- Peinture de style troubadour
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La meilleure définition de la peinture de style troubadour peut être : une peinture historique anecdotique édifiante qui emprunte à la peinture hollandaise du XVIIe siècle ses moyens techniques : son faire lisse, sa description minutieuse des détails qui font illusion, son rendu des tissus mais aussi son caractère intimiste des scènes familières.
Histoire
La redécouverte de la civilisation médiévale est l’une des curiosités intellectuelles du début du XIXe siècle. Ce passé imprégnait l’Ancien Régime depuis les institutions et leurs rites (Le costume du sacre datait du XVIe siècle) jusqu’aux vieilles églises des cérémonies familiales.
Le Musée du monument français remit à la mode le Moyen Âge. En exhumant les restes des rois, les révolutionnaires leur redonnèrent vie, si l’on ose dire.
De même la résurgence du sentiment chrétien dans sa dimension artistique, avec la parution en 1800 du Génie du Christianisme, joua un grand rôle en faveur de cette peinture édifiante souvent inspirée par la religion.
Artistes et écrivains rejetèrent le rationalisme néo-antique de la Révolution et se tournèrent vers un passé chrétien glorieux. Les progrès de l’histoire et de l’archéologie accomplis au cours du XVIIIe siècle portent leurs fruits. Paradoxalement ces peintres du passé ignorent les primitifs de la peinture française. Cette peinture ne les intéresse pas car elle n’est pas anecdotique ! Napoléon lui-même ne dédaignait pas ce courant: il avait pris comme emblème le semis d’abeilles d’or retrouvé sur la tombe du roi mérovingien Childéric, et se voyait bien continuateur de la royauté française. Une sorte de reconnaissance officielle du Moyen Âge fut opérée par la cérémonie du Sacre de Napoléon. Reprenant l’usage des rois de France (mais à Paris), le futur empereur tenta de reprendre à son profit les usages royaux : peut être même dans ses manifestations miraculeuses, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa d’Antoine-Jean Gros a été lue comme une version moderne des rois thaumaturges – la guérison de la maladie de la peau nommée les écrouelles : le Premier Consul n’est pas contaminé par la peste.
Le premier tableau troubadour fut présenté au Salon de 1802, sous le Consulat. C’est une œuvre de Fleury-Richard, Valentine de Milan pleurant la mort de son époux. Le sujet du tableau serait venu à Fleury-Richard en visitant le musée des monuments français. Car le tombeau de cette infortunée y figurait. Ce tableau eut un énorme succès en raison de son sujet émouvant. David voyant le tableau se serait écrié : « Ca ne ressemble à personne, c’est aussi nouveau d’effet que de couleur ; la figure est charmante et pleine d’expression, et ce rideau vert jeté devant cette fenêtre fait une illusion complète ». En effet les descriptions des contemporains et du peintre nous renseignent que la lumière tamisée par le vitrail, était encore filtrée par le rideau vert. David a bien raison le sujet et la technique sont nouveaux.
Le tableau de Fragonard représentant François Premier reçu chevalier par Bayard (Salon de 1819) doit être lu non comme une redécouverte d’un passé médiéval mais plutôt comme un souvenir d’une tradition monarchique récente.
Le romantisme et la Révolution de 1848 sonnèrent le glas de cette peinture.
Tableaux troubadours
- Pierre-Nolasque Bergeret, L’Arétin dans l’atelier du Tintoret, Salon de 1822.
- Madame Cheradame, née Bertaud, L’Éducation de Saint Louis.
- Michel Martin Drölling, La Dernière Communion de Marie-Antoinette, Paris, Conciergerie.
- Jean-Louis Ducis, Le Tasse lisant un épisode tiré de son poème la Jérusalem délivrée à la Princesse Éléonore d’Este, ancienne collection de l’Impératrice Joséphine. Arenenberg, Napoleonmuseum.
- Joseph Ducq, Antonello de Messine dans l'atelier de Jean van Eyck, Bourg-en-Bresse, Musée de Brou
- Alexandre-Évariste Fragonard, Don Juan, Zerlina et donna Elvira, Clermont-Ferrand, Musée des Beaux-arts.
- Alexandre-Évariste Fragonard, L’Heure approche.
- Alexandre-Evariste Fragonard, François Premier armé chevalier par Bayard, Meaux, Musée Bossuet.
- Baron François Gérard, La Reconnaissance du Duc d’Anjou comme Roi d’Espagne, Château de Chambord.
- Reine Hortense, Le Départ du chevalier vers 1812, Château de Compiègne, provient du château de Pierrefonds.
- Jean-Auguste-Dominique Ingres, Francesco da Rimini et Paolo Malatesta, tableau avec un cadre dessiné par Claude-Aimé Chenavard, (1789-1838), Angers, musée des Beaux-arts.
- Jean-Baptiste Isabey, Un couple descendant l’escalier de la tourelle du château d’Harcourt, Salon de 1827.
- Henriette Lorimier, Jeanne de Navarre, Château de la Malmaison, 1806.
- Alexandre Menjaud, François Premier et la Belle Ferronnière, 1810.
- Nicolas-André Monsiau, Saint Vincent de Paul recueillant les enfants exposés, Paris, église Saint Germain l’Auxerrois, copie conservée à Toulouse, musée de la Médecine.
- Pierre Révoil,
- René d’Anjou passant la nuit au château de Palamède de Forbin, commandé par le comte de Forbin descendant de l’hôte de René d’Anjou.
- Le tournoi, 1812, Lyon, musée des Beaux-arts;
- La convalescence de Bayard, 1817, Paris, musée du Louvre;
- Fleury-Richard, Jacques Molay, Grand Maître des Templiers, Salon de 1806. Acquis à la suite du Salon pour l’Impératrice Joséphine. Par héritage à la Reine Hortense.
- Louis Rubio, Les Amours malheureuses de Francesco de Rimini, 1832.
Références bibliographiques
- Catalogue d’exposition, Le Style Troubadour, Bourg-en-Bresse, musée de Brou 1971.
- Marie-Claude Chaudonneret, La Peinture Troubadour, deux artistes lyonnais, Pierre Révoil (1776-1842), Fleury Richard (1777-1852), Arthéna, Paris, 1980.
- Marie-Claude Chaudonneret, «Tableaux Troubadour», Revue du Louvre, n° 5/6, 1983, pages 411-413.
- François Pupil, Le Style Troubadour ou la nostalgie du bon vieux temps, Nancy, Presses. Universitaires de Nancy, 1985.
- Guy Stair Sainty, sous la direction de, Romance and Chivalry: History and Literature Reflected in Early Nineteenth-Century French Painting, Stair Sainty Mathiesen Gallery, New York, 1996.
- Maïté Bouyssy, sous la direction de, «Puissances du gothique», Sociétés & Représentations, n° 20, décembre 2005, édité par Bertrand Tillier.
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