- Phryne
-
Phryné
Phryné (en grec ancien Φρύνη / Phrýnê, littéralement « crapaud », surnom donné à cause de son teint jaunâtre) est une hétaïre grecque célèbre du IVe siècle av. J.-C.
Née Mnésareté (en grec ancien Μνησαρετή / Mnêsaretế, « celle qui se souvient de la vertu ») à Thespies, en Béotie, elle se rend à Athènes où elle devient hétaïre. Rapidement, elle a pour amants certains des hommes les plus distingués du moment. Ainsi du sculpteur Praxitèle qui, selon Athénée[1] et Pline l'Ancien[2], l'utilise comme modèle pour son Aphrodite de Cnide. Athénée y ajoute le peintre Apelle, qui l'utilise comme modèle pour son Aphrodite Anadyomène.
Elle est célèbre par ses tarifs élevés : selon le poète comique Machon[3], elle réclame une mine pour une nuit. Le scholiaste du v. 149 du Ploutos d'Aristophane mentionne le prix extravagant de 10 000 drachmes, soit un talent. Cependant, toujours selon Machon, son tarif varie suivant ses humeurs. Elle accumule de telles richesses que, selon le grammairien Callistrate[4] elle aurait offert de rebâtir les murailles de Thèbes, abattues en 336 av. J.-C. par Alexandre le Grand, sous réserve qu'on y grave l'inscription : « Détruites par Alexandre, rebâties par Phryné, l'hétaïre ». L'offre aurait été refusée.
Organisatrice d'une confrérie religieuse vouée au culte du dieu thrace Isodaetes, elle est accusée par l'un de ses anciens amants d'introduire une divinité étrangère à Athènes et par là-même de corrompre les jeunes femmes. Elle est défendue par l'orateur Hypéride, l'un de ses amants. Selon Athénée[5], celui-ci, sentant la cause perdue, aurait déchiré la tunique de Phryné, dévoilant aux Héliastes sa poitrine et emportant ainsi la faveur du jury : Phryné est acquittée et portée en triomphe au temple d'Aphrodite tandis que le rhéteur adverse est chassé de l'Aréopage.
Selon Élien[6], les Grecs auraient dressé sur une colonne, à Delphes, une statue en or de Phryné. Athénée[7] précise qu'elle est l'œuvre de Praxitèle et qu'elle porte l'inscription « Phryné, fille d'Épiclès de Thespies ».
Évocations artistiques
Phryné a notamment inspiré une toile à Jean-Léon Gérôme (Phryné devant l'Aréopage, 1861) et un opéra à Camille Saint-Saëns (Phryné, 1893).
Dans le monde littéraire, Charles Baudelaire, dans ses poèmes Lesbos et La Beauté, ainsi que Rainer Maria Rilke, dans son poème Die Flamingos, se sont inspirés de la beauté et de la réputation de Phryné.
En 1891, le futur académicien Maurice Donnay connaît un grand succès en présentant au théâtre d'ombres du Chat noir sa fantaisie Phryné.
Notes
- ↑ Deipnosophistes [détail des éditions] [lire en ligne] (XII, 59).
- ↑ Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (XXXIV, 21).
- ↑ Cité par Athénée, (XIII, 45).
- ↑ Cité par Athénée (XIII, 60).
- ↑ Deipnosophistes (XIII, 59).
- ↑ Histoires variées [lire en ligne] (IX, 32).
- ↑ Deipnosophistes (XIII, 59).
Articles connexes
- Vénus d'Arles
- Prostitution en Grèce antique
- Autres courtisanes célèbres : Aspasie (Ve siècle av. J.-C.), Laïs (rivale de Phryné)
- Deux représentations de Phryné dans la statuaire d'édition du XIXe siècle : La Phryné de Pradier et celle de Salmson
- Portail de la Grèce antique
Catégories : Personnage de la Grèce antique | Prostitution | Histoire de la sexologie
Wikimedia Foundation. 2010.