- Loutre d'Europe
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Loutre d'Europe Lutra lutra Classification Règne Animalia Embranchement Chordata Sous-embr. Vertebrata Classe Mammalia Sous-classe Theria Super-ordre Eutheria Ordre Carnivora Sous-ordre Caniformia Famille Mustelidae Sous-famille Lutrinae Genre Lutra Nom binominal Lutra lutra
Linnaeus, 1758Statut de conservation UICN :
Statut CITES : Annexe III ,
Révision du 22/04/1976Répartition géographique D'autres documents multimédia
sont disponibles sur CommonsLa Loutre d'Europe[1] ou Loutre européenne (Lutra lutra), souvent qualifiée de loutre commune dans les pays d'Europe où elle est présente, est un mammifère carnivore semi-aquatique et principalement nocturne, de la famille des Mustélidés (sous-famille Lutrinés). Elle est l'une des trois espèces de loutres se rattachant au genre Lutra. En France, on ne trouve que cette seule espèce de loutre.
Sommaire
Description
Sa hauteur est d'environ 30 cm au garrot. Son pelage, brun foncé, est composé de deux couches : le poil de bourre, court, très fin, dense et laineux ; et le poil de jarre, long, lisse, brillant et imperméable.
Excellente nageuse, elle dispose de pattes palmées, d'un corps allongé (60 à 80 cm en moyenne, auquel il faut ajouter une queue épaisse à la base et s'effilant vers l'extrémité de 30 à 40 cm de longueur), pour un poids pouvant aller de 5 à 15 kg.Habitat
Elle vit au bord des cours d'eau (ruisseaux, rivières et même fleuves), jusqu'à une altitude de 1 300 m, dans les marais et parfois sur les côtes marines. Elle est habituellement solitaire, occupant un territoire de 5 à 15 km de rives le long d'un cours d'eau (parfois davantage) ou de 20 à 30 km² en zone de marais. Elle emprunte régulièrement les mêmes passages sur la berge pour se mettre à l'eau : les « coulées ». Lorsqu’elle sort de l’eau, elle se roule dans l’herbe pour essuyer sa fourrure, sur des zones reconnaissables à l’herbe couchée et appelées « places de ressui ».
Elle fait sa tanière (qu’on appelle une « catiche », de l'ancien français "se catir" = se blottir, se cacher) entre les racines des arbres des berges des cours d'eau ou dans d'autres cavités (cavité rocheuse, tronc creux, terrier d'une autre espèce). La catiche contient souvent une entrée plus ou moins dissimulée au-dessous du niveau d'eau et un conduit d'aération.
Reproduction
La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 3 ans. Le cycle oestral est du type polyoestrus non saisonnier. Des incertitudes persistent en ce qui concerne la durée du cycle. Celle-ci est estimée dans une fourchette de 30 à 45 jours, mais pourrait être inférieure à deux semaines. L’accouplement a lieu principalement dans l’eau et dure de 10 à 50 minutes. La durée de la gestation est de 58 à 60 jours. La taille des portées varie entre 1,5 et 2,8 loutrons, le ratio sexuel étant de 0,5. La parturition dure 2 à 3 heures, l’expulsion des jeunes peut prendre quelques secondes à 5 minutes, et ce toutes les 20 minutes en moyenne. L’émancipation des jeunes a lieu entre 6 et 18 mois[2].
Alimentation
La Loutre est essentiellement piscivore. Elle se nourrit d'espèces de poissons différentes (anguilles, truites, épinochettes et épinoches) en fonction du milieu et de la saison. Par ailleurs, elles consomme assez fréquemment des batraciens et des écrevisses. Plus exceptionnellement, des oiseaux, des rongeurs (dont jeunes rats musqués), des insectes, voire des baies comme les myrtilles ne sont pas dédaignées.
Comportement territorial
La loutre d'Europe a développé un comportement de marquage poussé à l'aide de son urine ou de ses crottes, nommées épreintes (du vieux français "épreindre" signifiant déféquer par petits tas). Ces dernières, contenant les restes non digérés de ses proies (fréquemment écailles et arêtes de poissons), sont déposées en général sur des endroits précis comme un caillou ou une souche. Ce marquage joue un rôle important dans la communication entre individus. Ces épreintes permettent notamment d'étudier le régime alimentaire des loutres dans la nature et d'étudier sa répartition.
Répartition
La loutre d'Europe se rencontre en Europe occidentale, en Afrique du Nord, et dans une grande partie de l'Asie, de l'Arménie jusqu'au Japon. En Europe, elle est encore abondante au Portugal, en Albanie, en Irlande et en Écosse, ailleurs elle a considérablement régressé.
