- Mohamed Allal El Choukri
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Mohamed Choukri
Mohamed Choukri Nom de naissance Choukri Activité(s) instituteur, écrivain Naissance 15 juillet 1935
Beni Chiker, Rif, MarocDécès 15 novembre 2003
Rabat, MarocLangue d'écriture arabe Genre(s) roman initiatique Distinctions prix de l'amitié franco-arabe (1995) Œuvres principales - Le Pain nu (autobiographie)
- Le Temps des erreurs (autobiographie)
- Zoco chico (roman)
- Visages (autobiographie)
Mohamed Choukri, né le 15 juillet 1935 et mort le 15 novembre 2003, est un auteur marocain arabophone d'origine berbère.
Sommaire
Biographie
Grandes lignes
Mohamed Choukri est né en 1935 à Beni Chiker, un petit village berbère du Rif près de Nador au Maroc. Élevé dans une famille pauvre, il s'enfuit à l'âge de onze ans et devient un enfant des rues, à Tanger, où il vit dans les quartiers les plus pauvres de la ville, côtoyant la misère, la violence, la prostitution et la drogue. À l'âge de vingt ans, il décide d'apprendre à lire et à écrire, avec succès puisqu'il deviendra instituteur.
Dans les années 1960, dans le Tanger cosmopolite, il fera la rencontre de Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams. Il commence à être publié dès 1966 (dans Al-adab, mensuel de Beyrouth, la nouvelle Al-Unf ʿala al-shati, c'est-à-dire Violence sur la plage). Son succès international viendra avec la traduction en anglais par Paul Bowles de Al-khoubz Al-Hafi (Le Pain nu, For Bread alone, Peter Owen editions) en 1973. Le livre sera traduit en français par Tahar Ben Jelloun en 1980 (éditions Maspero), publié en arabe en 1982 et interdit au Maroc de 1983 à 2000.
Ses principales œuvres seront la trilogie autobiographique commencée avec Le Pain nu, suivi de Zaman Al-Akhtaâ aw Al-Shouttar (Le Temps des erreurs ou la Sagesse de la rue, 1992) puis Visages. Il écrira aussi une série de nouvelles dans les années 1960-1970 (Majnoun Al-Ward, Le Fou des roses, 1980 ; Al-Khaima, La Tente, 1985), ainsi que des recueils de mémoires concernant ses rencontres avec les écrivains Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams (Jean Genet et Tennessee Williams à Tanger, 1992, Jean Genet à Tanger, 1993, Jean Genet, suite et fin, 1996, Paul Bowles, le reclus de Tanger, 1997).
Le 15 novembre 2003, à l'hôpital militaire de Rabat, Mohamed Choukri succombe à un cancer. Il est inhumé au cimetière Marshan à Tanger le 17 novembre en présence du ministre de la culture, de hauts fonctionnaires, de personnalités du monde de la culture et du porte-parole du palais royal. Avant de mourir, il créa la fondation Mohamed Choukri (président, Mohamed Achaâri), possédant ses droits d'auteur, ses manuscrits et travaux personnels. Il fit bénéficier d'une pension à vie sa domestique, Fathia, qui passa près de 22 ans à travailler pour lui.
Enfance dans les rues de Tanger
Mohamed Choukri est né dans la région du Rif au milieu d'une famine, dans une famille pauvre, nombreuse, dont le père est très violent. Sa langue maternelle est le rifain. À cause de la misère, sa famille plie bagage et part pour Tétouan, puis enfin Tanger. Il survit à l'aide de petits métiers, guide pour marins arrivant à Tanger, il apprend l'espagnol et vit déjà dans un milieu peuplé de prostituées, de petits et grands voleurs et surtout dans une famille au père tyrannique. Un père violent envers ses enfants comme envers sa femme, Choukri l'accusera même d'avoir tué Abdel Kader, son jeune frère, après une dispute familiale, il quitte sa famille à l'âge de 11 ans pour survivre à Tanger. Là, il embrasse une vie de sans domicile, voleur, contrebandier d'occasion et prostitué. A l'âge de 20 ans, analphabète, il fait une rencontre qui change le cours de sa vie.
