- Philippe II de Macédoine
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Philippe II de Macédoine Nikétérion à l'effigie de Philippe II, frappé au IIe siècle apr. J.-C., Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de FranceTitre Roi de Macédoine -359 – -336 Prédécesseur Amyntas IV Successeur Alexandre III le Grand Biographie Date de naissance -382 Date de décès -336 Père Amyntas III Mère Eurydice Conjoint Olympias Enfants Alexandre le Grand modifier Philippe II de Macédoine (en grec ancien, ὁ Φίλιππος), né en 382 et mort assassiné en 336 av. J.-C., est un roi de Macédoine ayant régné de 359 à 336 av. J.-C.. Il est le père d'Alexandre le Grand.
Sommaire
Biographie
Il est l'un des trois fils du roi Amyntas III et d'Eurydice. En 368, alors qu'il est âgé de 14 ans, on l'envoie en otage à Thèbes, en Béotie. Bien traité, il y aurait appris l'art de la guerre en observant Épaminondas. Il y reste jusqu'à l'âge de 17 ans, soit jusqu'en -365. De retour en Macédoine, il prend le pouvoir à la mort de son frère Perdiccas III en 359 : au cours de l'été 360, il est désigné comme tuteur de son neveu, le fils mineur de Perdiccas, Amyntas IV, qu'il écarte un peu plus tard en se faisant proclamer lui-même roi par l'assemblée du peuple macédonien.
Au moment où il prend les rênes du pouvoir, Philippe n'a que 23 ans. Il se trouve face à une situation difficile, puisque la survie du royaume de Macédoine est menacée par les Illyriens. En outre, les voisins de la Macédoine Péoniens, Odryses de Thrace et Athéniens ont tout avantage à un affaiblissement du royaume. Philippe commence par éliminer ses rivaux potentiels, dont le prétendant Argaios, soutenu par Athènes. Il doit ensuite se résoudre à accepter la suzeraineté de Bardylis, roi des Illyriens, dont il épouse la fille, Audata. Il conclut également un traité de paix avec Athènes, à qui il laisse les mains libres à Amphipolis. En 339 av. J.-C., Philippe, de retour de son expédition contre les Scythes, se voit refuser le passage du fleuve Hémus par les Triballes à moins de partager son butin. Au cours du combat qui s'ensuivit, Philippe fut vaincu et perdit l'usage d'une main et d'une jambe[1].
Afin de renforcer la position macédonienne, Philippe lance une vaste réforme de l'armée. Il augmente le nombre de fantassins et crée un bataillon d'élite, les hypaspistes, calqué sur le Bataillon sacré de Thèbes. Il donne à son armée un entraînement strict et un armement repensé : le soldat macédonien reçoit un armement défensif (armure, cnémide, bouclier) plus léger que celui de l'hoplite, dont l'ensemble de l'équipement pèse environ 35 kg. En outre, Philippe dote le fantassin d'une longue pique de 5 mètres de long environ, la sarisse, établissant ainsi les fondements de la phalange macédonienne.
Fort de sa nouvelle armée, Philippe affronte et vainc les Péoniens puis les Illyriens : lors de la bataile d'Illyrie, il a la clavicule brisée. Il se tourne ensuite vers Amphipolis, qu'il assiège lui-même en -357. Il semble probable qu'un traité secret ait lié Philippe à Athènes, comme l'affirme Théopompe, Philippe devant prendre la ville pour le compte des Athéniens — il y a là un renversement de rapport de force net par rapport à la situation de 359, et ce d'autant plus que Philippe ne tient pas sa promesse, et conserve la ville pour son compte.
