- Lettres écrites en Suède, en Norvège, et au Danemark
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Letters Written in Sweden, Norway, and Denmark
Letters Written During a Short Residence in Sweden, Norway, and Denmark (1796), selon son titre complet (Lettres écrites lors d'un court séjour en Suède, en Norvège et au Danemark), est un récit de voyage profondément personnel par la féministe britannique du XVIIIe siècle Mary Wollstonecraft.
Les vingt-cinq lettres couvrent une large gamme de sujets, depuis des réflections sociologiques sur la Scandinavie et ses peuples jusqu'à des questions philosophiques concernant l'identité. Publiée par l'éditeur qui accompagnera Mary Wollstonecraft pendant toute sa carrière, Joseph Johnson, c'est la dernière œuvre à paraître de son vivant.
Mary Wollstonecraft entreprend son voyage en Suède, en Norvège et au Danemark pour mettre la main, pour le compte de son amant, Gilbert Imlay, sur un navire portant un trésor volé. Elle part avec entrain, dans la croyance que le voyage restaurerait leur relation tendue. Cependant, au cours des trois mois qu'elle passe en Scandinavie, elle se rend compte que Imlay n'a aucune intention de renouer leur relation. Les lettres qui composent le texte, tirées de son journal et des missives qu'elle envoyait à Gilbert Imlay, reflèrent sa colère et sa mélancolie nées des trahisons répétées de celui-ci. Letters Written in Sweden constituent par conséquent à la fois un récit de voyage et des souvenirs autobiographiques.
Faisant appel à la rhétorique du sublime, Mary Wollstonecraft explore dans le texte la relation entre l'individu et la société. Elle accorde toute sa valeur à l'expérience subjective, en particulier en relation avec la nature ; elle se fait le champion de la libération et de l'éducation des femmes ; et elle illustre les effets nocifs du commerce sur la société.
Letters Written in Sweden est le livre le plus populaire de Mary Wollstonecraft dans les années 1790 ; il se vend bien, et reçoit des appréciations positives de la plupart des critiques. Le futur époux de Mary Wollstonecraft, le philosophe William Godwin, écrit : « s'il y eut jamais un livre calculé pour rendre un homme amoureux de son auteur, il m'apparait que c'est de ce livre qu'il s'agit[1]. » Ce livre influence des poètes romantiques comme William Wordsworth et Samuel Taylor Coleridge, qui s'inspirent de ses thèmes et de son esthétique. S'il donne tout d'abord à ses lecteurs l'envie de voyager en Scandinavie, le livre ne parvient pas à conserver sa popularité après la publication en 1798 de l'ouvrage de William Godwin, Memoirs of the Author of A Vindication of the Rights of Woman (Souvenirs de l'auteur de la défense des droits de la femme), qui révèle la vie privée peu orthodoxe de Mary Wollstonecraft.
Sommaire
Place dans sa vie
Brêve biographie
En 1790, âgée alors de 31 ans, Mary Wollstonecraft fait une entrée remarquée sur la scène publique avec A Vindication of the Rights of Men (Défense des droits des hommes), un ouvrage qui va aider à enflammer la guerre des pamphlets menée en Grande-Bretagne sur la Révolution française. Deux ans plus tard, elle publie ce qui est devenu son œuvre la plus fameuse, A Vindication of the Rights of Woman (Défense des droits de la femme). Désireuse de voir la révolution par elle-même, elle part pour un séjour en France d'nviron deux ans, dont elle revient en 1795 après la montée des violences révolutionnaires, alors que l'amant qu'elle y a rencontré, l'aventurier américain Gilbert Imlay, l'a abandonné, elle et leur fille illégitime, Fanny Imlay. Peu après son retour en Grande-Bretagne, Mary Wollstonecraft fait une tentative de suicide au mois de mai ; Imlay, cependant, parvient à la sauver.
Un mois après sa tentative de suicide, Mary Wollstonecraft accepte d'entreprendre le long voyage plein d'embûches vers la Scandinavie, de façon à régler les difficultés que Gilbert Imlay connait dans ses affaires. Son voyage vers la Scandinavie est non seulement périlleux — car Mary Wollstonecraft est une femme voyageant seule en période de guerre — mais il est aussi marqué par le chagrin et la colère. Si Mary Wollstonecraft croit tout d'abord que ce voyage peut ressusciter leur relation, elle finit par reconnaître que celle-ci est condamnée, en particulier après qu'Imlay ne vient pas la retrouver à Hambourg[2]. Le désespoir de Mary Wollstoncraft s'accroît au fur et à mesure que le voyage progresse.
