- Moshe Feiglin
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Moshé Feiglin (né en 1962) est un homme politique israélien, co-fondateur en 1993, du mouvement "Zo Artzeinou" (C'est notre terre/patrie) avec Shmouel Sackett, pour protester contre les accords d'Oslo. Il est le père fondateur du mouvement israélien de la désobéissance civile qui s'est développé contre ces accords.
Pour ces activités considérées comme subversives, il a été condamné à effectuer des Travaux d'intérêt général.
Persona non grata au Royaume-Uni[1], il est candidat à la 20e place sur la liste du Likoud lors des élections générales du 10 février 2009[2].
Sommaire
Enfance, études, armée et famille
Feiglin est né à Haïfa en 1962. Sa famille a ensuite déménagé à Rehovot, où il a étudié à l'école Tachkmoni, où il a effectué des études talmudiques à la Yeshiva Or Etzion du Rav Haïm Drukman.
À l'armée, il sert dans une unité combattante et est promu capitaine dans une unité du génie.
Il est l'auteur de plusieurs livres, "Là où il n'y pas d'hommes" et "La guerre des rêves". Il a également publié de nombreux articles et apparait fréquemment à la télévision et à la radio, aussi bien en Israël qu'à l'étranger. Il écrit régulièrement dans les colonnes de la presse juive de Brooklyn et dans le quotidien israélien à grand tirage Maariv.
Moshé Feiglin et son épouse Tzippi ont 5 enfants et deux petits-enfants. Ils vivent à Karnei Shomron, une colonie juive en Cisjordanie occupée.
Manhigut Yehudit
Feiglin est le co-fondateur (avec Shmouel Sackett) et président du mouvement Manhigut Yehudit ("Leadership Juif") au sein du parti israélien Likoud. Ce mouvement a été créé, selon les mots de Feiglin, pour "diriger l'État d'Israël par le biais de valeurs juives". Le mouvement est explicitement contre la coercition religieuse, mais promeut l'identité juive en tant que culture de l'État d'Israël. Manhigut Yehudit a affronté l'élite "laïque" israélienne, réclame la liberté d'exprimer ses idées et s'adresse à tous les secteurs du public israélien. Son but est également de briser le monopole détenu par l'état sur les émissions de radio et de télévision.
L'un des chevaux de bataille de Feiglin concerne l'éducation. Il demande que les écoles cessent d'enseigner l'histoire d'Israël du point de vue arabe, notamment ce que les palestiniens appellent la "nakba" (la catastrophe) qui désigne la création de l'État d'Israël. Il a également fustigé à de nombreuses reprises la méthode anti-démocratique selon lui avec laquelle sont choisis les juges de la Cour Suprême, et demande que ceux-ci soient désormais désignés par des représentants du peuple.
Bien que Feiglin ait déclaré que son mouvement allait émerger par ceux qui ont un profond attachement aux valeurs de la Torah, on estimait en 2005 que 30% au moins de ses quelque 8000 membres inscrits sont "laïcs" ou se définissent comme "non-religieux". Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ce phénomène. L'homme est connu pour son obstination et reconnu pour son honnêteté, et ne souffre pas de l'image de "magouilleur" que renvoie parfois son grand rival et actuel leader du Likoud Benyamin Netanyahou. Ses arguments et ses positions sur l'éducation dans les écoles israéliennes qu'il estime devoir revenir aux valeurs juives rencontrent également de plus en plus d'approbation au sein d'une population qui constate dépitée la faillite de son système éducatif public.
Il s'oppose à l'abandon de souveraineté sur les terres juives ou conquises par Israël et demande que le gouvernement agisse contre "les 50 000 bâtiments arabes illégaux à travers le pays". Il promet de mettre un coup d'arrêt au glissement vers la gauche du Likoud après le retrait de Gaza et promet de s'opposer à la politique d'abandon de territoires qui constitue la plateforme politique de nombreux partis politiques israéliens depuis une quinzaine d'années.
