- Maurizio Cattelan
-
Maurizio Cattelan est un artiste italien né à Padoue en 1960.
Il est un des artistes contemporains les plus collectionnés en 2009[1]. Il vit et travaille à New York.Entretenant une allure recherchée de mythique « ragazzo » (jeune homme) italien, il est devenu aujourd'hui une superstar de l'art contemporain, un détenteur de records d'enchères dans les salles de vente, un surréaliste du troisième millénaire et un agitateur professionnel.
Il était, en 2004, avec Jeff Koons et Damien Hirst, un des artistes parmi les plus cotés de sa génération. Certains parlent[réf. nécessaire] de lui comme « le Buster Keaton de l'art contemporain » ou plus méchamment de « l'idiot du village de l'art contemporain ».
Sommaire
Biographie
Gamin des rues, issu d'un milieu populaire, il débute par toutes sortes de petits boulots, mais sans succès et vit licenciement sur licenciement. Il travaille même à la morgue ce qui va le marquer et, qui sait, être à l'origine de son goût particulier pour le macabre. Au sujet de son enfance, il dit dans une interview : « La pire période de mon existence. Les décisions sont toujours prises par quelqu'un d'autre : parents, professeurs... Je n'en garde aucun bon souvenir. »
Au début des années 1980, pour occuper son oisiveté, il se met à fabriquer des petits meubles en bois, qu'il tente de vendre, ce qui lui permet d'entrer en contact avec des personnalités du design comme Ettore Sottsass et le groupe de Memphis. Il fait alors éditer un catalogue de ses réalisations qu'il envoie par mailing aux galeries en un millier d'exemplaires. Cette action promotionnelle lui permet de faire une petite percée dans le milieu du design et de l'art contemporain.
Il décide alors de trouver sa place et de faire parler de lui par la provocation et les détournements, ou par la surprise : il plante des oliviers dans la cour d'institutions, présente une autruche empaillée avec la tête enterrée dans le sol, se balade déguisé en figurine avec une tête géante de Picasso, transforme son galeriste parisien en lapin rose et phallique, accroche sur un mur son galeriste milanais avec du ruban adhésif, crée la Fondation Oblomov.
Cattelan s'installe définitivement à New York au début des années 1990 dans un deux pièces de l'East Village qu'il occupe toujours, mais conserve son pied à terre à Milan. Il n'a pas d'atelier, juste un téléphone : « New York m'a apporté la gloire, l'argent et les femmes. »
Il a créé plusieurs revues d'artistes (Permanent Food, Charley, Toilet Paper) dans lesquelles il publie notamment des images « volées » ou « empruntées » à d'autres magazines ou d'autres artistes.
L'œuvre
Comme beaucoup d'artistes contemporains, c'est l'attitude de Cattelan qui décrit le mieux son œuvre, plutôt que le type de médium qu'il utilise. D'un esprit frondeur, il pratique le paradoxe, la provocation, l'humour et l'ironie féroce — son esprit frondeur a retenu les leçons de ses maîtres, Pablo Picasso pour la culture du star-système et Andy Warhol pour son génie médiatique. Cattelan cherche en permanence à tourner en dérision l'art, son idéalisme et sa stupidité et, en particulier, le monde de l'art contemporain. Il en critique la production artistique – une toile entaillée du Z de Zorro devenant, par exemple, une référence dérisoire au travail de Lucio Fontana – et le milieu des artistes. C'est là tout le paradoxe de Cattelan, car il aime se faire passer pour un artiste en marge du marché de l'Art, alors qu'il en est en fait un acteur majeur, par exemple en tant que commissaire de la biennale de Berlin.
Pour accentuer sa critique, Cattelan n'hésite pas à ouvrir sa propre galerie new-yorkaise (la « wrong gallery »), galerie où rien ne se vend et qui est de toute façon fermée en permanence par simple contestation. Lorsqu'il ne veut pas se déplacer lui-même pour répondre, même de façon lapidaire, aux interviews, il n'hésite pas à envoyer son assistant et compère Massimiliano Gioni à sa place — une journaliste du New York Times s'est fait piéger.
