- Molluscicide
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Un produit molluscicide est une substance active ou une préparation ayant la propriété de tuer les mollusques (limaces, ou escargots, y compris aquatiques). Les hélicides sont les produits qui en théorie ne ciblent que les escargots.
En protection des cultures, les molluscicides sont employés principalement pour tuer les limaces et les escargots. Ils sont aussi utilisés pour des raisons sanitaires en zone tropicale, pour lutter contre certaines parasitoses telles que les schistosomiase pour lesquelles l'escargot est un hôte intermédiaire obligatoire.
Le plus utilisé est le métaldéhyde présenté sous forme de poudre blanche qui est hautement inflammable. C'est un déshydratant qui provoque chez les mollusques l'émission d'une bave très abondante. L'animal épuise ses réserves hydriques et meurt déshydraté. Ces produits sont également toxiques pour les mammifères.
Des carbamates possèdent des propriétés hélicides (mercaptodiméthur, méthiocarbe).Sommaire
Principes d'action
Quand il s'agit de produits chimiques biocides, il fonctionnent suivant 3 modes :
- Sels métallique (par exemple de fer (phosphate de fer (III), un peu moins efficace que me métaldéhyde, mais peu toxique et intéressant pour l'Agriculture biologique[1], ou d'aluminium (sulfate d'aluminium) réputés relativement peu toxiques. Il en existe des formulations pour les jardins, dont en granulés colorés en bleu de manière à limiter leur appétence pour les oiseaux ;
- Métaldéhyde. Il a aussi été testé et utilisé contre les infestations de gros escargots aquatiques (jusqu'à 2000 escargots par m2 mesurés aux philippines dans des étangs de piscicultures[2]), mais en nécessitant de fortes doses (120 kg/ha d'une formulation à 10 % de métaldéhyde en saison humide en zone tropicale[2]), car il se dégrade plus rapidement dans l'eau. Il s'est montré plus efficace qu'une formulation à 25 % de niclosamide[2]
- inhibiteurs de l'acétylcholinestérase, hautement toxiques pour les animaux à sang chaud (homme y compris), qui agit immédiatement sur les invertébrés comme un poison de contact. Le molluscicide N-trityl morpholine ( Frescon) a un effet inhabituel sur le système nerveux central des limnées. L'animal intoxiqué produit des impulsions nerveuses regroupés en explosions spontanéees et synchrones, qui semblent pouvoir résulter d'interférence du produit avec les processus de contrôle de l'influx nerveux[3]. Le Frescon se lie irréversiblement, au niveau de deux sites d'action dans les cellules nerveuses et musculaires de la Limnée et interfère avec les canaux ioniques qui dans la membrane cellulaire contrôle la régulation des échanges chlorure/bicarbonate entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule, ce qui pourrait en faire un outil pharmacologique pour l'homme et l'animal [4],[5].
Des alternatives moins écotoxiques sont recherchées ;
- un fond de bière dans un pot enterré au niveau du sol, est souvent utilisé dans les jardins. Il attire les limaces à plusieurs mètres à la ronde. Elles s'y noient ;
- Le latex non filtré d'une euphorbe (Euphorbia splendens ) est un puissant molluscicide (testé au Brésil pour contrôler les escargots du genre Biomphalaria, hôtes intermédiaires d'un schistosome (Schistosoma mansoni). Il s'est montré efficace durant 14 mois[6]. Il semble faiblement toxique pour les autres animaux aquatiques et photobiodegradable, et facile à appliquer[6]. (De nombreux latex étant allergènes, avec sensibilisation possible, une évaluation toxicologique plus complète est utile) ;
- Dimidiata Apodytes (Icacinaceae) est une autre plante « molluscicide » étudiée dans le cadre de la lutte contre la schistosomiase en Afrique du Sud. Sa toxicité (aiguë et subaiguë) a été étudiée sur certains mammifères conformément aux critères de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE). L'extrait en a été classée comme non toxique et non irritant. La matière sèche des feuilles et les extraits aqueux en sont considérés comme sûrs depuis 1997 (pour des essais préliminaires sur le terrain)[7] ;
- Ambrosia maritima est une autre plante molluscicide testée en Afrique. Au Sénégal, 400 mg/L de feuilles sèches de la plante, dans les criques de la rivière Lampsar ont tué de 54 à 56% des escargots Bulinus en 15 jours. Deux essais de traitement (150 mg/L-1 et 300 mg/L) dans un canal d'irrigation fermé a tué en 15 jours jusqu'à 77% des Biomphalaria pfeifferi, mais avec une recolonisation rapide ensuite. Ces essais ont montré que la quantité de feuilles nécessaire pour faire chuter de 80 % le nombre d'escargots aquatiques était trop important pour que A maritima soit une solution intéressantes pour les programmes de lutte contre la schistosomiase[8] ;
- Certaines molécules naturellement produits par les plantes, sont Molluscicide et font l'objet de recherches[9].
