Louis Galloche

Louis Galloche
Portrait de Fontenelle par Galloche. Musée national du Château de Versailles.

Louis Galloche, le 24 août 1670 à Paris, mort le 21 juillet 1761, est un peintre français. Il fut le maître de François Lemoyne, Charles-Joseph Natoire et, sans doute, de François Boucher.

Fils de Charles Galloche, mouleur de bois et de Jeanne Martinet. On remarqua en lui, dès son enfance, une grande douceur qui annonçait dès lors le caractère quil conserva toute sa vie. Il fit ses études au collège de Louis-le-Grand avec beaucoup de succès. Dès ce temps- même, son amour pour la peinture commençait à se dévoiler ; il remplissait ses cahiers desquisses et de dessins.

Son penchant à obliger le portait à faire, aux jours de compositions, les devoirs de quelques-uns de ses camarades, et il arrivait souvent quil remportait pour eux les meilleures places, et nen gagnait pour lui que de médiocres. Ce caractère bienfaisant semblait devoir intéresser dune manière particulière son père en sa faveur, mais son père, qui avait eu des mécontentements de son fils aîné, jugeant de lun par lautre, éleva le cadet avec beaucoup de dureté.

La jeunesse du jeune Galloche était pourtant loin dêtre débridée ; sa seule passion était de nager et il exposa fréquemment une vie qui devait être précieuse aux arts en se livrant avec trop de témérité à ce plaisir. À treize ans, il reçut la tonsure, mais ne se sentant point de goût pour létat ecclésiastique, il ne tarda pas à en quitter lhabit et continua ses études sous celui de séculier. Après les avoir finies jusquà la philosophie inclusivement, il travailla chez un notaire, par pure déférence aux volontés de son père.

Il ny demeura pas longtemps : son premier penchant et son goût décidé pour la peinture prévalurent et il se détermina à sy livrer entièrement. Il était alors âgé de dix-huit ans et ce ne fut pas sans beaucoup de peine quil obtint de son père, qui reconnut son goût pour la peinture, un maître de dessin. Il ne resta que six mois le premier qui, homme adonné au vin, était peu propre à former des élèves.

Galloche entra ensuite chez un maître dun autre calibre que le premier. Cétait Louis de Boullongne, premier Peintre du Roi, il fit les plus grands efforts pour rattraper le temps quil avait perdu, en prenant trop tard un état que lon embrasse dordinaire dès la tendre jeunesse. Son zèle se trouvant soutenu par les excellentes leçons de ce nouveau maître, létude et lassiduité de Galloche le mirent en mesure dacquérir en quatre ans le talent nécessaire pour gagner le premier prix de peinture.

Ce succès aurait lui procurer lavantage daller gratuitement à Rome, mais, victime de lusage abusif, à son époque, des protections qui voyait envoyer des élèves médiocres à Rome à la pension du roi, par préférence à ceux qui avaient remporté les grands prix, Galloche fut obligé den faire à ses dépens son voyage dItalie, il sappliqua surtout à Rome et à Venise, à profiter des exemples que présentaient ces fameuses écoles. Il ne put néanmoins faire dans cette ville un aussi long séjour quil laurait désiré. Pressé dailleurs par les instances de son père, qui était dans un âge fort avancé, il se vit contraint de revenir à Paris au bout de deux années.

Le seul fruit quil retira de son voyage fut de sêtre considérablement fortifié dans le dessin. À peine fut-il de retour, quil commença à établir son école. Lun de ses premiers élèves fut le célèbre François Lemoine, quil garda chez lui pendant douze ans, ly logea gratuitement et eut toujours pour lui les procédés les plus honnêtes.

Ce fut dans ces premiers temps quil composa les deux tableaux qui furent placés au-dessus des portes du réfectoire de Saint-Martin des Champs. Lun représente saint Benoît faisant miraculeusement revenir une cognée sur leau; et lautre sainte Scolastique qui obtient du ciel une pluie accompagnée de tonnerre pour empêcher saint Benoît de partir et de la quitter.

Malgré tout son savoir, personne nétait plus docile que Galloche à recevoir les avis qui lui étaient donnés, même de la part de ceux qui navaient aucune connaissance de son art, et à en profiter quand il les trouvait fondés. Il nignorait point le peu de notions quavait son père en cette partie, et pourtant, sur lobservation que ce dernier lui fit que, dans ces deux tableaux, les habits des bénédictins ne lui paraissaient pas assez noirs, il se détermina à copier deux tableaux de Van Dyck, représentant des personnes vêtues en noir, et il retoucha incontinent après les robes de ses bénédictins, qui gagnèrent beaucoup pour leffet et devinrent telles que son père les désirait[1]. Cest sur ces deux morceaux quil fut agréé à lAcadémie le 3 mars 1703. Il y fut reçu le 30 janvier 1711, sur un tableau dont le sujet est Hercule ramenant Alceste des enfers.

