- Légende du coup de poignard dans le dos
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Dolchstoßlegende
Pour les articles homonymes, voir Coup de poignard dans le dos.La Dolchstoßlegende (en français « légende du coup de poignard dans le dos ») est une idée répandue en Allemagne dès novembre 1918 et entretenue pendant toute la république de Weimar selon laquelle l'armée allemande n'avait pas été vaincue sur le champ de bataille, mais qu'elle avait été trahie par les milieux de gauche, abattue par un « coup de poignard dans le dos » asséné par la révolution de novembre 1918.
Cette explication de la défaite au terme de la Première Guerre mondiale a été largement propagée par les milieux d'extrême-droite (par ex. Casques d'acier), surtout par le parti nazi, qui en fit un axe de sa propagande. Les révolutionnaires, qui par leur trahison auraient ainsi empêché la victoire, seront systématiquement taxés de « criminels de novembre ». Sont désignés ainsi tous les hommes politiques du SPD et des autres partis démocratiques, qui auraient provoqué la révolution de novembre. Même des hommes politiques comme Friedrich Ebert qui avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour freiner la révolution tentèrent de se défendre contre les accusations de trahison.
Sommaire
Origine
Le terme Dolchstoß est utilisé pour la première fois le 17 décembre 1918 par le quotidien suisse alémanique Neue Zürcher Zeitung[1], qui attribue cette citation au général britannique Frederick Barton Maurice[réf. nécessaire] : « En ce qui concerne l'armée allemande, pour exprimer un point de vue commun, elle a été poignardée dans le dos par la population civile. »
Le général Maurice contestera la paternité de cette citation.
Reprise par le Commandement suprême de l'armée
Le mythe du coup de poignard dans le dos est repris par les hauts dignitaires militaires du Reich comme Erich Ludendorff et Paul von Hindenburg devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale du Reich. Hindenburg déclare ainsi devant le comité le 18 novembre 1919 : « Un général britannique me disait avec raison : l'armée allemande a reçu un coup de poignard dans le dos. Il est clair de qui a la charge de la faute. » Aucun des deux hommes n'évoquera qu'eux-mêmes avaient en catastrophe demandé le cessez-le-feu, le 19 septembre 1918 après l'échec de l'offensive d'été.
C'est même à la suite d'une véritable crise de nerfs au vu de la désolation et du désespoir sur le front ouest, que Ludendorff avait dès ce soir-là (soit cinq semaines avant que n'éclate la révolution) déclaré : « J'ai demandé à l'Empereur de m'amener ces cercles du gouvernement à qui l'on doit en grande partie d'être dans la situation dans laquelle nous sommes. Ils doivent désormais signer la paix, qui doit maintenant être signée ».[réf. nécessaire]
Selon l'historien allemand Horst Möller, « Hindenburg n'a nullement succombé à une iillusion dont il aurait été lui-même la victime. Dans une conversation du 28 septembre 1918 entre Hindenburg et Ludendorff, tous deux étaient tombés d'accord pour penser que la situation ne pouvait plus que se détériorer, « même si nous nous maintenions sur le front de l'Ouest »[2]. »
Arguments en faveur de la thèse
Cette idée a été attisée par le fait que les troupes allemandes se sont retirées de façon volontaire et ordonnée. Cela donna l'impression que les soldats rentraient à la maison non pas sous la contrainte, mais à la suite d'une décision politique. Il n'apparaissait donc pas que cette décision de retrait ne faisait que tirer la leçon d'une situation militaire désespérée et sans aucune perspective. En effet la situation interne de l'Allemagne n'était plus tenable : le pays, encerclé ne pouvait plus compter sur les importations de denrées et matières premières par voie maritime.
La population eut donc l'impression que la situation militaire n'était pas si mauvaise, et ne comprit pas pourquoi les soldats rentraient. De plus, le gouvernement allemand lui-même a présenté cette reddition comme une décision politique, car accabler les généraux et clamer la réalité de la défaite aurait fait basculer le rapport de forces encore plus en sa défaveur lors des négociations.
Exploitation contre la république de Weimar
Les nationalistes allemands et notamment le NSDAP, s'emparent de la légende à des fins de propagande, qui sera systématiquement utilisée, conjointement avec la rhétorique des « criminels de novembre » contre la jeune république de Weimar.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Kevin Baker, « Stabbed in the Back! The past and future of a right-wing myth » sur Harper's Magazine, juin 2006, Harper's Magazine. Consulté le 24 nov 2007
- (de) Rainer Sammet, Dolchstoß : Deutschland und die Auseinandersetzung mit der Niederlage im Ersten Weltkrieg (1918–1933), Trafo Verlag, Berlin, 2003
- (de) Volker Ullrich, Die nervöse Großmacht : Aufstieg und Untergang des deutschen Kaiserreichs 1871–1918, S. Fischer, Frankfurt am Main, 1997 (ISBN 3-10-086001-2) - Schilderung der Vorgänge am Kriegsende (vgl. S. 559f., Zitat S. 559)
- (de) Joachim Petzold, Die Dolchstoßlegende 2. Auflage, Berlin, 1963
- (de) Boris Barth, Dolchstoßlegenden und politische Desintegration : Das Trauma der deutschen Niederlage im Ersten Weltkrieg 1914 - 1933, Droste Verlag, Düsseldorf, 2003 (ISBN 3-7700-1615-7)
- (de) Klaus Theweleit, Männerphantasien 2 volumes (ISBN 3-492-23041-5).
Articles connexes
Liens externes
- (de) Dolchstoßlegende dans le musée virtuel LeMO du Musée historique allemand (DHM)
- http://www.bpb.de/publikationen/V7QVTG,0,0,Dolchsto%DFlegende.html
- http://www.preussen-chronik.de/_/begriff_jsp/key=begriff_dolchsto%25dflegende.html
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