- Louis Tocqué
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Louis Tocqué, né le 19 novembre 1696 à Paris où il est mort le 10 février 1772, est un portraitiste français.
Biographie
Son père, peintre de portraits médiocre, destinait Tocqué à la même carrière que lui. Resté orphelin à l’âge de 10 ans, le jeune Louis fut recueilli par Nattier, qui lui fit faire des copies de portraits que l’on doit aux plus grands maîtres en ce genre.
Tocqué acquit ainsi une manière belle, large, et parvint à donner à ses copies la même perfection que les originaux. Adonné aux plaisirs, il se défit de ses copies pour s’y livrer plus facilement, et négligea pendant quelque temps ses études. Mais la réflexion l’ayant éclairé, il reprit ses travaux avec plus d’assiduité que jamais, et fit servir le produit de son travail à soutenir deux sœurs et un frère que son père, en mourant, avait laissés comme lui sans fortune.
Tocqué, qui avait également étudié chez Nicolas Bertin, artiste vanté en son temps, se fixa, comme son beau-père, au genre du portrait, tout en se gardant des fantaisies et de l’emphase de celui-ci, connu pour mélanger réalisme et fantaisies en insérant des personnages mythologiques dans ses œuvres, sauf qu’en 1742, il exposa une Mme Fumeron en Muse, en 1753, une Mme Boudrey « en Muse qui dessine », et le chanteur Jélyotte en Apollon au Salon de 1755. Son dessin, sa couleur et sa peinture a été donnée comme meilleure que celle de son maitre, car se tenant autrement proche de la vérité et de l’art.
Sa réputation s’étendit bientôt, il acquit de la vogue, et fut estimé des plus habiles artistes de son temps, notamment de Musse et de Boucher auxquels le liait la conformité de caractère et dégoût pour les plaisirs.
Ses ouvrages, quoique ils se distinguent par une touche franche, spirituelle, et par une belle marche de lumière, se ressentent du goût de son temps ; ses poses ont quelque chose de prétentieux et d’affecté qui donne à ses personnages un air théâtral et tout à fait opposé au naturel.
Agréé à l’Académie en 1731, sur présentation de la Famille de Peirenc de Moras, il fut reçu au commencement de 1734, avec des portraits en trois-quarts de Louis Galloche et de Jean-Baptiste Lemoyne (Louvre). Il eut à peindre, en 1739, le portrait du dauphin, l’an d’après celui de la reine Marie Leczinska. Le Portrait d’homme, inscrit au catalogue sous le n° 875, un second, numéroté 876, sont expressifs, riches en couleur d’une ferme exécution, d’une belle matière, et le Portrait présumé de Mmede Grafigny a les mêmes qualités avec plus de délicatesse dans le ton et le modelé du visage qui se voit de pleine face, encadré d’une mantille noire nouée sous le menton. Toutefois le portrait de Marie Leszczyńska est ici la pièce maîtresse du peintre, la reine en pied et debout, le corps un peu tourné à gauche, la tête de face, la main droite désignant la couronne royale posée sur une console dorée ; la robe est de satin blanc fleuri de pavots rouges, de feuillages verts et d’or. « D’une coloration souple et puissante qui n’exclue ni la force, ni la douceur, a un air de majesté aimable, d’autorité souriante qui fait de cette peinture, du plus incontestable mérite. »
Tocqué est à Versailles avec des portraits du marquis de Matignon, Gresset en habit rouge, de Tournehem, le marquis de Marigny, l’un des plus beaux du groupe, les portraits en pied de Marie-Thérèse, infante d’Espagne, très pompeux, de l’impératrice Élisabeth de Russie, celui-là non terminé. Il est aussi en bonne posture à Dijon, à Orléans, à Nancy, et, avec le portrait de M. de Saint-Florentin, au musée de Marseille. De 1737 à 1759, Tocqué exposa à presque tous les Salons sans voir son succès fléchir. « M. Tocqué, dont les portraits ont une si grande réputation », écrit Grimm en 1753.
En 1757, la tsarine Elisabeth le fit venir à Saint-Pétersbourg pour avoir son portrait de sa main et faire quelques portraits, dont il fut généreusement payé. À son retour à Paris, il parcourut plusieurs des cours du Nord, laissant de ses ouvrages partout, et il fut reçu membre de toutes les Académies d’Europe. Passant par Copenhague où il passe sept mois, il peint les portraits en pied du roi, de la reine, des princes, des princesses de la famille royale. En juillet 1759, Wille note son retour dans son Journal (mai 1759-octobre 1793) : « Le 10, me vient voir M. Tocqué pour la première fois depuis son retour de Saint-Pétersbourg et de Danemarck, où il avait été appelé pour peindre les souverains de ces pays. Il en est fort content, étant revenu chargé de richesses, de présents et d’honneur ». Dix ans plus tard, Tocqué entreprenait un nouveau voyage à Copenhague, qu’il accomplit comme le premier avec toutes sortes d’agréments.
Il avait épousé la fille de Nattier son maître, et lorsqu’il eut terminé ses voyages, il abandonna entièrement la peinture pour jouir tranquillement de la fortune que lui avaient procuré ses ouvrages.
Sources
- Olivier Merson, La Peinture française au XVIIe et au XVIIIe siècle, Paris, Alcide Picard et Kahn, 1900, p. 226-8.
- Michaud et Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, t. 84, Paris, Michaud frères, 1857, p. 183.
- Raphael Pinset et Jules d’Auriac, Histoire du portrait en France, Paris, Au Siège de la Société, 1884, p. 158.
Liens externes
- Louis Tocqué dans la base joconde
Catégories :- Peintre français
- Peintre portraitiste français
- Naissance à Paris
- Naissance en 1642
- Décès en 1705
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