- Particule patronymique
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Particule (onomastique)
Pour les articles homonymes, voir Particule.La particule est une préposition qui précède un nom de famille.
En français elle peut prendre la forme simple « de », la forme élidée « d' », être accompagnée d'un article « de la », voire contractée « des » ou « du ».
Elle existe également en d'autres langues : néerlandais « van », allemand « von », anglais « of », italien « de », « da » « del », « dal », « della »...
Sommaire
La particule nobiliaire : une piste trompeuse
Contrairement à une idée reçue, la particule ne peut en aucun cas être prise comme une marque de noblesse (pas plus d'ailleurs que son absence empêche d'être noble). En effet, la particule atteste initialement l'origine ou la propriété (génitif). Conséquence : certains propriétaires ou roturiers peuvent en posséder une sans pour autant être nobles
- Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (où Caron est le patronyme et Beaumarchais le nom d’une terre de sa première épouse).
A contrario, certaines familles d’authentique noblesse n’ont jamais arboré la particule :
- le baron Gros (noblesse d’Empire)
- le duc Pasquier (idem)
La noblesse d'Empire n'a donc pas, à l'inverse de la noblesse royale, de particule.
Enfin, certaines familles authentiquement nobles ont discrètement gommé la particule de leur nom au moment de la Révolution, pour se protéger. Toutes ne l’ont pas fait rétablir.
Règles d’usage
Elle n’apparaît que lorsque le nom est précédé d’un prénom, d’un titre ou d'une dénomination (monsieur, madame, marquis, abbé, général, etc.) :
- Jean de La Fontaine
- le marquis de Sade
- Madame de Sévigné
- Subtilité « historique » : de façon systématique jusqu'au Grand Siècle, et parfois encore de nos jours, on trouve la particule employée après un lien de parenté (comme cousin(e), oncle/tante, grand-père/grand-mère).
On peut ainsi trouver :
- ma cousine de Maintenon, ma grand-mère de Bourbon-Parme
Lorsque le nom est employé sans prénom ou sans titre, le « de » n’est pas maintenu :
De même, au pluriel, le « de » disparaît :
- Les Montherlant et non les de Montherlant
Mais « d’ », « Du » ou « Des » sont maintenus :
- Du Guesclin
- Des Cars
- Des Esseintes
- d’Alembert
- d'Hozier
Toutefois, on conserve ordinairement la particule « de » pour les noms d'une syllabe sonore (le e final étant muet) :
- Exception : l'usage veut qu'on omette le « de » pour Sade[réf. nécessaire].
La particule « de »/« d' » n’est généralement pas prise en compte dans le classement alphabétique : de Sèze sera classé sous S plutôt que sous D, de même que d'Alembert sera classé sous A plutôt que sous D.
Majuscule ou minuscule ?
« de » et « d’ » : la particule étant une préposition marquant l'origine, elle s'écrit toujours en minuscule :
Si elle est précédée de la préposition « de », la majuscule permet de distinguer les deux « de »[1] :
- les mémoires de Monsieur de Sèze
- les mémoires de De Sèze'
« du » et « des », prennent une capitale quand ils ne sont pas accompagnés d'un prénom ou d'un titre[2] :
- un roman de Guy des Cars
- le romancier Des Cars
- la mort de Du Guesclin.
« de La » : attention au maniement du « La », où la particule disparaît tout à fait normalement lorsque le nom est seul mais où en revanche le La reste :
- La Bruyère
- La Rochefoucauld
- Subtilité « historique » : selon un usage qui s'est perdu après le XVIe siècle, le « la » s'écrit avec une majuscule lorsque le nom est assorti d'un prénom, d'un titre ou d'une dénomination, mais il s'écrit avec une minuscule lorsque le nom est isolé :
- Jean de La Bruyère
- Étienne de La Boétie
- la Bruyère et la Boétie
- Il est cependant d'usage, de nos jours, d'écrire le « la » systématiquement avec une capitale : « La ».
Enfin, concernant le classement alphabétique : c'est ce « la » ou « l' » qui déterminera le positionnement.
- La famille de La Bruyère sera classée à La
- La famille de L'Hermite à L' (soit avant La)
Particules étrangères
Les particules étrangères gardent la majuscule lorsque c'est l'usage dans leur langue d'origine :
- En italien : D', Da, Dall', De, Degli, Dei, Del, Dell', Della, Di, Lo. Il semble qu'en italien l'usage moderne soit d'utiliser la minuscule pour les personnages antérieurs au XIXe siècle, et la majuscule pour ceux postérieurs au XIXe siècle, mais cette règle est souvent ignorée ou contestée[3] : Leonardo da Vinci, Massimo d'Azeglio, Gabriele D'Annunzio, Enrico De Nicola.
- En arménien oriental moderne : Ter- (avec trait d'union, en alphabet arménien : Տեր-) : Levon Ter-Petrossian.
