- Plume Sergent-Major
-
Pour les articles homonymes, voir Sergent-major (homonymie).
La plume Sergent-Major est une plume métallique utilisée dans les écoles françaises pour l'apprentissage de l'écriture à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe. Comme celui de ses corollaires, le porte-plume, l'encrier de porcelaine blanche et l'encre violette, son nom évoque les bancs de l'école républicaine, gratuite, laïque et obligatoire.
Sommaire
Historique
Article détaillé : Plume (écriture).Invention anglaise du milieu du XVIIIe siècle, la plume métallique se répand en France dans le courant du XIXe, supplantant l'usage de la plume d'oie. Boulogne-sur-Mer, placée sur la route de l'importation, voit s'ouvrir en 1856 une première fabrique industrielle de plumes. La marque et l'emballage sont déposés par la société Gilbert et Blanzy-Poure. Une notice au dos des boîtes indique[1] :
« La plume Sergent-Major, la meilleure des plumes est la propriété exclusive des Établissements Gilbert et Blanzy-Poure Réunis fondés en 1856 : les contrefaçons et manœuvres déloyales tendant à offrir aux personnes qui demandent des plumes Sergent-Major des plumes ne portant pas cette marque bien qu'elles aient une forme analogue seront rigoureusement poursuivies conformément à la loi [...] Pour éviter toute confrefaçon, exiger les mots Sergent-Major marque déposée sur chaque plume et la bande tricolore autour de la boîte. »
Caractéristiques
Emballées dans des boîtes de vingt ou de cinquante, les plumes Sergent-Major comportent un talon à glisser dans le porte-plume, un œil (ou jour) situé au centre de la plume et prolongé d'une fente et une pointe fragile et facilement émoussée[2]. Malgré l'avertissement du fabriquant détenteur de la marque de ce modèle unique, d'inombrables copies sont fabriquées en France comme ailleurs, portant des inscriptions différentes et circulant sous des appellations multiples[3].
Origine du nom
Les instituteurs reçoivent des instructions pour l'utilisation de ce matériel au nom rappelant la volonté exemplaire déployée par les soldats pour la reconquête de l'Alsace et de la Lorraine après la guerre de 1870. L'illustration des boîtes évoque une victoire remportée par les bataillons dirigés par des commandants valeureux[4]. La plume sergent-major devient synonyme de victoire après la restitution de l'Alsace et de la Lorraine en 1919[3].
Utilisation
La plume métallique est introduite dans les écoles dès 1850, mais, encore onéreuse, elle cohabite un temps dans les campagnes avec la plume d'oie. Baignol et Farjon commercialise une plume moins chère, la Gauloise, destinée aux élèves, la Sergent Major restant initialement utilisée par les maîtres. Puis la Sergent-Major, conditionnée pour les écoles par grosses de 144, se répand plus largement, d'abord dans les milieux aisés, puis se démocratise et chaque enfant est doté de son plumier garni de son porte-plume et de ses plumes Sergent-Major[1].
Déclin
Bien que située dans une gamme de qualité moyenne mais ne souffrant d'aucune concurrence, la plume Sergent-Major s'impose pour longtemps. Au moins quatre générations d'écoliers français apprennent à tracer des pleins et des déliés avec ce matériel resté dans les mémoires. Même après son déclin dans les classes primaires elle est longtemps utilisée pour le rendu de sa plume fine et dure dans les dessins à l'encre de Chine avant de voir sa fabrication arrêtée[3].
Le stylo à bille du baron Bich la remplace en 1953 mais elle apparaît encore parmi les 280 articles de consommation courante utilisés pour le calcul de l’indice annuel du coût de la vie en 1955[5].
Annexes
Articles connexes
- Écriture
- Plume (écriture)
- Porte-plume
- Plumier
- Encrier
- Encre
Bibliographie
- Jean-Pierre Lacroux, Lionel Van Cleem, La mémoire des Sergent-Major, Paris, Ramsay, 1988, 218 p[6]. (ISBN 2-85956-734-8)
- Marie-Odile Mergnac (dir.), Caroline Brancq et Delphine Vilret, Les écoliers et leurs maîtres en France d'autrefois, Paris, Archives et Culture, Collection Vie d'autrefois, 2005, 157 p. (ISBN 9782911665882)
- Bernard Briais, Aux beaux jours de la communale, La mémoire du temps, Romagnat, de Borée, 2007, 191 pages (ISBN 9782844945273)
- Jean-Pierre Bellot, Jacques Fleuret, Bernard Robert, Les Plumes en ordre de batailles, ou la vie cahotique de la plume Sergent-Major, Montouge, Éditions Au fil de la plume, 2004, 115 p[7]. (ISBN 2-9521878-0-0)
- Claude Bomet, La Plume Sergent Major, Éditions Hérault, 1997, 159 p. (ISBN 2-7407-0124-1)
Notes et références
- Lire en ligne Marie-Odile Mergnac op. cit., pp. 62, 63, 94 et 108
- Lire en ligne Bernard Briais op. cit., p. 132
- La plume Sergent-Major présentée par un collectionneur sur le site pratlt.perso.sfr.fr
- Un ouvrage édité par le Club des collectionneurs d'objets d'Écriture sous le titre Les Plumes de ordre de bataille rassemble ces illustrations
- La plume Sergent-Major sur le site ambre3.rmc.fr
- Présentation de l'ouvrage (épuisé) sur le site calamophilie.be
- Présentation de l'ouvrage sur le site pratlt.perso.sfr.fr
Catégories :- Arts graphiques
- Matériel d'écriture
Wikimedia Foundation. 2010.