Lorsqu'elle revient en Grande-Bretagne au mois de septembre, Mary Wollstonecraft, trouvant Gilbert Imlay dans les bras d'une autre femme, tente de nouveau de se suicider ; elle se jette dans la Tamise pour s'y noyer, mais elle est sauvée par un passant[3]. Letters Written in Sweden, dont le contenu provient de son journal et des lettres qu'elle envoie à Imlay pendant ce voyage de trois mois, est publié en janvier 1796 par un ami proche de Mary Wollstonecraft, Joseph Johnson, qui sera son éditeur tout au long de sa carrière. Écrit après ses deux tentatives de suicides, Letters Written in Sweden revient fréquemment sur le sujet de la mort ; le livre recréé l'état psychologique de Mary Wollstonecraft pendant son séjour en Scandinavie et a été décrit comme étant une « lettre de suicide » laissé pour Imlay, bien qu'elle ne fasse jamais référence à son nom dans le texte publié[4]. C'est la dernière œuvre publiée de son vivant : elle meurt des suites d'un accouchement tout juste un an plus tard.
Bien que Mary Wollstonecraft apparaisse comme une simple touriste dans les Letters in Sweden, elle mène en réalité de délicates négociations pour le compte de Gilbert Imlay pendant ses différents déplacements. Pendant près de deux cent ans, la raison pour laquelle elle était aller en Scandinavie était restée obscure, mais dans les années 1980, l'historien Per Nyström a mis au jour des documents dans les archives locales suédoises et norvégiennes qui éclairent la raison de son voyage. Il a révélé que Mary Wollstonecraft était à la recherche d'un navire et de sa cargaison qui avaient été volés à Imlay. Celui-ci l'avait autorisée à mener des négociations pour son compte, et fait référence à elle dans les documents légaux comme étant « Mrs Mary Imlay, ma meilleure amie et ma femme », bien qu'ils ne soient en fait pas mariés[5].
Les détails complexes des affaires négociées pour Imlay sont explicités avec clarté par Nyström. le 18 juin 1794, Peder Ellefsen, qui appartient à une riche et influente famille norvégienne, achète à des agents d'Imlay au Havre un navire nommé le Liberté. Il se révèlera plus tard que Ellefsen n'a jamais été le propriétaire du navire, mais qu'il était plutôt impliqué dans une vente proforma pour le compte d'Imlay. Il renomme le navire Maria and Margaretha (on peut sans doute y voir le souvenir du nom de Mary et de sa femme de chambre Marguerite) et obtient du consulat danois au Havre qu'il homologue le navire de façon qu'il puisse traverser le blocus britannique des côtes françaises (Imlay est un forceur de blocus). Transportant de la vaisselle d'or et d'argent des Bourbon, le navire quitte la France sous pavillon danois et arrive à Copenhague le 20 août 1794. Bien qu'on pense qu'Ellefsen ait donné pour instruction de poursuivre le voyage vers Göteborg, le navire n'arrive jamais à destination. Imlay effectue diverses tentatives vaines pour localiser le navire et sa riche cargaison, puis envoie Mary Wollstonecraft pour négocier un accord avec Ellefsen, qui est plus tard arrêté arrêté pour vol du navire et de son contenu. On ignore si Mary Wollstonecraft a finalement réussi ou échoué dans ses négociations, tout comme on ne sait rien du sort final du navire et de son trésor[6].
Pour les besoins de ces négociations, Mary Wollstonecraft se rend tout d'abord à Göteborg, où elle demeure deux semaines. Laissant derrière elle sa fille Fanny avec sa femme de chambre, Marguerite, elle s'embarque pour Strömstad, en Suède, puis se rend à Larvik, en Norvège. De là, elle poursuit sa route vers Tønsberg, en Norvège, où elle passe trois semaines. Elle visite également Helgeraa, Risør, et Kristiania (aujourd'hui Oslo) puis s'en retourne en passant par Strömstad et Göteborg, où elle reprend avec elle Fanny et Marguerite. Elle retourne en Angleterre en passant par Copenhague et Hambourg, et arrive finalement à Douvres, en septembre 1795, trois mois après avoir quitté son pays natal[7].
Structure, genre et style
Les Letters Written in Sweden se composent de vingt-cinq lettres qui traitent d'une large gamme de sujets politiques controversés, tels que la réforme des prisons, les droits de la propriété foncière, les lois sur le divorce, de même que des sujets moins polémiques, comme le jardinage, le travail du sel, ainsi que des panoramas sublimes. Les commentaires politiques de Mary Wollstonecraft vont au delà des idées qu'elle a développées dans An Historical and Moral View of the French Revolution (1794) ; sa discussion de la réforme des prisons, par exemple, s'est enrichie de ses propres expériences de la France révolutionnaire et de celles de ses amis, dont beaucoup ont été emprisonnés[8].
Si, au premier abord, les Letters Written in Sweden apparaissent comme un récit de voyage, il s'agit là en réalité d'un « genre hybride ». La nature de l'hybridation, cependant, ne fait pas l'objet d'un consensus chez les spécialistes. Certains soulignent la façon dont Mary Wollstonecraft fusionne récit de voyage et « autobiographie » ou « souvenir » (memoir), mot qu'utilise Mary Wollstonecraft pour présenter le livre[9] ; d'autres au contraire voient plutôt l'œuvre comme un récit de voyage qui prendrait la forme d'un roman épistolaire[10]. Le texte, qui révèle le cheminement de la pensée de Mary Wolstonecraft, se déroule sans heurt en allant de réflexions autobiographiques à des rêveries sur la nature, puis à des théories politiques. Deux fils conducteurs cependant lui confèrent son unité : le premier est le raisonnement que développe Mary Wollstonecraft concernant la nature et l'évolution de la société ; le second est sa mélancolie croissante[11]. Bien que Mary Wollstonecraft vise à écrire en tant que philosophe, c'est l'image de la femme souffrante qui s'impose à la lecture du livre[12].
