- Louis d'Orléans (1703-1752)
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Louis Ier d’Orléans, duc d'Orléans, dit « le Pieux », surnommé aussi « le Génovéfain », est né à Versailles le 4 août 1703, mort à Paris le 4 février 1752.
Il fut titré duc de Chartres (1703-1723), puis devint duc d'Orléans, duc de Valois, duc de Nemours et duc de Montpensier (1723-1752) à la mort de son père. Il fut titré premier prince du sang après la mort d'Henri Jules de Bourbon-Condé (1709).
Selon le marquis d'Argenson : « M. le duc d'Orléans a toujours été outré en tout. Dans sa jeunesse [...] il aima les femmes avec passion, et sans réfléchir aux risques que courait sa santé. Plus tard, il voulut se mettre à la tête des houssards et faire une guerre de carabin. Ensuite, il aima la chasse avec fureur. Enfin, s'étant adonné à la dévotion, il choisit le rôle de Père de l'Église et d'anachorète. » (Journal, juillet 1742)
Sommaire
Biographie
Petit-fils et petit-neveu de Louis XIV, il en porte le prénom. Il est le fils de Philippe duc d'Orléans et de Mademoiselle de Blois, fille légitimée de France que Louis XIV eut de sa maîtresse, la marquise de Montespan. Louis d'Orléans fut élevé un peu par sa mère et par sa grand-mère, la fameuse princesse Palatine, et surtout par son précepteur, le sage abbé Nicolas-Hubert Mongault.
Le roi, son grand-père, mourut en septembre 1715 et son père fut proclamé régent du royaume pour Louis XV âgé de 5 ans.
Dès le 30 janvier 1718, âgé de 15 ans, il fut admis au Conseil de Régence et le lendemain à celui de la Guerre. Il n'hésita pas à s'opposer à certaines décisions de son père et à son principal ministre le cardinal Dubois. À cette époque-là, il se livrait, selon le baron de Besenval, « aux passions qu'inspire la jeunesse [...] entreten[ant] une fille de la comédie ».
En 1719, il fut nommé gouverneur du Dauphiné et, s'il ne résida pas dans cette province, comme il était alors d'usage, il s'acquitta de sa tâche avec beaucoup d'application.
En 1720, il fut nommé grand-maître de l'Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem, et chercha à lui rendre son lustre passé. En 1721, il devint colonel général de l'Infanterie.
Mariage
Son mariage fut une affaire délicate. À la fin de 1721, l'ambassadeur de France en Russie essaya de conclure une alliance avec une fille du tsar Pierre Ier dit le Grand, la future Élisabeth, mais outre l'obstacle de la religion, une telle union pouvait passer pour une mésalliance, même pour un arrière-petit-fils de France qui, en cette qualité, devait se contenter du prédicat d'« Altesse Sérénissime ».
Lorsque le Régent mourut en 1723, il fut jugé urgent d'arrêter un parti et ce d'autant plus que le gouvernement fût confié par le jeune roi, majeur depuis peu, au duc de Bourbon, chef d'une branche cadette de la famille royale et rivale des Orléans...
Le choix se porta sur la princesse Auguste Marie Jeanne de Bade (Branche catholique de Baden-Baden) (1704-1726), que la cour connaîtra sous le nom de "Jeanne de Bade", fille du feu margrave Louis-Guillaume de Bade, héros de la guerre contre les turcs et de Sibylle Augusta de Saxe-Lauenbourg, régente pour son fils, qui présentait l'avantage d'une généalogie sans tache et dont les deux parents étaient au surplus catholiques. Ceci compensait une dot misérable de 80 000 livres seulement qui fit se gausser la cour. Le mariage eut lieu le 13 juillet 1724 à Châlons sur Marne.
Ce mariage permettait à l'intelligente régente du margraviat de s'allier son puissant voisin (qui avait ravagé ses terres pendant la guerre de succession d'Espagne). Il fut jusqu'au mariage du roi en 1725, la première dame de la cour. La princesse, parfaitement éduquée, fit les délices de la cour qui pleura sa mort prématurée.
