- Marco II Sanudo
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Marco II Sanudo (1220 ? -1303), fut le troisième Duc de Naxos (1262 ? - 1303).
Il passa la majeure partie de sa jeunesse à la cour d'Achaïe. Il succéda à son père Angelo Sanudo après 1262. Durant son règne, le Duché de Naxos connut de graves difficultés. Il ne cessa de rétrécir sous les coups de l'Empire byzantin qui tentait de reprendre le terrain perdu lors de la Quatrième croisade en faisant disparaître les États latins. Le duché fut pris dans les conflits plus vastes : entre les Byzantins et les Angevins de Sicile (Marco II était vassal de Charles Ier de Sicile, héritier de la Principauté d'Achaïe) ; entre les Angevins et les Aragonais ; entre les Vénitiens, les Byzantins et les Génois. Il y eut aussi des conflits locaux : à propos de la suzeraineté sur l'île d'Andros ou à propos d'un âne volé sur Tinos.
Son fils Guglielmo Sanudo lui succéda en 1303.
Sommaire
Famille et jeunesse
Famille
Articles détaillés : Marco Sanudo et Angelo Sanudo.La famille Sanudo aurait sous le nom de Candiano fourni divers doges à la Sérénissime dont Pietro III Candiano Canuto (le chenu) ou Sanuto (le sage) (942-959)[1]. Les derniers Candiano directs furent attestés au XIe siècle. Ensuite, il est uniquement question de la famille des Sanudo[2]. Un Marco Sanudo est attesté dans la seconde moitié du XIe siècle. Il semble avoir porté les titres de conseiller et de capitaine. Il aurait aussi été ambassadeur de Venise à Constantinople où il aurait alors noué de nombreux et fructueux contacts en Grèce et dans les îles de la mer Égée. Le surnom de Costantinopolitani (le «Constantinopolitain») lui fut attribué. Il aurait eu un fils Pietro qui épousa Zabarella, une sœur du doge Enrico Dandolo. De ce mariage seraient nés trois fils : Marco, Bernardo et Lunardo. Ces deux derniers auraient été impliqués dans la vie politique et dirigé des navires, dont lors de la conquête de Constantinople en 1204[3].
Marco Sanudo, le grand-père de Marco II et fondateur de la dynastie, participa à la Quatrième croisade en 1204 et à la négociation de l'achat de la Crète par Venise à Boniface de Montferrat. Il fonda le Duché de Naxos, entre 1205 et 1207 ou peu après 1213-1214, selon les versions, et y fit construire une nouvelle capitale autour de sa forteresse, le castro. Il lutta aux côtés de Venise lors d'une expédition en Crète en 1211. Marco Sanudo, vassal de l'Empereur latin Henri de Hainaut, combattit l'Empire de Nicée mais aussi Theodoros Angelos Doukas, le Despote d'Épire.
Angelo Sanudo, le père de Marco II, passa la plus grande partie de sa vie à guerroyer, principalement pour ses suzerains l'Empereur latin puis après 1248 le Prince d'Achaïe. Il participa dès 1216 à une expédition contre le Despotat d'Épire. Il apporta l'aide de la flotte naxiote à l'Empire en 1235 lorsque celui-ci fut menacé par les Bulgares. En 1248, la suzeraineté sur le Duché de Naxos fut transféré de l'Empire latin à la Principauté d'Achaïe. Ce fut en tant que vassal de Guillaume II de Villehardouin qu'Angelo Sanudo participa à la Bataille de Pélagonia où il fut fait prisonnier.
Marco II Sanudo avait un frère Marino qui eut Paros et Antiparos en apanage et une sœur qui épousa Paolo Navigaioso, Seigneur de Lemnos[4].
Jeunesse
Marco II Sanudo passa la majeure partie de sa jeunesse à la cour d'Achaïe à Andreville (Andravida) où il aurait appris le français et aurait reçu sa formation chevaleresque au château de Clairmont[5].
Après la prise de Constantinople en 1261 par Michel VIII Paléologue, Angelo Sanudo envoya son épouse et son fils aîné Marco rendre hommage à l'empereur latin déchu, Baudouin II réfugié à Thèbes. Là, Marco fut, symboliquement, fait chevalier de l'Empire[5].
