- Rôle de la France dans le génocide au Rwanda
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La France, entre 1990 et 1994 a apporté un soutien militaire, financier et diplomatique au gouvernement Habyarimana, avant et pendant le génocide au Rwanda. L'ampleur de ce soutien et son impact sur le génocide font l'objet de vives controverses, en particulier entre les gouvernements français et rwandais. Le gouvernement français a jusqu'à présent rejeté toute responsabilité dans le génocide, tout en admettant à partir de novembre 2007 que des « erreurs politiques »[1] avaient pu être commises. Plusieurs rapports indépendants et des travaux de recherche universitaires ont permis de préciser le rôle joué par la France durant cette période.
Sommaire
Contexte
Depuis les indépendances, la France a gardé une forte présence militaire et une influence politique majeure dans de nombreux pays africains, principalement des pays francophones[2]. Ces liens militaires et politiques sont liés à des intérêts diplomatiques (votes aux Nations unies) et économiques (approvisionnement dans des matériaux stratégiques tels que uranium, colbalt, etc. et fournitures de services et de xxx)[3].
1990-1994
La connaissance de la situation
A travers sa présence militaire, sa coopération technique, ses services diplomatiques et culturels, la France est en prise directe avec le point de vue et l'action des élites au pouvoir.et avec la réalité du pays en général[4].
En particulier dès 1990 le risque de génocide est relevé par l'ambassadeur Martres[5] , et de nombreux documents internes font apparaître la connaissance étendue qu'avaient les autorités françaises des massacres de Tutsi, du développement de campagne de haine contre les Tutsi[6].
Les liens politiques
Au cours de cette période, et principalement sous l'impulsion du Président François Mitterrand, le gouvernement Habyarimana reçoit un soutien constant et croissant du gouvernement français <référence nécessaire>. Les massacres de Tutsi par les Forces armées rwandaises dans plusieurs circonstances ne suscitent pas de réactions. Les autorités françaises n'exercent jusqu'en 1993 que très peu de pression pour inciter le gouvernement rwandais à la modération; [réf. à confirmer] . La France se désolidarise de pressions exercées par d'autres pays occidentaux; L'ambassadeur Georges Martres refuse de se joindre à la délégation des représentants diplomatiques des pays de l'OCDE venus exprimer au président rwandais leurs « vivres préoccupations » face à la nouvelle vague de violences et demandant la constitution d'une enquête impartiale sur les responsabilités de massacres survenus dans le Bugesera[7]. Devant la Commission, Martres fut invité par le président de la Commission à fournir les télégrammes correspondants. La France fut très peu active dans le processus d'Arusha [8].
Le soutien militaire et financier
Entre 1990 et 1994 grâce principalement au soutien de la France, l'armée rwandaise passe de 5 500 à 35 000 hommes[9]. La France fournit des armes par plusieurs canaux (vente d'armes par des groupes installés en France, cessions directes et indirectes de matériels de l'Armée française; au total la France a fourni la plupart des armes lourdes, des véhicules d'assaut, des armes lourdes et des hélicoptères utilisés par le gouvernement rwandais pendant la guerre contre la FPR La169-171 et aussi Le Monde 23 juin 1994 "Une aide militaire intense et souvent clandestine, Jacques Isnard), et reçoit des équipements militaires pour une valeur supérieure à xxxx millions d'euros. Ces armes ont eu un impact sur le génocide[10]. Les troupes françaises entraînement des troupes, y compris des miliciens civils[11], elles conseillent et encadrent les troupes du gouvernement rwandais.
Des miliciens Interamwhe ont pu aussi être formés par les conseillers français, notamment dans le camp de Bagogwe[12]. Des militaires français ont contribué aux contrôles de cartes d'identité entre octobre 1990 et 1993 . A la même période de nombreux contrôles de ce type ont été l'occasion de l'élimination de personnes étiquetées tutsi[13]. Les autorités françaises ont gardé ces engagements militaires largement secrets[14].
