- Manufacture de porcelaine de Sèvres
-
Manufacture nationale de Sèvres
La Manufacture nationale de Sèvres est une des plus célèbres manufactures de porcelaine en Europe. Elle est située à Sèvres, France.
À l'origine, la manufacture produisait une porcelaine tendre. En 1768, deux chercheurs de la manufacture découvrent le premier gisement de kaolin sur le sol français, près de Limoges. En 1777, le Comte de Thy de Milly de l'Académie royale des sciences de Paris, publie des travaux inspirés de la fabrication des porcelaines de Saxe. La porcelaine dure est commercialisée à Sèvres dès 1770.
La manufacture fut successivement, au fil des régimes politiques, Manufacture royale, impériale puis nationale. Toujours en activité, la manufacture poursuit l'édition d'objets créés depuis 1740. Sa production est aussi largement orientée aujourd'hui vers la création contemporaine.
Sommaire
Historique
En 1740, une manufacture de porcelaine est fondée à Vincennes grâce au soutien de Louis XV et de Madame de Pompadour. En 1756, la manufacture est transférée à Sèvres dans un bâtiment construit à l'initiative de Madame de Pompadour, à proximité de son château de Bellevue.
Long de 130 mètres et haut de quatre étages, il est édifié entre 1753 et 1756 par l'architecte Lindet à l'emplacement de la ferme dite « de la Guyarde ». De part et d'autre du pavillon central, surmonté, à l'étage des combles, d'un fronton sans sculpture portant l'horloge de l'ancienne Verrerie royale, le bâtiment se développe sur deux longues ailes terminées, aux deux extrémités, par des pavillons d'angle. Le pavillon central est précédé d'une cour dite du public, fermée par une grille en fer forgé. Face à la manufacture est aménagée une demi-lune pour permettre le stationnement des carrosses des visiteurs.
Au rez-de-chaussée, le bâtiment renfermait les réserves de terres, le bucher et les dépôts de matières premières. Le premier étage abritait les ateliers de moulage, de plâtrerie, de sculpture et de gravure ainsi que les fours. Au deuxième étage se trouvaient les sculpteurs, tourneurs, réparateurs et garnisseurs. Enfin, l'étage sous comble abritait les peintres, doreurs, animaliers et figuristes.
La manufacture est rattachée à la Couronne en 1759. De 1800 à 1847, la manufacture prend son ampleur et sa renommée internationale sous la direction d'Alexandre Brongniart, nommé par Claude Berthollet.
En 1875, la manufacture est déplacée dans des bâtiments spécialement construits par l'État français, en bordure du parc de Saint-Cloud. C'est toujours dans ces lieux, classés Monument historique, que la production se poursuit.
Les créations de la manufacture sont visibles dans seulement deux galeries. La première à Sèvres, et la seconde au cœur de Paris, dans le 1er arrondissement, entre le Louvre et la Comédie Française. La manufacture organise en outre de nombreuses expositions dans le monde, et participe à de nombreux salons et foires d'art contemporain.
Les femmes à la Manufacture royale de porcelaine
À la Manufacture de Vincennes, en plein développement, en 1748, on crée une "fleurisserie" composée d'une vingtaine de jeunes filles sous la direction de Mme Gravant. Elle sera en activité jusqu'en 1753, date à laquelle l'on interdira les femmes au sein de la manufacture. Sèvres comptera, en 1756, deux cents employés de sexe masculin.
« ...les rares femmes qui continuèrent de travailler à Vincennes puis à Sèvres, après cela (la fleurisserie), le firent désormais chez elles, apportant et reprenant chaque jour, en dépit des risques de casse, les ouvrages délicats de peinture ou de brunissage » [1].
La fabrication de la porcelaine
Le kaolin provenait traditionnellement de Saint-Yrieix, près de Limoges. Actuellement, les sources se sont diversifiées. La couverte, destinée à être appliquée comme émaillage sur la pâte de kaolin après cuisson, est constituée principalement de pegmatite de Marcognac, mélange de feldspath et de quartz[2].
Le bleu de Sèvres est une couleur caractéristique de la manufacture. Il s'agit d'un oxyde de cobalt qui est incorporée dans la couverte.Les fours du XIXe siècle de la manufacture
Le céramiste Ambroise Milet entre à la manufacture ou sera nommé successivement « Directeur des fours et des pâtes » et « Chef de fabrication » avant de quitter la manufacture en 1883 à 54 ans. L'un des plus grandes tâches qu'Ambroise Milet aura à mener sera la construction de six grands fours à bois en 1877. Ces fours sont aujourd'hui classés monuments historiques.
- les fours se composent d'un corps cylindrique séparé en 3 niveaux, celui du bas dénommé premier laboratoire (diamètre 2m60 hauteur 3m), au milieu le second laboratoire (diamètre 2m60 hauteur 2m), et en haut le cône de cheminée (2 m).L'alandier est une ouverture dans le bas du premier laboratoire (hauteur 1m largeur 0m58 et profondeur 0m29).[3]
- Dans la voute, entre le premier et le deuxième laboratoire, se trouve un grand carneau au centre et 9 petits sur le pourtour. Ces carneaux permettent de guider les flammes et d'évacuer les gaz brulés. Des grilles appelées garde-feux y sont disposés pour diviser la flamme.
