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Louis II de Bourbon
Pour les articles homonymes, voir Louis II.Louis II de Bourbon, né en 1337, mort à Montluçon le 19 août 1410, fut duc de Bourbon de 1356 à 1410, baron de Combrailles en 1400 et comte de Forez par mariage. Grand capitaine de son temps, ce prince sage servit avec fidélité la monarchie française pendant plus d'un demi-siècle.
Sommaire
Biographie
Premières armes
Il était fils de Pierre Ier (1311-1356), duc de Bourbon, et d'Isabelle de Valois, fille de Charles de Valois.
En 1356, le roi Jean II le Bon l'envoie seconder son fils Jean nommé lieutenant du roi en Languedoc, Auvergne, Périgord et Poitou.
A la mort de son père à la bataille de Poitiers, il reçoit la charge de Grand chambrier de France.
Louis commence ses faits d'armes en secourant Reims assiégé par Édouard III d'Angleterre en 1359. Peu après, il est négociateur du traité de Brétigny puis devient l'un des otages livrés à la Cour d'Angleterre en échange de la libération de Jean II le Bon, qui a été fait prisonnier à Poitiers. Pendant sa captivité, le duché de Bourbon est dirigé par sa mère Isabelle de Valois.
La captivité et l'anarchie en Bourbonnais
Pendant l'absence du duc, le duché de Bourbon sombre dans la chaos. Les compagnies s'y installent et répandent la terreur, tandis que les seigneurs, loin de les combattre, les laissent faire ou même même participent à leurs brigandages.
La justice est impuissante face à ces bandes, et le "grand procureur de Bourbon", un dénommé Huguenin Chauveau, ne peut que consigner les méfaits opérés par les vassaux du duc dans un ouvrage qu'il appelle le Livre Peloux.
Création de l'Ordre de l'Écu d'or (1366)
Louis II n'est libéré qu'en 1366. Lorsqu'il retrouve son duché, son autorité est, on l'a vu, gravement mise à mal par les compagnies et les barons. Plutôt que de combattre ces derniers, il choisit de se les rallier en fondant un ordre de chevalerie, l'Ordre de l'Écu d'or, pour récompenser les principaux gentilshommes de ses domaines. La devise de l'ordre est "Espérance". Le jour de l'an 1367 a lieu une fête célébrant la création de l'ordre. Selon le chroniqueur Cabaret d'Orville, apparaît ce jour-là à la cour ducale Huguenin Chauveau qui, espérant faire justice, présente au prince son Livre Peloux. Il ajoute qu'avec les amendes et autres confiscations prononcées comme châtiments, le duc pourrait renflouer ses caisses. Mais Louis préfère jeter l'ouvrage au feu et accuse à juste titre le "procureur" de vouloir compromettre la noblesse de ses états.[1] Il prononce donc de fait l'amnistie pour tous les crimes commis par ses vassaux durant son absence.
La concorde rétablie entre les seigneurs du duché, l'armée ducale peut écraser les comapgnies lors de deux campagnes en 1367 et 1368.
L'un des barons turbulents qu'il ramène alors en son giron est son ami le puissant seigneur Goussaut de Thoury, qu'il fait Maître d'Hôtel et qu'il sort d'affaires judiciaires plusieurs fois.
Campagnes de Charles V
Il seconde Charles V lors de la reconquête des territoires conquis par les Anglais. Suivant les consignes du roi et de Bertrand du Guesclin, de ne pas engager de bataille, mais de mener une guerre d'escarmouche, il réussit à prendre une trentaine de places fortes entre 1369 et 1374, dans le Limousin, en Bretagne et en Guyenne.
Une trêve signée en 1374 entre la France et l'Angleterre lui permet de vaincre des bandes de mercenaires dans son comté, puis il part en Castille combattre les Maures, mais le roi Henri II de Trastamare voulant profiter de la présence des Croisés pour attaquer le Portugal, il refuse de continuer dans l'entreprise et revient en France.
En 1378, Charles V l'envoie combattre Charles II le Mauvais en Normandie, où il prend la plupart de ses places fortes.
Sous Charles VI
L'oncle préféré du roi
Après la mort de Charles V, Bourbon fait partie du conseil de régence de Charles VI. Son prestige militaire et les liens étroits qui unissent les Bourbons aux Valois contribuent à faire de ce fidèle serviteur de la monarchie un personnage central sur la scène politique.
Son influence sur son neveu est très grande. Il le seconde brillamment pendant trente ans, que ce soit à la têtes des armées royales que sur le terrain diplomatique. Le duc de Bourbon est l'oncle pour lequel Charles VI a le plus d'affection. Le roi voit très régulièrement le "bon duc" qui l'accompagne dans beaucoup de ses déplacements. Bourbon est écouté et respecté au Conseil du roi, bien qu'il ne prenne que rarement parti pour un clan ou un autre. En cela, il suit la ligne de conduite historique de la Maison de Bourbon, celle de fidèle soutien de la monarchie. En effet, sans l'appui et les largesses royaux, les maigres revenus de leur province n'auraient pas permis aux ducs de Bourbon d'occuper une place si importante dans les hautes sphères de la royauté.
