- Modèle social français
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Article principal : Modèle français.
Le modèle social français est un terme employé en politique française pour désigner la composante « sociale » du modèle français, qui mélange État-providence et économie de marché.
Sommaire
Le modèle social français et la typologie de l'État-providence d'Esping-Andersen
Pour Esping-Andersen l'État-providence ne peut pas se définir seulement par les droits sociaux qu'il accorde aux citoyens, il faut également tenir compte de deux autres éléments :« la manière dont les activité de l'Etat sont coordonnées avec les rôles du marché et de la famille dans la prévoyance sociale »[1]. À partir de ce constat et de trois indicateurs[2]: le degré de « dé-marchandisation », le degré de stratification sociale (i.e, l'impact des États-providence sur les hiérarchies sociales et sur les inégalités issues du marché), la place accordée à la sphère publique et à la sphère privée, il établit une typologie des Etats-Providence « qui constitue aujourd'hui la pierre de touche de la recherche comparative internationale »[3].
- « un "welfare state" libéral, accordant un rôle principal aux mécanismes de marché et limitant pour l'essentiel sa protection aux plus faibles »[4]. Pays archétypes de ce modèle :le Canada, les États-Unis, et l'Australie. Merriem[5] hésite à classer le Royaume-Uni dans ce modèle
- « un modèle conservateur-corporatiste ou encore bismarckien, c'est-à-dire un modèle d'assurance sociale obligatoire généralisée adossé au travail salarié »[6]. Pour Esping-Andersen [7] ces régimes sont modelés par l'État « toujours prêt à se substituer au marché en tant que pourvoyeur de bien-être » et par l'Église soucieuse de défendre des valeurs familiales traditionnelles. Pays emblématiques: Autriche, Allemagne, France, Italie, Belgique.
- Un régime social démocrate qui au contraire du régime conservateur vise à « renforcer la possibilité d'une indépendance individuelle » et dont « la spécificité la plus frappante... est peut-être sa fusion entre protection sociale et travail »[8]. Pour assurer un niveau élevé de protection sociale et une offre importante de services sociaux, il doit viser le plein emploi qui minimise les coûts et augmente les revenus de l'État. Principaux pays : Danemark, Finlande, Pays-Bas, Norvège, Suède. Notons que très souvent ces pays ont adopté de fortes politiques d'investissement dans la recherche et développement et cherchent à renforcer leur place dans le commerce mondial.
Alain Lefèbvre et Dominique Méda dans Faut-il brûler le modèle social français ? (Seuil, 2006, Prix lycéen du livre d'économie et de sciences sociales 2007) repartent de cette typologie pour évaluer le modèle social français. Il mettent en évidence les piètres performances de ce modèle notamment en termes d'emploi et de chômage et de redistribution. Ils détaillent alors les principes et le fonctionnement du modèle social nordique qui présente la particuliarité d'avoir à la fois de bonnes performances économiques et en termes d'emploi et un haut niveau de protection sociale. Les auteurs y voient l'effet d'un haut niveau de dialogue social et d'un investissement massif fdans la qualification et les déterminants structurels de la croissance, notamment la formation et l'investissement public dans la recherche et l'éducation.Ils s'interrogent sur la possibilité non pas de transposer mais de s'inspirer des politiques mises en œuvre dans ces pays.
Yann Algan et Pierre Cahuc dans un livre publié en 2007 sous le titre La société de défiance: comment le modèle social français s'autodétruit reprennent la thèse d'Esping-Andersen. Pour eux, la France aurait opté en 1945 pour un modèle conservateur[9] qui « cultive les distinctions de statuts et la hiérarchie entre individus ». Pour appuyer leur dire les auteurs mettent en avant le nombre de régimes spéciaux de retraites en France[10].
Référence
- Esping-Andersen, 2007, p.35
- Merriem François-Xavier, Les différents types de l'Etat-providence, Cahiers français n°330, 1° trimestre 2006
- Ibid, Merriem, 2006, p.4
- Merriem, 2006, p?5
- Ibid, Merriem, 2006, p.5
- Ibid, Merriem, 2006, p.5
- Esping-Andersen, 2007;, p.42
- Esping-Andersen, 2007, p.43
- Algan 2007, p.43
- Algan, 2007, p.44
Bibliographie
Journaux et revues
- Antoine Bevort, "Le modèle social français vu des polders", La vie des idées du 26/10/2010 Lire en ligne
- Claire Guelaud, "Le modèle social français est à bout de souffle", Le Monde du 03/06/2005 Lire en Ligne
- (fr) Le modèle social français, Cahiers français, Philippe Tronquoy (dir.), n°330 (janvier-février 2006)
- (fr) Denis Olivennes, Réformer le modèle social français, Le Débat, n°1 (1998), p. 61-67
- (fr) Le Modèle social français, Marie Fontanel, Nicolas Grivel, Valérie Saintoyant Odile Jacob / La Documentation française, collection Débat public (2006) [lire en ligne]
- (fr) Le modèle social, dossier Les Échos [lire en ligne]
Livres
- (fr) Gosta Esping-Andersen, 1990, Les trois mondes de l'Etat-providence, puf, 2007
- (fr) Dominique Méda et Alain Lefebvre, Faut-il brûler le modèle social français ?, Seuil, coll. « H. C. Essais », 2006 (ISBN 202085970X)
- Alain Mathieu, Le Modèle anti-social français, 2008, ISBN 295322050X
- (fr) Yann Algan et Pierre Cahuc, La société de défiance : Comment le modèle social français s'autodétruit ?, 2007, éd. ENS rue d'Ulm [lire en ligne]
- (fr) * Richard F. Kuisel, 1984, Le Capitalisme et l'État en France, Gallimard
- (fr) Pierre Rosanvallon (1995), La Nouvelle question sociale - Repenser l'Etat-Providence, Le Seuil, 1995
Catégorie :- Politique économique et sociale de la France
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