Récit de voyage : « l'art de la pensée »
Le récit de voyage épistolaire est pour moitié dans le « genre hybride » auquel appartient les Letters Written in Sweden[13]. La conception qu'en a Mary Wollstonecraft a été façonnée par les récits de voyage empiriques et moraux du XIXe siècle, en particulier The Traveller, or a Prospect of Society (1764) d'Oliver Goldsmith (Le Voyageur, ou Une perspective de la société), A Sentimental Journey Through France and Italy (1768) de Laurence Sterne (Un voyage sentimental à travers la France et l'Italie), A Journey to the Western Islands of Scotland (1775) de Samuel Johnson (Un voyage aux îles occidentales de l'Écosse), The Journal of a Tour to the Hebrides (1785) de James Boswell (Journal d'un voyage aux Hébrides), et les livres de voyage d'Arthur Young[14].
Ayant analysé vingt-quatre livres de voyage pour le compte de la revue de Joseph Johnson, l’Analytical Review, Mary Wollstonecraft connait parfaitement ce genre littéraire. Au travers de ces lectures appronfondies, elle a pu cristalliser ses idées sur ce qui faisait un bon livre de voyage ; dans l'une de ses critiques, elle soutient que les écrivains voyageurs doivent avoir « une idée directrice en tête, un objectif majeur sur lequel se concentrent leurs pensées, et qui relient leurs réflexions » et que leurs livres ne devaient pas être « des observations isolées, qu'aucun intérêt soutenu, aucune orientation dominante dans l'esprit de l'écrivain ne viendrait rassembler pour en faire un tout[15]. » Ses critiques font louangent les descriptions détaillées et attrayantes des gens et des lieux, les réflexions où l'esprit vagabonde sur l'histoire, et l'insatiable curiosité qui doit être celle du voyageur[16].
« L'art du voyage n'est qu'un rameau de l'art de la pensée », écrit Mary Wollstonecraft[17]. Son voyage et les commentaires qu'elle en donne sont, par conséquent, non seulement sentimental, mais aussi philosophique. Elle utilise les deux modes pour continuer la critique des rôles octroyés aux femmes et du progrès de la civilisation qu'elle est tracé dans A Vindication of the Rights of Men (1790), A Vindication of the Rights of Woman (1792), et An Historical and Moral View of the French Revolution[18]. Après avoir renversé les conventions de l'écriture politique et philosophique, Mary Wollstonecraft apporte ce que le spécialiste Gary Kelly appelle un « féminisme révolutionnaire » à un tout autre genre encore qui avait été jusque là considéré comme étant du ressort des écrivains masculins[18], transformant « le mélange de faits objectifs et d'impressions individuelles du récit de voyage... pour en faire le soubassement d'une révélation autobiographique »[19]. Comme l'écrit un commentateur des Letters Written in Sweden, l'ouvrage n'est « rien de moins qu'une révolution dans les genres littéraires » ; son sens du sublime, exprimé au travers de scènes où les sentiments s'expriment intensément, rend désirable « une nouvelle fureur et un nouvel éclat de la rhétorique de l'émotion » dans la littérature de voyage[20].
Un spécialiste de Mary Wollstonecraft voit en elle « le voyageur accompli et passionné »[21]. Son désir d'approfondir et de ressentir plainement chaque instant trouve son origine dans l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau, en particulier Les Rêveries du promeneur solitaire[22]. Plusieurs thèmes rousseauistes apparaissent dans les Letters in Sweden, tels que « la recherche de la source du bonheur de l'homme, le rejet stoïque des biens matériels, l'étreinte extatique de la Nature, et le rôle essentiel du sentiment dans la compréhension »[23]. Cependant, alors que Rousseau rejette en fin de compte la société, Mary Wollstonecraft célèbre à la fois les valeurs domestiques et le progrès industriel[23].
Lettre
Dans l'une des interprétations les plus influentes des Letters Written in Sweden, Mary Favret a soutenu que les lettres de Mary Wollstonecraft ne doivent pas être considérées uniquement comme une correspondance personnelle, mais aussi comme une correspondance d'affaires, genre sans doute intellectuellement ambigüe pour elle. Selon Mary Favret, Mary Wollstonecraft s'efforce d'investir le genre impersonnel de la lettre d'affaires, et de lui insuffler une signification personnelle. L'un des moyens qu'elle utilise pour y parvenir est le large recours à une écriture « imaginative » qui contraint le lecteur à prendre part aux évènements qu'elle raconte.
