de Saint-Martin ne nous est pas connue. Généralement on l'attribue à Guy II de Laval[1] ; Courvaisier et André René Le Paige[2] l'attribuent à Guy III de Laval.

La fondation du prieuré de Saint-Martin est antérieure à l'année 1040. L'Art de vérifier les dates cite comme relatant cette fondation, trois chartes, l'une de cette année 1040, l'autre de 1046, la troisième de 1066. Ces deux dernières ne nous sont pas parvenues. Mais en 1840, Louis-Julien Morin de la Beauluère a découvert le chartrier de Saint-Martin[3], où se trouve une charte portant en marge et ajoutée d'une écriture plus récente la date en chiffres 1040.

Charte

Cette charte, est la même que celle de l'Art de vérifier les dates ; car toutes les deux sont suivies des noms des mêmes enfants de Guy, ce qui prouve en même temps, l'exactitude de la date 1040. Elle a été publiée[4].

Elle relate la fondation. Selon l'usage du temps, la donation primordiale avait, sans doute, été seulement verbale, et ce n'était qu'un peu plus tard qu'on avait pensé à l'appuyer par un titre écrit. Cette charte établit les droits réciproques de Guy et des moines, sur les marchés. On y voit que le seigneur s'était dépouillé de son droit de rendre la justice aux habitants de la terre concédée et que ce droit était passé aux moines. Guy y donne aussi le droit de prendre du bois dans ses forêts et affranchit les religieux de tout droit de péage. Moyennant ces concessions, l'abbé du Grand monastère s'engage à bâtir le prieuré et à l'administrer comme les autres obédiences.

Abbaye de Marmoutier

L'abbé du Grand monastère , les moines du Grand monastère dont il sera bientôt question dans un autre acte authentique, sont l'abbé et les moines de l'abbaye de Marmoutier, en faveur desquels avait été faite la fondation. Ces moines étaient déjà depuis longtemps établis à Laval, au bourg Saint-Martin où ils avaient une chapelle ou chapellenie. Ils desservaient même aux environs plusieurs paroisses, comme celle de Saint-Berthevin, de Saint-Cyr et du Genest, dont ils ont été jusqu'à la Révolution française, curés primitifs.

Jean de Laval, un des fils de Guy II s'étant fait moine à Marmoutier, ce fut sans doute ce qui détermina son père à donner Saint-Martin aux religieux de cette abbaye. Cet acte de 1040 fut sans doute envoyé de l'abbaye-mère, à l'occasion d'une discussion qui s'éleva entre les religieux de Saint-Martin de Laval et les moines d'Auvers.

Discussions

Rainaldus, abbé d'Évron soutenant la cause de ces derniers, prétendait que Guy, après leur avoir fait donation de quamdam terram ad portam Rhédonensem, voulait les en frustrer pour en gratifier les moines de Saint-Martin. Ceux-ci arguaient de leur possession et montraient un titre. La cause fut portée devant Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et alors comte du Maine. Celui-ci convoqua les parties au château de Domfront, et de l'avis des évêques et barons de la province, maintint les moines de Saint-Martin dans leur possession. Cet arrêt souverain ; prononcé dans un temps ou les seigneurs rendaient par eux-mêmes la justice est assez précieux.

Transcription de l'extrait qu'en donne Charles Maucourt de Bourjolly : Post non longum tempus, cum comes teneret curiam suam apud Castellurn quod nomen babet Domnus de fronte, tenuit placitum de hâc ipsà re et cum videret monachos Sancti Petri de Culturà[5], neque litteras, neque lestom habere ullum qui diccret quod Guido non dederat rem illam neque monachis de Culturà, quando eis dedit ecclesiam de Hauvers, quod juramentum Guido afferens Rainaldo abbati, et ille nollet recipere, processit Cornes reddi monachis, majoris Monasterii res suas solutas et quietas.[6]

Il serait assez difficile de déterminer aujourd'hui qu'elle était cette terre voisine de la porte Renaise. On ne peut que le conjecturer d'après un censif de 1589 et un aveu de 1749[7].

Revenus

Le Pouillé du diocèse fait connaître quelques-uns des revenus du prieuré. C'étaient des dîmes dans différentes paroisses, des rentes sur les moulins de Bootz, sur la cure de Saint-Berthevin, etc. Un domaine était aussi joint au prieuré qui possédait encore la métairie de la Morandière en Saint-Berthevin. Les moines avaient le droit de prendre chaque année dans la forêt de Concise 60 charretées de bois , et 48 seulement quand le prieur était absent.

