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Pierre Favre (Jésuite)
Pour les articles homonymes, voir Favre.Pierre Favre, (né le 13 avril 1506, au Villaret (commune de Saint-Jean-de-Sixt), Haute-Savoie, France - mort le 1er août 1546 à Rome) était un jésuite savoyard, ami de St Ignace de Loyola et co-fondateur de la Compagnie de Jésus dont il fut le tout premier prêtre. Reconnu « Bienheureux », il fut béatifié par Pie IX en 1872, sa fête liturgique est le 1er août, jour anniversaire de sa mort. .
Sommaire
Jeunesse et premières études
Pierre Favre naquit au Villaret (Savoie, alors dans le diocèse de Genève), un hameau de haute montagne, dans une famille nombreuse de bergers. Acceptant son désir d’étudier, ses parents le placèrent auprès d’un prêtre érudit (Pierre Veillard) qui exerça une grande influence sur lui. Il fut encouragé également par un oncle chartreux en résidence à la Chartreuse du Reposoir qui finança la suite de ses études à Paris.
Fidèle en amitié Pierre Favre restera toute sa vie en contact avec les chartreux, surtout ceux de Cologne, dont le soutien durant ses voyages apostoliques en Allemagne lui fut très précieux.
A Paris: études et rencontre avec Ignace de Loyola
En 1525, il partit étudier à Paris au collège de Montaigu mais passe rapidement au Collège Sainte-Barbe où il eut François Xavier comme camarade de chambre. Peu après un troisième, Ignace de Loyola, les rejoint. Alors que François Xavier, est plus réservé, une profonde amitié se lie entre Pierre et Ignace ; le premier devient le répétiteur du second et Ignace, qui a déjà 34 ans et une grand expérience spirituelle, aide Pierre à surmonter ses tentations et ses scrupules.
En 1530, Favre est bachelier ès Arts, et poursuit sa licence en théologie. En 1534, il suit ses Exercices spirituels sous la direction de Ignace de Loyola et pénètre si profondément dans cette voie vers Dieu que plus tard Ignace le reconnaîtra comme celui qui donne le mieux les Exercices spirituels.
Lorsque, le 15 août 1534, le groupe des sept « Amis dans le Seigneur » rassemblés par Ignace de Loyola monte à la chapelle de St Denis à Montmartre — alors à l'extérieur de Paris — pour se consacrer à Dieu par les vœux de pauvreté et chasteté, c’est Pierre Favre, tout récemment ordonné prêtre le 30 mai 1534, qui célèbre la messe et reçoit leur engagement religieux et apostolique. Peu après, il remplace également Ignace à la tête du groupe lorsque ce dernier doit faire un séjour dans son pays natal pour des raisons de santé. Trois nouveaux compagnons sont alors reçus par Favre dans le groupe : Jean Codure, Claude Le Jay et Paschase Broët.
En 1536, Favre obtient sa maîtrise en arts.
Co-fondateur de la Compagnie de Jésus
En janvier 1537, tous les « Amis dans le Seigneur » — ils sont alors onze — se retrouvent avec Ignace à Venise. Ignace. Ceux qui sont prêts sont alors ordonnés prêtres. Le séjour à Venise, avec une aide portée aux malades des hôpitaux des villes avoisinantes, est la dernière préparation spirituelle avant de se rendre à Rome pour se placer au service de l'Église et du Pape.
Arrivé dans la ville éternelle en 1538 Pierre Favre y enseigne pour un temps la théologie à l'université La Sapienza tout en préparant avec les autres le projet de fondation de la Compagnie de Jésus qui sera approuvé le 27 septembre 1540 par Paul III (Regimini militantis ecclesiae).
Missions apostoliques
Immédiatement après — fin 1540 —, Favre commence une vie itinérante missionnaire, parcourant les principaux pays d'Europe et travaillant au renouvellement spirituel et à la réforme du catholicisme. Il est d’abord à Parme où durant 18 mois il donne les Exercices spirituels et réforme plusieurs couvents et monastères.
Le pape l’envoie ensuite aux colloques de Worms et Ratisbonne, en Allemagne. Les contacts avec les protestants n'étaient pas encore rompus : on espérait y trouver une accord qui éviterait le schisme. Le colloque fut un échec mais le séjour de Favre en Allemagne lui ouvrit les yeux : l'ignorance religieuse du peuple chrétien et l'immoralité du clergé étaient les causes principales du progrès du protestantisme. Ce sont les lettres de Favre à Ignace qui firent comprendre à ce dernier l'étendue de la désaffection des allemands vis-à-vis de Rome et les dangers du protestantisme. Ce fut un tournant dans les premières orientations apostoliques de la Compagnie de Jésus.
