- Maréchal de Tourville
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Anne Hilarion de Costentin de Tourville
Anne Hilarion de Costentin de Tourville Naissance 24 novembre 1642
ParisDécès 23 mai 1701 (à 59 ans)
ParisOrigine France Grade Vice-amiral
Maréchal de FranceConflits Guerre de Hollande
Guerre de courseFaits d’armes 1690 : Bataille du cap Béveziers
1692 : Bataille de Barfleur
1693 : Bataille de LagosAutres fonctions Comte de Tourville Anne Hilarion de Costentin (ou Cotentin), comte de Tourville, est un vice-amiral et Maréchal de France, né le 24 novembre 1642 à Paris[1] et mort le 23 mai 1701 à Paris.
Sommaire
Au service de Louis XIV
Tourville est issu de la noblesse normande : sa mère est née La Rochefoucauld et son père sert le prince de Condé.
Né à Paris[2], ou au château familial de Tourville[3], il est baptisé le 24 novembre 1642 à Paris[4]. Comme sa famille a participé à la Fronde et son père étant mort alors qu'il est âgé de cinq ans, Anne Hilarion de Costentin intègre à 14 ans l'Ordre de Malte, où il montre rapidement sa bravoure face aux pirates barbaresques. Fin 1666, sa notoriété lui vaut de rejoindre la marine française comme capitaine de vaisseau et commandant d'un vaisseau de ligne. Il croise alors en Méditerranée, participe à l'expédition de Candie (1669), protège le commerce français et s'oppose aux Turcs. Quand la guerre de Hollande éclate, il rejoint la Flotte du Ponant et l'escadre d'Estrées. Il brille à la bataille de Solebay avant de prendre part aux combats contre l'amiral hollandais Michiel de Ruyter en 1673. Il retourne au Levant en 1675 pour y livrer une guerre de course. Suite à ses succès, il est nommé chef d'escadre en octobre 1679, à 37 ans.
En 1676 après deux nouvelles passes d'armes avec Ruyter, il démontre à Palerme ses capacités de chef de guerre. Son plan d'attaque permet la victoire de l'escadre commandée par Abraham Duquesne sur l'escadre hispano-hollandaise qui s'est réfugiée dans le port sicilien. Trois vaisseaux hollandais sont détruits. Auréolé de cette victoire et proche ami de Colbert, la carrière de Tourville s'accélère à partir de 1680. Il est nommé lieutenant général en 1682, puis vice-amiral en 1689, mais est de fait amiral et commandant de la marine française, d'Estrées ne prenant plus la mer.
Tourville n'est pas seulement un chef de guerre, il s'intéresse et participe de près à la gestion de la marine. Il intervient dans la construction et l'architecture navale, sur la logistique et la formation des marins et des officiers de marine. Il propose notamment d'utiliser des maquettes de vaisseaux pour l'instruction[5]. Il est secrètement consulté par Seignelay sur tous les aspects de la marine, y compris sur les promotions des officiers. Il n'eut de cesse de conseiller au ministre de promouvoir des gens de mer. Il participe également aux négociations en Méditerranée et y remporte de nombreux succès (prise de Gênes en 1685, bombardement de Tripoli en 1686). Mais, c'est avec la guerre de la ligue d'Augsbourg qu'il écrivit les plus belles pages de sa carrière.
« Tourville possédait en perfection toutes les parties de la marine, depuis celle du charpentier jusqu'à celle d'un excellent amiral »En 1688 dans la Manche, il s'empare de cinq vaisseaux hollandais. Le 10 juillet 1690 et les jours suivants, Tourville commande l'armée navale française qui disperse la flotte anglo-hollandaise au Cap Béveziers (appelé Beachy Head par les Anglais). Cette bataille est la victoire la plus éclatante de toute l'histoire de la marine française sur les Anglais, et même la seule dans la Manche. Ayant fait subir de lourdes pertes aux coalisés, Tourville peut alors occuper la mer et protéger les côtes françaises. Cependant, Louis XIV fut déçu car Tourville n'exploita aucunement son succès (il était censé soutenir un débarquement du prétendant Jacques II en Irlande, qui fut battu) et selon certains historiens cette victoire sans suite fut ce qui détourna Louis XIV de continuer à investir beaucoup dans sa marine.
Dans le but de couvrir le débarquement des troupes de Jacques II d'Angleterre, Louis XIV le charge à nouveau en 1691 du commandement de la marine[6]. La campagne du Large ne fut l'occasion d'aucun grand combat naval, mais Tourville parvient à s'emparer de onze bâtiments marchands et de leur escorte. À cette nouvelle, l'amiral Russel commandant une flotte de 84 vaisseaux, lui donne la chasse. Jouant au chat et à la souris, profitant du vent, Tourville lui échappe et se réfugie près des côtes alors que Russel perd quatre vaisseaux et 1 500 hommes d'équipage dans une violente tempête[7].