Mary Favret souligne que les Letters Written in Sweden sont très différentes des lettres d'amour désespérées et plaintives qu'elle envoyait réellement à Gilbert Imlay ; le récit de voyage ressemble de beaucoup plus près au journal intime où elle consigne ses pensées sur les gens qu'elle rencontre et les lieux qu'elle visite. Alors que ses lettres à Imlay contiennent de longs passages centrés presque exclusivement sur elle-même, les Letters Written in Sweden offrent de nombreux commentaires sociaux et sympathisent avec les victimes du désastre et de l'injustice. Aux yeux de Gilbert Imlay, Mary Wollstonecraft se représente comme abattue par les doutes, mais aux yeux du monde, elle se dépeint comme surmontant toutes ces craintes. Elle les rumine et les transforme pour former la base d'une lettre apparentée à la « lettre ouverte » politique qui connait une certaine popularité au cours du dernier quart du XVIIIe siècle, en faisant appel à son expérience personnelle pour jeter les fondations d'un débat sur une réforme politique nationale[24].
Autobiographie
Lourdement influencée par Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau, écrites en 1782, Mary Wollstonecraft dévoile son âme dans les Letters Written in Sweden, en y détaillant non seulement son voyage physique, mais aussi son voyage psychologique[25]. Ce qu'elle révèle d'elle-même, à l'instar d'autres autobiographes féminines, est présenté comme étant des « révélations non préméditées sur soi-même » et apparait souvent de façon détournée[N 1]. Cependant, comme l'a clairement montré une spécialiste de Mary Wollstonecraft, Mitzi Myers, Mary Wollstonecraft parvient à utiliser ce style d'écriture pour présenter au lecteur une personalité stable et compréhensible[13]. De plus en plus confiante en sa capacité d'écrivain, elle maîtrise le récit et l'effet qu'il produit sur le lecteur à un degré inégalé dans ses autres ouvrages. Elle transforme les chagrins individuels de son voyage, comme la dissolution de sa relation avec Imlay, pour en faire le matériau d'un texte littéraire qui empoigne celui qui le lit[26].
Le « sublime »
Dans ses Letters Written in Sweden, Mary Wollstonecraft s'appuie largement sur le langage de la philosophie du sublime. Elle exploite et redéfinit les termes centraux de l'ouvrage d'Edmund Burke, A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful de 1757 (Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau). Burke privilégie le sublime (qu'il associe avec la masculinité, la terreur, la crainte respectueuse, et la force) plutôt que le beau (qu'il associe avec la féminité, la passivité, la délicatesse, et la faiblesse), alors que Mary Wollstonecraft lie le sublime à la stérilité, et le beau à la fécondité. Pour elle, le beau est en rapport avec ce qui est maternel ; ce changement de perspective esthétique est évident, par exemple, dans les nombreux passages consacrés au lien affectueux entre Mary Wollstonecraft et la petite Fanny, sa fille. Elle réclame alors l'étiquette féminine du « beau » pour les plus vertueuses et les plus utiles des femmes, les mères[27].
Mary Wollstonecraft révise également les associations négatives traditionnelles entre le sublime et la mort ; les pensées de mort, évoquées par une chute d'eau, par exemple, la mène également à envisager la renaissance et l'immortalité :
« Reaching the cascade, or rather cataract, the roaring of which had a long time announced its vicinity, my soul was hurried by the falls into a new train of reflections. The impetuous dashing of the rebounding torrent from the dark cavities which mocked the exploring eye, produced an equal activity in my mind: my thoughts darted from earth to heaven, and I asked myself why I was chained to life and its misery? Still the tumultuous emotions this sublime object excited, were pleasurable; and, viewing it, my soul rose, with renewed dignity, above its cares – grasping at immortality – it seemed as impossible to stop the current of my thoughts, as of the always varying, still the same, torrent before me – I stretched out my hand to eternity, bounding over the dark speck of life to come[28]
En atteignant la cascade, ou plutôt la cataracte, dont le grondement m'avait depuis longtemps annoncé la proximité, mon âme fut précipitée par les chutes vers un nouveau train de réflexions. La course impétueuse du torrent bondissant des noires cavités qui défiaient l'œil qui les voulait explorer, engendra dans mon esprit une égale activité : mes pensées s'élançaient de la terre vers le ciel, et je me demandais pourquoi j'étais enchaînée à la vie et à ses misères ? Et cependant, les émotions tumultueuses que faisait naître cet objet sublime, m'étaient agréables ; et, en le contemplant, mon âme s'élevait, avec une dignité renouvelée, au dessus de ses soucis — cherchant à atteindre l'immortalité — il semblait aussi impossible d'arrêter le courant de mes pensées que celui du torrent devant moi, toujours changeant, toujours le même — j'étendis la main vers l'éternité, franchissant d'un bond la petite tache d'obscurité de la vie à venir. »Comme ses autres manipulations du langage du sublime, ce passage est aussi lourdement marqué par le sexe de l'auteur. Comme un spécialiste l'écrit, parce que Mary Wollstonecraft est une femme, et est par conséquent tenue par les restrictions juridiques et sociales imposées à son sexe au XVIIIe siècle, elle ne peut envisager une quelconque autonomie qu'après la mort[29].