Duc de Naxos
Marco Sanudo succéda à son père Angelo Sanudo en 1262 (?).
Un duché de plus en plus étroit
Depuis sa reconquête de Constantinople, Michel VIII Paléologue tentait de redonner à l'Empire byzantin son étendue ancienne en s'emparant des divers États latins. Le Duché de Naxos fut victime d'attaques répétées de la part de la flotte byzantine commandée par Alexis Philanthropenos. Celui-ci échoua devant Paros et Naxos[6],[7]. Mais, il réussit à faire débarquer des troupes sur Kéa, Sérifos, Siphnos et d'autres petites îles où elles se fortifièrent, les réintégrant de fait dans l'Empire byzantin[8]. La campagne de Philanthropenos et le recul du pouvoir latin suscita une rébellion sur Milos. Là, un moine orthodoxe souleva la population pour exiger le départ des « Francs ». La rébellion dura plusieurs semaines, jusqu'à ce que Marco II débarquât. Il assiégea les rebelles et les réduisit. Il pardonna à la population de l'île. Mais, le moine fut jeté à la mer pieds et poings liés. En 1265, Michel VIII signa une trêve avec Venise et rappela Philanthropenos. La pression sur le duché de Marco II se relâcha. Il réussit même à récupérer certaines îles[8].
Michel VIII, menacé par les Occidentaux et principalement Charles Ier de Sicile avait réussi à éloigner le danger grâce à la négociation d'un rapprochement entre Église orthodoxe et Église catholique dit « Union de Lyon » en 1274. Soulagé sur son front ouest, il reprit ses tentatives pour s'emparer des derniers États latins. Il prit à son service un « pirate » italien[9] alors maître de Carystos en Eubée. Nommé Grand Amiral, il entreprit de ravager l'Égée[10]. Les vassaux de Marco II ne purent rien faire et ils se réfugièrent soit en Crète soit sur Naxos. Il ne resta plus bientôt que Naxos, Milos et Syros au duc. L'accord signé entre Michel VIII et Venise en 1277 lui en garantit la possession[11].
L'année suivante (1278), le Duché de Naxos changea de suzerain. Marco II avait été le vassal de Guillaume II de Villehardouin, le Prince d'Achaïe. Ce dernier était le vassal du Roi de Sicile Charles d'Anjou. En effet, le dernier Empereur latin de Constantinople Baudouin II, déchu par Michel VIII, avait confié ses fiefs à Charles de Sicile. Le fils de Charles, Philippe, avait épousé la fille de Guillaume II, Isabelle. Philippe, décédé en 1277, le fief était revenu à son père. Il décida d'envoyer un bailie informer ses vassaux grecs de la nouvelle situation. Galéran d'Ivry vint dans l'archipel recueillir l'hommage de Marco II à son nouveau suzerain[12].
Charles Ier de Sicile n'avait pas renoncé à ses projets de conquête dans l'Empire byzantin. Il disposait de points d'appui en Grèce : la Morée et une partie des Cyclades. Il pouvait aussi compter sur la flotte, même diminuée, du duché de Naxos. L'élection comme Pape de Martin IV, opposé à l'Union de Lyon, rendait le moment propice. Cependant, les Vêpres siciliennes, plus ou moins commanditées par Michel VIII, repoussèrent sine die toute perspective d'action sicilienne en Grèce. Marco II ne pouvait plus compter sur son suzerain angevin pour regagner ses terres perdues[12].
En 1292, les Aragonais, ennemis des Angevins, s'attaquèrent à leurs possessions en Grèce. L'amiral Roger de Lauria ravagea régulièrement les Cyclades sans que Marco II pût encore faire quoi que ce fût. Cependant, en 1296, une guerre entre Venise d'un côté et l'Empire byzantin et Gênes de l'autre aurait joué en faveur des seigneurs latins des Cyclades. La guerre se déroula dans l'Égée et les populations locales souffrirent à nouveau. Mais, Marco II et ses vassaux auraient profité du désordre pour regagner une partie du terrain perdu dans les années précédentes[13].
