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Mérule pleureuse
Serpula lacrymansMérule pleureuse Classification classique Règne Fungi Embranchement Basidiomycota Classe Agaricomycetes Sous-classe Agaricomycetidae Ordre Boletales Famille Serpulaceae Genre Serpula Nom binominal Serpula lacrymans
(Wulfen) J. Schröt., 1885Synonymes D'autres documents multimédia
sont disponibles sur CommonsParcourez la biologie sur Wikipédia : La mérule pleureuse (Serpula lacrymans, jadis Merulius lacrymans, d'où son nom), souvent nommée simplement la mérule, est un champignon basidiomycète de la famille des Serpulaceae. Son épithète de « pleureuse » vient des larmes colorées qu'exsude son mycélium. On l'appelle aussi « mérule des maisons ».
Peu visible dans la nature où il détruit les souches de feuillus comme de conifères, ce champignon lignivore est en effet un redoutable ennemi du bois ouvré et de tous les matériaux contenant de la cellulose (livres, cartonnages etc.). Il est à l'origine de la pourriture cubique qui dégrade la cellulose, sans toucher à la lignine.
Il revêt une importance économique particulière car selon l'Agence Nationale de l'Habitat, c'est le champignon le plus souvent en cause lors d'attaques en intérieur.
Sommaire
Description
La mérule se manifeste par l'apparition d'une substance semblable à de l'ouate épaisse et blanche ou à une toile d'araignée qui vire ensuite au gris.
Les filaments gris argenté du mycélium d'un diamètre de 6 à 8 mm peuvent aller jusqu’à plusieurs mètres de longueur. Ils s'insinuent au cœur du bois et peuvent même traverser la maçonnerie. À l’état sec, les filaments deviennent cassants.
Quelquefois, la mérule se manifeste sous la forme d'un véritable carpophore rond à elliptique à marge de croissance blanche. Le champignon se présente sous la forme d'une masse molle, visqueuse, de un à deux centimètres d’épaisseur et de couleur rouge brun. Il contient des spores de couleur rouge.
Conditions de développement
La Mérule se développe principalement sur les résineux, mais aussi sur les feuillus. Aucune essence des régions tempérées ne résiste à la mérule ; seules quelques essences tropicales — iroko (Milicia excelsa), douka ou makoré (Tieghemella heckelii), doussié (Afzelia africana), etc. — présentent une résistance notable[CTBA 1].
Les conditions de développement sont[CTBA 2] :
- le taux d'humidité du bois (à partir de 22 %), l'humidité optimale est aux alentours de 35 %[1], le développement s'arrête à 40 %[2] ;
- la température entre 20 et 26 °C, la mérule ne résiste cependant pas aux hautes températures ;
- une atmosphère confinée ;
- l'obscurité ;
- vapeurs d'ammoniaque (lieux d'aisance).
Autrement dit, un bâtiment sain — clos, couvert, ventilé, etc. — et entretenu — sans fuites de plomberie — est à l'abri de la mérule.
Mode de propagation
La partie végétative de la mérule est un mycélium composé d'hyphes de moins de 10 μm de diamètre[CTBA 3] qui se développent dans les cavités du bois. En surface, les hyphes s'agglomèrent ou s'entremêlent et forment soit une toile grisâtre, soit des rhizomorphes souvent ramifiés en palmettes.
Les rhizomorphes de mérule sont capables de traverser la maçonnerie. Ils ont aussi la capacité de transporter de l'eau[CTBA 4], ce qui permet au champignon de se propager de proche en proche sur des pièces de bois a priori saines.
Les dégâts
Article détaillé : pourriture cubique.Les bois nus deviennent brunâtres, s'effritent et partent en morceaux en raison de la destruction de la cellulose. Les bois peints se boursouflent puis se craquellent. Les ramifications peuvent traverser les joints de ciment, les briques poreuses et abîmer ainsi les murs. Bien que la mérule pleureuse puisse traverser la maçonnerie, elle ne peut toutefois pas la détruire.
Traitement
Mesures préventives
Le moyen le plus sûr de protéger un bâtiment est de le maintenir dans des conditions où la mérule ne se développe pas, c'est-à-dire éviter les entrées d'eau et assurer une ventilation suffisante.
Les fuites de toiture et de plomberie doivent être rapidement réparées et les bois humides ventilés. Les aérations[3] et soupiraux doivent être maintenus fonctionnels. Les pièces de bois susceptibles d'être exposées à l'humidité[4] doivent pouvoir permettre à l'eau de s'évaporer, les peintures et vernis imperméables sont donc à proscrire. Les dispositifs d'isolation thermique de la toiture ne doivent pas permettre la condensation au contact des bois de charpente. Etc.[CTBA 5]
Mesures curatives
La première des choses à faire est de rétablir les conditions où la mérule ne se développe pas[5]. Le traitement fongicide intervient en complément.[CTBA 6]
L'assainissement consiste en un rétablissement du hors d'eau (recherche et suppression des causes de l'humidité) et une ventilation efficace pour permettre à l'eau de s'évaporer. Les obstacles à l'évaporation (par exemple un revêtement de sol imperméable) doivent être déposés.
Le traitement fongicide se déroule en trois phases :
- La préparation consiste à éliminer les bois atteints et à dégager les bois à traiter.
- Le traitement des sols et des murs consiste à dégager les maçonneries pour rechercher les rhizomorphes, à stériliser les maçonneries à la flamme, puis à traiter par pulvérisation, badigeonnage et/ou injections.
- Le traitement des bois se pratique sur les bois secs. Les bois (quelle que soit l'essence) sont traités en profondeur dans les zones contaminées par injection, par remplissages répétés ou sous pression, superficiellement dans les zones saines ou peu atteintes.
Importance économique
La mérule pleureuse est le plus répandu des champignons lignivores dans les bâtiments, surtout à cause de la mauvaise connaissance du bois. Dans certaines régions[réf. nécessaire], le propriétaire de l’immeuble a l’obligation de signaler toute attaque de mérule pleureuse à l’autorité. Le principal problème est que la mérule peut traverser les murs et donc infecter une habitation saine depuis la cave du voisin.
Notes et références
Bibliographie
- Collectif CTBA, Insectes et champignons du bois, CTBA, Paris, 1996 (réimpr. 2000), 116 p. (ISBN 2-85684-036-1).
CTBA : Centre technique du bois et de l'ameublement. Site internet.
Notes
- ↑ Le bois, quelle que soit son essence, est considéré comme saturé en eau à partir de 30 % d'humidité (où l'humidité se calcule ainsi : ) ; voir cette explication sur l'humidité du bois.
- ↑ CTBA Pôle construction, Le traitement des bois dans la construction, Eyrolles, Paris, 2000 (réimpr. 2004), 140 p. (ISBN 2-212-11844-9), p. 61.
- ↑ À savoir non seulement les aérations des pièces à vivre, mais aussi les aérations des planchers — en particulier si les revêtements de sol sont étanches (dallage plastique, linoleum, sol vinylique, etc.) —, les ventilations de vide sanitaire, les ventilations des bois de charpente, etc.
- ↑ Notamment dans les pièces humides (salles de bains, toilettes, cuisines, etc.) ou en façade (menuiseries).
- ↑ Le CTBA affirme qu'à une humidité inférieure à 22 %, la mérule ne survit pas plus de trois semaines.
Liens externes
- Référence Index Fungorum : Serpula lacrymans (en)
- Photos du champignon à différents stades de développement
- Référence Société mycologique de France : Bibliographie sur Serpula lacrymans (fr)
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