Thèmes
Raison, sentiment et imagination
Souvent catégorisée comme philosophe rationaliste, Mary Wollstonecraft démontre son engagement et son intérêt pour le sentiment dans les Letters Written in Sweden. Elle soutient que les expériences subjectives, telles que les émotions transcendantes suggérées par le sublime et le beau, possèdent une valeur égale aux vérités objectives découvertes au travers de la raison[30]. Dans les premiers ouvrages de Mary Wollstonecraft, la raison prime sur tout, car elle permet d'accéder à des vérités universelles. Dans les Letters Written in Sweden, cependant, la raison sert d'outil pour réfléchir, faisant la médiation entre l'expérience du monde au travers des sens et une notion abstraite de la vérité (qui n'est pas nécessairement une vérité universelle). La maturation n'est pas seulement l'acquisition de la raison — point de vue adopté par Mary Wollstonecraft dans Original Stories from Real Life (1788) — mais aussi la compréhension de quand et comment faire faire confiance à ses émotions[31].
Les théories de Mary Wollstonecraft concernant la raison, l'émotion et l'imagination sont clairement liées les unes aux autres. Quelques spécialistes soutiennent que Mary Wollstonecraft fait appel à l'imagination pour libérer l'âme, et tout particulièrement l'âme féminine ; ceci lui permet d'envisager pour les femmes des rôles qui excèdent les limites traditionnelles fixées par la pensée du XVIIIe siècle et lui offre une manière de formuler ces nouvelles idées[32]. Par contraste, d'autres voient, dans l'importance accordée par Mary Wollstonecraft au pouvoir de l'imagination, quelque chose qui lui est préjudiciable en l'emprisonnant dans un désir bourgeois, individualiste, qui ne prend jamais réellement en compte la portée sociale de la question[33].
Mary Favret a soutenu que Mary Wollstonecraft use de l'imagination pour réconcilier la « compréhension masculine » avec la « sensibilité féminine ». Les lecteurs doivent « travailler » en imagination pendant qu'ils lisent : leurs efforts leur épargneront de tomber dans la sensiblerie. Encore plus important, les lecteurs sont désormais impliqués dans le récit du narrateur. L'écriture de Mary Wollstonecraft exige qu'ils participent à l'« intrigue » :
« « ils » sauvent l'écrivain des mains du « méchant » ; « ils » l'accompagnent dans sa fuite loin du chagrin [...] Avec la coopération des lecteurs, l'écrivain renverse l'habituelle intrigue épistolaire : ici l'héroïne se libère elle-même en rejettant son correspondant et en embrassant le « monde » en dehors du cercle domestique.[34],[N 2]. »En donnant à l'imagination le pouvoir de réinventer la société (pouvoir suggéré au travers de nombreuses allusions à La Tempête de Shakespeare, Mary Wollstonecraft révèle qu'elle est devenu un auteur romantique[35].
Individu et société
Tout au long des Letters Written in Sweden, Mary Wollstonecraft médite sur la relation entre la société et l'individu. Là où ses premières œuvres se sont en grande partie centrées sur les manquements et les responsabilités de la société, dans cette œuvre en revanche elle se tourne vers l'intérieur en soutenant la valeur de l'expérience personnelle[36]. Dans la publicité pour son livre, également publiée comme préface, elle explique son rôle en tant que « héros » du texte :
« En écrivant ces lettres décousues, je découvris que je ne pouvais m'empêcher d'être constamment la première personne — « le petit héros de chaque conte ». Je me suis efforcée de corriger ce défaut, si cela en est un, car elles étaient destinées à être publiées ; mais, à mesure que j'ordonnais mes pensées, ma lettre, comme je m'en rendis compte, devenait guindée et affectée : je décidais par conséquent de laisser mes remarques et mes reflexions couler librement, car je sentais que je ne pouvais donner une juste description de ce que je voyais sans relater l'effet que différents objets avaient produit sur mon esprit et mes sentiments, alors que cette impression était encore fraîche[37],[38]. »Tout au long du livre, Mary Wollstonecraft lie son propre voyage psychique et sa maturation au progrès des civilisations. Les nations comme les individus, soutient-elle, ont — comme la décrit Mary Poovey, spécialiste de Mary Wollstonecraft — une « compréhension collective » (a collective understanding) qui évolue de façon organique, « mûrissant » graduellement jusqu'à maturité[39]. Cependant, Mary Wollstonecraft voit toujours les tragédies de la civilisation comme plus dignes d'intérêt que les tragédies individuelle ou de fiction, et suggère que pour elle, la compassion est au cœur des relations sociales[40] :
« Je me suis alors considérée moi-même comme une particule que l'on avait séparée de la grande masse de l'humanité ; — j'étais seule, jusqu'à ce que qu'un sentiment de compassion involontaire, comme l'attraction d'une appartenance, me fasse sentir que je faisais toujours partie d'une vaste entité, de laquelle il m'était impossible de me séparer — sauf, peut-être, car la réflexion a été poussée très loin, en rompant le fil d'une existence qui perd ses charmes à mesure que la cruelle expérience de la vie interrompt ou empoisonne le courant né du cœur[41],[42]. »Nature
Mary Wollstonecraft consacre des portions significatives de Letters Written in Sweden à des descriptions de la nature et des émotions qu'elle ressent à sa vue. Une de ses tactiques les plus efficaces est d'associer un train de pensées et de sentiments à une formation naturelle spécifique, comme dans le passage de la chute d'eau citée plus haut. La nature, suppose Mary Wollstonecraft, est un « point de référence commun » entre elle-même et les lecteurs, chez qui ses lettres devraient par conséquent générer un sentiment de sympathie partagée[43]. De nombreuses lettres contiennent ces « digressions romantiques miniatures » qui illustrent les idées de Mary Wollstonecraft sur les liens unissant la nature, Dieu, et la personne[44]. Le monde naturel devient « le lieu nécessaire de la méditation et le terrain d'expérience crucial »[45].
