Musée de l'Ancien Évêché

Musée de l'Ancien Évêché
Musée de l’Ancien Évêché
Portail d'accès à la cour d'honneur et porte d'entrée
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Informations géographiques
Pays Drapeau de France France
Ville Grenoble
Adresse 2 rue Très-Cloîtres 38000 Grenoble
Coordonnées 45° 11′ 35″ N 5° 43′ 55″ E / 45.19292, 5.7320845° 11′ 35″ Nord
       5° 43′ 55″ Est
/ 45.19292, 5.73208
  
Informations générales
Date d’inauguration 1998
Protection  Inscrit MH (1989)
 Inscrit MH (1990)
 Classé MH (1994)
Informations visiteurs
Nb. de visiteurs/an 54 502 (2008) [1]
Site web Site officiel

Le musée de l’Ancien Évêché est un musée départemental situé à Grenoble, dédié au patrimoine du département de l'Isère à travers l'histoire de son évêché.

Il a été inauguré en 1998 dans l'ancien palais épiscopal, au terme d'une série de travaux de restauration et d'aménagements, dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine ancien de la place Notre-Dame, entrée symbolique dans la vieille-ville[2].

Sommaire

Présentation

Installé dans l'ancien palais épiscopal, à côté de la cathédrale, il présente sur cinq niveaux, des objets et tableaux ayant trait à l'histoire de Grenoble et de l'Isère, de la préhistoire à nos jours. Le bâtiment pour sa partie la plus ancienne date du XIIe siècle, mais la façade côté cour date du XVIIe siècle [3]. En 1989, les travaux de construction de la deuxième ligne de tramway ont permis de retrouver dans le sous-sol des vestiges archéologiques d'époques nettement antérieures : les restes du premier rempart de la ville datant de la fin du IIIe siècle ainsi qu'un baptistère utilisé entre le IVe et le Xe siècle[4].

Dans les étages du palais qui accueillit successivement 48 évêques jusqu'en 1906, puis connut diverses affectations avant restauration, le musée abrite différents objets d'intérêt historique, dont le casque de Vézeronce, et retrace la vie en Isère depuis les premiers chasseurs durant la préhistoire jusqu'à l'industrialisation des vallées alpines au cours du XXe siècle.

Un escalier d'honneur construit en 1673 à la demande de Monseigneur Le Camus, avec un décor peint de faux pilastres en trompe-l'œil et une belle rampe de fer forgé, dessert les deux principaux étages. La chapelle privée des évêques, de style Restauration, construite en 1830, sert aux expositions temporaires.

Historique du bâtiment

Les façades extérieures du bâtiment actuel ont été restaurées telles qu'elles se présentaient du début du XIXe siècle et, à l'intérieur, des éléments d'époques diverses ont été réhabilités : le rez-de-chaussée et le premier étage de l'élégante façade du XIIIe siècle, la chapelle 1830 au deuxième étage, le plafond à caisson et à solives à sens alternés, datant des années 1676, d'une salle du premier étage voisine de l'escalier d'honneur[5]. Mais l'histoire du bâtiment remonte à la fin du IIIe siècle, puisque le « groupe épiscopal » dont il fait partie s'est construit d'abord le long, puis sur les remparts romains, à côté de l'une des deux portes d'entrée de la ville, la porte Viennoise[N 1], dont la poterne est visible au sous-sol, non loin du baptistère.

Le baptistère

Maquette du baptistère et de son portique, à l'est de la porte Herculea

Révélé au cours des fouilles de sauvetage liées à la construction de la ligne B du tramway en 1989, le site a été fouillé entre 1991 et 1996 et aménagé en vue d'être présenté au public dans une crypte à température et hygrométrie contrôlées accessible par le Musée. Quelques vestiges gallo-romains antérieurs à la construction des remparts ont été découverts, les plus anciens datés du IIe siècle av. J.‑C.. Rares et disséminés, mais témoins de plus de trois siècles d'occupation, ils apportent la preuve que l'antique Cularo se développait au moins en partie sur la rive gauche[6]. La base du mur d'enceinte du IIIe siècle et d'une tour[N 2], ainsi que la poterne de la porte Herculea (ou porte Viennoise) mise au jour au cours des fouilles sont aussi visibles dans la crypte du baptistère.

Les fouilles ont montré que très tôt, avant 335, la poterne a été annexée par un portique et des bâtiments qui empiètent sur le domaine public, ce qui semble indiquer qu'il s'agit de bâtiments à caractère civil ou militaire[7]. Mais, entre la fin du IVe et le premier tiers du Ve siècle, la construction d'un baptistère, bâtiment essentiel dans l'Église primitive, puisque seul l'évêque baptisait, durant la nuit de Pâque, ceux qui voulaient devenir chrétiens, est la preuve de l'existence d'une communauté chrétienne bien implantée et, en ce lieu, d'un groupe épiscopal[8]. Le baptistère a été plusieurs fois remanié, en fonction de l'évolution du rituel, et utilisé peut-être jusqu'au Xe ou au XIe siècle au plus tard, avant de disparaître des mémoires : les cartulaires de l'Église de Grenoble, constitués sous l'épiscopat de Saint Hugues (1080-1132) ne font aucune allusion à un baptistère[9].

