- Pacifisme chrétien
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Le pacifisme chrétien est un courant de pensée à l'intérieur de l'Église chrétienne qui prône la non-violence et la résolution des conflits diplomatiques à travers le dialogue. Aujourd'hui, celui-ci est notamment connu à travers les efforts de pacification de la communauté de Sant'Egidio et les nombreuses missions diplomatiques de Jean-Paul II.
Sommaire
Âges apostoliques
Les sociétés paléochrétiennes refusaient de porter les armes, même pour défendre Rome, en invoquant le passage de la Passion où Jésus, que Pierre cherche à défendre par l'épée, ordonne à Pierre de ranger celle-ci en précisant que qui utilise l'épée périra par l'épée.
Âge patristique
Martin de Tours
Saint Martin (316-397), soldat converti alors qu'il est engagé dans l'armée par un contrat de 25 ans, demande à ne pas participer à l'attaque de Worms. Traité de lâche par l'empereur Julien, il décide alors de marcher en tête de ses troupes, sans autre arme qu'une croix, mais il se trouve que les Barbares se rendent avant l'assaut (Martin sera libéré de son contrat à l'âge de quarante ans)
Ambroise de Milan
Saint Ambroise (340-397) fait montre d'une vision plus romaine des choses : « La force sans la justice est matière d'iniquité. Est pleine de justice la force qui, à la guerre, protège la patrie contre les barbares. » Néanmoins, le pouvoir temporel reste sous étroite surveillance : la ville de Thessalonique s'étant révoltée contre son gouverneur et l'ayant tué, l'empereur (chrétien) Théodose Ier ordonne le massacre des habitants, innocents ou coupables, et sept mille personnes périssent.
Saint Ambroise écrit aussitôt à Théodose pour lui signifier la gravité de sa faute et le prévenir que, jusqu'à ce qu'il l'expie par la pénitence, il est exclu de facto de la communauté. Quand l'empereur se présente à l'église, Ambroise lui en interdit l'entrée. L'empereur rappelle la pardon accordé jadis au roi David. « Vous l'avez imité dans son péché, répond saint Ambroise, imitez-le dans sa pénitence ». Il lui impose l'obligation de promulguer une loi portant que toute sentence de confiscation ou de mort ne deviendra exécutoire qu’au bout de trente jours, après avoir été de nouveau examinée et confirmée. Après huit mois de louvoiement, Théodose se soumet
Augustin d'Hippone
Saint Augustin (354-430) renchérit : « Que trouve-t-on à blâmer dans la guerre ? Est-ce le fait qu'on y tue des hommes qui doivent mourir un jour afin que les vainqueurs soient maîtres de vivre en paix ? Faire ce reproche à la guerre est le fait d'homme pusillanimes et non d'hommes religieux. Ce qu'on blâme dans la guerre c'est le désir de nuire, la cruauté de la vengeance, une âme inapaisée et implacable, la fureur des représailles, la passion de la domination et autres sentiments semblables. » Augustin estime que tuer un homme (y compris soi-même) n'est pas une faute quand Dieu l'ordonne, en citant, entre autres, l'exemple de Samson (La Cité de Dieu, livre I)[1].
Âge scolastique
Dans la Somme théologique, Thomas d'Aquin (1228-1274) examine les conditions de licéité d'une guerre et pose trois exigences : l'autorité du prince, la cause juste, et l'intention droite.
Il y considère aussi qu'une société est « un donné de la nature » ; une société de païens n'est pas moins légitime qu'une société chrétienne. Une souveraineté païenne est donc possible, y compris sur des chrétiens. On ne peut donc considérer comme sainte au seul prétexte qu'on la ferait à des infidèles (ce en quoi la position affichée du catholicisme diffère donc de celle de l'islam).
Enfin, il admet la légitimité du régicide face au « tyran d’exercice » ou au « tyran d’usurpation ».
Églises issues de la Réforme
Certaines églises issues de la Réforme protestante sont adeptes d’un pacifisme radical. Parmi ces églises, on peut citer :
- Les Églises dites traditionnellement pacifistes (Historic Peace Churches)
- L'Église de Dieu (Septième Jour)
- Les Baptistes du Septième Jour
Enseignement moderne
Dans le Catéchisme en 2003, la guerre de défense est considérée comme acceptable à condition :
- « que le dommage infligé par l'agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain ;
- que tous les autres moyens d'y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces ;
- que soient réunies les conditions sérieuses du succès ;
- que l'emploi des armes n'entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourdement dans l'appréciation de cette condition. »
Rapport avec la violence
Le rapport entre l'Eglise et la violence reste ambigu. Si elle motiva certain combat au nom de la justice et de la liberté de conscience (reconquête de Jérusalem que les Musulmans conquérants avaient interdit aux pèlerins chrétiens, croisade contre les Cathars après que ces derniers eurent assassiné le représentant du pape venu négocier), l’Église ne put jamais empêcher les Seigneurs de guerre de mener leurs propres buts. Le discours religieux fut souvent le paravent pratique des ambitions d'hommes aux idées beaucoup moins charitables. Simon de Montfort et les Seigneurs du Nord de la France profitèrent de l'aubaine que représentait la croisade contre les Albigeois, pour se tailler des domaines dans le midi. Venise profita de la 4e croisade pour mener le sac de Constantinople, alors chrétienne, en 1202.
Notes et références
- « Dieu lui-même a fait quelques exceptions à la défense de tuer l’homme, tantôt par un commandement général, tantôt par un ordre temporaire et personnel. En pareil cas, celui qui tue ne fait que prêter son ministère à un ordre supérieur ; il est comme un glaive entre les mains de celui qui frappe, et par conséquent il ne faut pas croire que ceux-là aient violé le précepte : “Tu ne tueras point”, qui ont entrepris des guerres par l’inspiration de Dieu, ou qui, revêtus du caractère de la puissance publique et obéissant aux lois de l’État, c’est-à-dire à des lois très-justes et très-raisonnables, ont puni de mort les malfaiteurs » (§21)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Bibliographie et documentation concernant « Christianisme » dans le catalogue du Centre pour l'action non-violente
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