Conflit de suzeraineté à propos d'Andros
En 1282, le statut féodal d'Andros posa problème. Lorsque le 13 avril 1204, la Quatrième croisade s'empara de Constantinople, les vainqueurs se partagèrent l'Empire byzantin. Le texte de partage (Partitio Terrarum ou Partitio Romaniae) probablement rédigé à l’automne 1204 par une commission de vingt-quatre membres (douze Vénitiens, douze non-Vénitiens) ne mentionnait pas ouvertement les Cyclades. Un quart de l’empire conquis était dévolu à Baudouin de Hainaut qui venait d’être élu Empereur latin, trois huitièmes revenaient à Venise et les trois huitièmes restants aux autres croisés occidentaux. Si des Sporades ou les îles ioniennes étaient citées et partagées, peu de Cyclades étaient évoquées. Seules Andros et Tinos étaient directement nommées et données l’une aux Vénitiens, l’autre à l’Empereur[14]. Lorsque Marco Sanudo s'empara de son duché vers 1206-1207, un de ses cousins, Marino Dandolo (neveu du Doge Enrico Dandolo) prit possession d'Andros. Un peu plus tard, Geremia Ghisi qui possédait en propre (avec son frère Andrea) Tinos et Mykonos et qui était vassal de Marco Sanudo sur Kéa et Sérifos, acquit des terres sur Andros[15].
La République de Venise considérait qu'Andros lui appartenait. Les Sanudo considéraient que les seigneurs d'Andros étaient leurs vassaux. Quant à ces derniers, ils se croyaient indépendants de tout pouvoir. Lorsque Marino Dandolo mourut, Angelo Sanudo confirma la propriété de l'île à sa veuve Felisa. Elle devait cependant partager l'île avec Geremia Ghisi. Du point de vue des Sanudo, les seigneurs d'Andros étaient donc bien leurs vassaux. Ghisi ne souhaitait pas partager l'île avec Felisa Dandolo et la chassa. Elle se remaria avec un noble vénitien Giacomo Querini. Celui-ci se tourna vers Venise pour demander justice contre Ghisi[12]. Marco II Sanudo en appela à la justice de la cour féodale d'Andreville qui statua en sa faveur. La justice vénitienne choisit de ne pas statuer, attendant en fait la mort des parties et l'extinction du conflit[16].
« La guerre de l'âne »
En 1286, une guerre eut lieu entre les Sanudo et Bartolomeo Ghisi, seigneur de Tinos. Des pirates avaient pillé Tinos lors d'un raid. Dans leur butin se trouvait un âne qu'il revendirent sur Syros au gouverneur de l'île, Guglielmo Sanudo, le fils de Marco II. Ayant appris où se trouvait leur âne, les Ghisi en exigèrent la restitution que refusa Guglielmo qui arguait du fait qu'il l'avait payé. Les Ghisi réunirent leur flotte et firent le siège de Syros. Ils furent délogés par l'apparition d'une flotte des Angevins de Sicile. Un bailie fut nommé pour statuer sur le cas de l'âne, mais la décision a été perdue[13].
La légende de « Saint-Gras »
Marco II aurait eu à affronter un autre mouvement de mécontentement, sur l'île même de Naxos. Une tradition locale voulait qu'on fît passer les nouveau-nés à travers l'autel creux de la chapelle d'Aghios Pakhomios afin de leur faire gagner un peu de poids pour leur assurer une meilleure survie. Aghios Pakhomios avait d'ailleurs été surnommé Aghios Pachys, « Saint-Gras ». Il semblerait que Marco II ait considéré ce rituel comme de la superstition et ait décidé d'y mettre fin. Il aurait fait détruire la chapelle et l'autel ce qui aurait entraîné le mécontentement des Naxiotes voire un danger de rébellion. C'est alors qu'aurait été construit la forteresse d'Apanokastro afin de surveiller la population locale[17].
Mariage et descendance
Le nom de l'épouse de Marco II Sanudo n'est pas connu. Ils eurent trois fils : Guglielmo qui succéda à son père en 1303 ; Francesco qui fut gouverneur de Milos et Marco qui reçut des fiefs en Eubée[13].
