Guo Xiang

Guo Xiang

Guo Xiang (Kuo Hsiang, 郭象) ou Guo Zixuan (郭子玄) est un philosophe taoïste (vers 252 - 312) de la période des Jin occidentaux, éditeur et glosateur du Zhuangzi. On lui doit la version courante de l'ouvrage, à la base des traductions intégrales en langue étrangère, ainsi qu'une théorie philosophique souvent qualifiée de relativiste et déterministe basée sur son interprétation. Certains pensent qu’il n’a fait que poursuivre les travaux du lettré Xiang Xiu (向秀). Il a même été accusé de plagiat par un contemporain, mais il est impossible d'évaluer la validité de cette accusation. Dans le doute, certains choisissent de parler de la « pensée de Xiang Guo » (向郭), personnalité fictive qui les rassemble.

On sait peu de choses de sa vie, sinon qu'il avait une réputation de brillant causeur et devint fonctionnaire sur le tard, ayant parait-il refusé plusieurs postes car il préférait se consacrer à l’étude et à la pratique du dao.

Il est rangé dans le courant Xuanxue ou « étude du mystère », autrefois nommé néo-taoïsme, caractérisé par une vision transcendante du dao. Son interprétation du Zhuangzi a influencé la pensée bouddhiste chinoise.

Sommaire

Édition du Zhuangzi

L'aspect actuel du Zhuangzi doit beaucoup à Guo Xiang. Il n’en a conservé que trente-trois chapitres sur les cinquante-deux de l'époque Han, ayant écarté ceux qu’ils jugeait de mauvaise qualité ou d'origine douteuse. Il en a mis en tête sept qu'ils considérait comme particulièrement importants, attribués à Zhuang Zhou en personne, qui constituent les chapitres internes neipian (內篇). Suivent quinze chapitres externes waipian (外篇) puis onze chapitres divers zapian (雜篇). On pense qu’il a remplacé le style poétique d’origine par sa prose. Dans les gloses qui consistent essentiellement en interpolations, il expose sa lecture de l’ouvrage.

Pensée

Le courant Xuanxue dans lequel on range Guo Xiang apparait à la fin des Han (milieu du IIIe siècle) suite au constat des limites du confucianisme. Ses penseurs, le plus souvent des lettrés titulaires d'une fonction publique, se tournent vers les textes taoïstes que sont le Dao De Jing et le Zhuangzi pour en tirer une meilleure explication du fonctionnement de l'univers et de la société, mais les concepts taoïstes qu'ils interprètent d'ailleurs chacun à sa façon servent surtout à donner une nouvelle dimension à la sagesse de Confucius, plus admiré par eux que Lao Zi, et à sortir le confucianisme de son ornière. C'est pourquoi le Xuanxue est parfois qualifié de syncrétiste. Guo Xiang, qui aurait eu une longue carrière d'ermite et propose également une lecture mystique du Zhuangzi, se détache un peu des premiers membres du courant plus nettement confucéens.

Sur le plan philosophique, Guo Xiang s’écarte de son célèbre aîné Wang Bi sur l'interprétation du concept de dao. Le dernier y voyait le wu (無), vide - ou absence de caractéristique propre, selon une conception qui préfigure le bouddhisme - et l’origine ontologique de toute chose. Guo Xiang reprend l’idée que le dao est wu, mais lui refuse toute valeur ontologique. « Le dao est vide. » signifie pour lui que l'univers est l’absolu en soi et se produit lui-même, tout comme chacune de ses composantes. Tout est donc à la fois spontané (ziran, 自然) et nécessaire. Une force universelle, appelée taiyi, « grand un » (太一), ou qi, « souffle », anime chaque phénomène. Cette proposition fait que la pensée de Guo Xiang a pu être qualifiée de moniste. Le fen (份), part allouée à chaque être ou phénomène, qui dérive en grande partie de la concentration en lui de la force universelle, explique les différences individuelles. L’ensemble s’ordonne naturellement selon un arrangement appelé li (理), spontané et dynamique puisqu’il se renouvelle quotidiennement. Les différentes caractéristiques individuelles proviennent donc des circonstances et les phénomènes sont codépendants les uns des autres. Adopter l’attitude wuwei (無為) de « non-agir » préconisée par le taoïsme signifie pour lui être pleinement satisfait de son lot et non s’abstenir de toute action.