Accueil et postérité
Accueil critique
Mary Wollstonecraft est poussée à publier Letters Written in Sweden, car elle avait des dettes importantes. Son succès commercial — c'est son ouvrage le plus populaire au cours des années 1790 — survient à un moment opportun[46]. Bien accueillie par la critique, l'œuvre est traduite en allemand, en hollandais, en suédois et en portugais, publiée en Amérique, et rééditée lors d'une deuxième édition en 1802[47].
Amelia Alderson fait l'éloge de l'ouvrage, en distinguant la femme et le philosophe : « dès que j'ai lu vos Lettres de Norvège, l'impression forte, mais froide, qu'avait produit sur moi le philosophe s'effaça derrière la tendre sympathie que suscitait la femme[48]. » William Godwin, le futur époux de Mary Wollstonecraft, écrit dans ses Memoirs of the Author of A Vindication of the Rights of Woman que la lecture de Letters Written in Sweden l'avait rendu amoureux de Mary Wollstonecraft :
« S'il y eut jamais un livre conçu pour rendre un homme amoureux de son auteur, il m'apparait clairement que c'est de celui-ci qu'il s'agit. Elle parle de ses chagrins, d'une manière qui nous emplit de mélancolie, et nous fait fondre de tendresse, en même temps qu'elle fait montre d'un génie qui s'impose totalement à notre admiration [N 3],[1] »Établissant un rapport entre l'ouvrage et le premier roman de Mary Wollstonecraft, Mary: A Fiction (1788), il en célèbre la sensibilité et la façon « dont il teinte d'érotisme le chagrin des femmes » ; pour William Godwin, l'ouvrage est une histoire d'amour sous forme épistolaire, et non un commentaire politique. Après la mort de Mary Wollstonecraft en 1797, William Godwin publie ses lettres originales à Gilbert Imlay (mais en détruisant dans l'opération les documents originaux). Il supprime toute référence à des évènements politiques contemporains, ainsi que ses négociations d'affaires, en soulignant la relation romanesque entre les deux jeux de lettres. Mary Favret soutient que Godwin voulait que le public voit dans la relation de Mary Wolstonecraft une aventure sentimentale apparentée à celle de Charlotte et de Werther dans Les Souffrances du jeune Werther (1774) de Goethe[49].
Au XVIIIe siècle, voyager sans la protection d'un homme est, pour une femme accompagnée d'un enfant d'un an et d'une femme de chambre, une chose sans précédent[50]. Le livre résultant de ce voyage parait également hautement inhabituel aux lecteurs de l'époque : des détails des voyages de Mary Wollstonecraft dans une région du monde rarement visitée, qu'un commentateur de Letters Written in Sweden a décrite comme « une étendue sauvage des régions boréales », intriguent et même choquent les lecteurs de l'époque[20]. La théologie peu orthodoxe du livre aliène également quelques lecteurs[51]. Le Monthly Magazine and American Review écrit :
« [Elle] a abandonné toute foi dans le christianisme [sic]. [...] À partir de cette période, elle adora [Dieu] [...] non comme celui dont le pouvoir d'interposition est toujours à l'ouvrage dans le grand théatre des affaires humaines, faisant surgir du mal présent le bien final, et ne permettant rien qui ne soit à des fins sages et bienveillantes ; mais seulement comme la première grande cause et la source vitale de l'existence[51],[N 4]. »Par rapport au point de vue initial de Mary Wollstonecraft — où Dieu apparaissait en juge — les Letters Written in Sweden marquent un recul en voyant en lui un simple créateur, choquant quelques lecteurs conservateurs qui n'étaient pas préparés à accepter quoique ce soit qui se rapproche du déisme. Plus préoccupée par la mise en avant de la sensibilité par Mary Wollstonecraft, sa consœur féministe et écrivain Mary Hays critique la sentimentalité outrée du livre.[52]. Un professeur de philosophie morale, Thomas Brown, publie une réponse poétique au livre, The Wanderer in Norway (1816) (« Le Voyageur en Norvège »). Plutôt que de se réjouir de la liberté que Mary Wollstonecraft prétendait voir offerte par le lien entre la nature et l'émotion, cependant, Brown présente l'œuvre de celle-ci comme un échec, et Mary Wollstonecraft comme une victime tragique. Il lit le livre comme un conte pédagogique destiné à mettre en garde le lecteur (cautionary tale), alors même que Mary Wollstonecraft y avait vu la description des possibilités d'améliorations personnelles et sociales[53]. Comme le soutient Mary Favret, pratiquement toutes les réactions aux Letters Written in Sweden situe la narratrice/Mary dans la position de l'héroïne d'un roman sentimental, alors que le texte lui-même, avec sa fusion de la sensibilité et de la politique, fait en réalité beaucoup pour contredire cette image.[54].