En effet, le couple qui s'aimait tendrement, demeurait surtout au Château de Saint-Cloud eut deux enfants. Jeanne de Bade mourut en couches en donnant naissance à la seconde, sa belle-mère, fille légitimée de Louis XIV, l'ayant sommé d'accoucher à Paris au Palais-Royal alors qu'elle était près de son terme :
- Louis Philippe d'Orléans, duc de Chartres puis duc d'Orléans, surnommé « le Gros » (né le 12 mai 1725) ;
- Louise Marie d'Orléans, « Mademoiselle » (née le 5 août 1726, morte le 14 mai 1728).
Son mari ne s'en remit pas, refusa les propositions de remariage que lui proposait sa tante la duchesse de Lorraine Elisabeth-Charlotte d'Orléans et, fidèle jusqu'à sa mort, resta veuf.
De la mort de son père en 1723 à 1729, Louis d'Orléans fut, concurremment avec Philippe V d'Espagne, héritier présomptif du trône de France, la question de la validité des renonciations des Bourbons d'Espagne au moment du traité d'Utrecht de 1713 n'étant pas définitivement tranchée. Écarté du gouvernement par son cousin le duc de Bourbon, il s'efforça de restaurer la puissance de la maison d'Orléans en s'appuyant sur son fidèle ami le comte d'Argenson, nommé chancelier de la maison d'Orléans en 1723. Comme premier prince du sang, il siégea dans tous les conseils et n'hésita pas à opiner sur les affaires de politique.
Ses relations avec Louis XV - de sept ans son cadet - furent cordiales même s'il reprochait au roi ses mœurs dissolues. La reine Marie Leszczyńska lui manifestait une grande sympathie, de même que le cardinal de Fleury.
Néanmoins, en 1740, Louis XV, sur les instances de Fleury et pour des raisons politiques, ne put d'accorder au fils du duc d'Orléans la main de sa fille, Madame Henriette bien que les jeunes gens éprouvassent l'un pour l'autre une tendre inclination.
En effet, Louis XV n'avait qu'un fils, le dauphin Louis-Ferdinand. En cas de disparition de celui-ci, le trône de France serait revendiqué à la fois par le duc d'Orléans et par le roi d'Espagne, Philippe V, qui considérait comme nulle la renonciation à ses droits que l'Angleterre lui avait extorquée au traité d'Utrecht de 1713. Marier une fille du Roi au fils du duc d'Orléans eût été, dans cette possible querelle, donner l'avantage à ce dernier, ce qui n'eût pas manqué d'indisposer l'Espagne, que le cardinal cherchait au contraire à ménager. Le duc de Chartres se rabattit sur la fille du prince de Conti, Louise Henriette de Bourbon-Conti, qui le trompa outrageusement.
En 1742, Louis d'Orléans, dont la dévotion n'avait cessé de grandir depuis un veuvage qui l'avait laissé inconsolable, se retira à l’abbaye Sainte-Geneviève où il passa les dix dernières années de sa vie. Il continua de se tenir au courant des affaires, géra son apanage, reçut et protégea les savants et se consacra à des œuvres charitables.
Lui-même eut de la réputation comme hébraïsant. Il avait formé un cabinet d'histoire naturelle et un riche médailler ; il a laissé des ouvrages d'érudition et de piété qui sont restés manuscrits. On l'a soupçonné de jansénisme, mais sans preuve suffisante.
Sur la fin de ses jours, il avait l'esprit un peu dérangé. Il refusait de croire que l'on pouvait mourir, comme il refusait de croire aux naissances qu'on lui annonçait et, selon Besenval, il mourut sans les derniers sacrements car il refusa de reconnaître ses petits-enfants, ne croyant pas à leur légitimité, condition que le prêtre chargé de l'assister avait mise pour lui accorder le viatique.
Références
Liens externes
- Marie-Estelle Gordien, Louis d'Orléans (1703-1752), premier prince du sang et mystique érudit, Thèse Sorbonne, 2002.
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