Apprentissage de la lecture et de l'écriture
C'est à l'âge de vingt ans qu'il rencontre une personne qui l'aidera à apprendre à lire et à écrire l'arabe, langue quelque peu différente du darija (arabe dialectal marocain) et du rifain desquelles il était familier. Il quitte Tanger en 1956 (année de l'indépendance du Maroc) et part à Larache, s'inscrit à 21 ans dans une école primaire pour apprendre à lire et écrire. Il persévère et poursuit ses études (école normale) jusqu'à devenir instituteur. De retour à Tanger dans les années 60, il continue à fréquenter les bars et maisons closes. Il se met à écrire sur sa vie en arabe standard, avec une franchise absolue, qui ne sera pas appréciée par tout le monde.
Censure du Pain nu
Le livre Le Pain nu, fera en même temps qu'un succès international après la traduction en anglais de Paul Bowles un scandale dans les pays arabes. Après l'édition en arabe en 1982, le livre sera interdit en 1983 sur décision du ministre de l'intérieur Driss Basri, suivant les recommandations des oulémas, scandalisés par les références aux expériences sexuelles du jeune adolescent et les références répétées aux drogues. La censure prendra fin en 2000, Le Pain nu paraît au Maroc. En 2005, Le Pain nu sera retiré du syllabus d'un cours de littérature arabe moderne à l'Université américaine du Caire car il contiendrait des passages sexuellement explicites.
Sexe et drogue, père désacralisé, langue arabe de la plèbe
En arabe, le mot Adab (littérature), par son sens étymologique signifie aussi la bonne conduite et le bon goût. L'arabe est aussi la langue du Coran. Mohamed Choukri écrit en arabe sur le sexe avec crudité, franchise et précision : prostitution enfantine, masculine et féminine, pédophilie, homosexualité entre gamins, homosexualité, copulation avec des filles rencontrées par hasard, etc. Il écrit en arabe les insultes proférées envers les mères et les sœurs, l'usage des drogues, de l'alcool, les violences entre pauvres, mêle par la même occasion de l'arabe dialectal dans ses écrits à l'arabe classique. Ses personnages sont sans familles, sans attaches, il décrit sa propre haine de son père, alcoolique, violent, paresseux et assassin, ne présente compassion et amour que pour sa mère. Il brise ainsi trois tabous à la fois et contrairement à la trilogie de Taha Hussein (Les Jours), la pauvreté est vécue comme une corruption, favorisant la cruauté, ses personnages ne sont ni bons ni méchants mais les deux à la fois.
Œuvres
- Le Pain nu, 1980.
- La Tente, Nouvelles, 1985.
- Le Temps des erreurs, 1994.
- Jean Genet et Tennessee Williams à Tanger, 1992.
- Jean Genet à Tanger, 1993.
- Jean Genet, suite et fin, 1996.
- Paul Bowles, le reclus de Tanger, 1997.
- Zoco Chico, 1996.
- Visages, 1996.
- Le Fou des roses, Nouvelles 1993.
Bibliographie
- Salim Jay, Dictionnaire des écrivains marocains, Paris Méditerranée - Eddif, 2005, ad vocem
Adaptations cinématographiques
D'une certaine façon, Ali Zaoua prince de la rue, le film de Nabil Ayouch, racontant l'histoire d'un enfant de la rue, emboîte le pas à Mohamed Choukri bien que dans une version un peu plus lissée. Le livre Le Pain nu a été adapté au cinéma par Mohamed Rachid Benhadj, dans une production italo-franco-algérienne de 2004.
Liens externes
- (fr) Tanger.free.fr - Biographie de Mohamed Choukri par Oussama Zekri
- (fr) Maduba.free.fr - Le pain nu de Mohamed Choukri: une lecture plurielle, Par Salah NATIJ
- (fr)Le Pain nu de Mohamed Choukri et l'aventure de la traduction, Par Salah NATIJ
- (fr) Babelmed.net - L'homme qui savait ce qu'écrire veut dire par Hassan Daoud
- (fr) Babelmed.net - Le Poète aux pieds nus par Hanan Kassab-Hassan
- (fr) Babelmed.net - L'enfant terrible de la littérature arabe et écrivain maudit par Hicham Raji
- (en) Biography, Obituary, Works and Photos of Mohamed Choukri par Kenneth Lisenbee
- (en) Obituary, Mohamed Choukri, Madman of the roses November 2003
- (en) Al-Ahram.org.eg - War on words
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