- Lycée Gambetta de Tourcoing
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Le lycée d’État de Tourcoing, connu sous le nom de lycée Gambetta, est le plus important établissement public d'enseignement secondaire de Tourcoing. Connu pour ses classes préparatoires et ses classes européennes, le lycée Gambetta a vu sa première pierre posée par le ministre Waldeck-Rousseau en 1883. La première rentrée scolaire a eu lieu en 1885.
Histoire
La fondation du lycée d’État de Tourcoing s'inscrit dans le contexte de la laïcisation de l'enseignement. En effet, Tourcoing connait alors une situation particulière : l'enseignement religieux, qui prévaut alors au sein de l'établissement communal, y jouit d'un grand prestige, du fait de son ancienneté et de son efficacité.
Le collège de Tourcoing, fondé par les pères Récollets en 1666, était depuis toujours tenu par des religieux, et les quelque sept années (1831-1838) pendant lesquelles l'établissement avait été dirigé par des laïcs avaient manqué de peu voir la fermeture de l'unique école secondaire de la ville. Aussi, suite au relèvement effectué par les directeurs-prêtres [1], les Tourquennois en étaient venus à la conclusion que seul un ecclésiastique pouvait faire prospérer le collège communal.
Cependant, suite à la laïcisation croissante de cette fin de XIXe siècle, de nombreuses querelles apparaissaient entre le directeur du collège, l'abbé Leblanc, et l'administration académique, notamment sur la nomination des professeurs. La dispute vient du fait que, après le départ à la retraite de certains professeurs laïcs, le directeur du collège les avait momentanément remplacé par des professeurs-prêtres, possédant les mêmes diplômes et surtout acceptant un salaire moins élevé[2]. Ce fut là toute l'origine de la brouille entre le collège et l'Université, d'autant plus que les directives nationales étaient alors de remplacer progressivement l'élément ecclésiastique par l'élément laïc dans le corps enseignant. On ne voulait plus d'enseignement confessionnel.
Le collège n'était plus soutenu que par la municipalité conservatrice. Lorsque la ville passa à la majorité radicale en 1881, la décision du conseil municipal fut sans appel : le contrat entre le collège et la ville fut rompu en juillet de la même année. Le recteur avait déclaré : « Le collège ecclésiastique de Tourcoing doit cesser d'exister. »[3] Henri Leblanc réplique en changeant le statut du collège, qui devient l'institution libre du Sacré-Cœur.
La ville de Tourcoing accepte de se séparer de son vieux collège uniquement parce que l'Université lui a promis, afin de réparer le préjudice subi, de créer un lycée financé par l'État, et non plus par la ville comme c'était le cas pour le collège. Il était également prévu que ce lycée serait ouvert aux enfants de Roubaix, la ville voisine. Son enseignement est basé sur l'enseignement moderne, contrairement au collège qui enseigne principalement les humanités, ou enseignement classique.
Le lycée d'État est établi dans le Sud de la ville, le long du rectiligne boulevard Gambetta qui mène à Roubaix. Le projet architectural, dessiné par le lillois Carlos Batteur, se veut monumental : une longue façade sur rue de 140 mètres de long, de tradition locale avec alternance de pierres et de briques vernissées (ou non). Le tout est agrémenté de sculptures diverses réalisées par le sculpteur roubaisien Laoust.
Les débuts du lycée d'État de Tourcoing sont difficiles : il souffre de l'immense prestige du collège de Tourcoing et de son directeur, Henri Leblanc, qui devient même évêque à titre honorifique en 1901. On reproche au lycée de ne préparer que le « baccalauréat ès manufacture » (enseignement moderne), tandis que le collège prépare au baccalauréat ès lettres et au baccalauréat ès sciences, considérés comme plus nobles.
Enfin, dans une région industrialisée mais qui garde cependant une foi chrétienne très vivace, le collège ecclésiastique, malgré son important coût de scolarisation du fait de son statut d'institution libre, conserve une certaine aura que ne peut encore revendiquer le lycée laïc. Ces questions, qui paraissent secondaires aujourd'hui, agitent les esprits à l'époque où le débat sur la laïcisation va arriver à son terme avec la loi de séparation de l'Église et de l'État.
À la première rentrée scolaire, on compte 107 élèves.
Au fur et à mesure des années, l'établissement gagne la confiance des Tourquennois.
Notes et références
- Henri Leblanc Albert Lecomte, Augustin Lescouf et
- L'abbé Leblanc devait alors faire face à d'importants investissements suite à la croissance continue du nombre d'élèves : sous sa direction, le collège de Tourcoing était devenu le plus important établissement d'enseignement du département, avec près de cinq cents élèves.
- Mgr Henri Leblanc. Voir l'article consacré à
Liens externes
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