- D'autres molécules végétales, les saponines sont étudiées, et ont été très efficacement testées contre Pomacea canaliculata (Golden apple snail, ou GAS pour les anglophones), avec des saponines (saponines bidesmosidiques) extraites de l'enveloppe amère du grain du quinoa (Chenopodium quinoa) qui est aujourd'hui un sous-produit sans valeur commerciale[10]. L'extrait pour est inactif jusqu'à 121 ppm (soit environ 35 ppm de saponines), mais le traitement des balles par l'alcali augmente l'effet molluscicides en convertissant les saponines de type bidesmosidiques à plus de monodesmosides active (En laboratoire, le produit a tué 100% des escargots en 24 h pour une exposition à 33 ppm de produit. Étonnamment aucune toxicité pour les poissons (poisson rouge ou tilapia) n'a été relevée, même à la concentration maximale testée (54 ppm), alors que les autres molluscicides commerciaux disponibles (niclosamide par exemple) tuent les poissons à des doses inférieures à celles qui tuent les escargots Pomacea canaliculata. Sur le terrain dans le nord de l'Argentine les résultats ont été similaires[10]. L'enveloppe du grain contient un mélange de saponines connues et nouvelles (de type bidesmosidiques et monodesmosidiques). On ne sait pas encore pourquoi le produit devient plus efficace après alcaninisation et avec une teneur plus élevée en saponines monodesmosidiques. Les données disponibles suggèrent l'implication de plusieurs composés hydrophobes qui se forment après traitement alcalin et qui ont une plus grande affinité avec le cholestérol présent dans les branchies des escargots[10].
Efficacité
Elle varie selon le produit, les conditions météorologiques, et le respect des consignes d'utilisation (les granulés doivent être posés en surface et non enterrés). Dans certains cas[11].
La recherche essaye de trouver des moyens d'augmenter la durée de libération de la matière active molluscicide, par exemple en le liant dans une matrice gélatineuse réticulée (hydrogel) [12]. Dans un cas, l'efficacité (mesurée en termes de mortalité quotidienne atteignant 100 % des escargots) a été portée de 52 à73 jours[12], mais ceci expose aussi les espèces non cibles plus durablement.
Toxicologie
Certains molluscicides peuvent produire chez l'homme des allergies cutanées, par exemple les produits à base de clonitralide (Bayluscide) [13],[14],[15]
Écotoxicologie
Parmi les problèmes toxicologiquement préoccupants induits par cette classe de pesticides figurent
- la rémanence des produits,
- la biodisponibilité de certaines molécules pour des espèces non-cibles ;
- la diffusion dans l'environnement (via le lessivage notamment), hors de la parcelle traitée ; Il a été démontré dès le début des années 1990 que des molluscicides comme le méthiocarbe formulé en granulé diffusent dans l'environnement et sont actifs bien au delà du bord de la parcelle traitée. Par exemple, des granulés de méthiocarbe diffusés à l'automne 1987 sur deux parcelles (36 m × 36 m) ensemencées en blé se sont montrés d'abord efficaces, comme attendu, dans la parcelle même, (avec environ 70 % des limaces tuées, au vu des mortalités déduites des pièges posés sur les parcelles, et comparés aux parcelles non traitées), mais dans les mois qui ont suivi, le nombre de limaces et escargots a aussi diminué dans les pièges des parcelles voisines à 2, 4 8 et 16 mètres du bord de la parcelle traitée, alors qu' « il n'y avait aucune preuve d'importants mouvements de limaces entre les parcelles pendant cette période » [16].
- Les limaces ou escargots intoxiqués ou en train de mourir, ou en décomposition peuvent à leur tour intoxiquer des espèces non-cibles, dont leurs prédateurs (oiseaux dont volailles ou espèces-gibier éventuellement), reptiles, amphibiens, micromammifères, ou invertébrés tels que vers-luisant ou carabes tels que le coléoptère Abax Ater, tous deux auxiliaires de l'agriculture), voire des micromammifères[11].
- Les traitements par enrobage de graine sont de plus en plus fréquents. Ils peuvent tuer les oiseaux et micromammifères granivores, au point qu'on a songé utiliser le méthiocarbe de l'enrobage chimique des graines à la fois contre les escargots et les souris domestiques (Mus domesticus qui en Australie se nourrit aussi des semis dans les champs[17]. Un appâtage contenant du méthiocarbe tue jusqu'à 46% des souris présentes, ce qui est moins que quand on traite un blé-témoin à la strychnine (86-94% des souris sont alors empoisonnées[17]). et qui confirme que les souris survivantes refusent de manger les appâts au méthiocarbe excédentaire et que le méthiocarbe « n'est pas susceptible d'être un rodenticide utile sur le terrain »[17]. Ceci montre aussi que l'enrobage de graines au méthiocarbe, ou des appâts méthiocarbe pourraient causer une mortalité de rongeurs et granivores assez importante pour mettre en péril des espèces menacées de rongeurs granivores susceptibles de se nourri dans les champs agricoles[17].
- Le fait de massivement tuer des limaces, escargots et escargots aquatique sur des surfaces importantes a des impacts environnementaux significatifs :
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- - Une partie de la chaine alimentaire disparait (limaces et escargots sont une source importante de nourriture pour de nombreuses espèces)
- - Si l'effet se manifeste hors des champs, la végétation qui n'est plus contrôlée pousse plus vite et évapotranspire plus, et elle est alors plus haute en été quand il fait sec et chaud, ce qui augmente à la fois le stress hydrique pour l'écosystème tout entier, et le risque d'incendie.
- - La rémanence et la toxicité de ces produits cause la disparition souvent durable de certains prédateurs naturels des limaces et escargots (carabes, lucioles, oiseaux, reptiles, amphibiens) et la régression d'autres (oiseaux, hérisson...), ce qui favorise les pullulations rapide de limaces, qui encouragent à leur tour à utiliser des molluscicides.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr)
Listes de liens externes
Bibliographie
Références
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