- Opération Amaryllis
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Le 8 avril 1994, deux jours après l'attentat contre le président Habyarimana, la France déclenche l'opération Amaryllis pour permettre l'évacuation sécurisée de 1 500 ressortissants, essentiellement occidentaux. Le général Henri Poncet est chargé d'en assurer le commandement.
Certains rescapés rwandais, dans des témoignages recueillis par Survie, ont vivement critiqué cette opération qui, selon quelques témoignages, n'incluait pas l'évacuation des Rwandais menacés par les massacres, même lorsqu'ils étaient employés par les autorités françaises. Vénuste Kahyimahe, un Rwandais qui travaillait au Centre culturel français à Kigali, consignera dans son livre France-Rwanda : les coulisses du génocide ce qu'il considère comme un abandon français et une description de cette opération où les soldats avaient occupé le centre culturel comme quartier général[1]. Il a également témoigné verbalement dans le documentaire de Raphaël Glucksmannn et David Hazan, Rwanda: Tuez-les tous :
« Ils sont restés trois ou quatre jours, je les ai suppliés, Ils m'ont fait comprendre que je les emmerdais, qu'il n'était pas question qu'ils nous emmènent, quand ils partiront ils vont nous laisser. Deux jeunes militaires ont essayé de nous aider mais c'était dérisoire, ils m'ont réveillé au milieu de la nuit en disant “Comment vous allez faire, demain on part, on va vous abandonner, c'est sûr. C'est les ordres, on doit vous abandonner. Il faut vous préparer à vous défendre.” J'ai dit que je n'avais pas d'arme. »
Lors de leurs auditions devant la mission d'information parlementaire sur le Rwanda, les ministres du gouvernement français affirmeront ne pas avoir donné l'ordre de ne pas évacuer les Tutsis contrairement à des accusations portées par des milieux proches du FPR. Les archives consultées à cette occasion confirment les affirmations des dirigeants français. Les soldats français avaient ordre d'évacuer tous les Rwandais qui pouvaient être joignables. Selon l'ambassadeur français alors en poste à Kigali, Jean-Michel Marlaud, les évacuation n'ont pas inclus les Tutsis à cause de l'absence de réseau téléphonique, sauf chez les Européens, pourvus depuis 1990 (et les exactions contre eux) d'un système radio régulièrement perfectionné. L'ancien chef de gouvernement Faustin Twagiramungu, Hutu modéré qui a perdu des dizaines de membres de sa famille lors du génocide, a également défendu l'attitude des soldats français. Cependant, le général Christian Quesnot, chef d’Etat major particulier du Président de la République entre 1991 et 1995, a rappelé devant la mission d'information sur le Rwanda, que le volume des forces mises en œuvre (500 hommes) correspondait à l’opération type d’évacuation de ressortissants : contrôler l’aéroport, aller chercher les gens, les ramener le plus vite possible, rester le moins longtemps possible sur le terrain afin d’éviter au maximum les pertes. Il a confirmé à Paul Quilès, président de cette mission que la force Amaryllis était une force militaire spécialement dimensionnée, avec des missions de stricte évacuation des ressortissants français et qu'il n'était pas prévu que les forces engagées dans Amaryllis puissent s'interposer. Il ajoutera enfin que la France aurait pu intervenir techniquement seule avec 2 500 ou 3 000 hommes, mais que, psychologiquement et politiquement, elle ne pouvait pas le faire[2].
Par ailleurs, le 25 janvier 2008, Serge Farnel, correspondant en France de l'ARI, a révélé le contenu du compte-rendu (N° 018/3°RPIMa/EM/CD)[3] que l'officier Henri Poncet adressa le 27 avril 1994 au chef d’état-major des armées à qui il fit état, en se référant au COMOPS (Communication opérationnelles), de son « souci permanent de ne pas leur montrer [aux médias, ndlr] des soldats français limitant l’accès aux centres de regroupement aux seuls étrangers sur le territoire du Rwanda », tout en précisant qu’il s’agissait là des provisions consignées dans la Directive n°008/DEF/EMA du 10 avril. Une révélation qui vient jeter un trouble sur les déclarations de l'ancien ambassadeur au Rwanda, Jean-Michel Marlaud, devant les députés français. La question se pose également de savoir pourquoi la mission d'information parlementaire sur le Rwanda n'a pas tenu à rendre publique l'intégralité de ce compte-rendu, bien qu'elle cite[4] le « souci permanent » du COMOPS « de ne pas leur montrer [aux médias, ndlr] des soldats français n’intervenant pas pour faire cesser des massacres dont ils étaient les témoins proches »). Des massacres dont l'armée française n'était alors pas sans savoir qu'il s'agissait de la mise en œuvre d'un génocide à l'encontre des Tutsis[5].
On lit dans le rapport des députés français que le premier avion décolle de Kigali le 9 avril avec 43 Français et 12 membres de la famille Habyarimana et, le 11 avril, 97 enfants de l'orphelinat Sainte-Agathe (dont les liens avec Agathe Habyarimana ont été mis en avant sans pouvoir être formellement démontrés) sont évacués. Le 14 avril l'opération Amaryllis est terminée.
Agathe Habyarimana, l'épouse du président rwandais assassiné, Juvénal Habyarimana, sera accueillie par François Mitterrand qui lui aurait versé 200 000 francs de pécule[réf. nécessaire].
Autres opérations militaires au Rwanda
Notes
- Kayimahe Venuste, France-Rwanda : les coulisses du génocide. Témoignage d’un rescapé, Dagorno-L’esprit frappeur, 2002, 359 p.
- [1], fichier auditio2.rtf, p.144 cf.
- CD = classé confidentiel-défense.
- (fr)Assemblée nationale, « Rapport d'information/L'opération Amaryllis/Les critiques/La nature de l'opération/La non interposition face aux massacres », 1998. Consulté le 2009-01-28
- Note émanant de la défense
Catégories :- Opération militaire française
- Rôle de la France dans le génocide au Rwanda
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