- Patrick Le Lay
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Patrick Le Lay, né le 7 juin 1942 à Saint-Brieuc, est un dirigeant d'entreprise français et ancien président-directeur général de TF1. Il est actuellement le président du Stade rennais football club.
Sommaire
Carrière
Son père Pierre le Lay est un professeur de mathématiques normalien. La famille le Lay vit pendant la Seconde Guerre mondiale à Plémet, commune où se réfugie la famille d'Abraham Drucker. Pierre le Lay sauve d'ailleurs la mère de Michel Drucker d'une arrestation par la Gestapo à la gare de Rennes[1].
Patrick Le Lay effectue une partie de sa scolarité au Lycée catholique Saint Vincent de Rennes. Il étudie par la suite à l'École spéciale des travaux publics puis au Centre des hautes études de la construction avant d'intégrer l'univers du BTP : ingénieur des travaux publics, il passe par plusieurs sociétés de construction avant d'intégrer le groupe Bouygues en 1981. C'est en tant que responsable de la diversification de ce groupe qu'il prépare le dossier de candidature à la privatisation de TF1 en 1987, selon la volonté de Francis Bouygues. Il est également ancien élève du CPA (Centre de perfectionnement aux affaires), l'« exécutive MBA » d'HEC.
Il devient Président-directeur général de la chaîne de télévision française TF1 le 23 février 1988 lorsque le CSA valide la proposition de rachat de Bouygues. Il positionne la chaîne sur un créneau grand public et fait de TF1 la chaîne leader en Europe. Il est à compter du 22 mai 2007 président du Conseil d'administration de la chaîne, laissant la direction générale à Nonce Paolini[2],[3]. Il remporte en novembre 2007 à New York l'Emmy Award du meilleur directeur de télévision[4]. Le 31 juillet 2008, il démissionne de son poste de président du conseil d'administration de TF1, et Nonce Paolini lui succède[5].
Patrick Le Lay préside ensuite le fonds d'investissement Serendipity[6] dont les actionnaires principaux sont Artémis, holding de la famille Pinault, et Bouygues (propriétaire de TF1). Ce fond d'investissement est en charge du développement du groupe en direction de l'ouverture du marché du jeu en France et Le Lay crée Eurosportbet.com, le site de paris sportifs de la chaîne sportive Eurosport, filiale du groupe audiovisuel Bouygues.
En janvier 2010, il est écarté de la direction de Serendipity par l'actionnaire principal de la holding, à savoir Martin Bouygues. Ce renvoi vient terminer une longue série d'étapes qui ont permis au groupe Bouygues d'écarter définitivement Patrick Le Lay des arcanes du pouvoir à la fois au coeur de la chaîne de télé mais également au coeur des nouveaux projets du groupe.[7]
Le 7 mai 2010, François Pinault le nomme président du Stade rennais football club, en remplacement de Frédéric de Saint-Sernin démissionnaire pour raisons de santé[8],[9].
Breton affirmé, il est à l'origine de la création de la chaîne régionale bretonne TV Breizh, filiale du groupe TF1.
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en mai 1994, puis officier en janvier 2003 puis commandeur du même ordre en 2008. En 2001, Michel-Constant Verspieren avait révélé dans le livre L’Impasse maçonnique que Le Lay était un haut-gradé franc-maçon.
Citations polémiques
Patrick Le Lay est particulièrement réputé pour ses analyses perçues comme franches (ou brutales), incisives (ou cyniques) et sujettes à polémique, de même que par sa propension à cautionner les raccourcis pris par certains de ses journalistes. Le dernier raccourci employé par Jean-Pierre Pernaut lui valut une condamnation prononcée par la 17ème chambre correctionnelle de Paris, en même temps que celle de l'animateur du 13 heures (le 28 novembre 2008), pour diffamation envers le mouvement TFP (Tradition, Famille, Propriété).
Une polémique fit rage en juillet 2004 à la suite de la publication de ses propos recueillis dans Les Dirigeants français et le changement par la société de conseil EIM, qui y présentait les réponses de dirigeants tels que Patrick Le Lay, Michel Bon (ex-France Télécom), Robert Louis-Dreyfus (LD Com), Michel Pébereau (BNP Paribas), Henri de Castries (Axa), à des questions portant sur les nouveaux défis des entreprises françaises face au changement.
« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective 'business', soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit.
[…]
Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible.
[…]
Rien n'est plus difficile que d'obtenir cette disponibilité. C'est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l'information s'accélère, se multiplie et se banalise…
[…]
La télévision, c'est une activité sans mémoire. Si l'on compare cette industrie à celle de l'automobile, par exemple, pour un constructeur d'autos, le processus de création est bien plus lent ; et si son véhicule est un succès il aura au moins le loisir de le savourer. Nous, nous n'en aurons même pas le temps ! […] Tout se joue chaque jour sur les chiffres d'audience. Nous sommes le seul produit au monde où l'on 'connaît' ses clients à la seconde, après un délai de vingt-quatre heures. »
La polémique fut relayée notamment par Les Guignols de l'info et plus globalement par les opposants au leadership de TF1 sur l'audiovisuel français. Ceux-ci reprirent les propos sous la forme raccourcie « Notre boulot, c'est de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible », mettant en parallèle TF1 et les world companies.
