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Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel
Louise-Élisabeth-Félicité-Françoise-Armande-Anne-Marie-Jeanne-Joséphine de Croÿ d'Havré, duchesse de Tourzel est née le 11 juin 1749 à Paris. Elle est décédée le 15 mai 1832, à Paris[1]. Son corps est inhumé dans l'église d'Abondant.
- Gouvernante des enfants royaux, créée duchesse héréditaire de Tourzel en 1816.
Sommaire
Biographie
Sa famille
Elle est l'un des membres de la famille de Croÿ. Son père, Louis Ferdinand Joseph de Croy d'Havré (1713 -1761) est prince et maréchal héréditaire du Saint-Empire, Grand d'Espagne, marquis de Vailly, comte de Fontenoy, châtelain héréditaire de Mons. Il meurt à la bataille de Willingshausen, le 16 juillet 1761, côte-à-côte avec Pierre François de Rougé, marquis de Rougé, lieutenant-général, tué par le même boulet. Sa mère se nomme Marie-Louise Cunégonde de Montmorency-Luxembourg[2]
Sœur de Joseph de Croÿ, Chevalier de la Toison d’Or, colonel du régiment d'infanterie de Flandre française, maréchal de camp, duc d'Havré et seigneur de Tourcoing de 1761 à 1789.
Le 8 avril 1764, elle se marie avec Louis François du Bouchet (1744-1786), marquis de Sourches (5e, 1778), marquis de Tourzel, qui remplit les fonctions héréditaires de grand prévôt de France. Ils ont cinq enfants, dont Pauline de Tourzel.
Gouvernante des Enfants de France
Elle vit avant la Révolution française à Paris et au château d'Abondant[3]. En 1786, son mari est emporté par son cheval, pendant une chasse à Fontainebleau, et se brise la tête, sous les yeux du roi Louis XVI. Il meurt après avoir souffert 8 jours. Louise-Élisabeth de Croÿ de Tourzel ne se remarie pas et se consacre désormais à l'éducation des enfants, d'abord les siens, puis ceux du roi.
En effet, la comtesse de Polignac, 1re Gouvernante des Enfants de France ayant émigré, Marie-Antoinette rédige, en août 1789, en guise d'instructions pour la marquise de Tourzel, la nouvelle gouvernante, un portrait de Louis-Charles [4], plus conforme à la vérité que ceux des flatteurs qui le côtoient finalement rarement.
En l'accueillant, la reine lui dit Madame, j'avais confié mes enfants à l'amitié, je les confie maintenant à la vertu. Elle lui fait un portrait très réaliste là-encore des autres dames de la Maison des Enfants du Roi[5].
Lors des journées d'octobre 1789, Mesdames de Tourzel, de Rambaud, les autres dames et des serviteurs emmènent les enfants chez le Roi, le seul appartement qui ne soit pas encore forcé. Le Roi qui venait d’être allé chercher la Reine et l’avait sauvée « à moitié nue » est désormais rassuré[6].
Elle suit la famille royale au Palais des Tuileries. En arrivant au château Madame de Tourzel pleure. Le roi ne prend aucune mesure défensive, alors que, d’après Madame de Tourzel, les fidèles serviteurs du Roi ne cessaient d’être en butte aux persécutions des malveillants qui étaient surs de trouver une indulgence paternelle auprès des autorités en place.
La fuite à Varennes
Madame de Tourzel d'octobre 1789 au 10 août 1792, fait preuve d'un grand courage au service de la famille royale, mais son insistance de pour tenir sa place auprès de la famille royale empêche un officier d'accompagner le roi. Elle accompagne la famille royale dans sa fuite à Varennes avec un passeport, où elle joue le rôle de la baronne de Korff.
A leur retour, Madame de Tourzel et d’autres personnes liées à l’affaire de la fuite à Varennes sont gardées prisonniers et interrogées. La gouvernante n’est pas à la prison de l'Abbaye, mais gardée dans les appartements du Dauphin.
Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel essaie toutefois d'apprendre au Dauphin à être un roi, malgré les temps difficiles elle lui demande de savoir pardonner même à un vieux serviteur qui donne l'argent du roi à ses pires ennemis :
- Vous êtes, lui dis-je, bien sévère pour un vieux serviteur du Roi, et qui lui est profondément attaché. Il a fait une grande faute, j'en conviens, mais par un bon motif et sans avoir réfléchi sur l'inconvenance de sa démarche.
- Vous avez raison, me répondit-il avec vivacité, mais je lui aurais dit : Vous avez fait une grande faute; je vous la pardonne pour cette fois, parce que vous m’êtes bien attaché, mis n'en faites plus de semblable, car vous passeriez la porte[7]
La prison de la Tour du Temple
Le 10 août 1792, le Roi gagne l’Assemblée nationale. Charles embrasse Agathe de Rambaud les yeux pleins de larmes. À côté de lui, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel et le roi, accompagné des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles et parmi eux Philippe Louis Marc Antoine de Noailles, marchent escortés par un détachement de la Garde nationale (1789). Agathe de Rambaud s’occupe de la petite Pauline de Tourzel, la fille de la Gouvernante, avec la princesse de Tarente.
Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel est emprisonnée à la prison de la Tour du Temple en 1792. Le second étage est attribué à la reine et sa fille Marie-Thérèse-Charlotte. Elles couchent dans l'ancienne chambre de Barthélémy (archiviste de l'ordre de Malte) qui avait été expulsé de son domicile par les agents de la Commune. Au même étage la princesse de Lamballe dort dans l'antichambre, Louise-Élisabeth de Croÿ de Tourzel et le dauphin partagent la même chambre.
Dans la nuit du 19 au 20 août 1792, la princesse de Lamballe et Louise-Élisabeth de Croÿ de Tourzel sont arrachées des bras de la reine de ses enfants et se retrouvent à la prison de la Force, l’une des plus terribles prisons des révolutionnaires parisiens. La Commune de Paris (1792) affirme ainsi sa volonté de choisir d’autres individus dont le civisme ne fut pas suspect[8]. Leur incarcération la prison de la Force correspond à la période des massacres de septembre. Leur amie, la princesse de Lamballe, est massacrée.
Enfin libres ?
Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel est enfermée 4 mois dans la maison de santé du citoyen Montprin et Compagnie, destinée au soulagement et à la guérison des infirmes et malades des deux sexes, établie à Paris, sous l’autorisation de l’administration de police, rue Notre Dame des Champs n°1466, section de Mucius Scaevola, Faubourg Germain. Pendant ce temps, la petite Pauline de Tourzel est recueillie par Babette, la servante autrefois chargée de vider ses pots.
Après le 9 Thermidor, Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel et sa fille ont échappé comme par miracle à l'échafaud. Mais elles sont assignées à résidence dans leur terre d'Abondant, à côté de Dreux. Elles sont encore surveillées par la police sous l'Empire.
La Restauration
Dès les premiers jours de la Restauration française, le roi Louis XVIII avait attaché à la personne de la dauphine, Pauline de Tourzel, devenue la duchesse de Béarn. Sa mère est faite duchesse par Louis XVIII en 1816.
Pauline de Tourzel, l’amie d’enfance du Dauphin, passe sous silence, dans ses mémoires[9], le nom du Dauphin dans l’énumération des deuils qui ont frappé la duchesse d'Angoulême, sa sœur : Madame était seule; le Roi, la Reine, Madame Élisabeth, tout avait disparu…
Sa mère a été choquée par la mort de plusieurs membres de la famille et la disparition de Louis XVII. Elle vit à Abondant, entourée de petits-enfants et de souvenirs. Elle voit assez souvent plusieurs membres de la famille royale dans des fêtes chez des parents de Madame Agathe de Rambaud, dont le général-comte des Rivières ou les Le Pippre à Montfort-l'Amaury. Sont présentes la duchesse d'Angoulême, la duchesse de Berry qui retrouvent un peu à Montfort-l'Amaury l'esprit et la gaieté d'avant la Révolution française[10]
Louise-Élisabeth de Croÿ de Tourzel meurt à 82 ans, après avoir publié ses mémoires, le quinze mai 1832.
Notes de l'article
- ↑ Souvenirs de la marquise de Créquy, 1710 à 1802 Par comte de Courchamps, Maurice Cousin, p. 115
- ↑ Vte A. Révérend Titres, anoblissements et pairies de la Restauration
- ↑ Château du XVIIe siècle, réaménagé en maison de retraite et résidence hôtelière (inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques). Le grand salon (XVIIIe siècle) de ce château, composé de boiseries peintes, consoles, sièges, lustre et cheminée, se trouve au Musée du Louvre à Paris.
- ↑ Le futur Louis XVII, que tous ses proches appelle en réalité Charles
- ↑ Louis XVI ne compose pas de Maison pour son fils cadet, pour que son fils reste quelqu’un de simple, selon Agathe de Rambaud
- ↑ Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, p. 61
- ↑ Mémoires de la duchesse de Tourzel, gouvernante de...
- ↑ Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, p. 122
- ↑ Comtesse de Béarn, Souvenirs de quarante ans, Paris 1868
- ↑ Montfort l'Amaury, de l'an mil à nos jours, Marie Huguette Hadrot, Somogy, éditions d'art, Paris, 2002, ISBN 2-85056-563-6
Bibliographie
- Tourzel, Louise Elisabeth de Croy d'Havré, duchesse de, Mémoires de la duchesse de Tourzel, gouvernante des enfants de France de 1789 à 1795, Mercure de France, Paris, 2005
Articles connexes
Liens et documents externes
- Site sur le château d'Abondant, le château des Tourzel
- Mémoires de madame la duchesse de Tourzel
- Louise-Elisabeth de Croÿ (1749-1832)
- Son portrait avec le futur Louis XVII
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