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Pauline de Beaumont
Pauline de Beaumont, née en 1768 à Mussy sur Seine et morte en 1803, est une femme du monde et femme de lettres du début du XIXe siècle. Elle est surtout connue pour avoir été la maîtresse de François-René de Chateaubriand et pour avoir tenu un salon littéraire où les plus brillants intellectuels de Paris se retrouvaient pendant le Consulat.
Pauline de Beaumont est la fille du comte de Montmorin, l'un des derniers conseillers de Louis XVI. Toute sa famille est condamnée à l'échafaud pendant la Révolution française. Elle-même est recueillie par des paysans, puis par l'intellectuel Joseph Joubert, qui la protège d'une affection amoureuse qui durera toute sa vie. C'est chez lui, dans sa maison de Villeneuve-sur-Yonne, qu'elle rencontre Chateaubriand pour la première fois.
Lors de cette rencontre, elle est séparée de son mari, le comte de Beaumont. Elle se sait atteinte de la tuberculose et cherche donc à jouir de la vie. Sa faiblesse physique jointe à sa beauté en fait pour l'écrivain l'incarnation de l'amour romantique : « Son visage était amaigri et pâle. Ses yeux coupés en amande auraient peut-être jeté trop d’éclat si une suavité extraordinaire n’eût éteint à demi ses regards en les faisant briller languissamment, comme un rayon de lumière s’adoucit en traversant le cristal de l’eau. Son caractère avait une sorte de raideur et d’impatience qui tenait à la force de ses sentiments et au mal intérieur qui l’éprouvait.[1] ». Il l'appelle « l'Hirondelle ».
Elle-même a une grande admiration pour les talents littéraires de son amant : « il y a là, une sorte de miracle ; le secret de l’enchanteur est de s’enchanter lui-même ; il vous fait fondre en larmes et pleure lui-même. » Elle rassemble dans sa maison, près du Palais du Luxembourg, les espoirs littéraires et politiques de son temps : outre Chateaubriand et Joubert, on y retrouve Louis de Fontanes, le comte Mathieu Molé, mais aussi de jeunes gens moins connus comme Ambroise Rendu et Philibert Guéneau de Mussy, futurs hauts fonctionnaires de l'Instruction publique et pour l'heure rédacteurs au Mercure de France.
Pauline de Beaumont vit en pleine contradiction sa liaison avec Chateaubriand : lui qui rédige le Génie du christianisme est alors le héraut de la renaissance catholique. Elle, éduquée dans les principes moraux de Pierre Nicole, a une spiritualité forte. Néanmoins, les mœurs de l'époque étant assez libres, leur liaison peut se faire au grand jour.
Les deux amants se retirent un temps à Savigny-sur-Orge, où Chateaubriand travaille au Génie tandis que Pauline recopie la documentation qui lui est nécessaire. Elle se lie d'amitié avec la sœur préférée de Chateaubriand, Lucile. Mais Chateaubriand a réussi à obtenir le poste d'ambassadeur à Rome en 1803. Il part donc, laissant Pauline de Beaumont derrière lui. Elle est effondrée, d'autant plus qu'elle est de plus en plus malade et qu'elle se rend compte que son amant l'a délaissée pour Delphine de Custine. Elle part faire une cure au Mont-Dore, puis décide de rejoindre son amant pour mourir auprès de lui.
Pauline de Beaumont arrive en Italie et Chateaubriand, touché par le geste et l'état déplorable de sa santé, se montre plein de délicatesse. Il va la chercher à Florence et loue pour elle à Rome une petite maison au pied de l'église de la Trinité-des-Monts. Son malheur touche la société romaine au lieu de la choquer. Chateaubriand accepte sans gêne de jouer le rôle du garde-malade, quitte à travestir la réalité[2].
Elle meurt le 4 novembre 1803 dans les bras de son amant. Chateaubriand évoque ses derniers instants. « Nous la soutenions dans nos bras, moi, le médecin et la garde ; une de mes mains se trouvait appuyée sur son coeur qui touchait à ses légers ossements ; il palpitait avec rapidité comme une montre qui dévide sa chaîne brisée ; nous inclinâmes sur son oreiller la femme arrivée au repos ; elle pencha la tête, quelques boucles de ses cheveux déroulés tombaient sur son front ses yeux étaient fermés, la nuit éternelle était descendue. (...). Tout était fini. [3]» La cérémonie funèbre a lieu à l'église Saint-Louis des Français, en présence de toute la société française de Rome. La princesse Borghese (Pauline Bonaparte, sœur de Napoléon), offre sa voiture pour le cortège. Chateaubriand fait édifier un monument par le sculpteur Marin dans l'église. Pauline de Beaumont y est représentée couchée sur son lit. L'épitaphe porte ces mots : « Après avoir vu périr toute sa famille, son père, sa mère, ses deux frères et sa soeur, Pauline de Montmorin consumée d’une maladie de langueur, était venue mourir sur cette terre étrangère. François Auguste de Chateaubriand a élevé ce monument à sa mémoire. »
Liens externes
- Fiche généalogique sur la base Roglo de Daniel de Rauglaudre
Références
- ↑ François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe
- ↑ La fille de monsieur de Montmorin se mourait. Le climat de l’Italie lui serait favorable. Moi, allant à Rome, elle se résoudrait à passer les Alpes.” Et il ajoute, avec superbe : ”Je me sacrifiais à l’espoir de la sauver. Il explique ainsi a posteriori sa demande d'ambassade à Rome dans les Mémoires d'outre-tombe
- ↑ idem
Bibliographie
Jean-Paul Clément, Chateaubriand. Biographie morale et intellectuelle, Flammarion, 1998, 700 p.
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