En outre, espèce jadis indicatrice de la pureté de l'eau, elle recolonise actuellement des milieux relativement pollués : décharges en Grèce, ports en Ecosse et en Scandinavie[3].
Statut de protection
- Espèce protégée par l'Arrêté Ministériel du 17 avril 1981 fixant la liste des mammifères protégés sur l'ensemble du territoire national : sont interdits la destruction, l'altération ou la dégradation de leur milieu particulier et la destruction, la mutilation, la capture[4] ou l'enlèvement, la perturbation intentionnelle, la naturalisation d'individus ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur mise en vente, leur vente ou leur achat.
- Convention de Berne du 19 septembre 1979 :
- Annexe 2 : Sont notamment interdits : a) toute forme de capture intentionnelle, de détention et de mise à mort intentionnelle; b) la détérioration ou la destruction intentionnelles des sites de reproduction ou des aires de repos; c) la perturbation intentionnelle de la faune sauvage, notamment durant la période de reproduction, de dépendance et d'hibernation, pour autant que la perturbation ait un effet significatif eu égard aux objectifs de la présente Convention; d) la destruction ou le ramassage intentionnels des œufs dans la nature ou leur détention, même vides; e) la détention et le commerce interne de ces animaux, vivants ou morts, y compris des animaux naturalisés, et de toute partie ou de tout produit, facilement identifiable, obtenu à partir de l'animal, lorsque cette mesure contribue à l'efficacité des dispositions de cet article.
- Directives européennes du 21 mai 1992 et du 27 octobre 1997 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages :
- CE/92/43 - Annexe 2 : Directive Faune-Flore-Habitat, annexe 2 : espèces animales et végétales d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation modifiée par la Directive 97/62/CE (espèce dont l'habitat doit être protégé).
- CE/92/43 - Annexe 4 : Directive Faune-Flore-Habitat, annexe 4 : espèce strictement protégée, la capture et la mise à mort intentionnelle est interdite tout comme la perturbation des phases critiques du cycle vital et la destruction de leurs aires de repos et de leurs sites de reproduction.
- Convention de Bonn :
- Aucune réglementation
Sauvegarde en France
Encore présente dans la majeure partie de la France au début du XXe siècle (ses effectifs étaient estimés à 50 000[3]), les effectifs de la loutre d'Europe ont régressé, particulièrement après les années 1930. A la fin du XXe siècle, il restait moins de 1000 animaux sur le territoire français. Ses causes de disparition sont nombreuses et c'est souvent une corrélation de plusieurs d'entre elles qui engendre sa perte.
En France, la loutre n’a qu’un seul ennemi : l’homme ! Jadis, on les chassait pour leur fourrure et parce qu’elles concurrençaient les pêcheurs. Espèce jugée nuisible, on piégeait 4 000 loutres par an entre 1890 et 1930. La chasse est aujourd’hui interdite (depuis 1972) mais la loutre reste, malgré cela, toujours menacée. Parce que la plupart des cours d’eau sont pollués, la loutre ne trouve plus suffisamment de poissons pour s’installer le long des berges et se nourrir. En plus, les berges de nombreux cours d’eau ont été bétonnées ou rectifiées, les arbres n’y poussent plus et les loutres ne peuvent donc plus y installer leur catiche. La loutre d'Europe souffre de l'assèchement des zones humides, de la construction des barrages et de l'emploi intensif des pesticides. Enfin, les collisions routières tuent de nombreuses loutres chaque année, d'où l'aménagement actuel de loutroducs (dérivations de buses le plus souvent).
En 1991 a été ouvert le 1er Centre de Reproduction et de Réintroduction des Loutres à Hunawihr (68-France). Dans un premier temps les buts recherchés ont été la reproduction et la création d'une souche de reproducteurs. Par la suite, les efforts ont été tournés vers la réintroduction à partir des animaux issus du centre et la sensibilisation du public. Suite à l'aval du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, une expérience de réintroduction de la loutre européenne en Alsace a vu le jour en 1998. Six loutres ont été relâchées au cours de ce programme dans le Ried Centre Alsace. Elles ont été régulièrement suivies par télémétrie ou par la recherche de leur indice de présence[5]. Si l’essai de réintroduction du Centre de Hunawihr a permis à une petite population de loutres de repeupler une partie des rivières du Centre Alsace, les opérations de réintroduction ne sont pas encouragées actuellement en France. Les mouvements de recolonisation naturelle observés ces dernières années permettent de rester raisonnablement optimistes quant à l’avenir de la loutre à l’échelle nationale[6].
