- Mausolée de l'empereur Qin
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Mausolée du premier empereur Qin * Patrimoine mondial de l'UNESCO Coordonnées Pays Chine Type Culturel Critères (i) (iii) (iv) (vi) Numéro
d’identification441 Zone géographique Asie et Pacifique ** Année d’inscription 1987 (11e session) modifier Le mausolée de l'empereur Qin (bīngmǎ yǒng en pinyin), qui s'étend sur environ 56 km², est un mausolée dédié à l'empereur Qin Shi Huangdi (IIIe siècle av. J.‑C.). L'ensemble archéologique, qui se trouve à proximité de la ville de Xi'an, comprend d'une part le tombeau proprement dit, et d'autre part les fosses où l'on a trouvé, à partir de 1974, l'armée enterrée formée par des milliers de soldats de terre cuite. Cette dernière est parfois appelée armée de terre cuite ou armée d'argile.
La tombe proprement dite est recouverte par un tumulus haut de 115 mètres, mais n'a pas été explorée. On en connait le contenu légendaire au travers du récit de Sima Qian.
À environ 1 500 mètres se trouvent les fosses contenant quelque huit mille statues[1] de soldats datant de 210 av. J-C, qui ont quasiment toutes un visage différent, et de chevaux en terre cuite. C'est « l'armée enterrée », destinée à garder l'empereur. Ces statues furent cuites dans des fours à une chaleur d’environ 900 °C, puis décorées et colorées.
En 1914, à l'occasion d'une expédition archéologique, Victor Segalen avait livré une description détaillée de l'aspect extérieur du mausolée.
Les fouilles et l'« armée enterrée »
La fosse n° 1, mise au jour par des paysans qui creusaient un puits en mars 1974, n'est qu'une fosse parmi d'autres. Certaines ont été retrouvées à plusieurs kilomètres du tumulus de sa tombe.
L'édification de la nécropole a nécessité trente-six ans d'ouvrage, avec une main-d'œuvre de quelque 700 000 personnes[2]. D'après Les Mémoires historiques de l'historien Sima Qian, les ouvriers ayant préparé le tombeau et assisté à l'enterrement ont été emmurés vivants dans le mausolée à la fin de la cérémonie afin que les secrets de sa construction ne soient pas divulgués. Les sacrifices humains à la mort d'un empereur paraissent avoir été fréquents dans la Chine de cette époque. Certaines fosses contiennent d'ailleurs de nombreuses dépouilles.
Les premiers guerriers ont été découverts par des cultivateurs qui creusaient un puits dans un village voisin. Rapidement, les fouilles ont commencé, et de larges bâtiments ont été édifiés pour les protéger. Le premier a été terminé en 1979.
On trouve beaucoup de fantassins, mais aussi des archers, des chars, des cavaliers, des généraux, etc.
Depuis cette grande découverte des fosses n° 1, 2 et 3 remontant à quelques dizaines d'années, les archéologues en ont trouvé de nouvelles qui ont été mises au jour. L'une d'elles contient des milliers d'armures en pierre d'une finesse incroyable, même pour notre époque. Une autre, appelée la « fosse aux juges », présente des notables, des scribes, probablement des hommes de loi. La dernière découverte en date, la fosse n° 4, fouillée récemment (vers 2004), contient des musiciens et une grue longeant un ruisseau factice.
Il semblerait que l'empereur ait souhaité être entouré, jusque par-delà la mort, de toutes les choses qu'il aurait appréciées de son vivant et d'avoir des moyens pour affronter l'éternité.
Fabrication des personnages
Les soldats ont pour la plupart été fabriqués en terre cuite dans des ateliers. Les différentes parties — tête, bras, jambes, torses, armes — furent produites séparément puis assemblées. Différents moules ont été utilisés pour le visage, avec ajouts d'argile pour individualiser les personnages. Une fois terminés, les soldats ont été disposés en ordre militaire dans les fosses, selon le rang et la tâche. On retrouve ainsi des officiers, des fantassins, des fonctionnaires, des arbalétriers, des chevaux et même des acrobates. Ils mesurent près de 1,80 m à 2 m. Ils portent tous une arme (épée, arc ou arbalète) en bronze recouverte d'une fine couche de chrome (raison pour laquelle certaines de ces armes sont toujours affûtées); certaines d'entre elles auraient été pillées ou en partie retirées par des archéologues pour les analyser ou les exposer dans un musée, mais on peut encore distinguer leur trace dans la forme des mains.
Les personnages diffèrent les uns des autres par la grandeur, l'uniforme et la coiffe. À l'origine, les soldats étaient armés et peints de couleurs vives qui ont pour la plupart disparu à la suite de l'incendie des fosses par les rebelles Han en l'an 206 av. J.-C. et par leur exposition à l'air libre durant les premières fouilles archéologiques[3], de 1970 à 1990. Les restaurateurs sont maintenant en mesure de stabiliser certains pigments, ce qui permet d'apprécier le travail des artisans et l'état original des personnages.
