- Phoolan Devi
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Phûlan Devî
Phûlan Devî - retranscrit aussi Phoolan Devi, Pulan Devi - (Gorha Ka Purwa, Uttar Pradesh, 10 août 1963 - New Delhi, 25 juillet 2001), chef d'une bande de dacoïts, puis membre du parlement indien.
Sommaire
Une femme indienne de basse caste
Phûlan Devî naît au sein de la basse caste des mallah, pêcheurs et bateliers, dans un petit village de l'Uttar Pradesh. Elle est mariée par ses parents à 11 ans. Malgré l'accord passé entre les familles, on exige qu'elle s'installe dans sa maison immédiatement et non le jour de ses 16 ans. Elle est aussitôt employée comme esclave domestique, couche dans l'étable et son mari la bat et la viole régulièrement. Elle réussit cependant à s'échapper avec l'aide d'un oncle et rejoint son village. Cependant cette fuite lui fait perdre tout statut dans la société indienne qui ne lui propose qu'une alternative, la prostitution ou la mort, classiquement en se jetant dans le puits du village.
La révoltée
Mais Phûlan Devî refuse son sort et s'abandonne à la révolte. Quelques années plus tôt, un cousin nommé Mayadin avait spolié sa famille d'un terrain qu'elle utilisait pour faire pousser quelques légumes et y avait fait construire sa maison. Phûlan revendique ce terrain ce qui irrite Mayadin. Elle subit un viol collectif organisé pour la punir. Plus tard, voulant se débarrasser d'elle pour de bon, son cousin engage une bande de dacoïts pour l'éliminer. Les bandits l'enlèvent mais sa présence entraîne des dissensions au sein de la bande, entre le chef, un thâkur, jati appartenant de la caste kshatriya, qui veut en faire son esclave, et le reste de la bande qui sont aussi des mallah. Vikram, un des bandits, abat le chef, prend sa place et rapidement Phûlan devient sa maîtresse. Elle apprend de Vikram le métier de dacoït, et toujours aussi révoltée, devient la chef de fait de la bande. Elle est bientôt célèbre dans tout l'état, s'attaquant principalement aux thâkur, traditionnellement des propriétaires terriens qui violent les femmes de basse caste sur leurs terres. Beaucoup, dans le petit peuple, la considèrent maintenant comme un avatar de Durgâ.
Un jour, Vikram est abattu par Sri Ram, un dacoït de caste thâkur offensé qu'un mallah puisse avoir atteint la notoriété. Il enlève aussi Phûlan et l'emmène dans son village de Behmai où elle est victime d'un viol collectif par la bande de Sri Ram. Un brahmane compatissant, prétextant vouloir aussi abuser d'elle, lui permet de s'enfuir. Lorsque les hommes de Sri Ram s'aperçoivent du subterfuge, ils se vengent aussitôt en le brûlant vif.
La chef de bande: 1981-1983
Phûlan Devî ne vit plus alors que pour la vengeance. Le 14 février 1981, ayant entendu dire que Sri Ram était à Behmai, elle entre dans le village avec sa bande, tous habillés avec des uniformes de la police, monte sur le puits et avec un mégaphone, exige qu'on lui livre son tortionnaire, l'assassin de son amant. Le village est fouillé de fond en comble, mais probablement mal renseignée, Phûlan ne le retrouve pas. Elle fait alors abattre 22 personnes, le plus grand massacre perpétré par des dacoïts depuis 30 ans, et circonstance aggravante, toutes les victimes sont des thâkur et les exécuteurs sont eux de caste inférieure et commandés par une femme. Toute sa vie, Phûlan Devî niera sa participation à cette action.
Indira Gandhi promet sa capture mais Phûlan et sa bande, qui connaissent parfaitement les ravines de la Chambal et profitent de leur situation au point de jonction de trois états, le Rajasthan, le Madhya Pradesh et l'Uttar Pradesh qui handicapent les forces de police, pourtant en nombre considérable, restent introuvables. Après une fuite de deux ans, Indira Gandhi et Phûlan arrivent à un accord : elle et ses compagnons rendent les armes en 1983 sous les yeux de la presse, d'une foule de 10 000 personnes, et en présence du ministre en chef du Madhya Pradesh, Arjun Singh. En contrepartie, elle obtient l'assurance qu'ils ne seront pas condamnés à la peine de mort.
Prisonnière puis députée
Après 11 ans de cellule, trois de plus que négocié, elle est libérée en 1994, grâce à l'action de Mulayam Singh Yadav, le nouveau ministre en chef de l'Uttar Pradesh, un homme de basse caste comme elle, arrivé à ce poste grâce à la politique des quotas. Durant toutes ces années, elle n'est pas passée en jugement pour les cinquante-sept chefs d'accusation, dont les vingt-deux de meurtres de Behmai, qui pèsent sur elle. Elle s'engage, en 1996, dans la voie politique, adhère au parti Samajwadi, le parti socialiste de Yadav, est élue députée. Elle est présentée en tant que candidate au Prix Nobel de la paix en 1997.
Adulée par les gens de basses castes, elle connaît toujours la haine des hautes castes et l'arrivée au pouvoir du parti fondamentaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) avec Atal Behari Vajpayee à sa tête ne lui est pas favorable. Le 25 juillet 2001, elle est abattue de six balles devant son domicile à New Delhi, un quartier où la sécurité devrait être maximale.
Quelques jours plus tard, un thâkur nommé Sher Singh Rana se rend à la police affirmant qu'il a tué Phûlan Devî pour venger le massacre de Behmai et déclare : « La tache qui souillait le nom des Rajputs a été lavée ».
Bibliographie
- Irène Frain, Devi la reine des bandits, 1992, Frayard
Films
- Bandit Queen, film Bollywood de Shekhar Kapur.
Voir aussi
- Dacoït
- Caste
- Sampat Pal Devi : autre féministe indienne
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