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Léon de Juda
Léon de Juda, théologien alsacien, naquit en Alsace, en 1482.
Sommaire
Biographie
Il était fils de Jean de Juda, curé de Germéren. Le jésuite Gretser, et quelques autres écrivains, trompés par son nom, l'ont cru juif. Il montra de bonne heure de grandes dispositions pour la langue hébraïque et pour les sciences ; il en fit une étude si approfondie, qu'il y devint très habile. Il embrassa l'état ecclésiastique. Comme il avait été le Condisciple de Zwingle, il se lia d'amitié avec lui dans l'abbaye d'Einsiedeln, et fut désormais son fidèle et intrépide compagnon. Ils étudiaient ensemble et se communiquaient leurs lumières.
Léon succéda à son ami dans l'église de Notre-Dame des Ermites, et fut ensuite son associé à Zurich. Il le suivit dans ses idées de réformation, avec un zèle ardent, et ne contribua pas peu à les propager et à les répandre. Ils parurent tous les deux au second colloque de Zurich, où ils devaient répondre à tous ceux qui défendraient le culte des images et la célébration de la messe comme sacrifice (voir Vie de Zwingle. p. 189). Il mourut en Suisse, en 1542, âgé de 60 ans.
Publications
Il a fait une traduction de la majeure partie de l'Ancien Testament sur le texte hébreu, et du Nouveau Testament, sur le grec : elle a été complétée par Bibliander et Pierre Cholin, et revue par Pellican. La première édition est de 1543, à Zurich. Robert Estienne l'a fait réimprimer à Paris, à côté de la Vulgate, en sans nommer l'auteur. On appelle ordinairement cette édition la Bible de Vatable. Les notes qui sont jointes aux deux traductions furent censurées par la Sorbonne ; mais les théologiens de Salamanque lui furent plus favorables. Ferdinand de Escalante, religieux espagnol, fut si charmé de la modération qui règne dans la préface de cette Bible, qu'il donna les plus grandes louanges aux auteurs, et notamment à Léon de Juda, qu'il croyait véritablement évêque de Zurich, parce qu'il y est nommé episcopus Tigurimis. Du reste, il fit imprimer la Bible en entier, sauf quelques légers changements.
Interprétation
Pour la Biographie universelle, cette traduction garde le milieu entre celles qui sont trop littérales, par conséquent barbares, et celles qui sentent trop la périphrase et la recherche. L'auteur l'avait promis dans la préface ; et il a assez bien tenu parole. Il y a néanmoins des endroits où l'on désirerait un peu plus de précision et de clarté. En voulant affecter trop de politesse et d'élégance dans le style, Léon de Juda s'est quelquefois éloigné du sens propre : de même, quoique très attaché aux opinions nouvelles de la réforme, et faisant profession de suivre les originaux, il n'a pas négligé les anciennes versions de l'Écriture, et il a conservé quelques expressions consacrées par l'usage de l'Église.
Génébrard a critique cette version : mais peut-être aussi Richard Simon en a-t-il parlé avec une complaisance un peu outrée (Voir Histoire critique de l'Ancien Testament, liv. II, c.21 ; Histoire critique du Nouveau Testament ; c. 23 ; Bibliot.-crit., t. 4, p. 281. ). Il dit cependant, p. 291 :
« Quoique la version latine de Zurich soit louable, elle n'est pas sans défauts ». Érasme, par une lettre circulaire à tous ses amis, dirigée contre un pamphlet de Léon de Juda, en achevant d'irriter celui-ci, l'avait excité à composer un nouveau pamphlet en langue allemande, encore plus violent que le premier, et accompagné d'une lettre dans laquelle Léon provoquait au combat..le savant de Rotterdam. Érasme garda le silence : c'est lui-même qui nous l'apprend (Epist. lib. 18, epist. 4). Lorsque la Bible de Léon de Juda parut pour la première fois à Zurich, en 1543, Luther s'emporta jusqu'à des excès inouïs, et ses transports, dit Bossuet, n'avaient jamais paru si violents. En rapportant ce fait, Bossuet est tombé dans l'erreur de Gretser, et il appelle Léon de Juda ce fameux juif qui embrassa le parti des Zwingliens (Histoire des variations des Eglises protestantes, liv. 6, n° 15).
Source
« Léon de Juda », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
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