Arbre généalogique
Marco Sanudo
ConstantinopolitaniEnrico Dandolo
(doge de Venise)Zabarella Dandolo Pietro Sanudo Bernardo Sanudo Lunardo Sanudo 1. Inconnue Marco Sanudo
1205 ? - 1227 ?2. Une sœur de l'empereur
(latin ou de Nicée ?)une jeune femme
de la famille Saint-MenehouldAngelo Sanudo
1227 ? - 1262 ?Giovanni Sanudo
(installé en Eubée)une fille
∞ Paolo Navigaioso
(seigneur de Lemnos)Marino Sanudo
(apanage de Paros et Antiparos)
∞ Portia di VeronaMarco II Sanudo
1262 ? - 1303Guglielmo Sanudo
1303 - 1323Francesco Sanudo
(apanage de Milos)Marco Sanudo
(apanages en Eubée)Marco (Marcolino) Sanudo
(apanage de Milos)Niccolò Sanudo
∞ Jeanne de Brienne
1323 - 1341Marino et Pietro Sanudo
(chevaliers de Saint-Jean)Giovanni Sanudo
1341 - 1362Gugliemo Sanudo Fiorenza Sanuda Francesco Ier Crispo
1383 - 13971. Giovanni dalle Carceri Fiorenza Sanudo
1362 - 13712. Niccolo Sanudo Spezzabanda
1362 - 1371Giacomo Ier Crispo
1397 - 1418Niccolo III dalle Carceri
1371 - 1383Maria Sanuda
∞ Gaspard SommaripaFiorenza Sanuda-Sommaripa Famille Crispo Notes et références
Bibliographie
- (en) Articles « Naxos » et « Paros » in Oxford Dictionary of Byzantium., Oxford U.P, 1991.
- (en) J.K. Fotheringham et L.R.F Williams, Marco Sanudo, conqueror of the Archipelago., Clarendon Press, Oxford, 1915.
- (en) Charles A. Frazee, The Island Princes of Greece. The Dukes of the Archipelago., Adolf M. Hakkert, Amsterdam, 1988. (ISBN 9025609481)
- (en) Paul Hetherington, The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art, Londres, 2001. (ISBN 1-8999163-68-9)
- Jean Longnon, L'Empire latin de Constantinople et la Principauté de Morée., Payot, 1949.
- Père Robert Saulger, Histoire nouvelle des Ducs de l'Archipel., Paris, 1699. (repris par Louis Lacroix, Îles de la Grèce, 1853 et Ernst Curtius)
- B. J. Slot, Archipelagus Turbatus. Les Cyclades entre colonisation latine et occupation ottomane. c.1500-1718., Publications de l'Institut historique-archéologique néerlandais de Stamboul, 1982. (ISBN 9062580513)
Liens externes
Notes
- Pietro Ier Candiano (887), Pietro II Candiano (932-939), Pietro III Candiano Canuto (le chenu) ou Sanuto (le sage) (942-959), Pietro IV Candiano (959-976) et Vitale Candiano (978-979)
- J.K. Fotheringham, op. cit., p. 1-12.
- J.K. Fotheringham, op. cit., p. 12-13.
- C. Frazee, op. cit., p. 26.
- C. Frazee, op. cit., p. 27.
- « Naxos » in Oxford Dictionary of Byzantium.
- « Paros » in Oxford Dictionary of Byzantium.
- C. Frazee, op. cit., p. 29.
- Lombard, vincenzais ou véronais selon les sources
- Jean Longnon, L'Empire latin de Constantinople., p.319-320.
- C. Frazee, op. cit., p. 31.
- C. Frazee, op. cit., p. 32.
- C. Frazee, op. cit., p. 34.
- P. Hetherington, op. cit., p. xvii-xviii.
- Jean Longnon, p. 91, P. Hetherington, p.xix. et J.K. Fotheringham, p. 56-59.
- C. Frazee, op. cit., p. 33.
- C. Frazee, op. cit., p. 30 qui précise que le Père Sauger donne 1390 comme date de construction de la forteresse. Cela contredit aussi la tradition de tolérance religieuse des Sanudo.
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