Il intervient ensuite dans la Troisième Guerre sacrée, à l'appel de Thèbes et de la Ligue thessalienne. Il est battu à deux reprises par Onomarchos, stratège des Phocidiens. Philippe doit battre en retraite, bien décidé cependant à revenir. En effet, en 352, il investit la Thessalie et vainc Onomarchos au lieu-dit du Champ-de-Crocus. Il fait crucifier le cadavre du stratège vaincu et fait jeter à la mer plus de 3 000 prisonniers phocidiens, châtiment réservé aux sacrilèges. Dans la foulée, il s'empare de Phères et se fait élire à la tête de la Ligue thessalienne. Alors qu'il poursuit les Phocidiens, il est arrêté dans le défilé des Thermopyles par une coalition athénienne, spartiate et achéenne. Malgré cet échec, Philippe a marqué les cités grecques par sa puissance. Il les menace désormais directement.
Philippe se tourne ensuite vers la Thrace, divisée en trois royaumes à la mort de Cotys, roi des Odryses. À l'appel de l'un des rois, il assiège la forteresse d'Hèraion Teichos, au bord de la Propontide. Ce mouvement menace directement les intérêts athéniens, à la fois à cause de leurs clérouquies de Chersonèse, mais aussi à cause de leur approvisionnement en blé. Athènes vote d'abord l'envoi d'un contingent massif, mais la nouvelle exagérée d'une maladie de Philippe les dissuade de l'envoyer effectivement, à tort : Philippe prend Hèraion Teichos et livre la forteresse à la cité de Périnthe, qui avait également fait appel à lui.
Alors que les cités grecques l'avaient tenu pour quantité négligeable, elles le craignent désormais. C'est à ce moment que Démosthène compose sa première Philippique : avec les Philipppiques et les Olynthiennes, Démosthène présente Philippe comme un barbare et un ivrogne. Cette image de propagande sera, jusqu'au XIX e siècle, prise pour argent comptant, donnant de la Grèce du Nord un pays sans culture digne de ce nom, et donc sans intérêt[2].
Épouses et descendance
Roi polygame, comme c'était la coutume en Macédoine, il n'aurait eu pas moins de sept épouses, d'après un fragment de son biographe Satyrus préservé par Athénée. Il s'agit dans l'ordre chronologique de :
- Phila, macédonienne d'Élimée, épousée vers 360/359, et morte presque aussitôt. Il s'agit sans doute de la veuve de son frère Perdiccas III et de la mère d'Amyntas IV.
- Audata, d'Illyrie, épousée vers 359/358, qui lui donne une fille, Cynané, peut-être en 357, épouse d'Amyntas IV précité ;
- Philinna de Larissa en Thessalie, épousée vers 358/357, mère d'Arrhidée né vers 357 ;
- Olympias, princesse molosse d'Épire, rencontrée à Samothrace et épousée en 357, mère d'Alexandre (né en 356) et de Cléopâtre (née en 355) ;
- Nicesipolis de Phères en Thessalie, épousée vers 352, mère de Thessaloniké en 351, et peut-être morte en couches à cette occasion ;
- Meda de Thrace, épousée vers 343 ;
- Cléopâtre, épousée en 337, mère d'Europa en 336.
Certaines sources comme Pausanias[3] le disent père de Ptolémée Ier, fondateur de la lignée des Lagides.
Il trouve la mort alors qu'il projette de se lancer à la conquête de la Perse : il est assassiné alors qu'il s'apprêtait à rentrer dans le théâtre de Vergina où il célébrait ses victoires et l'alliance forcée imposée à la quasi-totalité des cités grecques par Pausanias, l'un de ses officiers, peut-être à l'instigation d'Olympias.
Bibliographie
- Jean-Nicolas Corvisier Philippe II de Macédoine, éd Fayard, 2002
- Arnaldo Momigliano, Philippe de Macédoine. Essai sur l'histoire grecque au IVe siècle, éd. Éclat, 1992 (1re édition 1934) ;
- Pierre Carlier, Le IVe siècle grec jusqu’à la mort d’Alexandre, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », 1996 (ISBN 2-02-013129-3) ;
- (en) Kate Mortensen, The inter-relationship of Philip's wives, Ancient Macedonia VI, Thessalonique, 1999, 800.
Notes et références
- Démosthène, Discours sur la Couronne, 67-68.
- Grande Galerie - Le Journal du Louvre, sept./oct./nov./ 2011, n°17.
- 1.6.2 Décription de la Grèce,
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