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Médicament générique
Pour les articles homonymes, voir Générique.Un médicament générique est un médicament identique ou équivalent à celui d'une marque (appelé médicament princeps), mais produit et vendu sous sa dénomination commune internationale (DCI, nom chimique de la substance). La substance active qui fait tout leur intérêt a été utilisée pendant de nombreuses années sur un très large panel de patients, ce sont des médicaments de confiance qui soignent bien, en toute sécurité, et ils ont l'obligation légale d'être aussi efficaces que l'original.
Ces médicaments génériques peuvent être produits après expiration du brevet, ou en l'absence de brevet. De nos jours, de très nombreux médicaments issus de la recherche ont vu, au cours des années, leur brevet tomber dans le domaine public, dans le patrimoine commun de l'humanité, et leurs gammes couvrent un très large éventail de maladies aiguës ou chroniques, graves ou bénignes. Pour des raisons politiques, une entorse peut être imposée, sur des médicaments encore protégés, par exemple s'agissant des médicaments contre le SIDA, dans les pays en voie de développement.
En théorie, la posologie, les indications et contre-indications, les effets secondaires et les garanties d'innocuité sont les mêmes. En revanche, un médicament générique est en général vendu à un prix moindre (ce n'est pas toujours le cas, certains laboratoires ayant décidé de baisser le prix de leurs médicaments princeps pour encourager les médecins à continuer à les prescrire).
Sommaire
Production
Leur fabrication répond théoriquement aux mêmes normes d'exigence que tous les autres médicaments (contrôles, délivrance d'une autorisation de mise sur le marché, engagements « qualité » des laboratoires, etc).
Les médicaments génériques sont produits :
- par des sociétés spécialisées, appelées génériqueurs
- par de grandes sociétés pharmaceutiques, ce sont alors des génériques de marque
Les génériques de marque peuvent être un moyen pour les grandes sociétés pharmaceutiques de défendre leurs produits tombés dans le domaine public. Elles mettent en avant une meilleure innocuité et une meilleure connaissance du médicament. En effet, les médicaments génériques ne subissent que des tests de bioéquivalence. Les excipients peuvent varier, ce qui peut entraîner de nouveaux effets secondaires ou certaines contre-indications (allergies).
Types de génériques
On distingue trois types de génériques :
- La copie-copie : C'est la copie conforme du médicament original (même substance active, même quantité, même forme galénique, mêmes excipients) souvent produite par le même laboratoire pharmaceutique.
- Les médicaments essentiellement similaires : L'excipient change mais ni la substance active, ni sa quantité, ni la forme galénique ; ces génériques doivent uniquement prouver leur bioéquivalence avec le médicament original. Attention, si la substance active est rigoureusement la même, les excipients contenus pourraient toutefois modifier les effets, par exemple en modifiant la vitesse du passage du principe actif dans l'organisme. Pour cette raison, les laboratoires doivent produire une étude de bioéquivalence, prouvant que les nouveaux excipients ne modifient ni la quantité de substance active qui passe dans le sang, ni la vitesse à laquelle elle atteint l'organe cible.
- Les médicaments assimilables : Des modifications minimes peuvent affecter la forme galénique (comprimé au lieu de gélule par exemple), la forme chimique de la substance active (sel au lieu de base, par exemple) ; ces génériques doivent également prouver leur bioéquivalence avec le médicament original.
Il existe deux autres types de médicaments pouvant être considérés comme génériques dans d'autres pays que ceux de l'Union européenne :
- les médicaments originaux améliorés, parfois appelés génériques-plus : les médicaments originaux sont améliorés en termes de tolérance, efficacité…
- les me-too : ils ont la même activité thérapeutique sans être identiques ; il s'agit en fait d'un médicament différent ayant la même indication, par exemple avec une modification mineure de la formule. On peut considérer que certaines statines[1] (6 sur le marché français), antiparkinsoniens dopaminergiques (6 sur le marché français) sont des "me too".
