Ponce-Denis Ecouchard-Lebrun

Ponce-Denis Ecouchard-Lebrun

Ponce-Denis Écouchard-Lebrun

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Lebrun.
Écouchard-Lebrun

Ponce-Denis Écouchard-Lebrun, dit Lebrun Pindare, est un poète français, né le 11 août 1729 à Paris où il est mort le 31 août 1807.

Sommaire

Biographie

Fils d'un valet de chambre du prince de Conti, Lebrun fut inscrit par ce dernier au Collège Mazarin où il eut pour camarade d'école un fils de Louis Racine, dont il devint l'élève. Il fit de brillantes études et montra des dispositions précoces pour la poésie, composant ses premiers vers à 12 ans. En 1755, il publia une Ode sur les désastres de Lisbonne. En 1759, il épousa Marie Anne de Surcourt, qui apparaît dans ses médiocres Élégies sous le nom de Fanny. Sa femme eut à subir son tempérament emporté et violent et quand, en 1774, elle demanda la séparation de corps, elle fut appuyée par la propre mère de Lebrun et par sa sœur. La séparation fut prononcée en 1781.

En 1760, Lebrun rencontra une nièce de Corneille, qui traversait une situation difficile, et écrivit une ode pour la recommander à Voltaire qui adopta la jeune fille. Lebrun publia son ode et la correspondance qu'il avait eue avec Voltaire à cette occasion pour se glorifier de sa bonne action ce qui lui valut les moqueries de Fréron à qui il riposta par deux violents pamphlets : La Wasprie (1761) et L'Âne littéraire (1761), qu'on attribue aussi à son frère, Jean-Étienne Écouchard-Lebrun de Granville.

À la mort du prince de Conti, il perdit sa place de Secrétaire des commandements de ce prince et il perdit également une grande part de sa fortune dans la banqueroute du prince de Guéméné en 1783 et dut s'installer dans une petite chambre de la rue Montmartre dont Chateaubriand a décrit la misère. C'est à cette époque qu'il composa un long poème resté inachevé, Les Veillées des Muses, et son Ode à Georges-Louis Leclerc, Comte de Buffon, considérée comme l'un de ses meilleurs ouvrages.

Ecouchard-Lebrun devait désormais mendier les pensions du gouvernement pour survivre, et dut flatter tour à tour les puissants du jour. Il compara Calonne à Sully et Louis XVI à Henri IV avant de se faire le poète officiel de la Révolution française, logé au Louvre et criblant de ses traits le roi et la reine déchus.

Reine que nous donna la colère céleste,
Que la foudre n'a-t-elle embrasé ton berceau !

La veine révolutionnaire lui inspira l'un de ses meilleurs poèmes, sa remarquable Ode sur le vaisseau "Le Vengeur". Il termina en chantant les louanges de Napoléon dans son Ode nationale contre l'Angleterre.

Le Directoire le nomma membre de l'Institut dans la section de poésie (3e classe) le 20 novembre 1795. A cette époque, il épousa sa servante qui, dit Sainte-Beuve, « le trompait et le maîtrisait » et devint aveugle. Le gouvernement le logea dans un grenier du Louvre, puis au Palais-Royal. En 1803, il fut placé dans la deuxième classe (équivalant à l'Académie française) où il occupa le fauteuil de Bréquigny.

Postérité littéraire

La versatilité politique d'Ecouchard-Lebrun a durablement terni sa réputation jusqu'à faire oublier son œuvre poétique, dont les mérites sont pourtant réels, surtout dans un siècle peu doué pour la poésie. Il fut l'un des rares poètes lyriques de son époque, méritant le surnom un peu ridicule de « Pindare français » qui lui fut donné peut-être avec un peu de malice. Avec ses défauts et son mauvais caractère, il avait certes une haute idée de lui-même, mais elle était inséparable d'une haute idée de la poésie.

Il ne trouva pas toujours les sujets les plus propres à l'inspirer, mais l'Ode sur le vaisseau "le Vengeur" où, selon le mot d'Alexandre Vinet, il nous fait assister « en compagnie d'Orphée aux exploits des républicains de l'an II », trouve les mots justes pour célébrer les idéaux de la Révolution et l'héroïsme de ses enfants et des accents qui font penser à Victor Hugo :

Voyez ce drapeau tricolore,
Qu'élève en périssant leur courage indompté.
Sous le flot qui les couvre, entendez-vous encore
Ce cri : « Vive la liberté » ?
Ce cri !... c'est en vain qu'il expire,
Étouffé par la mort et par les flots jaloux.
Sans cesse il revivra, répété par ma lyre ;
Siècles, il planera sur vous !''

L'inspiration se soutient rarement d'un bout à l'autre d'un poème - La Harpe, qu'il n'a pas épargné, dit qu'il a écrit beaucoup de bonnes strophes et pas une seule bonne ode - mais beaucoup de vers montrent un véritable sens de la poésie, de la langue et des images :

Mortel superbe, folle argile,
Cherche tes destins éclipsés.

Ou encore ce passage sur Homère :

Trente siècles roulant sur les faibles mortels,
Entraînant les États, les trônes, les autels,
Loin d'engloutir Homère en leur course profonde,
N'ont fait que l'élever sur les débris du monde.