Sources
- The Role of France in the Rwandan genocide (2007). An analysis of France's relationship with Rwanda leading up to and during the Rwandan Genocide. By Daniela Kroslak. 330 pages Hurst & Co. (January 2007) (ISBN 978-1850658825)
- La France au Rwanda (1990-1994). Entre abstention impossible et engagement ambivalent, Bruxelles : Pie-Peter Lang / Cecri, Coll. « Géopolitique et Résolution des Conflits », 2007, 533 p. (préface de Claudine Vidal)
- Rapport de la Mission d'information parlementaire sur le Rwanda,Assemblée nationale, France, 1998
- (pdf) Rapport préparé par la Commission Mucyo, ministère de la Justice, Rwanda, août 2008
- Rapport de l'Union africaine "Un génocide évitable". 2000 (présentation sur le site des Nations Unies), téléchargeable en anglais
- Rapport des Nations unies
- Débat. Rwanda :Réflexions sur les rapports parlementaires de la Belgique et de la France, Jean-Pierre Chrétien, Jean-Claude Willame et Marc Le Pape Politique Africaine n°73, Karthala, 1999
- France-Rwanda : le cercle vicieux, Jean-Pierre Chrétien, Politique africaine, mars 2009
- Guerre coloniale française et génocide rwandais : l’implication de l’Etat français et sa négationCatherine Coquio. Article paru dans Relectures d'histoires coloniales, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n°99, 2006. disponible en ligne sans les notes et avec les notes
- French military in Africa http://www.cfr.org/publication/12578/ (publication du CFR, think-tank américain
- France's policy towards Africa . Continuity or change ? 2004
Notes et références
- Discours de Nicolas Sarkozy à Lisbonne lors du Sommet européen de novembre 2007 . Conférence de presse de Nicolas Sarkozy à Kigali le 25 février 2010
- The French Military in Africa », Council on Foreign Relations, 2008. Consulté le 24 mars 2010 Andrew Hansen, «
- Kroslak, op.cit. page 3
- Kroslak, op.cit. page 4
- "« L'Ambassadeur de France à Kigali, Georges Martres, a également souligné les risques de violences ethniques. Il adresse, le 15 octobre 1990, au Quai d'Orsay et au Chef d'état-major particulier du Président de la République, l'amiral Jacques Lanxade, le télégramme suivant : « la population rwandaise d'origine tutsie pense que le coup de main militaire a échoué dans ses prolongements psychologiques... Elle compte encore sur une victoire militaire, grâce à l'appui en hommes et en moyens venus de la diaspora. Cette victoire militaire, même partielle, lui permettrait d'échapper au génocide. » Rapport Quilès p. 142
- « Il apparaît à la lecture de nombreux documents que, dès 1990, les autorités françaises étaient pleinement informées de la nature profonde du régime et des dérives racistes voire génocidaires de ses éléments les plus extrémistes », Lanotte, op.cit. 225
- Olivier Lanotte, op.cit. p. 222
- Olivier Lanotte, op.cit. p. 221) Lanotte parle « d'indigence de la diplomatie française dans la crise rwandaise » (p. 220)
- Olivier Lanotte, op.cit. p. 169
- Olivier Lanotte, op.cit. p. 175
- Olivier Lanotte, op.cit. p. 164-165
- Commission Mucyo) et par des Français Thierry Prungnaud ¢Lanotte op. cité page 165) « J'ai vu des militaires français former des civils miliciens rwandais en 1992 au tir. » Cette contrevérité lancée sans vérifications par Carbonare survit bien qu'il ait été établi sans ambiguité devant le TPIR que les seuls européens présents dans ce camp étaient de nationalité belge. Car le TPIR a interrogé les commandants belges et rwandais de ce camp qui confirment tous deux ce que disent les militaires français depuis vingt ans et qu'on ne veut pas entendre. La MIP a « négligé de mener une enquête sérieuse sur les allégations d'encadrement des miliciens par les troupes françaises » (Lanotte page 166) et le rapport titre l'un de ses paragraphes « absence de liens avec les milices » tout en reprenant à son compte un extrait de l'intervention du chercheur Gérard Prunier : "il ne « s’agissait pas de dire, comme on a pu le lire, que la France avait préparé le génocide et délibérément formé les miliciens pour leur permettre de tuer les Tutsis ; en revanche, elle avait effectivement entraîné des miliciens qui ont participé au génocide sans avoir pris conscience de ce que représentait son action. » Plusieurs accusations de contributions à la formation des miliciens Interamwe par les français ont été formulées par des rwandais (
- Olivier Lanotte, op.cit. p. 179
- Lanotte pages 146 à 152. En particulier la mise en place des détachements de soutien DAMI et le rôle de conseiller des armées rwandaises ne sont jamais mentionnés
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