Législation
En France
Un médicament générique est un médicament ayant « la même composition qualitative et quantitative en substance active, la même forme pharmaceutique, et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est démontrée par des études de biodisponibilité appropriées » (Extrait de l’article L. 5121 - 1 du Code de la santé publique français). Pour qu'un médicament soit considéré comme bioéquivalent à la spécialité de référence (médicament princeps), il faut que les valeurs exprimant la quantité et la vitesse de passage de la substance active dans l'organisme ne diffèrent pas de plus de 20 à 25% (80% à 125% par rapport au médicament original). La bioéquivalence d'un médicament générique est évaluée par des études sur des volontaires sains.
En pratique, cela signifie :
- que la spécialité de référence doit exister ;
- qu'elle doit avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) ;
- qu'elle doit être ou avoir été commercialisée en France ;
- que sa substance active doit correspondre à un groupe du répertoire des génériques ;
- que le médicament générique doit être bio-équivalent.
Lorsqu'un médicament est accessible en automédication, l'usager peut choisir librement entre princeps et générique. La législation spécifique concerne :
- la possibilité pour le médecin de prescrire en dénomination commune internationale (DCI) ;
- la possibilité pour le pharmacien de délivrer un générique lorsque le médecin a prescrit un princeps.
Pour que ces deux choses soient possibles, il faut :
- que la DCI soit inscrite au répertoire des génériques (en France, établi par l'Afssaps[2]) ;
- que le médecin ne s'oppose pas à la substitution : en France, le médecin peut inscrire la mention manuscrite « non substituable » en toutes lettres sur l'ordonnance ;
- que le patient ne s'oppose pas à la substitution.
Autres pays
Aux États-Unis, la prescription de génériques a été facilitée à partir de 1984 à la suite du « Drug Price Competition and Patent Restoration Act » qui facilite leur mise sur le marché[3] (plus de nécessité, en particulier, de refaire d'autres tests cliniques, en plus de ceux du médicament de marque).
En Grande-Bretagne, la substitution du médicament princeps par le générique pourra être faite en 2010[4].
Au Brésil, les médicaments génériques ont été introduits par la loi fédérale 9.787 de 1999.
Croissance du marché des génériques
La place occupée sur le marché par les médicaments génériques est de plus en plus importante, car ils sont aujourd'hui favorisés par les politiques de réduction des coûts de santé, réalisées dans les différents pays développés. Les médicaments génériques coûtent en effet en moyenne de 20 à 30% moins cher que les spécialités de marque.
Par exemple, En France, les médicaments génériques sont en progression, représentant 25,2 % du marché (17,2 % en valeur) en 2005 contre 13,7 % (9,2% en valeur) en 1999[5]. Ce taux est faible en comparaison d'autres pays (ils représentent, en valeur, 63% du marché américain en 2007[3])
Cependant les laboratoires commencent à réagir en proposant le médicament princeps avec d'importantes baisses de prix pour encourager les médecins à continuer à prescrire leur médicament plutôt que le générique.
Génériques des médicaments à faible marge thérapeutique : la controverse
Certains médicaments comme les médicaments antiépileptiques, les anticoagulants, les antidiabétiques, ou encore des médicaments utilisés en cardiologie possèdent une faible marge thérapeutique. C'est à dire qu'une très faible variation de la dose administrée rend le médicament soit inefficace, soit toxique.
Le médicament générique contient la même quantité de substance active que le médicament de marque. Pour être bioéquivalent, on doit retrouver dans l'organisme avec le médicament générique une quantité de substance active similaire à celle retrouvée avec le médicament de marque, avec un intervalle d'acceptation de 80 à 125 %.[6]
Suite à la publication d'un communiqué de presse de la Ligue Française Contre l'Epilepsie le 3 juillet 2007[7], prenant position contre la substitution générique des antiépileptiques, l'AFSSAPS a mené une enquête de pharmacovigilance et a interrogé les autres agences de santé européennes.[8] [9] [10]
Au terme de cette enquête, il semble que la substitution princeps/générique soit un facteur associé à la survenue de recrudescence de crises chez les patients épileptiques, particulièrement pour l'acide valproïque et la lamotrigine. Dans le cas de la lamotrigine, on dénombre entre 20 et 40 notifications d'événements graves pour 100 000 patient-années sur la période contre 191,1 pour le générique de Sandoz.