Cattelan crée des œuvres mémorables qui font toujours scandale et donnent lieu à toutes sortes d'interprétations, jusqu'à mettre en cause la religion et le sacré, comme La Nona Ora, sculpture qui représente une effigie, en cire et grandeur nature, du défunt pape Jean-Paul II terrassé par une météorite. Mais c'est malgré lui que ses œuvres deviennent des stars du marché. Il n'apprécia d'ailleurs pas la revente de La Nona Ora par son collectionneur ; pour illustrer son mécontentement, il scotcha ni plus ni moins son galeriste au mur (Massimo De Carlo) afin qu'il se vende lui-même.
Il ne fabrique jamais ses pièces et utilise parfois des acteurs pour ses performances. En 1994, il persuade le célèbre galeriste Emmanuel Perrotin de passer un mois déguisé en lapin rose et pénis marchant, Errotin le Vrai Lapin. À une autre occasion, il fait pédaler sur place les gardiens du musée où on lui demande d'exposer.
Cattelan base donc son art sur le tragique, le drôle mais, surtout, la provocation. Il veut marquer les esprits, à tel point que des accidents se sont déjà produits ; à Milan, sur la place du 24-Mai, où il avait pendu trois mannequins d'enfants à un chêne, un homme outré s'est fendu le crâne en voulant décrocher ces sculptures. L'œuvre a été retirée — mais l'incident a été largement popularisé par le journal télévisé — et continue d'exister à travers les documents d'actualité de l'époque.
Sélection d'œuvres
- 1996 :
- La Ballade de Trotski, un véritable cheval empaillé à suspendre à un haut plafond, vendue par Sotheby's en 2004 pour 2,08 millions de US$.
- Novecento, analogue (ou la même ?), véritable cheval empaillé suspendu, par des harnais de cuir, à un des hauts plafonds peints du castello de Rivoli (musée d'art contemporain).
- 1997 :
- Charlie don't surf (1997), enfant au pupitre, les deux mains cloués par des crayons, au musée d'art contemporain (musée au Château de Rivoli).
- 1999 :
- La Neuvième heure (La Nona Ora), créée en 1999, une effigie, en cire et grandeur nature, du pape Jean-Paul II terrassé et cloué au sol par une météorite, vendue par Christie's en 2004 pour 3 millions de US$.
- Mère, présentée à la Biennale de Venise, un véritable fakir en train de prier est enfoui sous le sable, ses mains seules sont en vue. Cette performance fut réalisée quatre fois une heure par jour.
- 2001 :
- Hollywood, des lettres blanches géantes identiques à celles d'Hollywood sont plantées sur une colline dominant la décharge publique de Palerme, la plus importante de Sicile. Dans le cadre de la biennale de Venise, il affrète un avion et fait admirer sa réalisation par la jet-set de l'art contemporain, déclarant : « L'art doit être en compétition avec la télévision. Si on n'utilise pas la même stratégie, on n'aura jamais de succès. »
- Par peur de l'amour, un éléphant en uniforme du Ku Klux Klan, vendue par Christie's en 2004 pour 2,7 millions de US$.
- Him.
- 2004 :
- Maintenant, présentée à Paris dans la chapelle des Petits-Augustins aux Beaux-Arts, représente la dépouille de John Fitzgerald Kennedy allongé dans son cercueil. Il s'agit d'un mannequin en cire, pieds nus dans un cercueil ouvert.
Publications
Sur Maurizio Cattelan
- Hans Werner Holzwarth, Art Now Vol 3. A cutting-edge selection of today's most exciting artists, Cologne, Taschen, 2008, pp. 88-91
- Uta Grosenick, Burkhard Riemschneider, Art Now. 137 Artists at the Rise of the New Millenium, Cologne, Taschen, 2002, pp. 88-91
- 6th Caribbean Biennal - A Project by Maurizio Cattelan, Les presses du réel, Dijon (2001) (ISBN 978-2-84066-050-7)
De Maurizio Cattelan
- Permanent Food (14 numéros), Les presses du réel, Dijon
- Charley (6 numéros), Les presses du réel, Dijon
- Toilet Paper (4 numéros), Les presses du réel, Dijon
- Le Saut dans le vide, avec Catherine Grenier, Le Seuil (2011) (ISBN 978-2-02-104366-2)
Notes et références
- (en) Personnel de rédaction, « Against the odds », dans The Economist, 2 octobre 2009 [texte intégral (page consultée le 5 octobre 2009)]
Catégories :- Plasticien contemporain italien
- Artiste contemporain italien
- Naissance à Padoue
- Naissance en 1960
- 1996 :
Wikimedia Foundation. 2010.