- Ménédème d'Érétrie
-
Pour les articles homonymes, voir Ménédème.
Ménédème d'Érétrie (v. 350 – v. 277 av. J.-C.) était un philosophe grec, originaire de la cité d'Érétrie, membre de l'école d'Élis, disciple de son fondateur Phédon qui avait eu Socrate pour maître.
Il fonda l'école érétrienne de philosophie sur le modèle de l'école d'Élis et fut considéré comme un des plus célèbres disciples de Socrate[1] mais son influence ne fut guère durable et son école s'éteignit rapidement, confondue en philosophie avec l'école de Mégare.
Sommaire
Biographie
Ce que l'on connait encore de lui a été transmis par Diogène Laërce. Originaire d'une famille illustre mais pauvre, Médémède était architecte et décorateur de théâtre. Il fut envoyé comme militaire à Mégare, condition qu'il quitta pour suivre l'enseignement de Platon qu'il délaissa bientôt, entrainé par son ami Asclépiade de Phlionte, pour suivre celui de Stilpon dont l'école était installée à Élis.
Ils importèrent l'école dans leur cité d'origine dont Ménédème, d'abord méprisé de ses concitoyens, obtint reconnaissance et honneurs jusqu'à se voir confier l'administration de la ville et la représentation de celle-ci dans diverses ambassades, notamment auprès des Macédoniens Ptolémée, Lysimaque et Démétrios, tandis qu'Antigone II Gonatas se réclamait être son disciple. Malgré sa richesse obtenue par sa réputation, Ménédème menait une vie sobre. Agressif dans ses discussion au point de s’en aller à la fin de l’entretien les yeux tout gonflés[2], il est pourtant décrit comme un homme doux dans ses actes et des plus estimables par la gravité de ses mœurs et la sagesse de sa conduite[3]. Son nom semble avoir été indissociable de son ami Asclépiade aux yeux de ses contemporains, à telle enseigne que Diogène Laërce rapporte une rixe avec Cratès à la suite d'allusions de ce dernier sur la nature de leurs relations[4].
Vers 277 av. J.-C., à septante-quatre ans[5], peu après la victoire d'Antigone II sur les Galates à Lysimachie, il mourut de tristesse ou se suicida en se privant de nourriture, selon les versions, à la suite de négociations infructueuses concernant sa ville auprès du souverain de Macédoine et des soupçons de trahison qui pesaient sur lui.
Doctrine
Il envisageait l'existence d'un seul bien résidant dans l' Intelligence et qui portait différents noms, prudence, justice et courage, et permettait selon lui le discernement entre le vrai et le faux. Ménédème n'était, en cela, pas un innovateur car il reprenait les thèses de l'école mégarique, où il avait suivi l'enseignement d'Euclide, qu'il exposa néanmoins, selon Cicéron, avec plus de grandeur et d'éclat[6]. Suivant le nominalisme des philosophes cyniques desquels ont a pu parfois le rapprocher, il refusait aux qualités toute existence propre en dehors des objets individuels.
Il n'accorde aucune considération à Platon et Xénocrate, ni au cyrénaïsme, leur préférant son maître Stilpon auquel il vouait une grande admiration. Il attachait une plus grande importance aux doctrines morales qu'à la dialectique dont il rejetait toutes propositions négatives, hypothétiques et copulatives ainsi que les propositions composées, pour n'admettre que les propositions simples et identiques et les jugements catégoriques affirmatifs.
Notes et références
- Plutarque,in Sur les moyens de connaïtre les progrès qu'on fait dans la vertu, p. 187, ligne sur le site de Philippe Remacle
- Diogène Laërce, cf source
- Plutarque,op. cit.
- Diogène Laërce, article Cratès, cf sources : « Ce Ménédème était très beau et passait pour être le mignon d’Asclépiade de Phlionte. Cratès lui toucha les fesses et lui dit : « Asclépiade est là-dedans. » Ménédème se mit fort en colère, et le traîna par les pieds, (...) »
- rapporté par Diogène Laërce, cf sources
- Cicéron, Académie, Livre II, ch. 42 : « Les Érétriens, ainsi nommés parce que Ménédème était d'Érétrie, conçoivent le bien comme se confondant avec l'entendement, avec cette acuité de l'esprit qui voit la vérité, doctrine semblable à celle d'Érillus mais qu'ils développaient davantage à mon avis et présentaient mieux »
Bibliographie
- Denis Knoepfler, La Vie de Ménédème d'Érétrie de Diogène Laërce. Contribution à l'histoire et à la critique des "Vies des Philosophes", Bâle, 1991
- Crönert Wilhelm, Kolotes und Menedemos, 1906 Réf: http://rspa.vjf.cnrs.fr/References/References_R.html#F_2095
Sources
- Article Élis et Érétrie, Dictionnaire des sciences philosophiques, tome II, éd. L. Hachette, Paris, 1845, pp. 203-204
- Diogène Laërce, article Ménémède, in Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Traduction Robert Genaille, 1933, En ligne sur le site de Ugo Bratelli
- Diogène Laërce, article Cratès, in Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Traduction Robert Genaille, 1933, En ligne sur le site de Ugo Bratelli
- Cicéron, Académiques, Livre II, Chapitre 42, en ligne sur le site de Philippe Remacle
Catégories :- Philosophe de la Grèce antique
- Décès en -277
Wikimedia Foundation. 2010.