Une couche de laque brun foncé recouvrait chacun d'eux. Sur ce fond, deux ou trois couches de laque et de pigments colorés étaient ajoutées. Le rouge servait ainsi à peindre les lacets, qui attachaient les plaques de l'armure, ou le ruban de la coiffe. Le vert et le bleu étaient utilisés pour les pantalons. Le rose, le jaune et le violet foncé se retrouvent sur les tuniques.
Tenue des armes à la corrosion
La fouille du mausolée de l’empereur Qin ainsi que de nombre de tombes de la période des Royaumes combattants ont livré des épées et autres armes très tranchantes qui étaient revêtues d’oxyde de chrome afin de les empêcher de rouiller[4],[5],[6]. Le chrome n’est venu à l’attention des Occidentaux qu’au XVIIIe siècle[7]. Les alliages d’étain et de cuivre ont prémuni les armes de bronze (couteaux, épées) contre la rouille et les ont gardées affûtées en dépit de 2000 ans de dégradation[8].
La tombe proprement dite
Situation
La tombe elle-même se trouve à environ 1,5 kilomètre à l'ouest de l'armée enterrée. Elle est enfouie sous une pyramide de terre de 75 m de haut et de près de 350 mètres carrés.
Selon les sources historiques, elle contiendrait, outre le corps de l'empereur Qin Shi Huangdi, une reproduction de son empire, avec des rivières de mercure coulant éternellement, et un plafond constellé de perles, pour représenter la voûte étoilée. On dit aussi que la tombe de l'empereur contiendrait les tombes de 48 concubines[9], enterrées vivantes avec lui. Deux chariots de bronze somptueux ont été déjà déterrés près du tumulus contenant la tombe[2].
La tombe elle-même n'a pas encore été fouillée. L'État souhaite en effet attendre le développement de technologies qui garantissent que le contenu, en particulier la momie de l'empereur, ne subira aucun dommage. De plus, les archéologues cherchent à s'assurer que les pièges et les trappes équipées d'arbalètes, installées, pense-t-on, par l'empereur pour protéger sa dépouille des pillards, ne constituent pas un danger.
Description par Sima Qian
Selon l'historien Sima Qian (145-90 avant J.-C.), la construction du mausolée commença en 246 avant J.-C. et impliqua plus de 700 000 ouvriers. Dans ses Mémoires historiques, écrites un siècle après l'achèvement du mausolée, il décrit celui-ci en ces termes :
« Dès le début de son règne, Che-hoang (Qin Shi Huang) avait fait creuser et arranger la montagne Li. Puis, quand il eut réuni dans ses mains tout l'empire, les travailleurs qui y furent envoyés furent au nombre de plus de sept cent mille ; on creusa le sol jusqu'à l'eau; on y coula du bronze et on y amena le sarcophage; des palais, des (bâtiments pour) toutes les administrations, des ustensiles merveilleux, des joyaux et des objets d'art y furent transportés et enfouis et remplirent (la sépulture). Des artisans reçurent l'ordre de fabriquer des arbalètes et des flèches automatiques; si quelqu'un avait voulu faire un trou et s'introduire (dans la tombe), elles lui auraient soudain tiré dessus. On fit avec du mercure les cent cours d'eau, le Kiang, le Ho et la vaste mer (1) ; des machines le faisaient couler et se le transmettaient de l'une à l'autre. En haut étaient tous les signes du ciel, en bas toute la disposition géographique. On fabriqua avec de la graisse de phoque des torches qu'on avait calculées ne pouvoir s'éteindre de longtemps. Eul-che (Qin Er Shi) dit: « Il ne faut pas que celles des femmes de l'empereur décédé qui n'ont pas eu de fils soient mises en liberté. » Il ordonna que toutes le suivissent dans la mort; ceux qui furent mis à mort furent très nombreux. Quand le cercueil eut été descendu, quelqu'un dit que les ouvriers et les artisans qui avaient fabriqué les machines et caché les trésors savaient tout ce qui en était, et que la grande valeur de ce qui était enfoui serait donc divulguée ; quand les funérailles furent terminées et qu'on eut dissimulé et bouché la voie centrale qui menait à la sépulture, on fit tomber la porte à l'entrée extérieure de cette voie, et on enferma tous ceux qui avaient été employés comme ouvriers ou artisans à cacher (les trésors) ; ils ne purent pas ressortir. On planta des herbes et des plantes pour que (la tombe) eût l'aspect d'une montagne.
(1) C'est-à-dire, comme on le lit deux lignes plus bas, qu'on fit comme une carte hydrographique de l'empire. »Se-Ma Ts'ien, Mémoires historiques, Société asiatique, 1905 [lire en ligne], t. II, traduits et annotés par Édouard Chavannes, p. 193
Des recherches entreprises récemment sur le site ont fait apparaître des niveaux anormalement élevés de mercure dans le sol du tumulus funéraire, ce qui va dans le sens des Mémoires historiques de Sima Qian[10].
