Mondes imaginaires de la grèce ancienne

Les Grecs de l'Antiquité ont très tôt imaginé des pays lointains, fantastiques ou utopiques. Hérodote confie que les extrémités de la terre ont reçu ce qu'il y a de plus beau et de plus rare. Les Grecs attribuent donc à ces mondes mythiques (ou semi-mythiques) des caractéristiques idéalisées. La situation lointaine de ces contrées explique cette large part laissée au mythe.

Sommaire 1 La Méditerranée de l'Odyssée 2 L'Atlantide 3 L'Hyperborée 4 L'Inde mythique 5 L'Aquitaine, Thulé et l'au-delà de Thulé 6 Panchaïe 7 L'Île Heureuse 8 La Lune et l'Île des Bienheureux 9 Voir aussi

La Méditerranée de l'Odyssée

L'Odyssée est certes en elle-même et dans son ensemble un récit légendaire situé en des temps légendaires. Mais une partie de cet ensemble est constituée par un récit fait par Ulysse – Ulysse qui se vante lui-même d'être un habile menteur – et dont Homère ne dit nulle part qu'il est authentique : ce pourrait tout aussi bien être une nouvelle ruse du héros. Or, avec ce récit, on quitte la Méditerranée réelle pour passer dans un autre monde, phénomène qu'on peut constater dans bien d'autres légendes où l'on voit les personnages passer une frontière magique pour entrer dans un univers différent du nôtre. La Méditerranée du récit odysséen est visiblement une autre mer, où l'on ne retrouve pas les terres qu'on lui connaît, même si l'on a plusieurs fois tenté de situer tel ou tel passage de ce récit en tel ou tel lieu réel (par ex. le Cyclope en Sardaigne, les Lestrygons à Bonifacio). Cette Méditerranée contient une série d'îles que n'habitent pas des hommes mais des monstres ou des femmes de nature surnaturelle, magiciennes ou déesses. On peut énumérer :

• les pays de monstres : Cyclopes, Lestrygons, Charybde, Scylla, Sirènes ;
• les îles de magiciens ou de magiciennes : Lotophages, Circé ;
• le pays des morts.

L'Atlantide

Bien que certains estiment que cette île (ou continent) a réellement existé, l'évocation qu'en fait Platon dans deux de ses dialogues constitue un mythe, c'est-à-dire une construction imaginaire.

L'Hyperborée

Dans la mythologie grecque, l'Hyperborée est un continent mythique situé aux confins septentrionaux du monde habité. L'Hyperborée est la terre natale de Léto, mère d'Apollon.

L'Inde mythique

Avant les conquêtes d'Alexandre le Grand au IV^e siècle av. J.-C. le monde indien est encore inexploré par les Grecs ; seules les Perses ont des contacts avec cette civilisation. La « découverte » de l'Inde par Alexandre reste dans les mémoires comme la rencontre de l'histoire et du mythe. Si l'expédition d'Alexandre s'arrête aux marches de l'Inde, dans la région du Penjab, la plaine du Gange et le plateau du Dekkan restent quant à elles inconnues des Grecs.

Membre de l'expédition d'Alexandre, Onésicrite a laissé, via la Géographie de Strabon, une description de l'Inde où se mèle le mythe et l'histoire. Il y aurait vu, entre autres, des Sères (c'est-à-dire des Chinois) qui vivraient deux cents ans. Il décrit, avec davantage d'authenticité, les ascètes gymnosophistes et le culte de la beauté chez le peuple des Cathéens. Les Indiens d'Onésicrite sont des êtres grands et beaux, d'une santé et d'une longévité exceptionnelle, pourvus de nombreuses vertus. Il leur attribue des qualités qui sont déjà celles d'autres peuples éloignés et semi-mythiques, comme les Hyperboréens ou les habitants de Thulé (le nord de la Scandinavie est découvert par Pythéas vers 350).

À la suite de cette description idéalisée de contrées néanmoins réelles, l'imaginaire grec attribue aux Indiens des caractéristiques extraordinaires, comme le montre le récit rempli de fables de Iamboulos.

L'Aquitaine, Thulé et l'au-delà de Thulé

Antoine Diogène (II^e siècle av. J.-C. ?) raconte dans un ouvrage intitulé Les merveilles d'au-delà de Thulé des voyages en des contrées aussi lointaines qu'improbables (vers l'extrême nord, jusqu'à la Lune et même jusqu'en... Aquitaine).

Panchaïe

Dans ce qui semble être un roman intitulé Hiera Anagraphê (« Inscription ou Chronique sacrée », Évhémère (vers 300 avant J.-C.) rapporte un voyage vers l'Extrême-Orient qui aboutit à l'île de Panchaïe. Ses héros, entre autres aventures, y découvrent une inscription rédigée par Zeus et apprennent ainsi que les dieux ont été à l'origine des hommes dont la vie a inspiré la mythologie. Ainsi, Zeus était un grand conquérant, aux attaques si foudroyantes qu'on a imaginé qu'il maîtrisait la foudre ; Aphrodite était une courtisane de Chypre d'une beauté exceptionnelle ; Déméter était une princesse qui fut enlevée par un riche commerçant (d'où son nom, Pluton, « le riche » et qui ravitailla Athènes à une époque de famine, ce qui lui valut d'être divinisée.

L'Île Heureuse

Iamboulos (vers 250 ou 130 avant J.-C. ?) prétend avoir navigué d'Arabie vers l'Inde et avoir débarqué dans cette île merveilleuse. Elle est peuplée d'êtres humains d'une grande beauté, mais présentant des caractéristiques physiques qui les distinguent de l'humanité ordinaire. En particulier, leur langue est très longue et divisée en deux parties, en sorte qu'ils sont capables de tenir deux conversations à la fois.

La Lune et l'Île des Bienheureux

Lucien de Samosate (II^e siècle apr. J.-C.), dans son Histoire vraie, rapporte un périple qui a mené son narrateur sur la Lune, puis sur les îles des Bienheureux où vivent après leur mort des hommes illustres du passé.

Voir aussi

• Monde (univers)