Les résultats de l'interrogation des agences européennes ont été présentées par l'Unité de pharmacovigilance. Parmi les 18 pays ayant répondu aux infofax adressés par l'AFSSAPS en avril et octobre 2007, 8 pays ont pris des mesures concernant les médicaments génériques antiépileptiques. La Belgique et le Danemark ont ainsi décidé de réduire les bornes de l'intervalle d'équivalence. Six pays ont interdit (Espagne, Finlande, Slovénie, Suède) ou encadré (Norvège, Slovaquie) la substitution de médicaments antiépileptiques par des génériques.
Malgré la demande de l'Unité, les raisons ayant conduit à ces différentes prises de position n'ont pas pu être obtenues. Les impacts des différentes mesures prises ne sont pas connus non plus.
Les membres de la Commission Nationale ont souligné que le peu de données de l'enquête officielle de pharmacovigilance ne permettent pas d'affirmer que les cas rapportés sont liés à un défaut de bioéquivalence des génériques par rapport au princeps.
La Commission Nationale de Pharmacovigilance a donc proposé de ne pas restreindre la substitution pour cette classe de médicaments. En revanche, elle souhaite que soit rappelée au prescripteurs la possibilité d'exercer leur droit d'exclusion de la substitution en apposant sur leurs ordonnances, "non substituable" avant la dénomination de la spécialité antiépileptique prescrite (qu'il s'agisse d'un médicament princeps ou d'un médicament générique).
En juillet 2008, l'AFSSaPS, après analyse de données complémentaires, a précisé que l'excès d'événements indésirables chez les épileptiques ne semblait pas du au statut du médicament (princeps ou générique) mais à l'existence d'une substitution de traitement pouvant être ressentie comme anxiogène par le patient ; elle insiste donc sur la carcatère bioéquivalent des médicaments génériques y compris anti-épileptiques mais recommande des pratiques de substitution douce et éclairée[11].
Autres problèmes
Les impératifs de production à bas coût peuvent néanmoins inciter certains fabricants de médicaments, génériqueurs ou fabricants de princeps, à contourner les normes de production coûteuses imposées par les autorités de santé. Les exemples de rappels de lots ou de décisions de police sanitaire cités ci-dessous, qui concernent essentiellement des génériqueurs non américains et des groupes de pression américains, ne sont pas forcément exempts de protectionnisme : chaque semaine, de semblables alertes, touchant indifféremment les fabricants de princeps et les génériqueurs, sont émises, par exemple, par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé[12].
Le génériqueur indien Ranbaxy a été en 2006 sous le coup d'une inculpation criminelle aux Etats-Unis pour avoir falsifié l'ensemble des données de bioéquivalence de ses produits génériques, mais l'administration américaine a reconnu par la suite avoir mal compris la documentation fournie par Ranbaxy [13] [14]. En parallèle, les autorités de santé américaines avaient interdit une trentaine de médicaments de ce laboratoire sur le sol américain et plusieurs traitements du SIDA à destination de l'Afrique financés par le gouvernement américain [15] [16] [17] parce qu'ils étaient issus de centres de production indiens ne répondant pas suffisamment aux critères d'innocuité nécessaires pour être commercialisés sans danger.
Le génériqueur islandais Actavis Totowa a dû procéder à un rappel de lots de digoxine susceptibles de contenir 2 fois la dose de substance active [18] malgré une alerte des autorités de santé suite à l'inspection de leur site de production [19] en 2006. Le 1 août 2008, le génériqueur a dû rappeler une soixantaine de médicaments génériques défectueux issus de son centre de production de Little Falls [20]. Ce génériqueur détient plus de 50% du marché de la digoxine[réf. nécessaire]. Les médicaments incriminés auraient été commercialisés pendant près de 2 ans. Le nombre de décès imputables à ce défaut de qualité n'a pas été évalué[réf. nécessaire].