Galerie de l'armée enterrée
Débats sur l'attribution historique de l'armée enterrée
Selon l'architecte chinois Chen Jingyuan, qui a examiné l'armée enterrée, celle-ci ne serait pas celle de l'Empereur, mais celle de son arrière arrière-grand-mère, l'impératrice douairière Xuan, comme le montreraient certaines caractéristiques stylistiques. Cette théorie fait l'objet de débats[11].
Contestations à propos de l'armée enterrée
Des doutes ont été émis à propos de l'authenticité de l'armée enterrée : en 1988, Guy Debord qualifie l'armée de terre cuite de « faux bureaucratique »[12]. Jean Leclerc du Sablon, correspondant de presse à Pékin 30 ans durant, évoque ses doutes dans son livre L'Empire de la poudre aux yeux - Carnets de Chine, 1970-2001[13]. En 2007, le diplomate et sinologue suisse Térence Billeter considère l'armée comme fausse[14], se fondant principalement sur la découverte du site au moment où Mao Zedong se comparait lui-même à Qin Shi Huang, sur l'absence de mention de cette armée dans la description pourtant détaillée que Sima Qian fait de la tombe, et sur le style artistique des statues. En 2010, le sinologue Jean Levi reprend ces affirmations dans son livre La Chine est un cheval et l'univers une idée. Ces contestations pèsent peu face à la reconnaissance internationale accordée à l'armée de terre cuite par son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[15].
Notes et références
- (en) Terra Cotta Warriors: Guardians of China’s First Emperor, The Houston Museum of natural Science : « The subsequent excavation revealed more than 8,000 clay warriors and artifacts. »
- (en) Eyewitness Travel Guide, China, DK, 2005, page 169 (ISBN 1-4053-0876-1).
- Musée des beaux-arts de Montréal, été 2011, p. 11. Laura Vigo, L'empereur guerrier de chine et son armée de terre cuite, La revue du
- (en) Cotterell, Maurice Cotterell, The Terracotta Warriors: The Secret Codes of the Emperor's Army, Rochester, Bear and Company, 2004, p. 102 (ISBN 159143033X).
- (en) J. C. McVeigh, Energy around the world: an introduction to energy studies, global resources, needs, utilization, Pergamon, 1984, p. 24 (ISBN 0080316506).
- (en) Zhewen Luo, China's imperial tombs and mausoleums, Foreign Languages Press, 1993, (ISBN 7119016199), p. 44.
- (en) Jacques Guertin, James Alan Jacobs, Cynthia P. Avakian, Chromium (VI) Handbook’, CRC Press, 2005, pp. 7-11 (ISBN 9781566706087).
- (en) Eric C. Rolls, Citizens: flowers and the wide sea ; continuing the epic story of China's centuries-old relationship with Australia, University of Queensland Press, 1996, p. 318.
- Note : Outre ces 48 concubines, le tombeau contient bien sûr également les corps des ouvriers enfermés lors de la fermeture du tombeau
- (en) John Roach, Emperor Qin's Terracotta Army, National Geographic, s. d. : « Modern tests on the tomb mound have revealed unusually high concentrations of mercury, lending credence to at least some of the historical account. »
- (en) « Terracotta Warriors not Emperor Qin's? », in {{subst:Lien/Conversion automatique|Global Times}}, 11 août 2009. Voir
- Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle, Éditions Gérard Lebovici, 1988, au paragraphe XVII.
- La Chine, une puissance encerclée, Le Monde, 24/10/2002, reproduit sur le site de l'IRIS. Francis Deron,
- ISBN 978-2-84654-094-0). Térence Billeter, 2007, L'Empereur jaune, Les Indes Savantes, page 476, (
- le rapport, en date du 4 avril 1987, du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) recommandant l'inscription du site : « L'ICOMOS donne un avis chaleureusement favorable à l'inscription du tombeau de Qin Shi Huang sur la Liste du Patrimoine mondial au titre des critères I, III, IV et VI ». Cf
Voir aussi
- Le Tombeau de Qin Shi Huang. Description détaillée par Victor Segalen en 1914.
- Dynastie Qin
- Liste des nécropoles royales
Bibliographie
- Térence Billeter, L'empereur jaune : Une tradition politique chinoise, Les Indes savantes, 2007 (ISBN 978-2846540940)
- Roberto Ciarla, Araldo de Luca, L'armée éternelle, Éditions National Geographic, 2005 (ISBN 2-84582-168-9)
- John Man, The Terra Cotta Army: China's First Emperor and the Birth of a Nation, Da Capo Press, 2008
- (en) Eyewitness Travel Guide, China, DK, 2005, page 169 (ISBN 1-4053-0876-1)
Liens externes
- (en) (zh) Site officiel
- Documents de l'Unesco
- (en) Nine major enigmas sur People's Daily Online
- Les Soldats de l'éternité à la Pinacothèque de Paris
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