La place dadjoint à professeur lui fut déférée le 30 avril 1718, et celle de professeur le 26 octobre 1720. Enfin, il fut nommé adjoint à recteur le 31 janvier 1744 ; élu recteur le 26 mars 1746 et fait chancelier le 6 juillet 1754.

il a peint quelques sujets profanes et quelques paysages, peu de portraits et beaucoup de tableaux déglise. Parmi ces derniers, son fameux tableau représentant la Translation des reliques de saint Augustin à Pavie. Ce morceau, qui réunit toutes les parties de lart dans le plus haut degré, une composition noble, sage et ingénieuse, une grande correction de dessin, une exécution facile et en même temps un beau fini, fut regardé comme son chef-dœuvre et comme un des meilleurs ouvrages de lÉcole française. Exécuté pour le réfectoire des Petits-Pères, près de la place des Victoires, Pigalle sétant aperçu que ce tableau, qui navait été payé que cinquante écus à Galloche, commençait à se gâter dans le réfectoire par la fumée des mets, et il engagea les religieux à len tirer, et à le placer dans leur sacristie.

Galloche pouvait travailler lentement. il est certain quil aurait été plus expéditif, sil eût été pressé par les circonstances ou les échéances, car on sait quil ne mit que vingt-et-un jours à achever son tableau représentant Saint Paul quittant la ville de Milet, au moment il reçoit les adieux des prêtres éphésiens, pour Notre-Dame.

Quoique peu ambitieux, Galloche demanda, à la fleur de son âge, la place de directeur de Rome pour, disait-il, retourner dans le pays le plus propre à létude des arts, y retrouver ce peuple dantiques quil avait quitté avec tant de. regret, choisir celles qui laffectaient le plus, les admirer, les retourner en tous sens, en faire sentir les beautés aux élèves, et exciter leur émulation en les dessinant avec eux. Lorsquon lui objecta quil ne pouvait loccuper, attendu quelle était destinée à une personne libre et quil était marié, Galloche se contenta de cette défaite et la place fut donnée à Vleughels.

Galloche avoit épousé Louise Catherine Maillard, fille dun marchand fourreur. Outre une dot de 40 000 livres quelle lui avait apportée, il lui en échut autant par successions, mais le système de Law, qui fut si funeste à létat par ses suites et la réduction des contrats sur la ville, anéantit la partie la plus considérable de leur petite fortune.

Les tableaux déglise, qui faisaient la principale occupation de Galloche, étaient peu propres à réparer ses pertes car ces sortes douvrages étaient toujours payés à vil prix, en comparaison aux tableaux à sujets profanes, quoique les peintres fissent dautant plus defforts pour les amener à leur perfection, quétant destinés à rester sans cesse sous les yeux du public, ils leur procuraient les moyens les plus sûrs détablir ou daffermir leur réputation et de faire passer leurs noms à la postérité

M. Galloche, étant dans sa force, aurait désiré dêtre employé à de grands travaux, tels que les tableaux pour les tapisseries des Gobelins, mais il neut pas cette satisfaction. En dépit de son utilité pour lAcadémie, Galloche eut peu de récompenses, et encore lui furent-elles accordées que dans des époques fort éloignées les unes des autres. Sous la Régence, il obtint une pension de 500 livres, qui a été augmentée de 100 livres sous ladministration de Orry ; elle fut portée jusquà cent pistoles par Tournehem, sur la recommandation de Coypel, à qui il avait accordé sa confiance.

Le marquis de Marigny accorda en outre un logement aux galeries du Louvre à Galloche, qui avait toujours désiré demeurer dans un lieu d il pût découvrir une vaste étendue de ciel pour contempler à son aise les effets variés de la nature et les comparer dans de grands espaces. Son souhait se trouvant accompli, il en fut tellement enthousiasmé quil oublia son grand âge et forma divers projets de travail.

Galloche avait alors 80 ans. Mais sa main tremblante se refusa à lexécution de ses projets. Dès cet instant, il tourna ses vues du côté de lavancement de la jeunesse, et composa pour les élèves de lAcadémie cinq conférences dont la lecture fut faite à lAcadémie et dans lesquelles il développa toute la théorie de son art.

