Mo-tseu

Mo-tseu

Mo Zi

Mo Zi (en mandarin 墨子) aussi appelé maître Mo vécut de 479 à 392 av. J.-C. en Chine pendant les périodes dites des Printemps et des Automnes et des Royaumes combattants.

Ses écrits fournissent peu de renseignements sur le personnage bien que certaines anecdotes semblent laisser penser qu'il était originaire d'un milieu d'artisans. Cette extraction relativement modeste a conduit certains historiens marxistes à le considérer comme un penseur prolétarien en opposition aux penseurs confucéens liés à la noblesse.

Il commencera par adhérer au confucianisme avant de s'en démarquer significativement et de créer sa propre école de pensée dont les thèses se révèleront être une remise en cause à la fois des enseignements confucianiste et taoïste. Loin de se borner à la seule recherche doctrinale, cette école va s'organiser au cours des IVe et IIIe siècles en un mouvement militaro-religieux, composé de redresseurs de torts et d'ardents défenseurs de la paix par la création de brigades initiées aux arts martiaux, ayant uniquement un but d'interposition. On peut aussi remarquer un antimilitarisme aigu dans son discours certainement lié à la situation de la Chine à ce moment de son histoire (Royaumes combattants). « Le plus glorieux des conquérants responsable de quantité de morts, n'est qu'un meurtrier incomparablement plus criminel que l'assassin d'un seul homme. »

L'œuvre

L'ouvrage contenant la pensée de Mo Zi et de ses adeptes place le critère d'utilité au centre de sa démarche. Le seul critère sur la base duquel doit finalement être jugée une doctrine est le bien qu'elle apporte au peuple. Ce point de vue amène Mo Zi à effectuer une charge en règle contre Confucius qui privilégie un point de vue éthique. L'exemple le plus fréquemment cité est celui des rites funéraires que la tradition de piété filiale et la stricte observance des rites préconisées par Confucius rendent extrêmement contraignants. Les moïstes considèrent qu'une période de deuil de trois ans généralement observée lors de la perte d'un parent proche, non seulement nuit à la santé de celui qui le porte mais se révèle également nuisible pour la collectivité étant donné qu'elle constitue un frein à l'activité économique.

Les gouvernants ne sont pas plus épargnés : les dépenses somptuaires de la noblesse, les corvées, les impôts et surtout les guerres sont à proscrire car elles sont contre-productives et aboutissent à la ruine des États et à la misère du peuple. Mo Zi accuse les gouvernants « d'épuiser le peuple à force de corvées et de le ruiner à force d’impôts. Innombrabres sont ceux qui meurent de froid ou de faim. En plus de cela, les grands de ce monde lèvent des armées pour attaquer les pays voisins ; ces expéditions durent parfois une année entière, au minimum des mois. Pendant tout ce temps, hommes et femmes sont séparés, ce qui est un sûr moyen de faire diminuer la population. Innombrables sont ceux qui meurent de mauvaises conditions de logement, d'alimentation irrégulière, de maladie, pendant que d'autres se font tuer dans des embuscades, des incendies, des assauts sur des forteresses ou des batailles rangées. »

L'utilitarisme moïste poussé à l'extrême mènera à la remise en cause du principe même de plaisir : agir c'est agir dans un but déterminé. Dans ce cadre, les activités artistiques telle que la musique sont problématiques puisqu'elles trouvent en elles-mêmes leur propre justification.

Question de Mo Zi à un confucéen :

«  Pour quelle raison fait-on de la musique ?
  • La musique est plaisir.
  • Vous n'avez pas répondu à ma question. Si je vous demande pour quelle raison on construit des maisons, et que vous me répondiez : « Pour se protéger du froid l'hiver, de la chaleur en été et pour garantir la séparation des hommes et des femmes », alors vous m'auriez donné la raison pour laquelle on construit des maisons. Or, je vous demande pour quelle raison on fait de la musique, et vous me répondez que la musique, c’est pour le plaisir, c'est comme si, à la question : « Pourquoi des maisons ? », vous me répondiez : « Les maisons, c’est pour les maisons. » »

Il faut savoir, pour comprendre ce passage, que musique et plaisir, bien que se prononçant yue et le, s'écrivent avec le même sinogramme, .

Le concept d'amour universel développé par les moïstes n'est pas similaire à l'amour pour autrui défendu par les confucéens en ce qu'il ne relève pas du sentiment ou de l'émotion mais plutôt d'un soucis d'équité.

Le sens du juste hautement subjectivé par Confucius en ce qu'il s'exprime en situation, laissant l'homme face à son libre-arbitre et à son aptitude à la perfectibilité, est battu en brèche par Mo Zi qui n'a qu'une confiance toute relative dans la nature humaine (sentiment partagé par les légistes). Pour lui, le sens du juste est un concept qui doit s'initier à partir du sommet de la pyramide sociale et redescendre tous les échelons. Dans ce cadre la stricte obéissance à ses supérieurs ainsi que la peur du châtiment deviennent les gages de la stabilité et du contrôle social. Ce principe s'applique au sommet de la hiérarchie, le fils du Ciel (l'empereur) tient son sens du juste du Ciel lui-même. Le Ciel retrouve donc chez Mo Zi une personnalité, une pensée et une volonté ce qui importait peu pour les confucéens, étant donné que le contrôle de la conduite d'un individu devait plutôt être soumis à la honte de trahir le principe de l'humain plutôt qu'à la crainte de la sanction.

« Ceux qui se conforment à la volonté du ciel et qui cherchent à être bénéfiques les uns avec les autres sont sûrs d'être récompensés. Ceux qui vont contre la volonté du ciel et qui n'éprouvent que haine les uns pour les autres sont sûrs d’être punis. »

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