Les laboratoires Ethex (qui produisent non seulement des génériques mais aussi des princeps[21]) ont retiré volontairement du marché un lot de morphine également susceptibles de contenir 2 fois la dose en substance active[22].
Enfin le génériqueur suisse Sandoz (filiale du groupe Novartis, fabricant de médicaments princeps) a reçu des autorités de santé américaines une mise en garde concernnat ses méthodes de production d'un médicament utilisé en cardiologie, le métoprolol[23] ; cette mise en garde a aussi été émise par l'Organisation Mondiale de la Santé[24] qui a relevé 41 défaillances sérieuses par rapport aux Bonnes pratiques de fabrication.
Références
- ↑ atorvastatine, lovastatine, fluvastatine, pravastatine, rosuvastatine, simvastatine
- ↑ Les génériques sur l'Afssaps)
- ↑ a et b Frank RG, The ongoing regulation of generic drugs, N Eng J Med, 2007;357:1993-1996
- ↑ Jack A, Generic substitution of drugs to be introduced in 2010, BMJ, 2008;337:a2699
- ↑ Le marché des médicaments génériques, LEEM, page consultée le 23/10/2006
- ↑ EMEA - CHMP : note for guidance on the investigation of biovailability and bioequivalence, 26/07/2001
- ↑ Communiqué de presse de la Ligue Française Contre l'Epilepsie 3 juillet 2007
- ↑ AFSSAPS - Enquête officielle relative aux médicaments génériques des antiépileptiques 29 janvier 2008
- ↑ AFSSAPS - Substitution des médicaments antiépileptiques 11 mars 2008
- ↑ COMMISSION NATIONALE DE PHARMACOVIGILANCE - Compte rendu de la réunion du mardi 29 janvier 2008 25 mars 2008
- ↑ http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Lettres-aux-professionnels-de-sante/Substitution-des-medicaments-antiepileptiques-dans-l-epilepsie/(language)/fre-FR
- ↑ http://www.afssaps.fr/Infos-de-securite/Messages-d-alertes
- ↑ Dingell, Stupak Question Whether FDA Knowingly Allowed Potentially Unsafe & Ineffective Drugs into the U.S. Marketplace, US House of Representatives - Committee on Energy and Commerce, 17 juillet 2008
- ↑ Warning Letter, FDA, 15 juin 2006
- ↑ FDA Issues Warning Letters to Ranbaxy Laboratories Ltd., and an Import Alert for Drugs from Two Ranbaxy Plants in India, FDA, 16 septembre 2008
- ↑ US House of Representatives - Committee on Energy and Commerce, 19 septembre 2008
- ↑ Citing Safety Concerns, FDA Bans Imports Of Ranbaxy Drugs Made In Two Indian Plants, Including Antiretrovirals, 18 septembre 2008
- ↑ Actavis Totowa (formerly known as Amide Pharmaceutical, Inc.) recalls all lots of Bertek and UDL Laboratories Digitek® (digoxin tablets, USP) as precaution, FDA, 25 avril 2008
- ↑ Warning Letter, FDA, 15 août 2006
- ↑ Actavis Totowa Announces Voluntary Recall at the Retail Level of All Drug Products Manufactured at its Little Falls, New Jersey Facility, FDA, 1 août 2008
- ↑ http://www.ethex.com/
- ↑ ETHEX Corporation Voluntarily Recalls a Single Lot of Morphine Sulfate 60 mg Extended Release Tablets Due to the Potential for Oversized Tablets, FDA, 13 juin 2008
- ↑ Setback for SANDOZ as WHO points to plant problems, Financial Times, 22 septembre 2008
- ↑ Notice of Concern, Organisation Mondiale de la Santé, 12 septembre 2008
Articles connexes
Liens externes
- les médicaments génériques en Belgique sur Wikinations.be
- Répertoire des génériques en France (AFSSAPS)
- Droit de substitution des médicaments génériques
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