- Oppidum d'Ensérune
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Oppidum d'Ensérune
Vue des silos du site de l'oppidum d'Ensérune.Localisation Pays France Commune Nissan-lez-Enserune Département Hérault Coordonnées L'oppidum d'Ensérune est un site archéologique comprenant les vestiges d'un village antique, situé sur une colline de la commune de Nissan-lez-Enserune, dans le département de l'Hérault (France). Ce village a été occupé entre le VIe siècle av. J.‑C. (âge du fer), et le Ier siècle après J.-C. Sa position au sommet d'un colline lui vaut d'être qualifié d'oppidum.
Sommaire
Localisation et environnement
La colline d'Ensérune domine d'une centaine de mètres les plaines alentours et offre ainsi une vue panoramique sur une partie des régions de Béziers et de Narbonne. Entre autres, il permet d'appréhender en un seul regard l'étang de Montady, situé au nord, juste au pied d'Ensérune. Depuis la fin du XVIIe siècle, le canal du Midi passe au sud de la colline en provenance du tunnel de Malpas au sud-est[1].
Le lieu se situe à environ huit kilomètres à l'ouest et à vol d'oiseau du centre historique de Béziers. Le site archéologique se trouve à environ deux kilomètres et demi au nord du vieux village de Nissan-lez-Enserune, à la limite avec les territoires de Colombiers, Montady et Poilhes qui en possèdent une partie des pentes.
Géologie
La colline d'Ensérune est constituée d'une roche très tendre, ce qui a permis de creuser les silos destinés à conserver les récoltes de céréales. Cette roche est formée de sédiments du miocène, constitué de sables marins littoraux.
Histoire antique
D'après les trouvailles archéologiques, le site est occupé en permanence du VIe siècle av. J.‑C. au Ier siècle après J.-C., avec un véritable développement urbain à partir de la fin du Ve siècle. De -500 à -300, de nombreux échanges commerciaux commencent. Il s'agit de la période hellénistique du site. Puis arrivent les Gaulois entre -300 et -250. L'oppidum est détruit à la fin du IIIe siècle av. J.‑C., pour retrouver une certaine prospérité avec la fondation de Narbonne par les Romains en -118 et enfin s'éteindre vers le Ier siècle de notre ère.
Durant l'âge du fer (VIIIe ‑ IIe siècle avant J.-C.), Ensérune constitue l'un des principaux oppida de la Celtique méditerranéenne[2].
Archéologie
Entre 1843 et 1860, l'abbé A. Ginieis, curé de Montady, réalise la première exploration du site. En 1915, Félix Mouret (1861-?) est le premier à fouiller le sol d'Ensérune ; il poursuit son travail jusqu'en 1928. En 1937, l'architecte en chef des monuments historiques, Jules Formigué, installe la collection de Mouret et les trouvailles successives dans la villa construite au sommet en 1915, où on peut toujours les admirer. On trouve une très impressionnante collection de céramiques, qui permettent d'observer l'évolution culturelle du site. De 1929 à 1945, l'abbé L. Sigal étudie l'oppidum de façon approfondie. Entre 1946 et 1958, Jean Jannoray poursuit ce travail.
Dans les années 1960, un important chantier est confié à Hubert Gallet de Santerre. À la fin des années 1980 et en 1995, Martine Schwaller réalise d'autres travaux, notamment sur des tombes. Enfin, à la fin des années 1990, on mentionnera les fouilles réalisées par Cécile Dubosse (sondages dans la zone sommitale) et M.-E. Bellet (une zone artisanale).
À l'ouest du site, une nécropole a été découverte.
Le site et son musée sont administrés par le Centre des monuments nationaux.
Les silos de l'oppidum
Le site d'Ensérune est réputé pour posséder une quantité importante de modules de stockage que sont les silos, creusés dans la roche du sous-sol. En effet, on compte pas moins de 300 fosses sur la colline et ses environs. Ces structures présentent une capacité pouvant aller de 10 000 à 85 000 litres, avec une forme généralement ovoïde.
Construits tout au long de l'histoire du site, contrairement à ce que pensait Jean Jannoray dans les années 1950 (réalisation des fosses avant le Ve s. av. J.-C., puis réutilisation en tant que citernes, comblement pour permettre la construction de nouvelles habitations, etc.), ils ont servi de structures de stockage des denrées. L'usage en tant que réserves d'eau est peu vraisemblable. Les réserves de céréales constituent un élément vital pour la survie des groupes humains. Apparue aux environs de la révolution néolithique[3], la maîtrise du stockage des céréales est essentielle dans l'organisation de la plupart des sociétés car elle est impliquée dans plusieurs activités humaines majeures.
Protection
Le musée fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 5 mars 1935[4].
Voir aussi
Notes
- Carte topographique IGN Top25 au 1/25 000e n°2545ET, Béziers, 3e édition, mai 2007.
- Dominique Garcia, La Celtique méditerranéenne. Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence. VIIIe-IIe siècles av. J.-C., éditions Errance, Paris, 2004, (ISBN 2877722864).
- Les structures de conservation des céréales en Méditerranée nord-occidentale au premier millénaire avant J.C - Dominique Garcia - Travaux du centre Camille Jullian. N° Original : GS 2003877914 - CNRS, 1997
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00103617 » sur www.culture.gouv.fr.
Bibliographie
- Dubosse Cécile, « Ensérune (Nissan-lez-Ensérune, Hérault) : les céramiques grecques et de type grec dans leurs contextes (VIe - IVe s. av. n.è.) », Lattes, M.A.M. n° 23, 2007.
- Garcia, D., « Les Celtes de Gaule méditerranéenne, Définition et caractérisation », in Szabo, M. dir., Celtes et Gaulois, l’Archéologie face à l’Histoire, 3 : les Civilisés et les Barbares (du Ve au IIe siècle avant J.-C.), Actes de la table ronde de Budapest, 17-18 juin 2005. Glux-en-Glenne : Bibracte, Centre archéologique européen, 2006, p. 63-76 (Bibracte ; 12/3).
- Fiches Jean-Luc (dir.), « Les agglomérations gallo-romaines en Languedoc-Roussillon : projet collectif de recherche (1993-1999) », Lattes, M.A.M. n° 13-14 (chapitre IV, partie 12), 2002.
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