Favre fait ensuite un voyage en Espagne où son sens de l’amitié lui permit d’établir des contacts utiles pour la Compagnie de Jésus : Saragosse, Madrid, Ocaña et Tolède.
En 1542, il est de retour en Allemagne, à Spire et Mayence, où il donne les Exercices Spirituels, entre autres, au printemps 1543, à Pierre Canisius qui entrera plus tard dans la Compagnie de Jésus. En 1544, il fonde le collège de Cologne avec l’aide des chartreux. Il visite également Anvers et Louvain.
À la demande du Pape Paul III, Pierre Favre se rend à la cour du Portugal pour une mission spéciale. En Espagne, en 1545, il fonde des communautés jésuites à Valladolid et Alcala; mais ces voyages incessants minent sa santé. Rappelé à Rome pour s'y préparer à participer comme légat du pape au concile de Trente, Pierre Favre s’éteint épuisé le 1er août 1546 dans les bras même — dit-on — de Ignace de Loyola.
Évaluation
Mort à 40 ans, Favre est moins connu que d’autres parmi les premiers compagnons jésuites. Cependant, il occupe une place très importante dans l’histoire de la fondation de la Compagnie de Jésus ; d'abord parce qu'il faisait partie du noyau initial des trois « Amis dans le Seigneur » fondé dans la chambre du Collège Sainte-Barbe à Paris avec Ignace de Loyola et François-Xavier, ensuite parce que Ignace de Loyola avait la plus grande confiance en lui — Pierre Favre fut chargé de guider le petit groupe lorsqu'il s'absenta pour un long séjour de santé dans son pays de 1535 à 1536. De plus, au moment de l'élection du premier supérieur général de la Compagnie, il apparut clairement que Pierre Favre faisait l'unanimité comme second choix, si Ignace de Loyola avait persévéré dans le refus de son élection.
Simon Rodrigues, un des premiers compagnons et par ailleurs très différent de Favre, laissa de lui ce souvenir : « Il avait une rare et délicieuse douceur de rapports, que je n’ai trouvé chez personne à ce degré ». Il avait ainsi une manière charmante de converser qui lui faisait gagner cœurs et esprits, y compris parmi les luthériens. Instinctivement Pierre Favre préférait le contact personnel et la conversation amicale aux sermons dans les églises ou aux cours à donner à de grands auditoires. Son intégrité morale et sa sincérité évidente facilitaient le contact ; il persuadait sans avoir besoin d’insister. Il entra ainsi sans difficulté dans l’esprit des Exercices Spirituels — un apostolat typique de l’amitié et de la conversation spirituelle — et les donnait remarquablement bien — aux dires même d'Ignace de Loyola.
Pierre Favre n’était ni un philosophe, ni un théologien, au sens technique du mot. Les seuls écrits qu'il nous ait laissés sont ses lettres et un Mémorial qui est une autobiographie spirituelle, rédigée de 1542 à 1545 dans laquelle il fait une approche du divin par le biais de l'affection intime et du sentiment. Il n'hésitait pas à s'adresser directement au Christ et aux anges, comme dans l'extrait ci-dessous, où il raconte son installation dans une nouvelle demeure :
« Dans chaque pièce et dans chaque salle de la maison, je dis à genoux cette prière : « Visitez cette demeure, nous vous en prions, Seigneur ; écartez d'elle toutes les embûches de l'ennemi, pour que vos saints anges y habitent et nous gardent dans la paix, et que votre bénédiction soit sur nous à jamais, par le Christ notre Seigneur. » Je le fis avec une vraie dévotion et avec le sentiment qu'il était convenable et bon d'agir ainsi en entrant pour la première fois quelque part. J'invoquai ensuite les anges gardiens des voisins et je sentis que cela était convenable et bon quand on change de quartier. Je priai pour que mes compagnons de logis et moi, nous n'ayons à subir aucun mal de la part des mauvais esprits du voisinage et tout spécialement celui de la fornication »— Mémorial de Pierre Favre
Écrits
- Mémorial de Pierre Favre, édité par Michel de Certeau, Paris, 1959.
- Fabri Monumenta, in MHSI (vol. 48), Rome, 1972.
Bibliographie
- BANGERT, W.: To the Other Towns, Baltimore, 1959.
- PURCELL, M.: The quiet compagnon, Dublin, 1970.
- RAVIER, A.: Le grand Pierre Favre, Paris, 1997.
Liens externes
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