Cette position le fait qualifier selon les auteurs de relativiste, déterministe, voire fataliste, ou tout simplement pragmatique.

Une autre différence entre Guo Xiang et He Yan ou Wang Bi est qu’il accorde au Zhuangzi une dimension religieuse ou du moins spirituelle à laquelle les deux premiers ne s'intéressaient guère. Il préconise, outre une explication du monde, un état de conscience libéré du carcan des pensées qui permet de s'unir mystiquement au dao. Certains de ses concepts influenceront le courant Quanzhen du taoïsme.

Voir aussi

Bibliographie


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Guo Xiang de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • GUO XIANG — [KOUO HIANG] (mort en 312) Philosophe chinois de l’école Xuanxue, Guo Xiang est connu pour le commentaire du Zhuangzi qui porte son nom. La question de savoir si ce commentaire a réellement été écrit par lui ou s’il est l’œuvre de Xiang Xiu (221… …   Encyclopédie Universelle

  • Guo Xiang — (zh cpw|c=郭象|p=Guō Xiàng|w= Kuo Hsiang; d. 312 C.E.), is credited with the first and most important revision of the text known as the Zhuangzi which, along with the Laozi, forms the textual and philosophical basis of the Daoist school of thought …   Wikipedia

  • Guo Xiang —   [ çi ], Kuo Hsiang, chinesischer Philosoph, ✝ 312; verfasste schöpferische Kommentare zu konfuzianischen und taoistischen Klassikern, besonders zum Buch »Zhuangzi«. Mit der Herausarbeitung der Eigengesetzlichkeit aller Einzeldinge, die das im… …   Universal-Lexikon

  • Guo Xiang (fictional) — Guo Xiang (Traditional Chinese: 郭襄; Simplified Chinese: 郭襄; pinyin: guō xiāng) is a fictional character in The Return of the Condor Heroes , a wuxia novel written by Jin Yong, and later mentioned in The Heavenly Sword and the Dragon Saber .… …   Wikipedia

  • Guo Xiang — or Kuo Hsiang died 312, China Chinese Neo Daoist philosopher. He was a high government official who adapted and completed another philosopher s unfinished commentary on the writings of Zhuangzi. Interpreting dao ( the way ) as nothingness, he… …   Universalium

  • Guo Xiang — o Kuo Hsiang (m. 312, China). Filósofo chino neotaoísta. Fue un alto funcionario gubernamental que adaptó y completó el comentario inconcluso de otro filósofo sobre los escritos de Zhuangzi. Interpretó el tao ( el camino) como la nada,… …   Enciclopedia Universal

  • Guo Jing — (zh cp|c=郭靖|p=Guō Jìng, died January 31, 1273) is the fictional main character in The Legend of the Condor Heroes , a novel written by Chinese author Jinyong. He also plays a supporting role in the second part of the Condor Trilogy , The Return… …   Wikipedia

  • Guo Fu — (郭芙) is the eldest and spoiled daughter of Guo Jing (郭靖) and Huang Rong (黃蓉) in Jinyong s novel, The Return of the Condor Heroes. She is also the elder sister of Guo Xiang (郭襄) and Guo Polu (郭破虏). Biography * Family name: Guo (郭) * Given name: Fu …   Wikipedia

  • Guo Polu — was the son Guo Jing and Huang Rong, and brother of Guo Fu and Guo Xiang. He was a minor character from The Return of the Condor Heroes and the first owner of the Dragon Slayer Sabre. He died with his parents after Xiangyang was conquered by… …   Wikipedia

  • Xiang Xiu — (zh c|c=向秀) is one of the Seven Sages of the Bamboo Grove. His most famous contribution is a commentary on the Zhuangzi, which was later used and amended by Guo Xiang. After his friend Xi Kang was killed by the ruling Jin dynasty, Xiang carefully …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”