Louis de cazenave

Louis de cazenave

Louis de Cazenave

Louis de Cazenave
Naissance 16 octobre 1897
Saint-Georges-d'Aurac France France
Décès 20 janvier 2008 110 ans)
Brioude France France
Origine France France
Grade Soldat
Service 1916 - 1918
Conflits Première Guerre mondiale
Faits d’armes Bataille du Chemin des Dames
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918
Médaille Interalliée 1914-1918

Louis de Cazenave, né le 16 octobre 1897 à Saint-Georges-d'Aurac (Haute-Loire) et mort le 20 janvier 2008 à Brioude[1],[2], était depuis le 10 novembre 2006 le plus ancien et l'un des deux derniers poilus français encore vivants.

Avec le décès d'Aimé Avignon le 25 août 2007, il devint également le doyen des hommes français. Par ailleurs, Louis de Cazenave était aussi le onzième homme le plus âgé du monde, et le quatrième en Europe. Il est également le huitième homme français à franchir le cap des 110 ans.

Sommaire

Son service durant la Première Guerre mondiale (1916-1918)

En 1916, à 19 ans, il quitte son village natal, où sa mère est receveuse des postes. « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine » fredonne Louis de Cazenave, c'est l'objectif de l'État-major français[3]. Le jeune soldat est affecté au 22e régiment d'infanterie coloniale, puis au le 5e bataillon de tirailleurs sénégalais[4], période qu'il décrit par : « Forcément on ne nous mettait pas dans les endroits les plus calmes. » Puis il est muté dans l'artillerie, « Là ce n'était pas comparable. »[3]

En avril 1917, il est envoyé au chemin des Dames. Il y participe à la terrible offensive lancée par le général Nivelle, qui remplace le maréchal Joffre à la tête de l'État-major français depuis décembre 1916. Les moyens militaires français se montrent rapidement insuffisants face à une armée allemande bien préparée et embusquée dans les côtes de la vallée de l'Aisne.

Louis de Cazenave témoigne :

« Je me rappelle du village de Jouy, on disait : Le général Mangin a joui à Jouy avant le Chemin des Dames. »[5]

« C'était un mauvais coin ça bagarrait tout le temps. J'ai vu des centaines de tués, moi je n'ai rien eu du tout. »[4]

« Il faut avoir entendu les blessés entre les lignes. Ils appelaient leur mère, suppliaient qu'on les achève. C'était une chose horrible. Les Allemands on les retrouvait quand on allait chercher de l'eau au puits. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez. »[3]

Il a le souvenir de veiller dans les tranchées nuit et jour et il n'a pas oublié la chanson de Craonne. Durant l'année 1917, il raconte :

« Nous avions fraternisé mais quand c'est arrivé aux oreilles de l'État-major, il a ordonné une attaque. »[6]

Après la guerre

À la fin de la guerre, il revient en Haute-Loire, il entre à la SNCF en 1919. Il épouse Marie en 1920, receveuse des postes, qui lui donne trois fils auxquels il ne parlera jamais de ce qu'il a vécu dans les tranchées. Pacifiste convaincu, Louis de Cazenave participe aux grèves de 1936. Il s'abonne à La Patrie humaine, un journal libertaire et s'installe à Brioude avec sa famille. Fin 1941, il est arrêté par la police de Vichy et emprisonné quelques semaines[7] . Selon son fils, « Il n'était pas d'accord avec le régime de Pétain » et fut mis en retraite d'office.

Un des derniers rescapés de la Grande Guerre

Article détaillé : Derniers poilus.

Depuis 1945, Louis de Cazenave menait une « vie calme » dans son petit village auvergnat. Il vivait avec son fils cadet et ses aides ménagères dans une petite maison construite dans les années 1920 et garnie d'un petit jardin. Il y a encore peu de temps Louis jardinait mais sa santé se fragilisant il dut y renoncer, le jardin est désormais à l'abandon. En 1973, il perdit sa femme Marie.

Depuis quelques années, le vieil homme, à moitié sourd et se déplaçant à l'aide d'un déambulateur, devait supporter la venue épuisante des journalistes, qui venaient questionner un des derniers poilus de la Grande Guerre. Son fils, Louis, âgé de 75 ans, ajoutait : « La guerre il en parle seulement depuis quelques années, depuis qu'on vient l'interviewer, à nous avant, il n'en parlait jamais. »[4] D'ailleurs depuis la mort de Maurice Floquet en novembre 2006, Louis était devenu le doyen des vétérans de la Première Guerre mondiale et le dernier survivant du Chemin des Dames. Pourtant il souhaite « rester dans l'ombre » et « être tranquille »[6].

D'ailleurs, pendant longtemps il avait refusé la Légion d'honneur qu'il devait finalement recevoir en novembre 1995, à la demande des anciens combattants. Son fils témoigne :

« Les anciens combattants l'avaient demandée pour lui, il ne la voulait absolument pas, il m'a dit : « Tu peux te la mettre quelque part. ». Il n'est jamais allé aux commémorations du 11 novembre à Paris. Les cérémonies il aime pas ça. »[6]

Lorsqu'on lui demandait de s'exprimer sur son passé de militaire il répondait encore avec une certaine vivacité :

« La guerre ? Hay hay hay ! Un truc absurde, inutile ! A quoi ça sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien ! »

« La gloire, l'héroïsme ? De la fumisterie ! »

« Le patriotisme ? Un moyen de vous faire gober n'importe quoi ! »

« Les médailles ? Certains de mes camarades n'ont même pas eu le droit à une croix de bois ! »

« La Légion d'honneur ? Je me serais bien passé. Dites-le bien que l'État n'a pas été correct avec moi. »[3]

Il était l'un des deux derniers poilus encore en vie avec Lazare Ponticelli (novembre 2007). Comme ce dernier, il a manifesté son opposition à avoir des obsèques nationales[8]. En 2005, le Haut conseil de la mémoire combattante, présidé par le président de la République (alors Jacques Chirac) avait décidé que seraient organisées des obsèques de portée nationale pour le dernier combattant de 1914-1918 et que celui-ci serait enterré au Panthéon. À propos de cela, Louis de Cazenave répondit sans hésitation :

« Non je veux aller avec les miens, avec ma famille au cimetière de Saint-Georges-d'Aurac. Je veux la simplicité. »[6]

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Luc Chabaud, « Être enterré avec les siens » dans La Montagne, 30 mars 2007.
  • Benoît Hopquin, « Les ders des ders » dans Le Monde, 10 novembre 2005.
  • Nicolas Offenstadt, « Le pays a un héros : le dernier poilu » dans L'Histoire, mai 2007.

Articles connexes

Notes et références

  1. TF1.fr, « L'avant dernier poilu est décédé »
  2. (fr) « La France perd son avant-dernier poilu » sur Wikinews, le 21 janvier 2008.
  3. a , b , c  et d Benoît Hopquin, « Les ders des ders », Le Monde, 10 novembre 2005.
  4. a , b  et c aumaroc.com, 11 novembre 2006.
  5. aumaroc.com. Le général Mangin était le commandant des forces sénégalaises, celles qu'il appelait « la Force noire ».
  6. a , b , c  et d Jean-Luc Chabaud, « Être enterré avec les siens », La Montagne, 30 mars 2007.
  7. "L'un des deux derniers poilus de la Grande Guerre est mort", Le Figaro, 20 janvier 2008
  8. Le Monde, 9 novembre 2007 « Les derniers poilus refusent des obsèques nationales »
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