- Opération Otarie
-
Opération Seelöwe
L'Opération Seelöwe (otarie ou lion de mer en français)[1] était un plan d'invasion allemand du Royaume-Uni au début de la Seconde Guerre mondiale. Retardé à fin 1940, il fut définitivement abandonné en 1943.
Sommaire
Description
Les préparations d'invasion commencèrent peu après la fin de la campagne de France au moment où les Allemands croyaient avoir gagné la guerre sur le front de l'ouest. Refusant cette idée, le Royaume-Uni n'acceptait pas de commencer des pourparlers de paix; ainsi cette opération fut conçue pour briser la résistance britannique.
L'amiral de la Kriegsmarine, Erich Raeder était à l'origine de la création de nombreuses études portant sur la plausibilité d'un assaut naval allemand à travers la Manche. La première de ces études datait de novembre 1939 et soulignait l'importance des éléments suivants :
- Les forces navales ennemies doivent être anéantie ou, à défaut, incapable d'intervenir.
- La menace de la Royal Air Force doit être supprimée.
- Les défenses côtières doivent être détruites.
- Empêcher l'action des sous-marins sur les troupes d'invasion.
Les plans de l'Oberkommando des Heeres préconisaient l'emploi de neuf divisions terrestres plus deux divisions aéroportées de la Wehrmacht. Les sites d'invasion se situaient entre Douvres et Portsmouth.
L'opération était initialement prévue pour le 17 septembre 1940, et fut par la suite reportée à une date ultérieure car Adolf Hitler était sûr qu'en battant les Soviétiques grâce à l'opération Barbarossa prévue pour 1941, il priverait d'alliés en Europe les Britanniques qui n'auraient ainsi d'autre choix que de se rendre.
Mais l'entrée en guerre des États-Unis et les revers de la Wehrmacht en URSS diminuaient les chances de réussite de Seelöwe. L'incapacité des Allemands à améliorer leur situation confirmait les craintes de l'armée de terre des problèmes que la guerre sur deux front entraînaient.
La bataille d'Angleterre faisait partie de l'opération Adler initialement prévue pour donner à la Luftwaffe la supériorité aérienne sur le front ouest et permettre l'invasion des troupes au sol. Mais ces plans changèrent et Adler devint le Blitz, c’est-à-dire le bombardement stratégique des villes britanniques.
Les transports utilisés auraient été les bateaux que les Allemands avaient employés contre la France durant le franchissement du Rhin car la Kriegsmarine ne possédait pas de véritables barges de débarquement, ce qui réduisait la capacité d'acheminement d'artillerie et de blindés.
La plupart des analystes militaires restent perplexes sur une réussite de l'opération Seelöwe si elle avait été lancée. D'une part parce que les Allemands manquaient de navires en comparaison de la flotte de la Royal Navy, et d'autre part parce que les pertes de leur force aéroportée durant la bataille des Pays-Bas n'auraient pas été remplacées à temps pour cette nouvelle opération.
La Royal Navy ne pouvait cependant pas apporter la totalité de sa supériorité de dix contre un contre la Kriegsmarine, car la majeure partie de la flotte britannique était engagée dans l'Océan Atlantique et en Méditerranée. Néanmoins la Home Fleet maintenue pour la protection des Îles Britanniques restait quand même supérieure en nombre à la flotte allemande.
Les renseignements britanniques ont faussement cru que la Luftwaffe avait un avantage de quatre contre un dans le ciel. Ceci amena donc la RAF à mobiliser toutes ses réserves et à augmenter la fabrication des Spitfire. En outre, la menace de l'invasion permit le développement des radars qui connurent alors leur première utilisation en temps de guerre.
Phase de test du plan
Des wargames menés à l'Académie royale militaire de Sandhurst en 1974, qui supposaient que la Luftwaffe n'avait pas encore gagné la suprématie aérienne, concluaient que les Allemands pouvaient établir une tête de pont au Royaume-Uni en utilisant un champ de mine dans la Manche pour protéger leur assaut initial. Mais ensuite, les forces terrestres allemandes furent retardées sur les Stop lines, une série de positions défensives qui avaient été établies, et où chacune d'elles était formée d'une combinaison de barrages routiers et de troupes de la British Home Guard; pendant ce laps de temps, les troupes régulières de la British Army purent se mettre en formation. Après seulement quelques jours, la Royal Navy atteignit la Manche en provenance de Scapa Flow (Écosse) où elle put couper le ravitaillement des troupes allemandes au Royaume-Uni. Isolée et face à des troupes régulières munies de blindés et d'artillerie, la force d'invasion aurait été contrainte de se rendre.
Ce wargame ne tenait pas compte du fait que l'armée de terre britannique en été 1940 ne se résumait plus qu'à 10 divisions dépourvues de tout matériel lourd qu'elles avaient dû abandonner à Dunkerque. A ces 10 division ne détenant qu'un matériel léger, la Whermacht avait prévu d'opposer trois armées abondamment pourvues en blindés et artillerie...
Une invasion de masse par la mer n'était en fait pas nécessaire. Dans des documents britanniques découverts en 1998 au British Wartime Cabinet, il était indiqué qu'après l'échec du British Expeditionary Force en France et son évacuation à Dunkerque, Winston Churchill avait perdu l'appui du Parlement. Si la RAF avait été défaite par la Luftwaffe, Churchill aurait été remplacé par le ministre des affaires étrangères Edward Frederick Lindley Wood, qui préférait faire la paix avec l'Allemagne plutôt que d'avoir à faire face à un massacre de civils sur le sol britannique.
La division Grossdeutschland devait participer à cette opération.
Références
- ↑ Opération 'Sealion' en anglais.
Liens internes
- Opération Felix, projet d'invasion de Gibraltar par l'Allemagne
- Opération Downfall, plan d'invasion du Japon par les États-Unis
- Portail de l’histoire militaire
Catégories : Bataille ou opération de la Seconde Guerre mondiale | Nom de code
Wikimedia Foundation. 2010.