L'influence du duc se ressent dans de nombreuses décisions symboliques royales. Ainsi pour le premier anniversaire de son avènement le jeune souverain choisit pour emblème le cerf volant, devise des Bourbons. Il distribue aussi aux gens de sa cour des livrées à ses couleurs et à sa devise, tradition anglaise introduite par Louis de Bourbon. Surtout, lorsqu'en 1388 Charles VI décide de gouverner par lui-même, il est le seul de ses oncles à ne pas tomber en disgrâce. Il apparaît même aux yeux des "Marmousets" qui entourent et conseillent le roi comme le "prince idéal" (ou "modèle des princes"), serviteur de l'État, en opposition aux seigneurs ambitieux et tapageurs comme les ducs de Bourgogne et de Berry.
Campagnes militaires
Il combat encore les Anglais en Guyenne en 1385.
En 1390, il dirige, à la demande de la république de Gênes une expédition contre le royaume de Tunisie qui met le siège devant Mahdia. La campagne se termine par un demi-échec, et le duc, par son attitude hautaine auprès des chevaliers, perd de sa popularité.
Expansion du duché de Bourbon
Le petit duché de Bourbon ne permet pas, on l'a vu, à l'oncle maternel du roi de rivaliser avec les grands apanages de ses rivaux Berry et Bourgogne. Afin d'augmenter ses revenus, il espère annexer le duché d'Auvergne, ce qui le met en concurrence avec le duc de Berry.[2] En 1400, son neveu Édouard II de Beaujeu lui lègue le Beaujolais que convoite aussi Philippe de Bourgogne.
Un arbitre du duel entre Orléans et Bourgogne
En 1392, Louis de Bourbon a la garde son neveu lorsque celui-ci connaît sa première crise de folie. Il revint en France peu après, mais, malgré sa position au conseil de régence, ne put empêcher l'anarchie qui s'installe à cause de la folie de Charles VI et des luttes entre Philippe le Hardi puis Jean sans Peur et Louis d'Orléans. En 1401, lors du premier accrochage entre Philippe et Louis, il obtient avec le duc de Berry leur réconciliation. A partir de 1405, il prend parti pour son neveu Orléans car il désapprouve la volonté du duc de Bourgogne de partager le pouvoir avec les États provinciaux. Lorsqu'en 1407 le duc d'Orléans est assassiné, le vieux prince décide de se retirer dans ses terres et envisage de s'établir dans un couvent de Célestins.
En effet, l'arrivée au pouvoir de Jean sans Peur en 1409 met un terme à son influence sur le gouvernement royal. Son duché est de plus pris en tenaille d'un côté par les possessions du duc de Bourgogne (qui menace le Beaujolais), de l'autre par celles du duc de Berry.
De retour à la Cour en novembre 1408, alors que l'on craint que Jean sans Peur marche sur Paris pour s'emparer du pouvoir, Louis de Bourbon organise l'"enlèvement" du roi, le conduit hors de la capitale et le met en sécurité à Tours.
Ralliement aux Armagnacs et fin de vie
La guerre civile lui faisant horreur, le vieux duc de Bourbon refuse dans un premier temps d'adhérer à la Ligue de Gien conclue en avril 1410 et créant le parti des Armagnacs. Son fils le comte de Clermont ayant rejoint ces derniers, il le tance très sévèrement.
Au début de l'été, il se décide finalement à rejoindre les princes d'Orléans dans leur lutte contre Jean sans Peur, mais il meurt en chemin le 19 août 1410, à soixante-treize ans. Il fut considéré comme le premier fondateur de l'État Bourbonnais, celui qui a assuré sa puissance future.
Mariage et descendance
Il épousa en 1371 Anne d'Auvergne (1358 † 1417), comtesse de Forez, fille de Béraud II dauphin d'Auvergne et de Jeanne de Forez, et eut :
- Catherine (1378 † jeune)
- Jean Ier (1381 † 1434), duc de Bourbon
- Isabelle (1384 † ap.1451)
- Louis, seigneur de Beaujeu (1388 † 1404)
Il eut également plusieurs enfants illégitimes :
- Hector, seigneur de Dampierre-en-Champagne (1391 † 1414)
- Perceval (1402 † 1415)
- Pierre, chevalier
- Jacques, moine
- Jean, seigneur de Tanry
Sources
- Jean Favier, La guerre de Cent Ans, Fayard, 1980 (ISBN 2213008981)
- Françoise Autrand, Charles V, Fayard, 1994
- Françoise Autrand, Charles VI, Fayard, février 1986
Notes et références
Liens externes
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