- Dans le bas du deuxième laboratoire de petits alandiers permettent d'augmenter encore la température. Le four possède quatre foyers pour bien répartir la chaleur.
- Le bois utilisé pour chauffer les fours est exclusivement du bois de bouleau. Sa combustion forte et rapide est uniforme, sa flamme est longue et il dégage peu de cendres. Ce bois est le seul capable de porter le four aux températures recherchées (petit feu vers 800°C, grand feu vers 1300°C). La cuisson se fait avec des buches de 73 cm de longueur.
- Dans ce même four il peut être cuit le biscuit en 15 à 16 heures et le vernis ou glaçure en 11 à 12 heures.
Une cuisson nécessite 25 stères de bois qui seront brulées en 48 heures avec une technique précise de montée en température. Le four met ensuite entre quinze et vingt jours pour refroidir. Le mur qui obstrue la porte est démantelé pour le défournement.
Une centaine de pièces sont cuites en même temps, en fonction de leur taille et de leur encombrement.La cuisson dans ces fours donne des qualités d'émaux inégalables impossibles à obtenir avec d'autres techniques de chauffe. La très grande uniformité de la chaleur dans le four et le refroidissement extrêmement progressif explique ces qualités. Par ailleurs, ces fours sont les seuls capables de produire des pièces de taille exceptionnelle, dont Sèvres s'est fait une spécialité.
La dernière grande cuisson au bois a eu lieu en octobre 2006. Près de 180 pièces ont été mises à l'Epreuve du Feu, nom de l'exposition qui a ensuite présenté ces pièces, dans la Galerie Parisienne de la manufacture, avant d'être dispersées. Près d'un an de travail de l'ensemble des ateliers a été nécessaire pour fabriquer et décorer les pièces. L'ouverture du four, comme sa mise a feu ont été retransmises en direct à la télévision. La prochaine cuisson au bois sera indiquée sur le site officiel de la manufacture.
La manufacture aujourd'hui
La Manufacture nationale de Sèvres est aujourd'hui un service à compétence nationale du ministère français de la culture et de la communication dont la mission, identique depuis ses origines en 1740, est de produire des objets de céramique d’art selon des techniques artisanales, que ce soit des rééditions de modèles anciens ou bien des créations contemporaines.
Elle assure la diffusion de sa production à la fois destinée aux besoins de l’État et à la vente commerciale et se charge de promouvoir la recherche technologique et artistique dans le domaine de la céramique.
Les artistes
En raison de sa réputation d'excellence et de son prestige, la manufacture a toujours su attirer les meilleurs artistes de son temps. Parmi les plus connus, on peut noter :
- François Boucher
- Giovanni Claudio Ciambellano dit Duplessis père,
- Étienne Maurice Falconet
- Louis Boizot
- Marcel Derny
- Jean-Charles Develly
- Charles Percier
- Alexandre-Évariste Fragonard, fils du peintre célèbre.
- Espérance Langlois
- Polyclès Langlois
- Auguste Rodin
- Alexandre Sandier
- Clément Massier
- Félix Optat Milet
- Ernest Chaplet
- Hector Guimard
- Jacques-Émile Ruhlmann
- Henri Rapin
- Émile Decoeur
- Jean Mayodon
- Jean Arp
- Étienne Hajdu
- Pierre Alechinsky
- Alexander Calder
- Serge Poliakoff
- François-Xavier Lalanne
- Louttre
- Arthur-Luis Piza
- Pierre Buraglio
- Erik Dietman
- Adrian Saxe
- Betty Woodman
- Roberto Matta
- Richard Peduzzi
- Ettore Sottsass
- Arman
- Yayoi Kusama
- Louise Bourgeois
- Philippe Xhrouet ou "Xhrowet, Secroix" et Marie-Claude-Sophie Xhrouet
- Théodore Deck, devenu directeur de la Manufacture nationale de Sèvres en 1887
Notes et références
- ↑ Bleu de Sèvres (1759-1769), Jean-Paul Desprat, ed. du Seuil, Paris, juin 2006
- ↑ D'Albis A, La verseuse du Déjeuner égyptien de la duchesse de Montebello, étapes d'une fabrication, L'objet d'art, mars 2008 n°36, p 29-9
- ↑ Page 469 Tome second - deuxième édition -Traité des arts céramiques, ou des poteries, considérées dans leur histoire - par Alexandre Brongniart, Louis-Alphonse Savétat - Chez Béchet jeune, libraire éditeur 22 Rue Monsieur-le -prince à Paris - janvier 184 - Archive de Ashmolean museum library -numérisé par Google Books
Articles connexes
Liens externes
- Site Internet de la Manufacture nationale de Sèvres
- Manufacture de Sèvres
- Liste des artistes de la Manufacture de Sèvres
- Portail de la céramique
- Portail du XVIIIe siècle
- Portail des Hauts-de-Seine
Catégories : Entreprise française | Porcelaine | Entreprise fondée en 1740 | Sèvres
Wikimedia Foundation. 2010.