Après la publication des Memoirs de Godwin, qui révèle et endosse les histoires d'amour et l'enfant illégitime de Mary Wollstonecraft, les œuvres de celle-ci se voient dédaignées par la majorité du public. Cependant, « le livre devait susciter une passion pour les voyages parmi les gens cultivés d'Europe ». D'intrépides écrivaines-voyageuses britanniques du XIXe siècle comme Isabella Bird et Mary Kingsley le lise encore et se sentent inspirées par les efforts pionniers de Mary Wollstonecraft[55]. Les Letters Written in Sweden sont rééditées à la fin du XIXe siècle, et Robert Louis Stevenson, l'auteur de L'Île au trésor, en emporte un exemplaire lors de son voyage aux Samoa en 1890[56].
Romantisme
Plus profondément que tout autre, à l'exception peut-être de Godwin, les poètes romantiques sont affectés par les Letters Written in Sweden. Ainsi par exemple, le poète Robert Southey écrit à son éditeur : « Avez-vous croisé [le livre de voyage] de Mary Wollstonecraft ? Elle m'a rendu amoureux d'un climat froid, du givre et de la neige, sous la lumière boréale de la lune »[57]. La façon dont l'ouvrage combine une vision sociale progressiste avec la recommandation d'une expérience individuelle subjective influence des écrivains tels que William Wordsworth ou Samuel Taylor Coleridge[58].
La « théorie de l'incarnation de l'imagination créatrice » soutenue par Mary Wollstonecraft a pavé la voie du traitement méticuleux effectué par William Wordsworth sur l'imagination et sa relation avec le « moi », dans le Livre V de The Prelude (1805 ; 1850)[59]. Son livre a également une profonde influence sur The Rime of the Ancient Mariner (1797-1799) de Coleridge, ainsi que sur Alastor (1815), de Percy Shelley ; leurs descriptions de « la quête d'un foyer établi » (quest for a settled home) ressemble fortement à celle de Mary Wollstonecraft[60]. Cependant, l'hommage le plus spectaculaire rendu à l'œuvre de Mary Wollstonecraft se trouve dans le fameux poème de Coleridge, Kubla Khan (1797 ; 1816)[61]. Non seulement une grande partie de son style provient de l'œuvre de Mary Wollstonecraft, mais, à un moment donné, il glisse une allusion à elle, lorsqu'il décrit une étendue désertique et glacée :
A savage place! as holy and enchanted
As e'er beneath a waning moon was haunted
By woman wailing for her demon-lover![62]
Lieu sauvage ! Lieu sacré et envoûté
Comme jamais sous la lune déclinante ne fut hanté
Par femme lamentant pour son divin amant !Annexes
Notes
- ↑ Pour une étude des biographies féminines, voir Patricia Meyer Spacks, Imagining a Self, Cambridge, Harvard University Press, 1976, ainsi que Felicity A. Nussbaum, The Autobiographical Subject: Gender and Ideology in Eighteenth-Century England, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1989.
- ↑ Citation originale : 'they' rescue the writer from the villain; 'they' accompany her on her flight from sorrow . . . With the readers' cooperation, the writer reverses the standard epistolary plot: here the heroine liberates herself by rejecting her correspondent and by embracing the 'world' outside of the domestic circle
- ↑ Citation originale : If ever there was a book calculated to make a man in love with its author, this appears to me to be the book. She speaks of her sorrows, in a way that fills us with melancholy, and dissolves us in tenderness, at the same time that she displays a genius which commands all our admiration. Affliction had tempered her heart to a softness almost more than human; and the gentleness of her spirit seems precisely to accord with all the romance of unbounded attachment.