Le palais de l'évêque

Il n'y a aucune donnée documentaire antérieure aux cartulaires du XIe siècle et rien ne subsiste en élévation des bâtiments antérieurs à l'époque romane, on ne sait donc pas où se situait la résidence des évêques (domus episcopalis) avant la construction de l'église St Hugues et de la cathédrale romanes, mais probablement dans l'enceinte romaine.

Au Moyen Âge

Sur ce « Vray Portraict » du XVIe siècle on voit le cimetière devant la cathédrale, et de D à G le clocher, la tour de l'Évêché, la porte Viennoise

Au XIIIe siècle en revanche, un premier bâtiment se construit « hors les murs », au nord de la muraille romaine et à cheval sur celle-ci, en même temps que l'église Saint-Hugues est restaurée, et le clocher porche de la cathédrale bâti, en utilisant de la brique dans les trois cas ; puis un deuxième le prolonge, celui dont la façade, restaurée sur deux niveaux, est visible dans l'actuel musée[10]. Les agrandissements successifs sur la place, dont « le vray portraict de la ville de Grenoble » gravé par Pierre Prévost vers 1575 et une gravure du début du XVIIIe siècle conservée au cabinet des Estampes de la BNF donnent l'idée[11], ont tous disparu au début du XIXe siècle, au cours de l'aménagement de la place, sous le Consulat.

Les transformations et embellissements du palais des évêques à la fin du Moyen Âge ont laissé quelques vestiges dans l'aile nord : modification du niveau des étages, percement de nouvelles portes à encadrement mouluré, peintures murales. Les aménagements dus aux évêques de la famille Alleman, Siboud ou Laurent Ier, sont attestées par des armoiries sculptées dans une clé d'arc au dessus d'une porte du rez-de-chaussée.

Sous l'Ancien Régime

Les constructions de Mgr Le Camus

Il reste fort peu de choses des aménagements intérieurs que fit, au cours de son long épiscopat(1620-1667) l'évêque Pierre Scarron, sinon quelques traces de décors peints mais c'est lui qui fit construire les écuries et la remise, reconstruite au XVIIIe siècle, et dont le grand arc en plein cintre a été vitré pour éclairer la façade aux baies géminées de la fin du XIIIe siècle située en retrait. Dans la partie conservée (l'aile nord) les rénovations, remaniements et embellissements du cardinal Le Camus sont les plus visibles : le portail monumental d'ordre toscan, la cour d'honneur et sa nouvelle entrée ouvrant sur le grand escalier d'honneur à limon suspendu, et la partie de bâtiment à sa droite (au rez-de-chaussée duquel se trouve l'accueil du musée)[12]. Mais, à cause des maisons construites dans une partie de la cour, et dont les loyers lui étaient semble-t-il nécessaires[13] il ne put y établir les jardins qu'il avait prévus. C'est en 1772 que l'évêque Jean de Cairol de Madaillan put faire démolir ces maisons et créer les jardins[N 3]

Époque contemporaine

Article connexe : Histoire du Musée de peinture.

De 1800 à 1802, dans le palais épiscopal devenu bien national, Louis-Joseph Jay établit le premier musée de peinture de Grenoble, avant que le bâtiment ne soit rendu à sa fonction première, à la suite du Concordat de 1801. Joseph Fourier, nommé préfet de Grenoble en avril 1802, s'occupe de l'aménagement de la place et du groupe cathédral. Un bâtiment qui prolonge l'aile ouest de Mgr Le Camus est construit en 1804, masquant totalement l'église Saint-Hugues, percé d'une porte en voûte ogivale pour y accéder. L'évêque concordataire Claude Simon (1802-1825) se satisfait des bâtiments, mais son successeur, Mgr de Bruillard (1826-1853), ancien prêtre réfractaire, fait réaménager les appartements, construire en 1830 la chapelle avec le plafond à caissons et remplacer vers 1840 les galets de la cour par un dallage de lauzes de Fontaine[14].

En 1908, suite à la séparation des Églises et de l'État, Mgr Paul-Émile Henry (1899-1911) doit quitter le palais épiscopal, qui est affecté aux Instituts de géologie et de géographie alpines[N 4]. À part les anciennes écuries transformées en amphithéâtre et la disparition des pots à feu et de la croix du portail, le bâtiment ne subit que des transformations intérieures mineures.

Vers le musée actuel

Sur la dalle qui couvre le site du baptistère est visualisé l'emplacement du mur romain

Après le déroulement des Jeux Olympiques d'hiver de 1968, commence la réhabilitation du quartier Très-Cloître et l'aménagement d'un petit jardin public rue du Fer-à-cheval. Sous le mandat du député-maire Alain Carignon, le conseil général rachète l'ancien palais épiscopal pour que l'Association pour la création du musée des artistes dauphinois puisse y installer un musée consacré aux peintres de l'École dauphinoise[N 5]. La municipalité envisage de profiter de la création d'une deuxième ligne de tramway pour revoir la voirie et ravaler les façades de la place Notre-Dame, ce qui rend nécessaire de statuer sur le devenir de la façade néo-romano-byzantine de 1883 en ciment moulé, qui a bien vieilli.

