Les principes de la philosophie

Les principes de la philosophie

Les Principes de la philosophie

Les principes de la philosophie est le titre d'un ouvrage philosophique écrit par René Descartes en 1644. Il est écrit en latin ; le titre original est Principia philosophiae. L'objectif poursuivi par Descartes était, selon son point de vue, de « donner des fondements rigoureux à la philosophie ».

Sommaire

Le contexte historique

À l'époque de Descartes, au XVIIe siècle, la controverse ptoléméo-copernicienne sur les deux systèmes du monde (géocentrisme et héliocentrisme) faisait rage. Galilée était un fervent partisan du système de Copernic. Il employait de nouveaux outils d'observation astronomique (lunette astronomique) qui remettaient en cause la représentation du cosmos selon Aristote (dans le traité du ciel d'Aristote, on représentait le monde centré sur la terre avec un monde sub-lunaire, et un monde supra-lunaire). Par ailleurs, la plupart des théologiens considéraient que la nouvelle théorie était contraire aux Écritures saintes, dont quelques passages semblaient indiquer que la terre était fixe. Hormis quelques scientifiques (Galilée, Kepler), les scientifiques de l'époque restaient souvent favorables à la thèse du géocentrisme ou penchaient pour une conciliation (équivalence des hypothèses). Les écrits favorables à l'héliocentrisme furent interdits par l'Église en 1616, et Galilée, qui n'avait pas réussi à fournir des preuves irréfutables de l'héliocentrisme, fut condamné en juin 1633 pour avoir défendu la thèse de l'héliocentrisme dans le dialogue sur les deux grands systèmes du monde.

Cette controverse sur la cosmologie a profondément marqué Descartes et ses contemporains des milieux scientifiques.

Descartes apprit la condamnation de Galilée en novembre 1633. Il reçut en 1634 de son ami Beeckman le Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, le livre qui valut à Galilée sa condamnation. Par sincère soumission aux autorités ecclésiastiques, Descartes décida donc de ne pas publier le traité du monde et de la lumière dans lequel il défendait la thèse de l'héliocentrisme, et préféra s'orienter vers la philosophie. Pensant que Galilée avait manqué de méthode, Descartes a souhaité fournir une méthode philosophique pour parvenir à la vérité scientifique. Il écrivit notamment le Discours de la méthode en 1637, puis les Méditations métaphysiques en 1641.

Le changement de représentation du monde avait des retombées métaphysiques très importantes. Descartes posa donc comme fondement de sa philosophie le fameux cogito ergo sum. Le fait de penser est un principe premier, qui se substitue à la cause première de la pensée scolastique.

Le projet cartésien est un projet de science universelle reposant sur de nouveaux principes philosophiques, sur la raison.

Moins de 45 ans plus tard, en 1687, Newton, bien décidé à « éviter les chicanes de ceux qui ne veulent pas changer », relève le défi et l'emporte : la mécanique générale est née.

Recherche de la vérité par la raison sans la lumière de la foi

Dès la lettre préface, Descartes indique que la raison naturelle, considérée comme le fondement premier de la connaissance, autrement dit la sagesse, peut permettre de rechercher la vérité. Le mode de raisonnement privilégié est ici la déduction. C'est le moyen, pour Descartes, de fonder une morale, considérée comme le fruit de la philosophie. L'esprit doit se détacher des sens pour parvenir au raisonnement.

Dans cette démarche, Descartes prétend se passer de la lumière de la foi. Sans doute le récent débat autour de Galilée (1633) y est-t-il pour quelque chose, lorsque l'on se rappelle que les recherches sur la mécanique céleste, encore à l'état d'hypothèses scientifiques (voir héliocentrisme), furent considérées à cette époque avec une certaine incrédulité par les autorités religieuses. Dans le contexte de la guerre de Trente Ans, la science moderne peine encore à s'affirmer face à la prédominance scolastique porteuse de l hégémonie cléricale dans le domaine du savoir.

« C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n’ont que leur corps à conserver, s’occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient espérance d’y réussir, et qu’ils sussent combien ils en sont capables. Il n’y a point d’âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu’elle ne s’en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu’elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d’honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d’ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu’ils possèdent. Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n’est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c’est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l’étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites. » (les Principes de la philosophie, lettre-préface de l’édition française des principes)

Classification des connaissances

Voici un extrait significatif de l'œuvre, qui donne un éclairage sur la classification des connaissances telle que la concevait Descartes :

« Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale, j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. Or comme ce n’est pas des racines, ni du tronc des arbres, qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières. »

L'ambition de Descartes est grande : fournir un fondement rigoureux, une nouvelle métaphysique reposant sur le cogito, qui engendre une nouvelle classification des connaissances. Dans la Grèce antique, les présocratiques (Thalès, Pythagore, Euclide) étaient avant tout des scientifiques. La philosophie s'est développée par la suite, avec Socrate, Platon, et Aristote. On retrouve dans la vie de Descartes cette progression de la science vers la philosophie.

Ce qui est surprenant, toutefois, c'est le mélange des genres [réf. nécessaire] : Depuis les XIIe XIIIe siècles, on considérait la philosophie comme une discipline autonome, avec trois grandes branches : la métaphysique, la logique, et l'éthique [réf. nécessaire]. Ces branches résultaient du travail de classification effectué par Thomas d'Aquin, à partir des œuvres des plus grands philosophes grecs, Platon (redécouvert dès la période carolingienne), et surtout Aristote, réintroduit en Europe à partir du Xe siècle, et surtout du XIIe siècle.

On ne voit dans cette classification ni la logique, ni les mathématiques, ni l'astronomie.

Voir aussi

Sur le contexte historique

Sur Descartes et ses œuvres

Sur l'Histoire et la classification de la philosophie

Sur les concepts philosophiques

Bibliographie

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