Ou encore ces vers de son ouvrage le plus célèbre, l'Ode à Monsieur de Buffon sur ses détracteurs :

Ainsi l'active chrysalide
Fuyant le jour et le plaisir,
Va filer son trésor liquide
Dans un mystérieux loisir.
La nymphe s'enferme avec joie
Dans ce tombeau d'or et de soie
Qui la voile aux profanes yeux,
Certaine que ses nobles veilles
Enrichiront de leurs merveilles
Les rois, les belles, et les dieux.

Ecouchard-Lebrun avait, en outre, un talent remarquable pour l'épigramme. Il en a composé plus de 600 (Pierre-Louis Guinguené, éditeur de ses œuvres, en a recueilli 636, en omettant notamment celles qui lui étaient consacrées), n'épargnant pas ses collègues de l'Institut de France, qui accueillirent sa mort en 1807 avec un certain soulagement. Ainsi, il prit pour cible le paisible Andrieux :

Dans ces contes, pleins de bons mots,
Qu'Andrieux lestement compose,
La rime vient mal à propos
Gâter les charmes de la prose.

Il attaqua également La Harpe, Baour-Lormian, Neufchâteau (qu'il appelle « le nouveau Pibrac »), etc.

Wikisource-logo.svg

Wikisource propose un ou plusieurs textes écrits par Ponce-Denis Écouchard-Lebrun.

Références

  • Maurice Allem, notice sur "Écouchard-Lebrun" in : Anthologie poétique française XVIIIe siècle, Paris, Garnier-Flammarion, 1966
  • Robert Sabatier, La poésie du dix-huitième siècle, Paris, Albin Michel, 1975, pp. 247-251
  • G. Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, article "Lebrun"

Lien externe


Précédé par
Louis-Georges de Bréquigny
Fauteuil 20 de l’Académie française
1803-1807
Suivi par
François-Juste-Marie Raynouard
  • Portail de la poésie Portail de la poésie
Ce document provient de « Ponce-Denis %C3%89couchard-Lebrun ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ponce-Denis Ecouchard-Lebrun de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Ponce-denis écouchard-lebrun — Pour les articles homonymes, voir Lebrun. Écouchard Lebrun Ponce Denis Écouchard Lebrun, dit Lebrun Pindare, est un poète français, né le 11 août 1729 à Paris où il est mort le 31 août 1807 …   Wikipédia en Français

  • Ponce-Denis Écouchard-Lebrun — (* 11. August 1729 in Paris; † 31. August 1807 ebenda) war ein französischer Lyriker. Écouchard Lebrun, genannt Lebrun Pindare, war Sekretär des Prinzen Louis François Conti und wandte sich zuerst der Lyrik …   Deutsch Wikipedia

  • Ponce-Denis Écouchard-Lebrun — Saltar a navegación, búsqueda El poeta Lebrun Pindare Ponce Denis Écouchard Lebrun (París, 11 de agosto de 1729 31 de agosto de 1807), conocido por el sobrenombre de Lebrun Pindare fue un poeta francés de la segunda mitad del Siglo XVIII. Era hij …   Wikipedia Español

  • Ponce Denis Écouchard Lebrun — (August 11, 1729 August 31, 1807), was a French lyric poet.He was born in Paris at the house of the prince de Conti, to whom his father was valet.Among Lebrun s school friends was a son of Louis Racine, whose disciple he became. In 1755 he… …   Wikipedia

  • Ponce-Denis Écouchard-Lebrun — Pour les articles homonymes, voir Lebrun. Écouchard Lebrun Ponce Denis Écouchard Lebrun, dit Lebrun Pindare, est un poète français, né le 11 août 1729 à Paris où il est mort le 31 août 1807 …   Wikipédia en Français

  • Лебрен Ponce-Denis-Ecouchard — (Lebrun, прозванный Л. Пиндар) франц. поэт (1729 1807). В свое время Л. пользовался преувеличенной славой, а после смерти был незаслуженно забыт; у него есть выдержанность формы и мастерство стиха; более всего ему удавались оды. Соч. Л. изданы в… …   Энциклопедический словарь Ф.А. Брокгауза и И.А. Ефрона

  • Jean-Etienne Ecouchard-Lebrun de Granville — Jean Étienne Écouchard Lebrun de Granville Jean Étienne Écouchard Lebrun, dit de Granville, né à Paris le 22 août 1738 et mort à Paris le 19 septembre 1765, est un homme de lettres français. Fils d un valet de chambre du prince de Conti, frère du …   Wikipédia en Français

  • Jean-Étienne Écouchard-Lebrun De Granville — Jean Étienne Écouchard Lebrun, dit de Granville, né à Paris le 22 août 1738 et mort à Paris le 19 septembre 1765, est un homme de lettres français. Fils d un valet de chambre du prince de Conti, frère du poète Ponce Denis Écouchard Lebrun, il… …   Wikipédia en Français

  • Jean-étienne écouchard-lebrun de granville — Jean Étienne Écouchard Lebrun, dit de Granville, né à Paris le 22 août 1738 et mort à Paris le 19 septembre 1765, est un homme de lettres français. Fils d un valet de chambre du prince de Conti, frère du poète Ponce Denis Écouchard Lebrun, il… …   Wikipédia en Français

  • Jean-Étienne Écouchard-Lebrun de Granville — Jean Étienne Écouchard Lebrun, dit de Granville, né à Paris le 22 août 1738 et mort à Paris le 19 septembre 1765, est un homme de lettres français. Fils d un valet de chambre du prince de Conti, frère du poète Ponce Denis Écouchard Lebrun, il… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”