Les travaux dans l'évêché commencent en 1988, mais un incendie, en janvier 1989, ravage la partie des bâtiments construits entre 1804 et 1810. La découverte du baptistère paléochrétien quelques mois plus tard entraîne une nouvelle réflexion et la présentation de trois projets d'aménagement soumis à un « référendum » auprès de la population du centre-ville en janvier 1990. C'est le « projet Chancel » qui est choisi. La façade de l'église Saint-Hugues est restaurée dans son état originel et séparée de la place par une arcade dans le prolongement de la chapelle des évêques de la famille Alleman. À l'intérieur du palais, il a fallu choisir ce qui serait rénové, et les aménagements contemporains évitent toute confusion avec les parties anciennes. L'ascenseur est implanté à l'aplomb d'une tour de l'enceinte romaine dont il prolonge la forme dans les étages sous la forme d'un cylindre sombre, la fontaine a été replacée dans la cour, et le jardin végétalisé.

Expositions temporaires

  • Roches de mémoire. Photographies d'Emmanuel Breteau. 5000 ans d’art rupestre dans les Alpes. Du 22 avril au 19 septembre 2011[15]
  • He Yifu. Le voyage d'un peintre chinois dans les Alpes. Du 6 novembre 2010 au 28 février 2011[16]
  • Pays de Bourgoin-Jallieu. Inventaire du patrimoine. Regards contemporains. Du 30 avril au 12 septembre 2010
  • Couleur Sépia, l'Isère et ses premiers photographes. 1840 - 1880, 23 octobre 2009 au 22 mars 2010
  • Jules Flandrin. Examen sensible. Œuvres de 1889 à 1914, novembre 2008 à avril 2009
  • Grenoble. Visions d'une ville. Peinture, dessins, estampes, novembre 2007 - avril 2008
  • Henriette Gröll (1906-1996), œuvres de maturité, novembre 2006 - mai 2007
  • Une année à Roissard, photographie Emmanuel Bretea, juin 2006 - septembre 2006
  • Alexandre Debelle, Itinéraire d'un paysagiste, œuvres inédites, février 2006 - mai 2006
  • François Guiguet, extraits de la collection du musée de Corbelin, Isère, octobre 2005 - janvier 2006
  • Carcasses, juin - septembre 2005
  • Le patrimoine de l'Isère en BD, novembre 2004 – mai 2005
  • Peintre(s) à Proveysieux, octobre 2003 – mai 2004
  • Chroniques pontoises', juin – septembre 2003
  • Chartreuses d'Europe, octobre 2002 – mai 2003
  • Faciès, chronique du foyer de la rue Très-Cloître à Grenoble, juin 2002 – septembre 2002
  • Abbé Calès, un homme, un peintre, septembre 2001 – avril 2002
  • Triptyque de la Tour du Pin, avril 2000 – juillet 2001

Annexes

Notes

  1. Cette porte monumentale portait ce nom en référence à sa principale destination, la cité de Vienne. Elle portait également le nom d'Herculea en référence à Maximien Hercule, l'un des deux empereurs sous le règne duquel se sont construits les remparts de la ville.
  2. Cette tour, dite « tour de l'évêché » s'est effondrée le 24 septembre 1802, fragilisée par la destruction de la « voûte romaine » commencée le 24 août, « pour donner plus de liberté à la circulation de l'air et au passage des voitures ». (cité par François Baucheron, Franck Gabayet, Alain de Montjoye 1998, p. 276).
  3. Par lettre patente du roi Louis XV, datée du 4 décembre. Les jardins sont surélevés, à cause des remblais. François Baucheron, Franck Gabayet, Alain de Montjoye 1998, p. 272
  4. Les services de l'évêché et l'évêque s'installent 11 place des Tilleuls, dans l'ancien hôtel de Ponat, où ils restent jusqu'à la création de la Maison Diocésaine, place Lavalette, à la fin des années 1990
  5. Ils ont trouvé place dans les salles 20 et 21 du nouveau musée des beaux-arts inauguré en 1994

Références

Bibliographie

  • François Baucheron, Franck Gabayet, Alain de Montjoye, Autour du groupe épiscopal de Grenoble: deux millénaires d'histoire, ministère de la Culture, Direction régionale des affaires culturelles, Service régional de l'archéologie, 1998, 335 p. (ISBN 9782906190207) [lire en ligne] 
  • Alain de Montjoye, Dominique Chancel, Le groupe cathédrale de Grenoble, éditeur: Musée de l'Ancien Evêché, Grenoble, 2001 ISBN 2-905375-40-X

Liens externes

Site officiel du musée de l'ancien évêché



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