Bien que jusqu'à récemment les médias ne se soient pas beaucoup intéressés à lui, Feiglin a déclaré publiquement qu'il approuvait "l'expulsion si nécessaire" des arabes hostiles à Israël vers la Jordanie, rejoignant plus ou moins les propositions de certains leaders d'extrême-droite comme Avigdor Lieberman.
Pour cela et d'autres raisons, certains des détracteurs de Feiglin les plus à gauche de l'échiquier politique essaient parfois de le dépeindre comme une version moderne du Rabbin radical Meïr Kahane, qui fut assassiné par un musulman extrémiste[3]. Bien que le co-fondateur de Manhigut Yehudit, Shmouel Sackett, ait entretenu des liens étroits avec les rabbins Meir et Ze'ev Kahane, il n'y a aucun lien établi entre Feiglin et Kahane, même s'il existe quelques similitudes idéologiques entre eux, notamment sur la question du "transfert" des arabes "hostiles" vers la Jordanie pour consolider la sécurité d'Israël, ou le développement d'un système législatif plus en phase avec la Loi Juive. En 2005, Feiglin déclara que "partout dans le monde, les juifs qui souhaitent devenir citoyens israéliens, peu importe ou ils vivent, devraient se voir accorder la nationalité israélienne et le droit de vote."[4]
Feiglin et Sackett se distinguent de la doctrine kahaniste principalement par leur attachement à la protestation non-violente. Alors que le kahanisme est souvent associé à un militantisme qui accepte tacitement, quand il n'encourage pas ouvertement la violence.
Quelques personnalités du mouvement sioniste religieux ont également dans le passé accusé Feiglin et Sackett de s'être vendus au Likoud
Feiglin au Likoud
En 2003, il se présente pour la première fois aux primaires du Likoud et obtient 3% des suffrages face à Ariel Sharon et Benyamin Netanyahou.
En décembre 2005, Feiglin se présenta au poste de leader du Likoud et obtint 12,5% des votes et se classa 3e sur 7 candidats, après Benyamin Netanyahou et Silvan Shalom, ce qui constitua un très bon score et une grande surprise puisque ce n'était que la deuxième fois qu'il se portait candidat et n'avait jamais été élu ni à siéger à la Knesset ni à un quelconque poste gouvernemental. Il tenta de concourir pour la 4e place sur la liste des candidats à la Knesset mais se heurta à une violente opposition de Netanyahou, qui reporta la date des élections et voulut changer la charte du Likoud en imposant une impossibilité de se présenter à la Knesset sous les couleurs du Likoud à quiconque aurait purgé une peine d'au moins 3 mois de prison, ce qui de facto aurait privé Feiglin de la possibilité d'être élu député du Likoud, ayant purgé une peine de 6 mois pour ses activités de désobéissance civile au milieu des années 90.
Malgré une décision de principe du conseil central du Likoud (qui reprenait une décision de la Cour Suprême) qui stipulait que la condamnation de Feiglin ne résultait pas d'une violation déshonorante de la loi, et donc qui lui permettait pleinement de se présenter à une échéance électorale sous les couleurs du Likoud, Moshé Feiglin retire sa candidature pour la 4e place le 3 janvier 2006[5].
Lors des primaires du Likoud le 14 aout 2007, Feiglin doubla son précédent score et emporta 24 % des suffrages. Netanyahou, craignant que le mouvement de Moshé Feiglin ne prenne trop d'importance, essaya, mais en vain, de le faire renvoyer du Likoud.
Le 8 décembre 2008, Feiglin continue son ascension et se hisse à la 20e place sur 140 candidats à la députation et s'assure dans le principe un siège à la 18e Knesset qui doit voir le jour après les élections générales du 10 février 2009[6].
