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Aqueduc du Gier
L'aqueduc du Gier est un des aqueducs de Lugdunum, le plus long des quatre aqueducs ayant alimenté la ville en eau, et celui dont les structures sont le mieux conservées. Il doit son nom au fait qu'il puise aux sources du Gier, affluent du Rhône.
Sommaire
L'aqueduc
Avec ses 85 km, c’est un des plus longs aqueducs romains connus. Son tracé a été bien reconstitué, d’après les vestiges visibles en surface et la localisation de nombreux regards de visite. Partant des hauteurs de Saint-Chamond dans le massif du Pilat, département de la Loire, il épouse le relief du plateau et traverse le département du Rhône, en passant vers Mornant, Orliénas, Chaponost et Sainte-Foy-lès-Lyon pour se terminer à Lyon.
Son parcours met en œuvre presque toutes les techniques romaines de construction d'aqueduc :
- pente moyenne de 0,1% pour la canalisation
- 73 km de tranchée couverte, avec un conduit en béton de 3m de haut sur 1,5m de largeur (dimensions extérieures) enterré jusqu’à 4m de profondeur.
- 11 tunnels prenant des raccourcis à travers le relief, dont un de 825 m de longueur vers Mornant
- une trentaine de passages aériens en pont-canal
- 10 passages aériens sur murs et arches, dont celui du Plat de l’Air, où subsistent 72 arches.
- 4 siphons de franchissement des vallées de la Durèze, du Garon, de l’Yzeron et de Trion.
- près de 90 regards de visite repérés à la date de 2001, avec un intervalle moyen entre regards consécutifs de 77m, conforme au conseil de Vitruve d’un regard tous les 2 actus (soit 240 pieds romains convertis à 32 cm/pied). On estime que le nombre réel de regards sur l’aqueduc atteignait le millier.
Ce remarquable ouvrage d’art présente néanmoins une bizarrerie : le franchissement du vallon de la Durèze est réalisé par un siphon, et aussi par une tranchée contournant ce vallon. Ce contournement ajoute 10 km à la longueur totale de l’aqueduc. La justification de cette redondance peut être un fonctionnement défectueux du siphon.
Le franchissement de l'Yzeron à Sainte-Foy-lès-Lyon
La construction visible aux arches du Plat de l’Air est en pierre, en brique et en blocage, les parties externes sont esthétiquement soignées, avec de beaux parements de moellons en losange (opus reticulatum), alternés de deux épaisseurs en larges briques rouges (arases), et des arêtes intérieures en brique pour les arcades. L’enduit intérieur de la conduite est visible sur les arches du Plat de l’Air, et permet d’observer la teinte rose d’un mortier étanche au tuileau (opus signinum) .
Le franchissement de l’Yzeron au Plat de l’Air est le plus spectaculaire et le mieux visible : l’aqueduc devait traverser une dépression large de près de 3 km, pour une dénivellation de quelques 140m. Le siphon réalisé, seule solution possible, est un tour de force technique :
- 2600 m de long, d’un réservoir à l’autre
- 123 m de flèche (hauteur entre le réservoir de chasse et la partie basse du siphon)
- partie basse formée d’un pont canal de 270m de long et 17m de haut
- 13 bars de pression à soutenir dans la partie basse
- canalisation sur tout le siphon par un faisceau de 12 tuyaux de plomb de 27 cm de diamètre noyés dans le mortier pour assurer leur résistance à la pression.
Les vestiges de dimension importante qui subsistent sont le bâti du réservoir de chasse, et le début de la descente (le « rampant », plan incliné en béton de 5,8 m de large): ils ont permis d’établir les caractéristiques précitées des canalisations de plomb.
La Pierre de Chagnon
Le seul élément écrit lié aux aqueducs de Lugdunum dont on dispose est la pierre de Chagnon. Cette plaque de grès a été trouvée en 1887 dans le secteur de l’aqueduc du Gier au contournement de la vallée de la Durèze. Elle mesure 1,58m sur 0,62 et porte l’inscription latine suivante (CIL XIII, 1623) :
EX AVCTORITATE / IMP(eratoris) CAES(aris) TRAIA / NI HADRIANI / AVG(usti) NEMINI / ARANDI SER / ENDI PANG / ENDIVE IVS / EST INTRA ID / SPATIUM AG / RI QVOD TVTE / LAE DVCTVS / DESTINATVM EST
Ce qui se traduit ainsi :
« Par ordre de l’empereur César Trajan Hadrien Auguste, personne n’a le droit de labourer, de semer ou de planter dans cet espace de terrain qui est destiné à la protection de l’aqueduc »
Ce texte reprend les termes d’une législation générale définie sous Auguste en 11 et 9 av. J.-C. et consignée par Frontin dans son traité sur les aqueducs. La pierre de Chagnon est un avertissement assez général. Une inscription analogue pour l’aqueduc de Venafro en Italie chiffre l’éloignement imposé à 8 pieds. Ici rien de tel. Deux interprétations sont possibles :
- L’aqueduc du Gier date probablement de la période augustéenne (A. Desbat); Hadrien ne reprenant qu'une loi de moins 9 avant notre ère;
Mais l’avertissement manque de la précision utile à son application.
- Sous Hadrien, un simple rappel de la loi était nécessaire, peut-être après une inspection et une remise en ordre de la zone protégée. Dans ce cas l’aqueduc serait plus ancien que l’époque d’Hadrien.
Voir aussi
Liens externes
- L'aqueduc romain du Gier
- Déplacement d'un regard de l'aqueduc du Gier le 30 09 2006
- "Aqua Lugdunensis"
- L'aqueduc romain du Gier, sur le site de l'association Araire, groupe de recherche sur l’histoire, l’archéologie et le folklore du Pays Lyonnais (photos et localisations détaillées)
- Lyon Historique Tracé du parcours de l'aqueduc au format .kml et visualisation sous Google Earth
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