- Nanziger
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Les Nanziger (aussi appelés "Nancéiens") étaient un groupe de prisonniers autonomistes alsaciens-lorrains.
Sommaire
Incarcération
En octobre 1939, les leaders de l'autonomisme alsacien-lorrain sont arrêtés et transférés à la prison militaire de Nancy-d'où leur surnom. À l'instar de Karl Roos, arrêté plus tôt, en février 1939, ils sont inculpés d'espionnage au profit de l'ennemi, mais, faute de temps, leur procès n'aura jamais lieu.
Transfert
Devant l'avancée des troupes allemandes, la prison militaire est vidée de ses occupants le 14 juin 1940. Les "Nanziger" sont évacués par bus vers Dijon puis Lyon. Ils sont scindés en deux groupes : le premier en direction de Privas composé
- du chef de la Jungmannschaft Hermann Bickler
- des conseillers municipaux strasbourgeois, René Hauss, René Schlegel et Paul Schall (membres de la Landespartei)
le second groupe en direction de Carcassonne composé
- des députés Jean-Pierre Mourer (elsässische Arbeiter- und Bauernpartei), Joseph Rossé et Marcel Stürmel (Volkspartei)
- du lorrain Victor Antoni (Christlich-soziale Volkspartei Lothringens)
- des Jungmänner (membres de la Jungmannschaft) Lang, Bieber et Nussbaum
- de l'archiviste de la ville Strasbourg, le Dr. Brauner
- du directeur général de l'hôpital civil de Strasbourg
- du folkloriste Joseph Lefftz (à vérifier, était incarcéré à Nancy)
- de Jean Keppi, secrétaire général de la Volkspartei et Camille Meyer, rédacteur à l'Elsass-Lothringer Zeitung
Un commando de la Wehrmacht, commandé par le major Dehmel, les prend en chasse. Ils seront finalement remis aux Allemands le 17 juillet à Chalon-sur-Saône puis reconduits en Alsace. Rossé, Schall et Bickler se plaindront des conditions éprouvantes durant ce transfert vers le sud de la France et du "sadisme" de leurs geôliers. Ils racontèrent aussi que leur périple les auraient conduit à Marseille, où ils devaient embarquer pour l'Algérie, afin d'y être fusillés, ce qui n'a réellement pas de sens. Le bateau aurait été, lui, torpillé par les Italiens retardant leur départ. La période d'incarcération aura duré 10 mois.
Le manifeste des Trois-Epis
Arrivés en Alsace, les "Nancéiens" sont cloîtrés dans un hôtel aux Trois-Épis où les attend Robert Ernst. Pendant ces 48 heures, Ernst va tenter de convaincre les "Nancéiens" de prendre part à la construction de la grande Allemagne national-socialiste, à travers l' Elsässer Hilfsdienst (EHD). Ernst écrira dans ses mémoires que le fait de placer des autonomistes était un moyen d'éviter la mainmise des fonctionnaires badois sur l'administration en Alsace. Or les "Nanziger" n'occupèrent que des postes d'importance moyenne (Kreisleiter principalement), ôtant du poids à ces arguments. Il fit signer à chacun le manifeste (en all.) suivant qui fut transmis à Hitler le 18 juin 1940:
Mon Führer ! Aujourd'hui, les protagonistes de la lutte menée par notre peuple alsacien-lorrain : Antoni, Bickler, Bieber, Brauner, Hauss, Keppi, Lang, Meyer, Mourer, Nussbaum, Oster, Rossé, Schall, Schlegel, Stürmel, libérés des geôles françaises, foulent à nouveau le sol alsacien. Ils ne s'étaient chargés que du seul crime de fidélité à leur Volkstum d'origine, celui des Alamans des régions limitrophes des Vosges et du Rhin, de la Sarre et de la Moselle. En dépit de toutes les intimes détresses, leur objectif unique fut toujours le règne de la justice et de la paix et de l'entente entre les peuples allemand et français jusqu'au jour où la France, dans un incroyable geste aveuglement (expression mise à la place de "d'une manière criminelle"), déclara la guerre au peuple allemand, refusant du fait cette offre généreuse. En union avec ces personnalités, des dizaines de milliers d'hommes de confiance, membre du EHD, au service du Führer, du Peuple et du Reich, ainsi que des centaines de milliers d'Alsaciens, vous supplient d'effectuer l'intégration de leur pays natal au Grand Reich, en mémoire de Karl Roos, tombé sous les balles françaises. Le Responsable du EHD Dr. Robert Ernst
Signé Antoni, Bickler, Bieber, Brauner, Hauss, Keppi, Lang, Meyer, Mourer, Nussbaum, Oster, Rossé, Schall, Schlegel, Stürmel
Fin novembre 1940, les "Nanziger" sont conviés à un voyage d'information à Berlin. Ils sont reçus par Frick et par Himmler. Le 30 octobre 1941, Ernst, Schall, Bickler, Schlegel et Mourer se rendent enfin à Munich sur les tombes des victimes du Putsch de 1923, pour célébrer la mémoire de leur ami Karl Roos, en compagnie de Karl Haushofer et Franz Ritter von Epp. À la fois acteurs et victimes de la propagande nazie, ils resteront, dans l’Histoire de France, des traîtres à la Nation.
Sources
- Philip Bankwitz, Les Chefs autonomistes alsaciens 1919-1947, édit. Libr. Istra, Strasbourg, 1980 (Saisons d'Alsace n° 71)
- Lothar Kettenacker, La Politique de nazification en Alsace, édit. Istra, Strasbourg, 1978 (Saisons d'Alsace n° 65 et 68)
Catégories :- Autonomisme alsacien
- Collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale
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