- Origines des langues
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Histoire des langues
L’origine et l’histoire des langues ont toujours suscité l’intérêt des penseurs. De nombreux mythes tendent à donner aux langues une origine divine ou supranaturelle (Tour de Babel, Hermès, ...). La langue unique des origines aurait ainsi été divisée en une multitude pour apporter la discorde entre les hommes.
Pour éviter les querelles stériles et les thèses farfelues, la Société de linguistique de Paris avait en 1865 informé ses membres dans ses règlements qu'elle ne recevrait plus « aucune communication concernant [...] l'origine du langage ». [1]
Bien que les langues existantes diffèrent les unes des autres par l'étendue et les thèmes de leur lexique, toutes les langues humaines possèdent une grammaire et une syntaxe permettant l'invention, la traduction, voire l'emprunt à d'autres langues du vocabulaire nécessaire à l'expression des pensées et des réflexions de leurs locuteurs.
De nos jours, la discipline scientifique ayant pour objet l'étude de l'histoire et de l'évolution des langues est la linguistique comparée.
Sommaire
Apparition du langage articulé
Avant même l’origine des langues, celle du langage est une question polymorphe trop souvent réduite à la simple mutation d’un gène, en l’occurrence FoxP2, dont on sait que la substitution d’un seul de ses 715 acides aminés entraîne de sérieuses pathologies affectant la phonation et, plus généralement, la forme du larynx. Ce gène est, en raison même du caractère sensible de ses mutations, demeuré d’une remarquable stabilité au cours de l’évolution, la séquence de la protéine humaine ne différant que pour deux acide aminés (sur 715) de celle des chimpanzés, des gorilles et des macaques rhésus, et pour un acide aminé supplémentaire avec la souris[2]. La mutation du gène FoxP2 intervenue chez Homo sapiens il y cent à deux cent mille ans a donc certainement dû être déterminante, mais s’est inscrite dans une dynamique d’évolution commencée plusieurs millions d’années auparavant.
Du point de vue paléontologique
C’est Homo habilis, il y a plus de deux millions d’années, qui pourrait être le plus ancien préhumain à avoir employé un langage articulé[3], ce qui ne signifie pas pour autant que cet hominidé usait d’un langage comparable au nôtre.
La morphologie du crâne d’H. habilis, marquée par l’apparition d’une flexure antéropostérieure jusqu’alors absente chez les Australopithèques, conduisait en effet à l’expansion des zones cérébrales impliquées aujourd’hui dans le langage articulé : l’aire de Broca sur une circonvolution frontale gauche, et l’aire de Wernicke sur une circonvolution temporale gauche. Par ailleurs, le redressement du crâne chez H. habilis abaissait les voies aériennes supérieures, pharynx et larynx (d’où l’apparition d’une pomme d’Adam), ce qui était une condition nécessaire pour pouvoir moduler la vocalisation et augmentait la hauteur de la voûte du palais, permettant à la langue d’articuler une plus large gamme de sons. Apparues avec le genre Homo, ces caractéristiques allaient se renforcer nettement par la suite, notamment chez l’espèce Homo erectus : au-delà de la bipédie, il se serait agi en fait d’une adaptation à la course à pieds pour permettre de mieux contrôler son souffle, en même temps que l’élargissement du thorax pour renforcer la respiration et, sans doute, la perte de la majeure partie des poils pour réguler la température corporelle pendant l’effort.
Il est possible que ces capacités physiologiques aient permis l’essor d’une communication orale à la complexité croissante, permettant aux populations d’H. habilis d’organiser leurs communautés en régulant leurs activités quotidiennes. H. habilis est en effet le premier hominidé pour lequel on met en évidence une organisation sociale structurée (campements, outils, habitats et sans aucun doute spécialisation des individus).
Du point de vue des sociétés d’hominidés
Le langage pourrait avoir de multiples origines, les aires cérébrales du langages étant proches de celles mobilisées pour le travail manuel de précision (ce qui induit un codéveloppement des facultés langagières et manufacturières du genre humain) tandis que l’articulation de sons est par ailleurs souvent corrélée de façon réflexe à des mouvements du corps (à l’effort ou sous l’effet de la surprise, notamment) ; la perception de ces sons pouvait en retour être affinée par le développement du cerveau humain, libéré par la bipédie des limitations d’encombrement et de poids puisqu’il était désormais littéralement « posé » sur la colonne vertébrale, ce qui permettait de charger de sens ces sons nouveaux que la nouvelle morphologie crânienne d’H. habilis permettait de produire. D’un point de vue neurologique, le développement du langage semble provenir des mécanismes de reconnaissance du comportement, de la gestuelle et de l’action d’autrui.
Illustration par les cris d’alerte des vervets
Le comportement des vervets fournit une excellente illustration de ces notions. Il s’agit de singes verts au sujet desquels on a pu montrer dès les années 1970, alors qu’ils étaient captifs dans une réserve du Kenya, qu’ils étaient capables de moduler leur cri d’alerte afin d’induire des stratégies défensives appropriées : s’enfoncer dans la végétation à l’approche d’un aigle, au contraire grimper le plus haut possible à l’approche d’un léopard, ou encore scruter le sol avec attention pour choisir le bon arbre à l’approche d’un python ; on notera que la sémantique de ces cris n’est pas innée mais est enseignée aux jeunes singes par leurs parents.
C’est ce type de communication, qui devait sans doute exister chez les Australopithèques et même leurs prédécesseurs, qui a dû se développer sensiblement chez H. habilis pour lui permettre d’organiser ses activités collectives : il y avait donc certainement communication sans pour autant qu’il y ait nécessairement langage.
Origines mythologiques des langues
Dans l'antiquité grecque
La Tour de Babel
Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Chmunter , et ils y habitèrent. Ils se dirent l'un à l'autre : Allons ! Faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
L'Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l'Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu'ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu'ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la Ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre.
Études contemporaines
- Essai sur l'origine des langues (Jean-Jacques Rousseau)
- Langue originelle : recherches ethnologiques
- Langue adamique : utopie d'une langue biblique retrouvée
- Langues indo-européennes
Histoire des langues actuelles
Histoire des langues anciennes et disparues
Histoire des langues construites et nouvelles
- Histoire de l'espéranto
- Langue auxiliaire internationale : utopie d'une langue artificielle universelle
Notes et références
- ↑ L'origine des langues
- ↑ (en) FOXP2 and the evolution of language
- ↑ Voir le chapitre « Aux sources du langage » in Pascal PICQ, Laurent SAGART, Ghislaine DEHAENE, Cécile LESTIENNE : La plus belle histoire du langage, Seuil, Paris 2008
Voir aussi
Articles connexes
- Merritt Ruhlen
Liens externes
Bibliographie
- Pascal PICQ, Laurent SAGART, Ghislaine DEHAENE, Cécile LESTIENNE : La plus belle histoire du langage, Seuil, Paris 2008
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