Le 29 mai 1692 à Bataille de Barfleur, à un contre deux, l'escadre du Levant commandée par d'Estrées n'ayant pu rejoindre à temps l'escadre du Ponant, il fait jeu égal avec la flotte coalisée et parvient au prix de combats acharnés et de manœuvres habiles à ne perdre aucun bâtiment. Cependant, dans leur retraite, les vaisseaux avariés sont ralentis, victimes d'une inversion du courant et doivent se réfugier à Cherbourg et à Saint-Vaast-la-Hougue. Au cours de la bataille de la Hougue, Tourville ne peut empêcher la destruction de 15 vaisseaux, dont le vaisseau amiral le Soleil Royal, le plus beau et le plus célèbre de tous les vaisseaux de la flotte de Louis XIV.
En 1693, il peut venger la défaite de la Hougue en s'emparant du convoi de Smyrne (bataille de Lagos). Il rafle ou détruit 80 navires marchands et inflige aux coalisés une perte de 30 millions de livres. Tourville se retrouve à la tête d'une armée navale de 93 vaisseaux et est fait maréchal de France. Il participe cette même année à sa dernière campagne maritime, en Méditerranée, avec les sièges de Palamos et Livourne. Il aura passé 35 ans en mer. Il passe ses dernières années entre Provence, Saintonge et Aunis d'où il organise la défense des côtes françaises. Il meurt à Paris en mai 1701. Il demeure le seul amiral français capable de soutenir la comparaison avec ses homologues hollandais et anglais. Néanmoins, après la défaite de La Hougue, la marine française ne fera jamais plus jeu égal contre l'anglaise...
Mariage et descendance
En 1690, Anne Hilarion de Costentin de Tourville épouse Louise-Françoise d'Hymbercourt, fille d'un riche fermier général et veuve d'un cousin germain de Colbert, mariage qui sera cependant malheureux.
Ils eurent une fille Luce-Françoise, dame du palais de la duchesse de Berry, qui épousa en 1714 Guillaume-Alexandre de Galard de Béarn, comte de Brassac, colonel du régiment de Bretagne (mort en 1768). De cette union naquit Anne-Hilarion de Galard de Brassac dit comte de Béarn, qui s'unira avec Olympe de Caumont La Force et auront quatre enfants dont Alexandre de Galard, marquis de Cugnac, qui épousera en 1768 Anne-Gabrielle Potier de Novion.
Notes
- ↑ Plusieurs anciens biographes le font naître au château de Tourville-sur-Sienne
- ↑ selon La Varende, Le maréchal de Tourville et son temps, 1953 ; Mabire, Jean Mabire présente Grands marins normands, 1993
- ↑ d'après Hennequin, Biographie maritime, 1835 ; Plantavit de La Pause, Mémoires du maréchal de Tourville, 1779 ; Mennechet, Le Plutarque français, 1838
- ↑ Hugh Chisholm, The Encyclopedia Britannica, 1911
- ↑ a et b Duhamel du Monceau, Bruno de Dinechin
- ↑ Le vice-amiral de Tourville, parti de Brest le 25 juin, tenait la mer avec une flotte de soixante et treize vaisseaux et vingt et un brûlots, et faisait sa campagne dite du large, réputée son chef d'œuvre. (Histoire maritime de France - de Léon Guérin - 1851)
- ↑ Tourville fut merveilleusement secondé dans cette campagne, par les officiers généraux qu'il avait sous ses ordres, tous hommes d'élite tels Forant, Chateau-Renault, d'Amfreville, de Relingues, de Vilette-Murçai, de Langeron, de Nesmond, de Coëtlogon, les de Flacourt, ainsi que par ses capitaines, parmi lesquels on comptait Jean Bart, Forbin, d'Amblimont ...
- http://www.tourville.asso.fr : lien d'une association construisant un vaisseau de ligne de 1er rang du XVIIe siècle de la Marine de Louis XIV
Sources
- Histoire maritime de France - de Léon Guérin - 1851
Bibliographie
- Daniel Dessert, La Royale, Fayard, Paris, 1996 (ISBN 978-2-213-02348-9)
- Daniel Dessert, Tourville, Fayard, Paris, 2002 (ISBN 978-2-213-59980-9)
- Allan Toriel & Sylvérik, Tourville, Chevalier du Levant, Vagabondages, Bayeux, 2008 (ISBN 978-2-91814-302-4)
- (fr) Duhamel du Monceau. Bruno de Dinechin. Connaissance et mémoires européennes, 1999 (ISBN 2-919911-11-2)
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Le maréchal de Tourville et son temps - La Varende - Flammarion, éditeur, 2e trimestre 1952
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