- Musée du cinéma de Bruxelles
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Le Musée du cinéma de Bruxelles, créé en 1962 par Jacques Ledoux, Constantin Brodzki et Corneille Hannoset, est situé rue Baron Horta 9, dans l’enceinte du Palais des Beaux-Arts. Émanation de la Cinémathèque royale de Belgique, il a pour vocation de lui servir de vitrine et de permettre l’accès de ses collections au public. Depuis sa réouverture, après transformation, en février 2009, sa nouvelle enseigne est CINEMATEK.
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Préhistoire du Musée du cinéma
Fin des années 1920, André Thirifays, homme de gauche, rencontre une petite coopérative bruxelloise qui distribue les films de l'avant-garde soviétique : Le Cuirassé Potemkine, La Mère, Arsenal, ... L'entreprise s'ensable mais c'est à partir de cette maison de distribution que Thirifays a l'idée en 1931 de créer un ciné-club : le Club de l'Écran. Il cherche un président. Son premier choix, l'écrivain Charles Plisnier, refuse. Son deuxième choix, le cinéaste Henri Storck se trouve à Paris où il assiste Jean Grémillon. Finalement, Pierre Vermeylen, ex-Président des Étudiants Marxistes de l'ULB, avocat et futur président de la Cinémathèque, acceptera. Le duo commence par organiser des petites séances le dimanche matin, puis le soir dans deux cinémas exploités par Boris Balachoff (père de Dimitri Balachoff) : le Casino (Chaussée de Louvain) et le Carrefour (Place Madou), selon les disponibilités des salles. En 1934, le Club de l'Écran s'installe au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles où avait eu lieu quelques années plus tôt le Deuxième Congrès international du Cinéma indépendant (c'est à cette occasion que s'étaient rencontrés Storck, Joris Ivens et Jean Vigo.)
Enthousiasmé par la création de la Cinémathèque française, André Thirifays a l'idée de créer un organisme central qui centraliserait la conservation des films, une cinémathèque. Il en fait part à Henri Storck qui, de retour en Belgique, avait rejoint le Club de l'Écran et surtout à Pierre Vermeylen parce qu'il pouvait conseiller juridiquement, rédiger des statuts, etc. Jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, la cinémathèque n'a eu qu'une existence virtuelle (Vermeylen était à Londres et Thirifays, tuberculeux, alité.)
Fin 1944, Le Club de l'Écran fut dissous et se mua en la section cinématographique du Séminaire des Arts pour devenir L'Écran du Séminaire des Arts. À la même époque, Storck conseille à Thirifays d'engager Jacques Ledoux, un étudiant « bénévole et travailleur » qui devient le directeur effectif de L'Écran du Séminaire des Arts. C'est lui qui commande à des plasticiens renommés (Corneille Hannosset, Serge Creuz, René Magritte, Paul Delvaux) les Cartons de l'Écran, invitations illustrées aux séances. René Micha, Dimitri Balachoff et Henri d'Ursel y introduisaient les films programmés par la Cinémathèque devenue Cinémathèque royale en 1962.
1962-2006
En 1962, Jacques Ledoux crée avec l'architecte Constantin Brodzki et le plasticien et designer Corneille Hannoset (proche du mouvement artistique CoBrA), un Musée du cinéma (devançant, ainsi, Henri Langlois) où tout porte sa marque de perfectionniste. L'unité stylistique, du graphisme du programme jusqu'aux portes en passant par les sièges ou le distributeur d'eau, est harmonieuse. Il consacre une salle à la projection des films muets avec accompagnement au piano comme cela se faisait souvent à l'époque dans les salles de quartier (les projections plus prestigieuses bénéficiaient d'un orchestre respectant une partition ou des indications précises), voulant, ainsi, insister sur l'importance de ce type cinéma pour la formation du goût du public. À sa destruction en juillet 2006, cette salle de cinéma était la dernière au monde à ne pas être équipée de son. Le Musée du cinéma a reçu le Prix Coq de la Communauté française de Belgique de l'exploitation en 1989.
2006-2008
De fin septembre 2006 à fin décembre 2008, deux projections par jour (18h15 et 20h15) seulement furent organisées par la Cinémathèque royale de Belgique à l'ancienne salle de conférence (datant de la fin des années 1950) du Shell building de la multinationale Shell.