La première a pour objet le dessin et insistait sur limportance de létude de lantique comme « sans doute une des plus solides bases de nos connaissances ». Il recommandait ensuite létude de lanatomie, non seulement morte, mais vivante. La seconde tournait autour de la couleur, avec la connaissance du clair-obscur et la copie des tableaux des meilleurs maîtres[2]. Ses trois dernières conférences contenaient des remarques sur les tableaux de grands maîtres se terminent par le traçage à lusage des élèves, qui vont en Italie, de la route de leur voyage pittoresque. Il leur conseille, après avoir étudié Raphaël à Rome; et les Carrache, soit à Rome, soit à Bologne; daller puiser les principes du Titien à Venise, et lorsquils auraient acquis des ailes assez fortes pour voler deux-mêmes sans risquer de ségarer, de finir par létude du Corrège à Parme.

Blond, dune taille supérieure à la moyenne, dune vivacité agréable, affable et modeste, Galloche avait le cœur si compatissant quil était plus touché des malheurs dautrui que des siens propres et il fut souvent abusé, parce quétant la probité même, il ne se défiait de personne. De son mariage avec Catherine Maillart, il avait eu onze enfants, dont trois seulement lui survécurent, un garçon et deux filles. La cadette, qui peignait assez bien, se fit faite religieuse, et le garçon avait embrassé le parti de la peinture, avant de labandonner après dix années détude. Dun bon tempérament, il était peu sujet à dautres maladies quà des coliques néphrétiques, dont il fut guéri à soixante ans. Il était déjà parvenu à un âge fort avancé lorsquil eut trois attaques dapoplexie, la dernière à plus de quatre-vingts ans, dont il se releva parfaitement. À quatre-vingt-dix ans, il saffaiblit beaucoup et cette faiblesse ne cessa daugmenter jusquà ce que la nature, ne trouvant plus de ressources en lui, une maladie lenlève en huit jours ;

Louis Galloche mourut, âgé de quatre-vingt-dix ans et onze mois, dans son logement aux galeries du Louvre, en conservant sa raison jusquau dernier moment, et fut inhumé en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois.

Notes

  1. Galloche a révélé lui-même cette anecdote, dans une de ses conférences.
  2. Il aurait pu, dailleurs se donner lui-même en exemple, qui allait, à lâge de soixante-dix ans, copier au palais du Luxembourg un tableau de Van Dyck.

Bibliographie

Source

  • Louis Gougenot, Mémoires inédits sur les membres de l'Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, J.-B. Dumoulin, 1854, p. 289-302.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Louis Galloche de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать курсовую

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Louis Galloche — (* 24. August 1670 in Paris; † 21. Juli 1761 in Paris) war ein französischer Maler. Er ist vor allem als Lehrer von bedeutenden Malern wie François Lemoyne, Charles Joseph Natoire und François Boucher bekannt. Leben Louis Galloche: Porträt …   Deutsch Wikipedia

  • Galloche — Louis Galloche (* 24. August 1670 in Paris; † 21. Juli 1761 in Paris) war ein französischer Maler. Er ist vor allem als Lehrer von bedeutenden Malern wie François Lemoyne, Charles Joseph Natoire und François Boucher bekannt. Leben …   Deutsch Wikipedia

  • Louis Dimier — Louis Dimier, né le 12 février 1865 à Paris, mort le 21 novembre 1943 à Saint Paul sur Isère[1] …   Wikipédia en Français

  • Louis de Boullogne — Pour les articles homonymes, voir Louis Boullogne. Louis de Boullongne Po …   Wikipédia en Français

  • Louis Tocqué — Portrait de Le Normant de Tornehem par Tocqué, h/t, 134x104 cm, Versailles, Musée National du Château et des Trianons. Louis Tocqué, né le 19 novembre 1696 à Paris où il est mort le 10 février 1772, est un …   Wikipédia en Français

  • Louis Boullongne (1657-1733) — Louis de Boullogne Pour les articles homonymes, voir Louis Boullogne. Portrait de Louis de Boullogne. Estampe d après un tableau peint par Hyacinthe Rigaud …   Wikipédia en Français

  • Louis De Boullongne — Louis de Boullogne Pour les articles homonymes, voir Louis Boullogne. Portrait de Louis de Boullogne. Estampe d après un tableau peint par Hyacinthe Rigaud …   Wikipédia en Français

  • Louis de Boullongne — Louis de Boullogne Pour les articles homonymes, voir Louis Boullogne. Portrait de Louis de Boullogne. Estampe d après un tableau peint par Hyacinthe Rigaud …   Wikipédia en Français

  • Louis de Boullongne (1657-1733) — Louis de Boullogne Pour les articles homonymes, voir Louis Boullogne. Portrait de Louis de Boullogne. Estampe d après un tableau peint par Hyacinthe Rigaud …   Wikipédia en Français

  • Louis de boullongne — Louis de Boullogne Pour les articles homonymes, voir Louis Boullogne. Portrait de Louis de Boullogne. Estampe d après un tableau peint par Hyacinthe Rigaud …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1076725 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”