Elles s'écrivent en minuscule lorsque c'est l'usage dans leur langue d'origine :
- En allemand : am, an, auf, im, vom, von (der), zu, zum, zur : Erich von Stroheim, Ernst vom Rath, Bernhard zur Lippe Biesterfeld.
- En anglais : of.
- En espagnol : de, del, de las (les/los), las/les/los, y : María de las Mercedes de Borbón.
- En néerlandais : t', 't, ten, ter, van (der/den) : Rembrandt van Rijn, Everard t'Serclaes, Gerard 't Hooft, Corrie ten Boom, Hendrick ter Brugghen. En néerlandais, la particule correspondant à « de » est « van ». Le mot « De », très fréquent dans les noms de famille, n'est pas une préposition mais un article correspondant au français « Le » et s'écrivant, comme en français, avec une majuscule. Pour cette raison, en Belgique les noms néerlandais débutant par « De » prennent la majuscule (Félix De Boeck) tandis que les noms français commençant par « de », beaucoup plus rares, ne la prennent pas (Xavier de Mérode). Les mêmes noms néerlandais désignant des personnes de nationalité française s'écrivent avec un d minuscule, comme tous les autres noms.
- En portugais : a, da, das, de, dos : Sérgio Cláudio dos Santos.
- En scandinave : af, av, von : Barbro Hiort af Ornäs.
Cas particulier :
- En anglais : il n'y a pas de particule proprement dite, mais le préposition of avec minuscule peut introduire un nom de fief dans les titres nobiliaires. Ces titres ne font cependant pas partie du nom de famille et sont généralement traduits en français : Charles, Prince of Wales ou Charles, prince de Galles.
- Lorsqu'un nom d'origine étrangère porté par un citoyen d'un pays anglophone comprend ce qui était une particule ou un élément apparenté dans la langue d'origine, cet élément s'écrit presque toujours avec une majuscule et très souvent (mais pas toujours) en un seul mot avec ce qui suit : A, De, De La, La, Dos, Mac, Mc, O' . Dans ce cas, le second élément garde la majuscule bien que ne formant qu'un seul mot ; il y a donc une majuscule à l'intérieur d'un mot : Cecil B. DeMille, Shia LaBeouf, Douglas MacArthur, William McKinley, (voir l'article CamelCase).
- En hongrois : il n'y a pas de particule nobiliaire, cependant des noms de fiefs, dont certains sont devenus des noms de famille, sont formés en transformant le nom en adjectif par l'ajout du suffixe -i (souvent remplacé par -y dans les noms les plus anciens) : nagybányai Horthy Miklós (l'adjectif dérivé du nom de fief, sans majuscule, s'écrit en premier, le nom de famille ensuite et le prénom enfin, selon l'usage hongrois). De tels adjectifs sont généralement « traduits » dans les langues occidentales. En français, on écrit ce nom Miklós Horthy de Nagybánya, de même qu'en allemand on écrit Miklós Horthy von Nagybánya. Ceci explique la forme de noms aujourd'hui français tels que Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa ou allemands tels que Christoph von Dohnányi.
Particules étrangères dans les noms de citoyens français
Si une personne de nationalité française porte un nom avec une particule étrangère, la règle sera d'écrire son nom avec une majuscule. Malgré cela, l'usage hésite :
- Manuel Dos Santos (nom d'origine portugaise) ;
- Renaud Van Ruymbeke (nom d'origine néerlandaise), mais Didier van Cauwelaert plus souvent écrit avec une minuscule ;
- Jean-Michel di Falco plutôt que Di Falco (nom d'origine italienne), bien que l'usage en italien moderne soit d'écrire les particules avec une majuscule.
Inversement, si la forme d'une particule étrangère coïncide avec celle de la particule française, c'est l'usage français de la minuscule qui s'applique si la personne est de nationalité française :
- René de Obaldia (nom d'origine espagnole), bien que la forme correcte en français devrait être « d'Obaldia ».
Nom de plume, nom d'artiste
Au XIXe siècle, certains artistes ont rajouté un de pseudo-nobiliaire à leur nom : Honoré Balzac devient Honoré de Balzac, croyant ainsi donner plus de poids à sa signature. Gérard Labrunie : Gérard de Nerval.
Notes, sources et références
- ↑ nitescence.free, Du bon usage du titre de noblesse et de la particule
- ↑ Lexique des règles typographiques en usage à l'imprimerie nationale, Imprimerie nationale, 2002, (ISBN 978-2-7433-0482-9), 3e édition, octobre 2007, p. 138
- ↑ Le sujet a été longuement débattu sur la Wikipédia italienne, sans arriver pour autant à un consensus.
Bibliographie
- Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale. 6e éd. [oct. 2007]. Paris : Imprimerie nationale, 2002, 208 p. ISBN 978-2-7433-0482-9
Voir aussi
Lien externe
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