Prieurs

Quelques membres

Quelques prieurs nous sont connus par les Insinuations ecclésiastiques, et quelques autres documents. Une chose nous semble à remarquer dans la manière dont ils prenaient possession de leur bénéfice. Les curés de la Trinité en faisaient toujours la notification et la publication au prône de la messe paroissiale. Les Insinuations ecclésiastiques, à chaque changement de prieur répètent que cette formalité a été remplie[8]

Commende

Le prieuré de Saint-Martin tomba en commende; nous ne savons à quelle époque. Le prieur commendataire entretenait dans son église un desservant qui, le dimanche, y célébrait une messe avec prône et eau-bénite , et y faisait le cathéchisme aux enfants du quartier, le tout avec l'agrément du curé de la Trinité. Au moment de la Révolution française, ce desservant était l'abbé Dubuisson chargé aussi de la régie du temporel du prieuré , et qui est nommé honorablement dans les Mémoires ecclésiastiques d'Isidore Boullier, dans les Tableaux du clergé. Un registre des délibérations du clergé de la paroisse de la Trinité contient un règlement du 25 octobre 1737 fait pour l'école de charité. Il porte que le dimanche le maître conduira ses enfants à la messe de huit heures qui se dit à Saint-Martin.

L'église et le prieuré de Saint-Martin furent vendus à l'époque de la Révolution française et est au XIXe siècle une propriété particulière. L'église a été divisée en bureaux, remises, greniers, etc. L'intérieur ne contient plus rien de religieux et l'extérieur seul atteste l'ancienneté de sa construction et sa destination.

Notes et références

  1. Jacques Le Blanc de La Vignolle, Charles Maucourt de Bourjolly, l'Art de vérifier les dates, le Pouillé du diocèse. Guy II vivait de 1002 environ à 1067.
  2. Ce dernier s'exprime ainsi : Il y a dans un des faubourgs de Laval le prieuré de Saint-Martin, estimé 1600 livres, fondé dans le quatorzième siècle par Guy III de Laval. Tout dément cette assertion. Le témoignage des autres écrivains, les caractères architectoniques de l'église de Saint-Martin, évidemment de beaucoup antérieure au XIVe siècle, et Le Paige lui-même quelques pages plus loin. En effet en donnant la généalogie des seigneurs de Laval, il fait vivre Guy III en 1090; or à moins d'une longévité dont on connaît peu d'exemples, Guy III ne pouvait plus exister au XIVe siècle.
  3. La charte découverte par M. La Beauluère est une traduction française de l'acte original conservé au chartrier de l'abbaye de Marmoutier près de Tours.
  4. Dans les Essais historiques par un ancien magistrat de Laval, p. 425.
  5. Les moines d'Auvers étaient une obédience de la Couture du Mans comme ceux de la Trinité.
  6. Cet arrêt est signé par le duc Guillaume ; Odon de Bayeux, évêque de Bayeux son frère uterin ; Jean, évêque d'Avranches; Hughes, abbé de Lonlay ; Hamon de Laval, fils de Guy; Baulin d'Anthenaise; Bouchard de Chaource; Lisiard d'Arquenay; Richard, vicomte d'Avranches; vicomte de Bayeux; Foulques, de Marboué.
  7. Voir Essais historiques Par un ancien magistrat de Laval, p. 339 et suiv.
  8. On lisait sur une pierre de Saint-Martin cette inscription : Cy dessoulz gist frère Macé des Granges jadis prieur de Céans lequel trespassa le VIII° jour du mois de février en l'an de grâce mil quatre cents. Et a fondé une chapelle pour les religieux pors compaignons de Céans lesqueulx sont tenus de célébrer chacune sepmaine une messe de requiem au jour du vendredi pour le salut de son âme et de tous autres trespassés et à l'essue d'icelle messe doivent venir lesdits religieux à la sépulture faire recommandation pour l'âme de lui avec l'âme benoite et en sont les titres de la fondation d'icelle en l'abbaye de Moremoustier avec les Chartres du covent laquelle fondation a été ordonnée par frère Alain de la Corbinaie nepveu dud. fre. Macé des Granges prieur apnt de céans. Priez Dieu pour l'âme de lui. Sur une autre pierre on lisait : Hic jacet venerab. p. Ludovicus Blanchard Aurelian hujus prioratus prior vixit 74 annos obiit 18 febr. 1643. Les Insinuations ecclésiastiques parlent de deux prieurs de ce nom de Blanchard , tous les deux portant le prénom de Louis. Celui dont nous donnons l'épitaphe doit être le second qui prit possession en 1629. Le premier l'avait précédé immédiatement et avait reçu ses provisions en 1605.

Voir aussi

Source

  • Mémorial de la Mayenne, Godbert, Laval, 1845, p. 210-214.
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