Controverses et critiques
Persona non grata au Royaume-Uni
Feiglin est interdit de séjour au Royaume-Uni suite à une décision de la ministre de l'intérieur britannique Jacqui Smith, rendue publique en mars 2008. Le Home Office envoya une lettre à Feiglin pour lui signifier que "sa présence était indésirable sur le sol britannique, de par le fait que ses activités étaient de nature à encourager ou à provoquer des violences terroristes."[7],[8] Moshé Feiglin répondit : "Étant donné que des terroristes reconnus, comme le membre du Hezbollah Ibrahim Mousawi, sont accueillis à bras ouverts dans votre pays, je comprends bien que le but de votre politique est de soutenir et d'encourager le terrorisme[9].
Arrestation pour désobéissance civile pendant la période des accords d'Oslo
Feiglin a été arrêté pour avoir organisé de vastes mouvements de désobéissance civile pendant la période des accords d'Oslo. Il appela de grandes manifestations et à des actions de blocages de routes dans tout Israel[10]. Il fut accusé de "briser les limites de la loi et de l'ordre" et "d'incitation au crime". Feiglin avait déclaré lui-même : "nous ferons tout ce qui est possible, y compris en enfreignant la loi"[11].
Critiques d'autres membres du Likoud
Face à l'ascension de Feiglin au sein du parti, quelques membres notables du Likoud ont émis de vives critiques envers Feiglin. Limor Livnat déclara par exemple que "Feiglin et ses amis ne sont pas de "vrais likoudniks" et on ne peut pas laisser son mouvement extrémiste s'étendre"[12]. Elle ajouta lors d'une interview au Jerusalem Post : "il faut empêcher Feiglin et son mouvement de prendre de l'importance, le parti et l'État seraient en danger. Ce ne serait plus de la démocratie, mais de l'anarchie."[12]
Soutien au terrorisme juif
Aux élections internes de 2002, les militants de Manhigoute Yéhoudite, pour l'essentiel des colons, font ainsi leur entrée au comité central du parti. Moshé Feiglin tient ce cap en résistant à la tentation de la notabilisation. Dans les entretiens qu'il accorde, notamment au Haaretz, le 11 juin 2004, il célèbre ainsi "l'acte de résistance" qu'a constitué, selon lui, l'assassinat par l'extrémiste juif Baroukh Goldstein, en 1994, de 23 musulmans en prière dans la mosquée installée au caveau des Patriarches, à Hébron, un lieu saint revendiqué à la fois par les juifs et les musulmans[13].
Soutien à l'espion américain Jonathan Pollard
Feiglin est un ardent supporter de Jonathan Pollard, un ancien officier du renseignement, analyste pour l'US Navy condamné à perpétuité pour espionnage au profit d'Israël et incarcéré au pénitencier fédéral de Butner en Caroline du Nord. Feiglin, qui l'a qualifié de héros d'Israel[14], a écrit de nombreux articles de soutien à Pollard. Dans une interview, Feiglin déclara que "Pollard est un juif qui a sauvé les israéliens d'une trahison américaine"[15].
Liens externes
Références
- Home Secretary's Letter
- ynetnews.com
- Potent bid to thwart Gaza pullout
- "Jews Worldwide Should Be Granted Israeli Citizenship"
- Haaretz Daily
- http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3635450,00.html
- Jerusalem Post, March 9, 2008
- http://www.thejc.com/home.aspx?ParentId=m11s18&SecId=18&AId=58606&ATypeId=1
- http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3517462,00.html
- Assassin Hints a Bodyguard Helped Him Kill Rabin
- Israeli Police Put Down Rightist Protest Against Pact with PLO
- Livnat: Criminals are trying to take over Likud
- Moshé Feiglin, symbole de la droitisation du Likoud - LeMonde.fr
- Gedolim in Israel and the US Ask President Bush to Free Pollard before Pesach: And, after 22 Years, They Think He’ll Do It
- Hug for a Betrayed Brother
Audio et Vidéo (en anglais)
- Video of Feiglin Speaking at a Moshe Feiglin for Head of Likud and Prime Minister of Israel fundraising event before the August 14, 2007 Likud Primaries
- Moshe Feiglin speaks on CHIN radio - A comprehensive interview
Autres
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