Patrick Le Lay donne quelques explications[10] dans un entretien pour Télérama en septembre :
« Ce n'était pas une interview officielle. Le MEDEF m'avait appelé en me disant : on interroge des dirigeants d'entreprise sur le changement et le mouvement. Je ne me souviens plus précisément de cet entretien, mais, comme souvent, j'ai dû parler deux heures à bâtons rompus et tenir ces propos pendant la conversation.
Je ne reconnais cependant pas le métier de TF1 dans cette formule et je ne me retrouve pas dans les propos qu'on me prête : on me transforme en marchand de cerveaux !Je reconnais que cette formule était un peu caricaturale et étroite. Mais, encore une fois, c'était une conversation et j'ai l'habitude de forcer le trait pour faire comprendre les concepts[11].
Le métier de TF1, c'est l'information et le programme (fiction divertissement, sport, magazines de découverte). Nous sommes une grande chaîne populaire et familiale dont l'objectif est de plaire à un maximum d'audience. Nous vivons de la publicité, mais ce sont nos clients qui mettent au point les spots que nous diffusons. En réalité, que vendons-nous réellement à nos clients ? Du temps d'antenne.
La logique de TF1 est une logique de puissance. Nous vendons à nos clients une audience de masse, un nombre d'individus susceptibles de regarder un spot de publicité.
Pour les annonceurs, le temps d'antenne ne représente rien d'autre que des contacts clients. De l'attention humaine. En particulier celle de la fameuse ménagère de moins de 50 ans, largement décisionnaire dans les achats de produits alimentaires, entretien ménager et de beauté. »
Et il analyse ainsi les rapports entre culture et audimat :
- « On ne vit plus qu'avec les chiffres de l'audimat. [...]. Passer une émission culturelle sur une chaîne commerciale à 20 h 30, c'est un crime économique ! C'est quand même à l'État d'apporter la culture, pas aux industriels. » 9 septembre 1987, Libération.
En 1986, lors de l'audition pour la reprise de TF1 qui venait d'être privatisé par le gouvernement Chirac, il déclarait :
- « Le projet de reprise de TF1 que nous vous présentons aujourd'hui est bâti autour de quelques idées simples. Tout d'abord respecter le téléspectateur. [...] En second lieu, nous avons cherché à donner une dynamique nouvelle à la création française. Faire absorber au public français des séries américaines, ce n'est pas une fatalité. [...] Je crois que le fonds de commerce, la réputation d'une chaîne, elle est faite bien sûr de son audience, mais elle est faite aussi de sa réputation. Et une chaîne de télévision qui prétend être la première en France ne peut pas le rester uniquement sur la diffusion des programmes les plus simples à absorber.[...] La culture française est menacée, c'est vrai. Mais la culture française doit résister. Parce que la culture, elle exprime le besoin et le désir de vivre ensemble, parce que la culture exprime une vraie communauté de mémoire, une vraie communauté de projet. »
L'autre « coup de gueule » de Patrick Le Lay fut prononcé en août 2005 quand, dans le magazine Bretons, il a accusé la France d'avoir organisé un génocide culturel (ethnocide) en Bretagne, et qu'il a affirmé « Je ne suis pas français, je suis breton. »
Anecdotes
- Dans le documentaire de Maurice Dugowson Télévision (Histoires secrètes), Jack Lang confie que l'idée de créer une présidence commune entre Antenne 2 et FR3 lui est venue lors d'une conversation avec Patrick Le Lay. Ce dernier qualifiera cette proposition de « mauvaise idée ».
- Son salaire en tant que PDG de TF1 était en 2008 d'environ 1 930 000 € euros[12].
Notes et références
- Nicolas Carnec, « Rennes, le nouveau défi de Patrick le Lay », dans Ouest France, 7 mai 2010, p. 21
- toutelatele.com Patrick Le Lay
- telerama.fr TF1 de règne.
- "Patrick Le Lay et Muriel Robin distingués aux Emmy Awards" AFP, 20 novembre 2007,
- (fr) Julien Lalande, « TF1 : Patrick Le Lay démissionne, Nonce Paolini devient PDG » sur Ozap.com, 31 juillet 2008
- [1] Patrick Poivre d’Arvor et son ancien patron Patrick Le Lay ont déjeuné ensemble
- http://www.casinoweb.org/20100104-3359-derniere-minute-lelay-ecarte-de-la-direction-de-eurosportbet.html Dernière minute : Lelay écarté de la direction de Eurosportbet.
- Patrick Le Lay nouveau président du SRFC sur staderennais.com. Mis en ligne le 7 mai 2010, consulté le 7 mai 2010
- Le Lay : « Le Stade rennais ? C'est MON club » » sur lemensuelderennes.fr. Mis en ligne le 7 mai 2010, consulté le 7 mai 2010 Benjamin Keltz, «
- 2004, ISBN 2-91411933-X [2], [3], [4], [5]. Cité dans Les Dirigeants français et le changement, collectif d'auteurs, éditions Huitième Jour, juin
- lemonde.fr Patrick Le Lay s'explique dans Télérama sur ses propos controversés.
- http://www.jeanmarcmorandini.com/article-24814-tf1-voici-les-salaires-de-nonce-paolini-et-patrick-le-lay.html
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