- ↑ Citation originale : [She] discarded all faith in christianity. [sic] . . . From this period she adored [God] . . . not as one whose interposing power is ever silently at work on the grand theatre of human affairs, causing eventual good to spring from present evil, and permitting nothing but for wise and benevolent purposes; but merely as the first great cause and vital spring of existence
Références
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- ↑ Mary L. Jacobus 1995, p. 64, 68 ; Richard Holmes 1987, p. 18
- ↑ Mary L. Jacobus 1995, p. 64
- ↑ Peter Swaab 1996, p. 19
- ↑ Per Nyström 1980, p. 18
- ↑ Per Nyström 1980, p. 22 et suivantes
- ↑ Per Nyström 1980, p. 9-10
- ↑ Richard Holmes 1987, p. 26 ; Peter Swaab 1996, p. 22-23
- ↑ Mitzi Myers 1979, p. 166 ; Peter Swaab 1996, p. 16
- ↑ Peter Swaab 1996, p. 17
- ↑ Mitzi Myers 1979, p. 166, 170, 181 ; Richard Holmes 1987, p. 19 ; Mary Poovey 1984, p. 92 ; Peter Swaab 1996, p. 25
- ↑ Gary Kelly 1992, p. 178 ; Mitzi Myers 1979, p. 171
- ↑ a et b Mitzi Myers 1979, p. 169-170
- ↑ Mitzi Myers 1979, p. 173 ; Peter Swaab 1996, p. 17-18 ; Gary Kelly 1992, p. 177 ; Richard Holmes 1987, p. 17 ; George B. Parks 1964, p. 32
- ↑ Cité par Peter Swaab 1996, p. 15 ; voir aussi Peter Swaab 1996, p. 14, Mitzi Myers 1979, p. 166, Gary Kelly 1992, p. 177
- ↑ Peter Swaab 1996, p. 14 ; voir également Richard Holmes 1987, p. 32
- ↑ cité dans Peter Swaab 1996, p. 15
- ↑ a et b Gary Kelly 1992, p. 178-179
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- ↑ a et b Richard Holmes 1987, p. 16-17
- ↑ George B. Parks 1964, p. 33
- ↑ Virginia Sapiro 1992, p. 286-287 ; Mary L. Jacobus 1995, p. 64 ; Janet Todd 2000, p. 368 ; Mary Favret 1993, p. 104
- ↑ a et b Mary Favret 1993, p. 104-106
- ↑ Mary Favret 1993, p. 96-98, 101-102
- ↑ >Mitzi Myers 1979, p. 176 ; Mary Poovey 1984, p. 89 ; Gary Kelly 1992, p. 187
- ↑ Mary Poovey 1984, p. 85 ; Janet Todd 2000, p. 368
- ↑ Jeanne Moskal 1991, p. 264, voir aussi p. 277–78.
- ↑ Mary Wollstonecraft et William Godwin 1987, p. 152-153
- ↑ Jane Moore 1992, p. 149-150
- ↑ Mary Poovey 1984, p. 83-84 ; Mitzi Myers 1979, p. 167
- ↑ Mary Poovey 1984, p. 85-86 ; voir aussi Mitzi Myers 1979, p. 180
- ↑ Mitzi Myers 1979, p. 180 ; Mary Poovey 1984, p. 106
- ↑ Mary Poovey 1984, p. 106 ; voir aussi Cora Kaplan 2002, p. 239
- ↑ Mary Favret 1993, p. 112
- ↑ Mary Favret 1993, p. 96, 109, 118
- ↑ Janet Todd 2000, p. 367
- ↑ Citation originale : In writing these desultory letters, I found I could not avoid being continually the first person – 'the little hero of each tale.' I tried to correct this fault, if it be one, for they were designed for publication; but in proportion as I arranged my thoughts, my letter, I found, became stiff and affected: I, therefore, determined to let my remarks and reflections flow unrestrained, as I perceived that I could not give a just description of what I saw, but by relating the effect different objects had produced on my mind and feelings, whilst the impression was still fresh.
- ↑ Mary Wollstonecraft, Mary Wollstonecraft et William Godwin 1987, p. 63
- ↑ Mary Poovey 1984, p. 85 ; voir aussi Gary Kelly 1992, p. 187-188 ; Mitzi Myers 1979, p. 166
- ↑ Jeanne Moskal 1991, p. 283
- ↑ Citation originale : I have then considered myself as a particle broken off from the grand mass of mankind; — I was alone, till some involuntary sympathetic emotion, like the attraction of adhesion, made me feel that I was still a part of a mighty whole, from which I could not sever myself — not, perhaps, for the reflection has been carried very far, by snapping the thread of an existence which loses its charms in proportion as the cruel experience of life stops or poisons the current of the heart.
- ↑ Mary Wollstonecraft, Mary Wollstonecraft et William Godwin 1987, p. 69-70
- ↑ Mary Poovey 1984, p. 88 ; Gary Kelly 1992, p. 189-190
- ↑ Mitzi Myers 1979, p. 178 ; voir aussi Richard Holmes 1987, p. 26
- ↑ Mary Poovey 1984, p. 88
- ↑ Janet Todd 2000, p. 367 ; Tom Furniss 2002, p. 77 ; Cora Kaplan 2002, p. 262 ; Richard Holmes 1987, p. 36 ; Sapiro, p. 35 ; Mary Favret 1993, p. 128
- ↑ Richard Holmes 1987, p. 36 ; Janet Todd 2000, p. 369-370 ; Gary Kelly 1992, p. 194
- ↑ Cité par Mary Poovey 1984, p. 82 ; voir aussi Peter Swaab 1996, p. 27
- ↑ Mary L. Jacobus 1995, p. 65 ; Janet Todd 2000, p. 449 ; Mary Favret 1993, p. 130-131
- ↑ Jeanne Moskal 1991, p. 264-265
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- ↑ Richard Holmes 1987, p. 42 ; Peter Swaab 1996, p. 27
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Bibliographie
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Articles connexes
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