2009
Comme l'entièreté du Palais des Beaux-Arts, l'espace qui abritait le Musée du Cinéma (ancienne salle consacrée aux arts décoratifs) a été vidé et restauré dans le style Victor Horta tardif (art déco). L'architecte Barbara Van der Wee (spécialiste d'Horta) a coordonné la restauration du bâtiment. Le bureau gantois Robberecht & Daem en a conçu la nouvelle architecture (deux salles de projection ont été creusées en sous-sol) ainsi que la nouvelle scénographie de la cinémathèque. Ce ne sera nullement une transformation cosmétique, s'était réjouie la conservatrice Gabrielle Claes. La dernière rénovation datait d'il y a dix ans, mais toutes ces rénovations intervenues depuis 40 ans étaient minimes.
Dans la nouvelle exposition permanente, un cabinet des curiosités, la wunderkammer, propose une collection d’objets et de découvertes qui représente autant d’étapes qui ont abouti à l’invention du cinéma : depuis les ombres chinoises jusqu'à Thomas Edison et aux frères Lumière, en passant par le phénakistiscope de Joseph Plateau. La plupart des vitrines disposent d’un mécanisme permettant d’actionner l’appareil exposé pour mieux en appréhender le fonctionnement. Des consoles interactives, les moviola, permettent de visionner des courts et moyens métrages. Une petite salle de projection en vidéo, la viewing space, a diffusé des images complémentaires aux programmes de projection : portraits de cinéastes, making-of, bandes-annonces, publicités, courts métrages. Elle a été fermée fin décembre 2010. Enfin, provenant des archives et de la bibliothèque de la cinémathèque, de la documentation (livres et magazines), des coupures de presse, des photos de films se consultent sur place.
La cinémathèque dispose de deux salles ultra-modernes (la salle Ledoux de 117 places et la salle Plateau de 29 places) où sont projetés quarante films par semaine. Les films muets sont accompagnés au piano de manière improvisée. La grande majorité des œuvres projetées proviennent des collections de la Cinémathèque.
La programmation bimestrielle est établie suivant des thèmes et rétrospectives pouvant représenter soit l’œuvre d’un auteur ou acteur, un genre cinématographique, ou une sélection proposée par une personnalité du septième art. Sans oublier des événements (avec invités) en phase avec l'actualité cinématographique et culturelle. De nombreux rendez-vous sont proposés aux différents publics : cinéma pour enfants (les mercredis et dimanches), cinéma belge, documentaires, courts et moyens métrages du répertoire un jeudi sur deux à 13h (accès gratuit), B à Z (cinéma Bis programmé et présenté en français par le cinéaste Bruno Forzani), EXPRMNTL (cinéma expérimental), Pièces de collection (curiosités des collections présentées par la conservatrice), films d'animation, etc.
Chaque année a lieu la double compétition du Prix de l’Âge d’Or et Cinédécouvertes durant la première quinzaine du mois de juillet. Le Prix de l’Âge d’Or, hommage au célèbre film de Luis Buñuel, est décerné depuis 1958 à l’auteur d’un film qui « par l’originalité, la singularité de son propos et de son écriture, s’écarte délibérément des conformismes cinématographiques ». Deux Prix Cinédécouvertes sont attribués depuis 1979 à des films non encore distribués en Belgique.
Des cours et séminaires dirigés par des personnalités comme Dominique Païni, Bernard Eisenschitz, Serge Toubiana furent organisés au Musée du cinéma par la Cinémathèque.
La cinémathèque participe et collabore par sa programmation à de nombreux événements et institutions culturels extérieurs, tels Europalia, le Goethe-Institut, le festival reflétant la diversité des écritures documentaires Filmer à tout prix, le Festival international du film fantastique de Bruxelles, Ars musica et bien d’autres.
La politique tarifaire demeure des plus démocratiques (3 euros le billet, 1 euro pour les détenteurs d'une carte annuelle) afin de permettre l'accès au plus grand nombre.
Le 16 juin 2011, Wouter Hessels est désigné nouveau directeur par le Conseil d'Administration de la Fondation Cinémathèque royale de Belgique. Il prendra ses fonctions le premier octobre pour un mandat de six ans[1].
Notes et références
- Le nouveau visage de la Cinémathèque, La Libre Belgique, 2 juillet 2011
Voir aussi
Liens internes
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