En effet, grâce à la protection juridique de l'espèce mais aussi à l'action d'associations de protection de la nature, la Loutre a commencé à reconstituer sa population (repeuplement naturel) : ses effectifs sont estimés entre 2 000 et 3 000[3] ; en Bretagne, sur la façade atlantique et dans le Massif central, principales régions où des populations avaient subsisté, on observe depuis quelques années un début de recolonisation des cours d'eau où elle avait été exterminée[7].
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Référence Mammal Species of the World : Lutra lutra (en)
- Référence Fauna Europaea : Lutra lutra (en)
- Référence ITIS : Lutra lutra (Linnaeus, 1758) (fr) ( (en))
- Référence Animal Diversity Web : Lutra lutra (en)
- Référence NCBI : Lutra lutra (en)
- Référence UICN : espèce Lutra lutra (Linnaeus, 1758) (en)
- Référence CITES : espèce Lutra lutra (Linnaeus, 1758) (+ répartition) (sur le site de l’UNEP-WCMC) (fr+en)
- Référence Fonds documentaire ARKive : Lutra lutra (en)
- La Loutre d'Europe
Notes et références
- Lire en ligne. Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000.
- Capber, F. 2006. Reproduction de la Loutre européenne Lutra lutra. Bull. Soc. Hist. Nat. Ethn. Colmar, Vol 67 : 35-76.
- Naguère menacée de disparition, la loutre repeuple les rivières », Le Monde, 21 août 2008. Consulté le 22 août 2010 Catherine Vincent, «
- De plus, l'usage des pièges à mâchoires est interdit depuis 1984.
- Mercier L., 2004. Bilan de la réintroduction de la Loutre Lutra lutra (Linné, 1758) en Alsace, France. Bull. Soc. Hist. Nat. Ethn. Colmar, 65: 117-134.
- Capber, F. & A. Lehmann. 2009. Une Loutre d'Europe Lutra lutra découverte en Alsace (France). Arvicola, tome XIX, 1 : 8-11.
- Eau et Rivières de Bretagne n°137, automne 2006 - supplément spécial
Sources
- Marc Duquet, Hervé Maurin, Patrick Haffner: Inventaire de la faune de France Nathan, 2005, (ISBN 2092780468)
- Christian Bouchardy: La loutre d’Europe, Histoire d’une sauvegarde. Catiche Productions - Libris, Clermont-Ferrand. 2001.
Bibliographie
- (fr) Rémy, E, 2006, Méthode indiciaire et prises photographiques. Le cas du suivi de la loutre, Natures-Sciences-Sociétés, 14, 144-153( périodique à comité de lecture)
- (fr) Rémy E., Pellegrini P, 2005, Changer nos habitudes de prédation : l’exemple de la loutre et du pisciculteur, Ere, vol. 5, cultures et territoires, 51-64. (périodique à comité de lecture)
- (fr) Rémy, E., 2005, La loutre ex situ, Espaces et Sociétés, n°123, n°4, 151-166. (périodique à comité de lecture)
- (fr) Rémy E, 2005, Sur les traces de la Loutre d’Europe, XXVIIème Colloque Francophone de mammalogie de la SFEPM, “ La conservation de la Loutre ”, 8-10 octobre 2004, Limoges, Eds H.Jacques, F.Leblanc, F.Moutou, 191-198.
- (fr) Rémy E, 2006, Des réseaux et des loutres, Biodiversité, séminaire de l’IFB, Fréjus, Dynamique de la biodiversité et modalités d’accès aux milieux et aux ressources, IFB, 63-67.
- (fr) Rémy E, colloque sciences naturalistes, 14-15 janvier 2005, « comment rendre visible l'invisible, deux façons de tracer la présence de la loutre », communication au colloque, Citizen Sciences Collective vigilance and relations between laymen and scientists in natural history, Saint-Étienne.
- (fr) Defontaines P., 1999. Répartition de la Loutre Lutra lutra dans le sud-est du Massif Central. Bièvre, 16 : 13-26.
- (fr) Dohogne R. & Leblanc F., 2005. Actualisation de la répartition de la Loutre d’Europe (Lutra lutra) en Limousin. GMHL, 80p.
- (fr) Lemarchand C., Amblard C., Souchon Y. & Berny P., 2007. Organochlorine compounds (pesticides and PCBs) in Scats of the European Otter (Lutra lutra) from an actual expanding population in central France. Water, Air & Soil pollution, 186 (1-4) : 55-62
- (fr) Loy A., Carranza M.L., Cianfrani C., d’Alessandro E., Bonesi L., Di Marzio P., Minotti M. & Reggiani G., 2009. Otter Lutra lutra population expansion : assessing habitat suitability and connectivity in southern Italy. Folia Zoologica, 58(3) : 309-326.
Catégories :- Statut UICN Quasi menacé
- CITES annexe III
- Mammifère (nom vernaculaire)
- Mustelidae
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